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7 : Du cratère de Mitzpe Ramon à la mer Morte

22 novembre 2014

22 novembre 2014

 

C’était important d’aborder ce pays par le désert ; vu de France, c’est en effet un tout petit pays. Du Nord au Sud, « de Dan à Bersheeva », le pays ne s’étend guère plus que notre « Ile de France », de Soissons à Orléans. Et sur ce tout petit pays vivent environ 8 millions d’Israéliens (dont 2 millions d’Arabes), sans compter quelques 2 millions de Palestiniens dans les Territoires (plus à peu près autant rien qu’à Gaza), c’est-à-dire à peu près autant que dans l’agglomération parisienne. On peut donc avoir tendance à penser que le pays est très densément peuplé, et donc très urbanisé. Mais ce n’est pas du tout le cas ; le désert du Néguev notamment est un fantastique terrain de jeux, avec de superbes et immenses paysages. Et il y aurait de la place partout pour bâtir des programmes immobiliers sans venir s’installer au milieu des villages palestiniens…

Journée chargée pour notre deuxième jour de voyage, et donc notre deuxième jour de désert… il va bien falloir prendre le rythme ! Petit déjeuner à 7h, départ pour une ballade à pied de 3 heures jusqu’au fond du « cratère » du Mitzpe Ramon. Puis, après la visite du site archéologique d’Avdat, nous allons randonner à nouveau 30 km plus loin dans l’impressionnante gorge d’Aïn Avdat.

La route qui nous emmène vers l’Est et la mer Morte passe par une petite ville perdue au milieu du désert qui s’appelle « Dimona ». Ce nom me rappelle quelque chose ; mais quand on pose la question à Renée, c’est comme si on demandait à un Arverne où se trouve Alésia… Connaît pas ! Parce que Dimona, c’est un des secrets de polichinelle les mieux gardés d’Israël, c’est le centre de recherche nucléaire des Israéliens, là où ils laissent entendre, sans jamais le démentir, qu’ils ont construit la seule bombe atomique de tout le Moyen Orient ; quand on finit par longer une longue barrière électrifiée, rythmée par des miradors, avec à l’horizon une haute tour de ciment avec de grandes paraboles à son pied, il est clair qu’il ne s’agit pas d’un minaret et de coupoles !

En arrivant enfin en vue de la mer Morte, le lieu le plus bas de toute la Terre, dans des lumières de fin du monde (c’est là que Sodome et Gomorrhe ont été détruites par le feu du ciel !), malgré la nuit qui tombait, nous n’avons pas résisté à la tentation de nous y baigner…

Vous avez tout cela en image et explications détaillées ci-dessous :

https://picasaweb.google.com/113501550221338298900/22Novembre2014?authuser=0&authkey=Gv1sRgCPmf78zCgNSdfg&feat=directlink

Demain, nous attaquons la forteresse de Masada à 7 h et remontons le Jourdain jusqu’à Beit Shean, alors …

BONNE NUIT !

6 – Beit Guvrin – Wadi Zin – Mitzpe Ramon

21 novembre 2014

21 novembre 2014

 

 

Çà y est, nous avons bien récupérés hier soir à minuit Anne et Christian à l’aéroport de Ben Gurion à Lod/Tel  Aviv, avec la voiture de location que nous avons prise pour 10 jours ; grande expérience que de se balader  pendant plus de 100km de nuit sur les routes israéliennes. Dodo bref avant de charger la voiture, direction le sud-ouest, vers les extraordinaires grottes de Beit Guvrin / Tell Maresha, puis plein sud dans le désert du Néguev.

Nous faisons une longue halte à Sde Boker, magnifique kibboutz construit sur les bords du wadi Zin ; c’est là que David Ben Gurion a fini ses jours après s’être retiré de la vie politique ; il était convaincu qu’il pourrait faire jaillir la vie du désert, sur la foi que « si ce qui est difficile prend du temps, ce qui est impossible prend un tout petit peu plus de temps ». Sa tombe est située sur un promontoire envahi par les bouquetins, merveilleux premiers plans pour des spectacles magiques.

Nous arrivons à Mitzpe Ramon juste au moment où le soleil se couche ; il y a un vent terriblement froid qui vient de l’Egypte toute proche. Nous partons nous réfugier dans la salle du restaurant de notre auberge de jeunesse ; nous y célébrons notre deuxième shabbat de ce voyage, en compagnie d’une nombreuse troupe d’encore plus jeune que la nôtre !

Toutes les photos de cette 1ère journée avec les Hebert en cliquant sur :

https://picasaweb.google.com/113501550221338298900/21Novembre2014?authuser=0&authkey=Gv1sRgCLOIguSdlaDI5wE&feat=directlink

5 – Les remparts de Jérusalem et la Citadelle de David

19 novembre 2014

19 novembre 2014

 

 

 

Encore une très belle journée aujourd’hui sur Jérusalem. Nous nous sommes surtout promenés dans la vieille ville, en faisant le tour par les remparts de la « Citadelle de David » (porte de Jaffa) jusqu’à celle de Damas. Plus loin, dans le quartier arabe, c’était un peu trop « chaud » pour y aller, et nous ne sommes pas kamikazes. Vous verrez dans l’album ci-joint toutes les belles vues qu’on peut avoir des remparts sur la vieille ville ; on se promène au niveau des toits, au milieu d’une forêt pittoresque de chauffe-eaux électriques ; de grillages, barbelés et drapeaux israéliens quand des Juifs viennent s’incruster dans les quartiers ; de coupoles et de minarets, avec le Dôme du Rocher, le Mont des Oliviers, les ballons de la police, le mur de séparation et le Désert de Judée en toile de fond.

Nous étions avec Thérèse, à qui nous avions donné rendez vous porte de Jaffa, et chez qui nous sommes allés prendre le thé après ; elle est revenue de France il y a 3 jours seulement, mais cette fois, c’est pour de vrai qu’elle s’installe dans un très bel appartement dans une maison arabe ; elle se débrouille déjà super bien en hébreu !

Côté politique, on avait un peu l’impression que la ville retenait son souffle ; de nombreux chauffeurs d’autobus sont en grève ; deux dirigeables de la police sont placés en sentinelles au-dessus des quartiers chauds ; les rues sont vides…  Anne et Christian arrivent demain soir jeudi, et dès vendredi matin à l’aube, nous filons pour un grand tour  d’une semaine en commençant vers le Neguev et le cratère Mitzpe Ramon. Nous allons donc commencer par aller chercher la voiture de location, puis mettre un peu d’ordre dans nos notes, aquarelles et photos…

On vous embrasse !

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4 – La Vallée du Térébinthe et les grottes d’Adullam

18 novembre 2014

18 novembre 2014

 

 

Nous avions le cœur lourd ce matin en rejoignant la voiture de nos copines Shari et Hannah, qui nous  emmenaient en escapade au sud-ouest de Jérusalem, toujours à la recherche, dans leur métier de guide, de nouveaux sites à explorer. Nous venions d’apprendre l’attentat commis dans  une synagogue d’Israël par deux jeunes Palestiniens vivant dans Jérusalem Est (la partie annexée par Israël, de laquelle ils peuvent librement passer dans Jérusalem Ouest). Un peu égoïstement, on se disait cependant que pour nous touristes, et contrairement à deux des autres attentats récents, il s’agissait d’une attaque  « ciblée », moins dangereuse pour nous qu’une attaque « aveugle » à la voiture piégée ou à la voiture bélier. Du coup, nous avons reporté la visite programmée pour demain du tombeau des Patriarches à Hébron. En attendant, nous avons passé une superbe journée à la campagne, autour de la vallée du Térébinthe (clin d’œil à Zénon), et attendons de pied ferme Anne et Christian dans 48 heures.

Pour tout savoir sur les traces bibliques repérées dans cette région, cliquez sur :

https://picasaweb.google.com/113501550221338298900/18Novembre2014?authuser=0&authkey=Gv1sRgCKT9nf-Rq93ucA&feat=directlink

 

3 – Avec Sharon et Georges, entre Givat HaMatos et Jérusalem Est

17 novembre 2014

17 novembre 2014

 

 

 

 

Renée a encore fait fort aujourd’hui ! C’est d’abord Sharon qui passe nous prendre chez nous avec sa voiture pour nous emmener sur le terrain, nous faire bien comprendre les causes profondes de la politique d’implantations et de colonisation de l’actuel gouvernement d’Israël, à partir d’exemples concrets.

Sharon est membre de l’ONG « Ir-amin » ; celle-ci surveille toute action sur Jérusalem Est susceptible de désavantager une communauté ou rendre impossible un règlement définitif du statut de la ville. Elle informe le public et les députés de la Knesset ; elle est habilitée à saisir la Cour Suprême ; elle publie des analyses ; elle organise des « tours » dans la banlieue de Jérusalem autour du mur de séparation et des nouvelles implantations.

Sharon nous emmène sur la colline de Givat HaMatos, où la Municipalité a prévu de construire un ensemble immobilier de 2.600 logements. Il apparaît, sur les plans et cartes qu’elle nous montre (cf. l’album de photos joint), que cette implantation, à cet endroit là, a surtout pour but de parachever l’isolement du village arabe de Beit Safafa, par ailleurs dépecé par une nouvelle route, afin de l’entourer complètement d’implantations juives. L’ensemble des documents qu’elle nous montre indique que cette politique est menée de façon systématique dans le « Grand Jérusalem » : l’important pour le gouvernement n’est pas tant de construire à tout va pour loger de nouveaux immigrants ; et de construire sur des terrains prélevés dans les Territoires parce qu’il n’y aurait plus de place « en Israël » ; il y a toute la place qu’on veut pour construire en Israël. L’important pour le gouvernement est de faire venir des gens pour habiter au milieu des villages palestiniens ; afin de les noyauter ; de les encercler par des implantations ; d’empêcher toute continuité dans les zones d’habitations arabes ; de judéiser le pays ; de faire en sorte qu’un état palestinien ne puisse pas naître, ni être viable ou cohérent, ni se développer aux côtés d’un état juif.

Cette politique menée avec persévérance, malgré toutes les condamnations internationales, s’applique, semble-t-il, sans trop de difficultés parce que la démocratie israélienne ne fonctionne politiquement qu’avec des minorités agissantes, en premier lieu la droite alliée aux partis religieux. L’immense majorité du corps électoral n’a pas d’autre vision politique que de vivre en sécurité dans un pays aux frontières sûres. La construction du mur de sécurité a mis fin aux attentats. La construction des colonies et des nouvelles implantations offre des possibilités de logement à proximité immédiate de la Jérusalem tant désirée ; certes, le voisinage de villages arabes est un réel désagrément, sans parler du danger objectif d’attentats ; mais les conditions financières sont tellement intéressantes que le gouvernement n’a pas de mal à trouver des candidats acquéreurs.

La logique d’une telle politique est apparue pendant notre voyage, lorsque le premier ministre « Bibi » Netanyahou, le 24 novembre, a défendu devant la Knesset un projet de loi visant à renforcer le caractère juif de l’Etat d’Israël, en le définissant non plus comme « Etat juif et démocratique », mais comme « l’Etat-national du peuple juif ». En tant « qu’Etat juif et démocratique », la poursuite de la politique des implantations viserait logiquement à une intégration (forcée) des Palestiniens à l’Etat d’Israël – un peu comme les « Arabes-israéliens » sont actuellement intégrés. En revanche, un « Etat national du peuple juif » ne laisse plus de place à des citoyens non juifs… La réaction ne s’est pas fait attendre : grosse manifestation quelques jours plus tard devant le domicile de « Bibi » aux cris de « Bibi pyromane », révocation des ministres des Finances et Affaires Etrangères, dissolution de la Knesset, nouvelles élections en mars prochain…

Et qu’en disent donc les Palestiniens ? Dans la foulée, Renée nous a pris un rendez-vous avec une autre de ses relations, Georges, chrétien arabe né à Jérusalem Est. Georges travaille pour l’Agence de tourisme qui nous a réservé nos logements pour notre tour du pays la semaine prochaine ; il est guide, lui aussi. Il nous attend porte de Jaffa, et nous nous retrouvons à la table d’un café dans le quartier chrétien, où le patron nous offre la tournée.

Nous passons une grande heure avec Georges, Arabe chrétien né il y a trente ans dans Jérusalem Est. Lors de l’annexion, Israël lui a proposé de devenir “Arabe-israélien” ; ce qu’il a refusé, comme la plupart des Palestiniens concernés. Il détient donc un passeport jordanien, qui ne lui donne aucun des attributs de la citoyenneté jordanienne ‑ en Jordanie, il ne peut ni voter, ni acheter d’immeuble, ni travailler ‑, mais lui permet de circuler à l’étranger. Il nous parle longuement de sa famille, des difficultés de son statut, et de sa vision de l’avenir du pays. Sa sœur est la première femme Palestinienne à avoir obtenu une licence de pilote de ligne, après une formation à Amman en Jordanie ; le premier boulot qu’elle a trouvé était à Gaza, mais, au bout de quelques mois, l’aéroport a été détruit par les Israéliens ; après avoir trouvé un travail en Jordanie, elle n’a pas pu le faire valider… les Palestiniens sont « non grata » en Jordanie ; ils peuvent suivre des formations, mais pas y travailler ; alors sa sœur travaille dans un bureau, à l’Aviation Civile israélienne.

Georges est réaliste, et fataliste ; il se rend bien compte que le morcèlement du Territoire Palestinien, tous les travaux d’infrastructure que les Israéliens y font, les routes, les implantations, les lignes à haute tension, les travaux hydrauliques, etc… ne pourront que difficilement revenir à un Etat Palestinien indépendant. Il reconnaît que la meilleure solution, aujourd’hui, serait sans doute que les Palestiniens, si Israël le leur propose, deviennent purement et simplement des citoyens israéliens, « Arabes-Israéliens ». Mais le sujet est tout à fait tabou, pour tout le monde. D’une part, il n’est pas du tout sûr que les Israéliens le leur proposent ; le déséquilibre démographique serait trop important ; et la question de la sécurité se poserait à nouveau de façon aiguë. Et d’autre part, il est interdit d’en parler pour un Palestinien ; ce serait une traîtrise au combat pour une Palestine indépendante. Comme ceux que nous avons entendu avant hier à Bait Jala, Georges va glisser dans une même phrase que Juifs et Arabes pourraient se regarder comme frères, et que, de toutes façons, sur le terrain, pratiquement, il est impossible qu’un Etat Palestinien puisse surgir, que la solution d’un unique Etat binational serait concrètement la meilleure solution… mais en insistant, contre toute logique ou bon sens : “dans les frontières de 1967″…

Et qu’en disent les colons ? Renée nous a aussi ménagé un entretien avec une amie d’amie, dans une colonie implantée le long du Jourdain, pas très loin de Beitshean. Nous la rencontrerons la semaine prochaine.

Vous verrez toutes les photos et les commentaires en cliquant sur :

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Bonne lecture, et… n’hésitez pas à m’envoyer des commentaires sur ces sujets brûlants d’actualité !

2 – Après Lod et Ramla, une promenade sur les toits de la Vieille Ville

16 novembre 2014

16 novembre 2014

 

 

 

 

 

Renée, Shari et Hannah sont toutes les trois guides ; en ce moment, avec les résonnances internationales des tensions dans le pays, les anglo-saxons ne viennent plus trop pèleriner ici, et, parmi les ouest-Européens, il n’y a plus guère que les Français qui viennent en nombre. Au total, il y a toujours beaucoup de visiteurs, mais ce sont surtout des Asiatiques, ou des Européens de l’est, qui viennent par des réseaux différents. Du coup, c’est un peu le chômage technique pour elles ; aussi, en ce dimanche, qui est ici « pour de vrai » le premier jour de la semaine travaillée, elles nous ont proposé d’aller découvrir ce que cache l’anniversaire de la translation des reliques du célèbre St Georges à Lod, l’ancienne Lydda, du côté de l’aéroport international.

Nous trouvons l’endroit, nous sommes à l’heure, il pleut, nous nous réfugions dans la basilique bondée… mais au bout de 45’, après avoir fait le tour des lieux, comme le soleil semble pointer son nez, nous ressortons pour nous trouver plongés dans un souk : les visiteurs continuent à affluer, les marchandes de crêpes et pistaches ont envahi les trottoirs, il n’est encore que 10 h, non , nous n’allons pas attendre que le Patriarche sorte avec les reliques, ni la procession dans la ville.

Direction Ramla, quelques kilomètres plus au sud : fondée par les Arabes au VIIème s., seigneurie du temps des Croisés ‑ qui l’identifièrent avec l’Arimathie du Joseph qui vient réclamer le corps de Jésus ‑, Ramla (70.000 hab) fut capitale de la Palestine jusqu’au XIème s. Elle conserve quelques monuments intéressants, comme une « Tour blanche », ancien minaret du 14ème s., une étonnante citerne abbasside souterraine (8ème s.), et surtout une des quatre plus grandes églises laissées par les Croisés, aujourd’hui mosquée de Ramla.

A notre retour à Jérusalem, Renée nous emmène pour une extraordinaire promenade sur les toits de la Vieille Ville au coucher du soleil.

Voilà une journée comme nous en rêvions : sortir des sentiers battus, vivre en Israël comme des Israéliens, débattre à bâtons rompus avec des gens d’ici des grandes questions du moment, nous frotter aux (très !) différentes composantes de la société… Merci Renée !

Toutes les photos et commentaires sont sur :

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1 – Manifs de Jérusalem à Bait Jala

Manifs de Jérusalem à Bait Jala

Manifs de Jérusalem à Bait Jala

 

Renée, nous la connaissons depuis août 1993 ; elle était notre guide pour notre premier voyage « chez elle » ; et en plus, elle avait un pied à terre à Paris, à deux pas de chez nous, au marché d’Aligre ! Où elle vient souvent ; nous sommes alors vraiment devenus amis ; elle n’a pas son pareil pour poser les bonnes questions impertinentes ; elle cherche ; elle veut savoir quoi ! Dans toute la complexité du quoi ! Et, comme vous le savez, dans son pays, avec la complexité du quoi, elle a de quoi s’entraîner !

Nous étions retournés brièvement là bas en 2005, à l’issue d’un pèlerinage « Exode », des Pyramides à Jérusalem par le Sinaï et la « route des Rois » en Jordanie : un vrai goût de trop peu ! Et nous avions continué, pendant ces vingt dernières années, à rencontrer régulièrement Renée, qui nous disait : « Mais venez me voir chez moi ; je vous montrerai mon pays comme vous ne l’avez jamais vu ! ».

Et entre temps, retraités, nous nous étions mis à la moto, pour en poser les roues sur tous les continents ; nous avons commencé par le tour de la Méditerranée. Le 1er janvier 2011, nous les débarquions à Tunis… avec l’idée, puisque les frontières de l’Egypte et de Jordanie sont ouvertes, de sillonner tout Israël, puis de rejoindre la Turquie par Chypre. Tout au long de la longue traversée de la Libye, nous avions donc Renée sur Skype, qui affichait fièrement « Al Qods » ! Mais les « Printemps arabes » nous ont rattrapés en Egypte ; après être restés bloqués pendant 10 jours en Egypte à 300 km d’Alexandrie, nous devions faire demi-tour, la mort dans l’âme (Cliquez ci-dessus à droite sur Chap 3 A motos en Tunisie, Libye, Egypte).

Donc, nouvelle tentative cette année ; nous irons bêtement en avion ; nous ne nous laissons pas impressionner par les roquettes du Hamas de cet été, ni par les décapitations dans le désert syrien, ni par les voitures bélier à Jérusalem Ouest la veille de notre arrivée : nous savons bien que ce pays est le mieux sécurisé du monde !

Nous avons demandé à Renée de nous faire comprendre la situation politique de son pays, et notamment la question des colonies : vue de chez nous en France, la colonisation ne cesse de faire l’actualité, et semble bloquer toute possibilité d’avancer dans une solution du problème israélo-palestinien, un des cancers du Moyen Orient : est-il envisageable d’aller dans « les Territoires » ? Dans une colonie ? De rencontrer des Palestiniens ? Des colons ?

Nous arrivons chez elle en taxi dans la nuit… Après une bonne grasse mat’ – Renée n’était pas là à notre réveil, mais partie pour un anniversaire… dans les Territoires… – dès notre premier jour à Jérusalem, elle nous emmène dans l’après-midi … à une « manif » pro-palestinienne ! à Jérusalem Est. Renée a passé quelques coups de fil à ses copines de « La Paix Maintenant » ; là-bas, nous retrouvons Nora ; c’est une manifestation qui se tient à la même heure tous les vendredis ; nous n’étions que quelques dizaines avec des panneaux demandant l’arrêt de la colonisation. Les voitures arabes qui passaient klaxonnaient en faisant le V de la Victoire, mais il n’y avait avec nous que deux arabes qui avaient été expulsés d’une maison proche ; nous avons croisé de nombreux juifs hassidim (ultra – orthodoxes) habitant dans ces maisons réquisitionnées (ou récupérées avec des titres de propriété juifs datant de l’Empire Ottoman), où cohabitent encore partiellement les anciens propriétaires… Le soir, c’est shabbat ; nous avons été le célébrer chez des voisines de Renée : chants, bénédictions, bonne cuisine végétarienne et discussions politico-religieuses sur Le Mur (celui du Temple, où a prié Jean Paul II) ou le mur (celui qui sépare Israël des Territoires, où a prié François).

Le lendemain, c’est donc shabbat, personne dans les rues. Renée nous emmène participer à une autre manifestation, cette fois contre le mur de séparation. Départ en taxi  vers 10h30 en direction du grand stade, où nous attendent un car venu de Tel Aviv et un autre pour nous ; nous sommes une centaine de personnes ; nous avez rendez-vous au sud de Jérusalem, dans les Territoires, à quelques kilomètres de Bethlehem, le long de la grande route « 60 » qui va à Hébron et Beer-Shev’a. Pour quoi y faire ? C’est ce qu’on nous  explique pendant la 1ère heure avant de partir : en gros, un jeu scénique devant le mur de séparation ; des Palestiniens  seront réunis sur le même jeu scénique au même moment de l’autre côté de la séparation ; entre colombes de la paix ‑ aimables petits anges ‑, pancartes, effigies, drapeaux et simulacre de mur, il faut faire  comprendre que le mur doit tomber ! A 13h30, nous allons retrouver nos nouveaux amis Palestiniens chez  eux à Bait Jala pour un petit meeting sous les oliviers. Et à 16h, une heure avant la nuit, Renée nous emmène sur une promenade pas loin de chez elle, d’où se déroule l’inoubliable panorama de la Ville Sainte au coucher du soleil.

Vous trouverez toutes les photos, avec de nombreux commentaires, sur ces deux premières journées en cliquant sur :

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20 – De Lima à Paris

20 - Retour à Paris

20 – Retour à Paris

Eh bien nous voilà de retour à Paris, sains et saufs après notre grande évasion de six mois et 20.000 km à motos. Enfants et petits enfants nous ont fait la fête ; ils ont mûri et grandi pendant trop longtemps sans nous ! Nous sommes en bonne santé, et nos motos, en tout aussi bonne santé, ont fini par nous rejoindre à Paris, également par avion. Cela paraît simple ? Cette fin de voyage aura pourtant été la plus laborieuse de tout notre parcours !

Lima, d’abord, est de loin la ville la moins sympathique que nous ayons visitée… Métropole de 9 millions d’habitants, la « ville des Rois » n’a pas gardé beaucoup de traces, et encore moins de charme, de son glorieux passé de capitale de la Vice Royauté du Pérou. Pizarro l’avait choisie pour sa proximité – toute relative ! – avec l’Espagne, loin des Cordillères et de l’Altiplano, là où vous pouviez sauter dans un galion pour l’Espagne, ou en recevoir les nouvelles ‘fraîches’. Mais le climat de ce bord de mer est malsain ; l’océan Pacifique y est glacial et, comme à Valparaiso, la ville n’est pas tournée vers la mer. De plus, c’est encore le désert littoral : il ne pleut jamais à Lima (moins de 2cm par an), ce qui fait que la ville – longtemps la capitale du guano – jamais nettoyée par la pluie, est sale, et en permanence recouverte d’un « smog » provoqué par la différence de température entre l’océan et le désert.

Et c’est dans cette ville que nous sommes restés bloqués 12 jours, découvrant les arcanes mystérieux des procédures d’exportation, apparemment durcies par la DEA (l’administration américaine qui lutte contre le trafic de drogue) omniprésente ici ; le Président Evo Morales, l’avait expulsée de Bolivie en 2011 ; au Pérou, après quatre jours de procédures pour mettre nos motos dans un container maritime, il apparut que nous ne pourrions pas les y conduire nous-mêmes, d’où des frais (d’emballage, de manutention…) tels que la solution avion redevenait compétitive. Mais il apparut qu’elle exigeait que nous produisions notre billet d’avion avant de pouvoir commencer les formalités douanières… Confiants dans notre transitaire, et épuisés par dix jours de démarches, nous avons enfreint la règle que nous nous étions fixés de ne pas abandonner nos motos sans leur titre de transport. Et çà n’a pas loupé ; dès notre arrivée à Paris, la douane péruvienne nous cherchait des poux sur le contenu de nos déclarations à l’entrée au Pérou, trois semaines plus tôt, à la frontière bolivienne. Pas à pas, sans nous énerver, nous avons pu gérer le problème à distance… et trois semaines après notre retour, nous étions invités à aller chercher nos motos à Roissy, où la douane française sait aussi bien qu’au Pérou mettre nos nerfs à l’épreuve en exigeant que nous coupions les cheveux en quatre… Plus de précisions sur Lima comme sur le transport de nos motos et leur coût dans l’album de photos joint !

Un mois tout juste que nous sommes revenus à Paris… que l’atterrissage est long et difficile ! Nous sommes moulus dans nos corps et dans nos têtes ! Nous avons vraiment vécu que le mot anglais ‘travel’ est de la même racine que le mot français ‘travail’ ! Et ce n’est qu’au retour que nous prenons conscience que partir six mois sur la route, c’est vraiment ‘décoller’ du quotidien : on s’en affranchit en effet comme on ‘décolle’ en avion ; dès que notre cargo a largué ses amarres du port du Havre pour prendre la direction du Golfe de Gascogne et de l’Afrique, et que nous prenons possession de notre cabine pour trois ou quatre semaines, nous nous trouvons face à un immense ‘espace-temps’, devant nous. Et tout ce et ceux que nous laissons derrière nous s’éloignent dans un autre monde, toujours aussi réel et vivant certes, mais de la même nature que les banlieues, embouteillages et villes que nous voyons diminuer rapidement alors que l’avion prend de la hauteur à travers les nuages, pour nous retrouver dans un ciel infini et immaculé.

Pendant une durée de six mois, c’est le calme, le recul, et l’éloignement des soucis terrestres ; les nuages, miasmes, et activités de tous ceux qu’on aime nous deviennent quelque part ‘terre à terre’, restent collés au sol, et on regarde vers les cieux, vers d’autres cieux et de nouveaux horizons. Notre vie n’en reste pas moins difficile, pleine de stress, d’inconnu, de ‘travail’ et d’obstacles à surmonter ; un peu comme Jonathan, vous connaissez ? Livingston, le Goéland… Il y a les goélands qui volent derrière les chalutiers et s’assemblent sur les plages, et ceux qui, jours et nuits, s’esquintent à voler… seulement pour voler, toujours plus haut et plus loin !

Au retour dans notre petit appartement parisien, il nous faut donc réapprendre à vivre ‘normalement’, et là aussi, c’est laborieux ! Il y a une pile de courrier, il faut remplir plein de ‘déclarations’ qui nous relancent sous peine de ‘perte de droits’, retrouver des relevés, des chiffres, des tableaux, des mots de passe, des adresses ; il faut changer les cartouches d’encre de l’imprimante, payer des factures, acheter des enveloppes, des timbres ; participer avec nos voisins à la décision de changer ou pas le système d’interphone… Il y a aussi les faire part : de naissance, de mariage, de décès ; le monde a vécu intensément sans nous ! Et nous reprenons contact peu à peu avec la réalité.

Il nous faut nous réinsérer dans des rythmes, des habitudes : le café du lundi, la piscine du mercredi, le brunch familial du week end, un abonnement théâtre, mille activités qui doivent remplir un agenda … Faute de nous déplacer dans l’espace, c’est le temps qu’il convient maintenant de rythmer par des balises… Et puis, de déjeuners de copines en dîners d’amis, d’une expo ici à une conférence là, cette vie bien remplie de sédentaire citadin ‑ à construire avec mille tentations d’autant plus exigeantes que nous en avons été privé longtemps ‑ apparaît paradoxalement beaucoup plus éclatée ou dispersée qu’un avenir inscrit sur une carte à découvrir en vrai. « ‘Ailleurs’ est un mot plus beau que ‘demain’ » disait Paul Morand.

Heureusement, nous avons des souvenirs plein la tête, et une multitude de nouveaux amis. Et puis, il reste du boulot avant de classer notre aventure : d’abord réparer le blog, brutalement saboté il y a six mois par WordPress (çà y est, c’est fait, vous pouvez accéder à tous nos voyages précédents de manière inégalée !), préparer les albums papier, remercier les cousins argentins pour leur accueil et tous ceux qui nous ont soutenus pendant notre aventure, reprendre contact avec tous ceux qu’on a croisés sur la route et… préparer les voyages suivants !

Nous espérons à bientôt pour un nouveau périple !

12 – Cabinet de curiosités

Au cours de ces 600 km à pied et 500 km à vélo, nous avons fait quelques rencontres pittoresques, difficilement traduisibles autrement qu’en photos : pour l’Album, cliquez sur la légende de la petite photo (de la photo ci-dessous, pas celle de la colonne ‘Albums’ !).

Et pour vous rendre directement à la première page du blog (la plus ancienne), cliquez – cette fois dans la colonne ‘Chapitres’ – sur la légende de l’Album “1 – Appel au voyage”.

Bonne lecture !

12 - Cabinet de curiosités

12 – Cabinet de curiosités

 

 

 

 

19 – Le Pérou, du Titicaca à Lima

19 - Le Pérou, du Titicaca à Lima

19 – Le Pérou, du Titicaca à Lima

 

Le Pérou est un grand pays (30 M d’habitants, 1,3 M km², plus de deux fois la France) s’étendant à cheval sur les Andes culminant à près de 7.000 m, s’étendant sur plus de 2.000 km du nord au sud, et 1.000 km d’est en ouest, de la forêt amazonienne jusqu’aux déserts longeant la côte de l’Océan Pacifique. Nous y sommes entrés par le sud-est, en suivant les rives du lac Titicaca (3.800 m), et avons parcouru d’abord tout l’Altiplano péruvien jusqu’à Cuzco (500.000 hab), l’ancienne capitale inca, dont son conquérant espagnol, Pizarro, rapportera à son roi Charles 1er, juste après la conquête de la ville en 1533 : , « C’est une ville si belle, qui possède de si élégants édifices qu’elle serait remarquable en Espagne même » ; cela ne l’empêcha pas de la piller et surtout de la détruire ; seul son plan en damier (hippodamien !) et ses fondations ont survécus. Le seul problème du lac Titicaca et de Cuzco, c’est l’altitude ; car, honnêtement, nous ne nous serons jamais vraiment habitués à séjourner si longtemps si haut ! Et pourtant, nous aurons passé un bon mois sur l’Altiplano, avec plusieurs pointes jusqu’à 5.000 m… les motos, elles, se sont montrées à peine un peu poussives, en tous cas beaucoup moins que nous, avec nos mâchouillements de feuilles de coca !

Nous avons pu malgré tout sillonner pendant huit jours la région de Cuzco à pied, en taxi, en car, en train ou à moto ; les paysages et les gens y sont très beaux et accueillants, et on comprend que les conquistadors s’y soient sentis chez eux. Il y a de nombreux musées où s’exposent les pièces récoltées sur les sites incas, et nous revenons pleins d’admiration pour cette civilisation. Elle ne connaissait certes ni la roue ni l’écriture, remplacées par les lamas et le « quipu » (voir album) ; elle a pourtant réussi à dominer intelligemment une multitude de peuples par un système de réciprocité très moderne : vous payez des impôts parce que l’Inca vous construit des routes, des terrasses, des systèmes d’irrigation, et vous indique aussi quand le Ciel veut que vous semiez et récoltiez. Le clou de notre visite chez les Incas fut la découverte, magique, de leur cité sacrée, le Machu Picchu, au lever du soleil, en compagnie, comme vous le verrez, d’un alpaga très photogénique.

En dehors des trésors d’architecture espagnole coloniale, c’était aussi l’occasion de découvrir que les Incas n’étaient jamais que la dernière en date des civilisations ‘précolombiennes’ (= datant d’avant Christophe Colomb), celle qu’avaient liquidée les conquistadors. Mais les Incas n’avaient « d’empire » que depuis moins de deux siècles ; autour d’eux, et avant eux, depuis plus de 4.000 ans, d’autres civilisations s’étaient épanouies sur les mêmes lieux ; nous avons évoqué celle du Tiwanaku en Bolivie ; nous avons découvert dans les musées péruviens d’extraordinaires pièces provenant des Salinar, des Chimù, des Chancay, ou des Mochica. Et nous avons découvert sur place les Nazca, qui ont prospéré entre l’an 1 et l’an 800, en y laissant notamment d’innombrables, gigantesques et mystérieuses « lignes » à la surface du désert côtier. Du lac Titicaca à Cuzco, puis en descendant vers la côte Pacifique, il nous a fallu franchir une demie douzaine de cols à plus de 4.000 m séparés par de profondes vallées nous faisant redescendre chaque fois à moins de 2.000 m : un régal pour des motards, sur des routes presque excellentes partout. Nous arrivions en plus à la fin de l’été et de la saison des pluies, et, contrairement à ce que je craignais, malgré l’altitude, nous n’avons pas eu du tout à souffrir du froid.

Nous sommes maintenant arrivés à Lima, la capitale fondée par Pizarro lui-même au XVIème siècle. Depuis Buenos Aires et Cordoba, en passant par Potosi, La Paz et Cuzco, nous avons parcouru l’intégralité de la route royale espagnole par laquelle tout le commerce et toute l’information ont circulé en exclusivité pendant plus de deux siècles. Les Vice Rois du Pérou résidaient à Lima, d’où partaient les galions vers l’isthme de Panama, puis Carthagène et Saint Domingue, où se rassemblait chaque année l’Invincible Armada pour sa traversée annuelle vers Séville. Nous avions l’intention de remonter encore un peu plus au nord, jusqu’en Equateur, mais avons décidé finalement qu’un rassemblement de 9 petits enfants (sur 11) à Montbives pour l’Ascension justifiait notre retour anticipé. Nous n’avons pas prévu de revenir en passant par l’isthme de Panama – que nous réservons pour un voyage ultérieur ! – et reviendrons tout bonnement en avion, après nous être assurés que nos motos nous rejoindraient un jour à Paris. Cela fait huit jours que nous travaillons la question et que nous perdons un peu patience dans cette grande ville sale de plus de 9 millions d’habitants. Nous espérons que notre prochain chapitre se terminera en vous annonçant où et quand nous reviendrons à motos du Havre, notre point de départ d’il y a six mois !

En attendant, découvrez sur l’album ci-joint le Pérou qui nous a séduits !

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