7 – En Uruguay

7 - En Uruguay

7 – En Uruguay

 

Le lendemain de notre départ de Zarate, nous sommes devant le petit port vieillot de Montevideo (1,5 M d’hab), ‑ ‘la VIème montagne d’Est en Ouest quand on entre dans le Rio de la Plata’ (MONTE VI EO) ‑, coincé entre un cimetière de bateaux, l’énorme immeuble en béton de la douane et la tour futuriste d’Antel, la société locale de téléphone. Cela fait tout juste quatre semaines que nous sommes montés à bord du Grande Buenos Aires, et nous y avons pris nos aises ; il nous faut refaire un paquetage qui tienne sur les motos, enfiler nos bottes et cuirs, descendre les 12 étages avec nos sacs et valises, puis retrouver nos motos dans la cale… c’est facile… elle est vide. Ce qui est moins facile, c’est de constater que la moto de Véronique refuse de démarrer, et que la mienne a la roue arrière crevée. Je finis par remonter les deux motos jusqu’à la porte de la cale ; le switch général était sur OFF… l’émotion sans doute… pour la première ; pour la seconde, Hervé me prête le compresseur portatif de son camping car, et c’est celui du navire qui refait le plein d’air, en espérant que le pneu tiendra jusqu’au premier réparateur trouvé en ville. Une heure plus tard, nous sommes dans la circulation en ville ; ‘pinchazo’, c’est comme çà qu’on dit crevaison ici à un motard qui roule à côté de nous ; c’est un avocat, qui nous guide chez un réparateur à quelques blocs de là. Une demi-heure plus tard, nous sommes à la recherche d’un hôtel ; le premier conseillé par Petit Fûté, soi-disant toujours plein, nous offre une chambre vieillotte et charmante, en haut d’un vieil ascenseur des années trente ; le Wifi capte fort bien dans la chambre ; le luxe, quoi ! Nous faut-il vraiment repartir dès demain sur la route ? Nous n’avons même pas visité la ville ! Après un dîner sur une place où un orchestre entraîne les convives de tous âges dans des sambas plutôt sages, ambiance très ‘paseo’, nous décidons que notre ‘mue’ de l’état de croisiériste à celui de routard nécessite au moins un jour de plus.

On nous a décrit l’Uruguay comme ‘la Suisse de l’Amérique latine’. Et effectivement, la vieille ville regorge de banques différentes, logées dans des immeubles cossus, à l’architecture pompeuse ; ses distributeurs de billets proposent au choix le peso ou le dollar, lequel est accepté partout. Quant à la sécurité, nous avons fait l’expérience de son statut de parmi les 30 villes les plus sûres du monde : j’ai oublié à deux reprises mon sac à dos en ville, sans parler des clés sur le contact de ma moto pendant plusieurs heures… il va vraiment nous falloir reprendre des habitudes de routard ! Toute la ville marie les styles architecturaux les plus éclectiques, du Haussmannien pur jus au délire de béton sorti tout droit de l’imagination d’un auteur de bandes dessinées. Et pourtant, pour la première fois depuis le début de nos voyages, aucun sentiment de dépaysement, ou plus précisément, il est dépaysant de constater que, si loin de chez nous, les gens qui nous entourent sont à l’évidence tous européens, chrétiens, blancs, avec pratiquement les mêmes us et coutumes que nous.

L’Uruguay est un petit pays (3,5 M d’hab) qui n’est pas seulement étonnant par son architecture : créé avec la permission des Anglais comme tampon entre les empires espagnols et portugais, se vantant d’être le premier pays d’Amérique du Sud ayant mis en place la démocratie, il a subi la guérilla urbaine des Tupamaros avant d’élire il y a quelques années l’un d’entre eux comme Président. Au début de ce mois, l’Assemblée Nationale y a voté à une très forte majorité le ‘mariage pour tous’ en débat chez nous.

Sur l’excellente route de Colonia de Sacramento, nous faisons le détour par la ‘colonie Nueva Helvetia’ ou ‘Colonia Suiza’, qui maintient les traditions de ses créateurs en 1862 : si on y parle espagnol, les rues portent des noms germaniques, la forme du chalet suisse y estµ très répandue, et on y fabrique du fromage pour toute la sous région.

Nous tenions à faire le crochet par Colonia de Sacramento pour sa vieille ville ; et elle valait effectivement le détour de 400 km : première implantation européenne sur cette côte (1680), par les Portugais tenant à faire appliquer le décret papal de Tordesillas (1494) qui partageait les terres à découvrir entre les deux empires selon un méridien qui leur attribuait cette région, les Espagnols de Buenos Aires réagirent immédiatement. S’ensuivirent des décennies de guerre jusqu’à l’indépendance en 1830. Colonia, par sa position stratégique, en était le premier enjeu. Elle en garde les charmes d’une ville de garnison du XVIIIème s., agrémentés de merveilleuses automobiles des années 30 entretenues avec amour par les locaux.

Les 700 km qui nous séparent alors de la frontière brésilienne sont avalés en deux jours. Les pâturages succèdent aux plages, les laiteries aux fronts de mer pour baigneurs, les auberges de jeunesse à 80US$ la nuit aux cabanes en bois hippies à 90US$ : c’est que c’est le début des vacances d’été ici, et que les plages, très Sea Sex & Sun, sont prises d’assaut par des touristes venus de toute la région, et notamment d’Argentine. Nous transpirons beaucoup sous nos cuirs quand il fait beau avec 34°, nous sommes trempés quand c’est l’orage tropical à 28°, quoi qu’il arrive, à l’arrivée, nous sommes à tordre ! Véronique assure, même quand la ‘nationale 10’, qui longe la côte, se termine par 40 km de piste, puis par un bourbier devant lequel il faut faire demi tour ; et tout autant quand l’asado (en français : ‘barbecue’) convivial du ‘El Diablo Tranquilo’  de Punto del Diablo, très ‘auliounidizlove’, promis pour 21 h n’arrive qu’à 23h alors que nous avons encore 400 km de route pour le Brésil le lendemain : ils sont gentils, tous ces jeunes routards, et très causants, en n’importe quelle langue !

Nous vous écrivons d’une magnifique plage sauvage de sable blanc bordée de bateaux de pêche où nous sommes depuis quatre jours ; nous sommes à 300 km au Sud de Curitiba, chez Bertrand et Françoise Côte. C’est le paradis.

On vous raconte çà au prochain chapitre ! En attendant, ce soir, c’est Noël sous les tropiques, le premier que nous passons sans aucun de nos enfants depuis 40 ans.

Nous vous souhaitons à tous un joyeux Noël, ainsi qu’une heureuse, sainte et fertile année 2013 !

 

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6 – Escale à Buenos Aires

6 - Escale à Buenos Aires

6 – Escale à Buenos Aires

 

 

Désolés pour l’immense retard à vous donner des nouvelles, qui n’est pas dû seulement à la panne de ‘Blogs de voyage’ ! Nous aurions tant d’aventures et de rencontres à vous faire partager ! Notre première rencontre avec nos cousins argentins, notre débarquement à Montevideo, nos premiers tours de roues sur les routes sud américaines, la côte et les prairies uruguayennes, les délices de l’accueil par mes cousins les Côte sur les plages estivales de la presqu’île de Porto Belo au Brésil, après 2.000 km au compteur. Mais à chaque jour suffit sa peine, aujourd’hui, nous allons tenter de vous dire notre émotion à mettre enfin le pied dans cette Argentine tant espérée.

Le bateau finit par arriver à Zarate vers 3 heures du matin du lundi 10 décembre, après sa remontée du Parana ; je suis réveillé par une forte odeur de végétation et de terre humide, et sort sur le pont en pyjama, accueilli par un magnifique ciel étoilé et une étoile filante. Le lendemain matin, ce n’est qu’à 15 h. que nous avons l’autorisation de descendre à quai et sortir du port : le Capitaine nous avait donné une permission jusqu’à 9h du matin le surlendemain mercredi, et nous avions à y régler mille choses pratiques ! Dans quelques jours, nous serions au guidon de nos motos, et il fallait trouver avant notre débarquement à Montevideo une assurance nous couvrant en Responsabilité Civile au tiers pour tous les pays du Mercosur (Uruguay, Brésil, Paraguay, Argentine, Chili, Bolivie et Pérou). Nos compagnons avaient une adresse à Zarate, SANCOR, où nous pouvions espérer régler la question. Mais si les gens sont très gentils à Zarate, ils ne sont pas très opérationnels ! L’énorme orage qui nous avait accueillis en débarquant du bateau, avec dix minutes de grêle, avait coupé les communications avec Buenos Aires, et il nous fallait revenir le lendemain pour traiter avec SANCOR. Il nous fallait aussi trouver un téléphone ‘argentin’ pour les dix semaines que nous allions y passer, et cela nous prendra plus d’une heure … Et il fallait surtout, dès notre téléphone argentin opérationnel, prendre contact avec les cousins qui nous attendaient, ainsi qu’avec Sylvie et Guy, Alsaciens partis quatre mois avant nous avec leurs motos, et arrivés quelques jours plus tôt à Buenos Aires. Sans parler de trouver un café Internet avec une connexion suffisamment bonne pour mettre en ligne nos chapitres ‘Rio de Janeiro’ et ‘Santos’, et lire et répondre à tous les emails de nos enfants et amis : Quelle excitation après toutes ces journées d’anesthésie dans notre cargo ! Quelques heures plus tard, sous la pluie qui continue à battre Zarate, presque tout est réglé : nous avons rendez-vous pour dîner et coucher le lendemain à Buenos Aires chez Claire et Laurent Stier, après apéritif chez Miguel de Larminat.

Le lendemain matin, un taxi nous dépose à Florida, dans le centre de Buenos Aires, à quelques blocs d’ATM, le seul assureur international n’assurant que des motos, affirmant assurer plus d’un million de motos dans le monde ; il est 10h15, et quinze personnes font la queue devant une porte fermée… notre première expérience de l’art célèbre des Portenos de faire la queue : les bureaux n’ouvrent qu’à 10h30 ; à 10h25, la porte s’ouvre, les gens s’asseyent dans leur ordre d’arrivée sur des chaises alignées, et 5’ plus tard, ils sont appelés les uns après les autres ; une secrétaire vérifie pourquoi ils sont là, s’ils ont les bons papiers, etc… Notre tour vient vite… nous ne sommes pas au bon endroit… Même procédure Avenue San Martin quelques centaines de mètres plus loin : notre cas semble simple, et nous en ressortons moins d’une heure plus tard, avec la promesse d’avoir nos cartes vertes par email sous 48 heures ; nos compagnons finiront par traiter avec SANCOR à Zarate, mais à un coût 30% plus élevé. Nous avons alors quelques heures devant nous pour flâner dans ce centre ville de Buenos Aires. Le soleil est revenu, sans plus le moindre nuage, et nous découvrons qu’il peut faire vraiment chaud en été à Buenos Aires. Après un petit tour de la place San Martin à la place de Mayo par Florida, et un long stop dans un self équipé de Wifi à poursuivre notre courrier – nous en avons été sevrés pendant tout un mois ! ‑, nous nous retrouvons dans le métro pour rejoindre Belgrano où habitent nos cousins Stier.

La simplicité de leur accueil est la hauteur de leur gentillesse. Nous avions croisé Claire et Laurent en France trois ans plus tôt ; ils visitaient leur fils Nicolas venu compléter ses études d’agriculture à Toulouse. Leurs trois autres enfants sont là, l’aîné, Philippe, 26 ans, qui vient de s’acheter une moto pour partir, comme nous, sur les routes patagonnes : nous avons beaucoup à nous dire ! Sophie, puis Martin, puis le père Laurent arrivent, bientôt rejoints par Gérard et Marie Pincemin. Marie est la grande sœur de Claire, la troisième de la fratrie de dix neuf, alors que Claire est la treizième. Gérard et Marie ont eux-mêmes quatorze enfants, que nous avons commencé à rencontrer à Paris ! Quelles familles ! Qui ont grandi et se sont perpétuées si loin de nous ; leur fondateur – Jacques de Larminat n’avait pas vingt ans ‑ a été envoyé par son père au tout début du XXème siècle acheter une estancia du côté de San Martin de los Andes, le ‘Cerro de los Pinos’. Bientôt rejoint par des frères, puis par des épouses qu’ils venaient chercher en France, ils ont prospéré en Patagonie ; les Larminat, Laxague ou Pincemin sont aujourd’hui des centaines de cousins et neveux installés dans tous les coins d’Argentine, des Missiones ou de Salta au Nord, jusqu’en Terre de Feu à l’extrême Sud. Et notre voyage est une merveilleuse occasion de faire leur connaissance. Non seulement ils nous accueillent en cousins, mais nous nous découvrons d’incroyables affinités et atomes crochus avec cette famille si éloignée de nous aussi bien par le sang que par l’histoire, ou la géographie ! Nous brûlons de découvrir bientôt Marc Pincemin dans les Missiones aussi bien que l’oncle Edouard en Terre de Feu. En attendant, notre Capitaine nous fait savoir que notre permission est annulée, et qu’il nous faut rentrer avant minuit sur le bateau. Gérard et Marie sont de corvée pour nous raccompagner à Zarate, et quelle corvée : l’autoroute est bloquée par des piquets de grève du côté de Campana, et nous n’arriverons qu’à près de 2 h du matin à bord après plus de 4 heures de route ! Dans quelques jours, à nous les routes d’Uruguay !

Pour accéder à l’album PICASA, soit vous cliquez SUR LA LEGENDE de l’album ci-après (là où le titre est répété en petits caractères bleu), soit vous cliquez sur (ou recopiez dans votre barre d’adresse) le lien ci-dessous !

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OU

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5 – 4ème semaine : de Santos et Sao Paulo à Zarate

Nous finissons par lever l’ancre et nous mettre en route pour le port de Santos après à peine une douzaine d’heures d’attente dans sa rade ; le temps est lourd et le soleil, pourtant voilé, de plomb. Le climat est ‘tropical’ ici ; il fait penser à celui que nous avions à Lagos, Douala ou Libreville : dégagé et presque frais le matin (22°), de plus en plus brumeux et lourd dès 10 h, il s’assombrit dans l’après midi (35°) pour culminer dans un orage d’apocalypse à la tombée de la nuit. Le front de mer de la ville semble s’étendre sur des dizaines de kilomètres ; en fait, c’est parce que, tout autour de la baie se prélassent les stations balnéaires des ‘Paulistas’, comme s’appellent ici les habitants de Sao Paulo : Praia Grande (‘la Grande Plage’…), l’historique capitainerie héréditaire de Sao Vicente, créée dès 1532, Cubatao, Guaruja… Nous sommes tout près de l’immense Sao Paulo et ses 20 millions d’habitants ; Santos est son port ; Santos est sa plage.

Notre quai est situé tout au bout du port, en remontant d’une quinzaine de kilomètres la lagune de Santos, qui traverse et contourne la ville par l’Est et le Nord, et sur les rives de laquelle est établi le port. Et nous voilà, à nouveau comme au théâtre, installés à 40 mètres au-dessus de la ville, à remonter toute cette lagune pendant une heure, à longer ses quais, ses favelas et bidonvilles, ses industries, ses entrepôts, ses rues, ses églises, ses ferries… A croire que ces cargos sont faits pour le bonheur des touristes ! Malgré le peu de soleil, les couleurs sont étonnantes, et nous nous régalons du spectacle.

A peine le bateau amarré après sa volte aidée par les remorqueurs, que Rémi et Odile sont déjà là, tout en bas, sur le quai, venus tout spécialement de Sao Paulo pour nous ; le Capitaine nous donne la permission de ne rentrer que demain après midi, et nous voilà partis dans les embouteillages du dimanche soir vers Sao Paulo… nous nous sentons comme des collégiens à l’école buissonnière ! Odile est la sœur de la marraine de notre fille Magali ; nous l’avons croisée cet été en Bretagne, alors qu’elle faisait ses valises pour rejoindre son mari fraîchement installé à Sao Paulo ; elle est une grande voyageuse, après des années chez Air France. Quant à Rémi, c’est un impénitent créateur d’entreprises, ayant décidé, à l’âge où d’habitude ‘on se range’, de s’installer au Brésil pour laisser du champ à ses quatre enfants qui ont repris ses entreprises lyonnaises, et puis surtout parce que … c’est là que çà bouge ! Ils prennent tous deux des cours particuliers de brésilien et de yoga dans leur villa proche du parc d’Ibirapuera, le ‘Central Park’ de Sao Paulo, où ils vont courir tous les matins entre 6 et 7. Le lendemain matin, après le jogging, tout le monde se retrouve sur son ordinateur…. trois semaines que les nôtres n’avaient pas eu de connections Internet ! … d’abord vite mettre en ligne le dernier blog, puis lever ses 438 messages, même pas le temps de consulter les nouvelles du monde – la sharia en Egypte ? Al Quaïda au Mali ? la démocratie en Libye ? Le débat sur le mariage gay ? le duel Copé/Fillon ? la crise de l’Euro ? La Palestine à l’ONU ? La guerre civile en Syrie ? – nous verrons quand nous serons posés pour de vrai quelque part, pour l’instant, il faut vite trouver un bus pour redescendre à Santos, le déchargement s’est passé plus vite qu’espéré, et le Capitaine m’a laissé un message sur mon portable !

Et nous revoilà dans nos cellules du Grande Buenos Aires, nos trois repas à 7h30, 11h et 18h, le doux bercement des vagues dans le ronron du moteur et des ventilations. Bientôt on arrive ! Mais on n’a même pas fini tout le programme qu’on s’était donné ! Chacun refait à nouveau ses calculs dans sa tête : nous sommes le 3 décembre, trois jours au maximum pour aller à Zarate, le 6 au plus tard, puis une journée pour rejoindre Montevideo, le 7, non, ajouter deux ou trois jours de travail en Argentine ; çà nous met en Uruguay le 9 ou le 10, c’est bien çà ? Las ! Le mercredi 5 à 14h, le bateau fait un drôle de bruit de vibrations, comme si on roulait sur de la tôle ondulée ( !), je monte sur le pont ; depuis le matin, nous naviguons en plein brouillard, et la corne de brume travaille toute les 5 minutes ; mais là, le brouillard semble plutôt se lever, et ce sont les hélices d’étrave qui sont au travail pour stopper le bateau. Pas moyen de savoir ce qui se passe, l’équipage n’est pas très causant ; les GPS de nos compagnons montrent que nous sommes en plein océan, à 100 km de la côte la plus proche, l’Uruguay, à 300 km de Montevideo, juste à l’entrée du Rio de Plata au fond duquel se trouve Zarate, à 700 km d’ici, sur le fleuve Parana. Une panne de machines pour les uns ? Le brouillard pour les autres ? L’encombrement du port de Zarate pour Gianni, notre steward ? Ce n’est que le lendemain matin au petit déjeuner, alors que nous sommes toujours empannés, que le Capitaine nous donne quelques explications plausibles : le ‘port’ de Zarate se trouve à 10 h de l’embouchure du rio Parana, avec méandres et étroit chenal balisé ; le rio est bordé de nombreuses et très importantes industries métallurgiques ou automobiles, chez qui le Grande Buenos Aires va faire le plein de marchandises à rapporter en Europe. Et comme nous pouvons le constater, toute la région est plongée dans un épais brouillard ; c’est la chaleur humide des plaines de l’Amazone qui se condense au contact des eaux de l’Atlantique ; les navires ne circulent pratiquement plus dans les chenaux du rio Parana, qui est complètement embouteillé. Le Capitaine finit par nous faire la faveur de ses nouvelles prévisions : au mieux dimanche 9 à Zarate, et le vendredi 14 à Montevideo. Panique chez nos camping-caristes, dont trois épouses arrivent par avion bien avant cette date ! Ils obtiennent du capitaine qu’elle puisse rejoindre le bateau dès leur arrivée à Buenos Aires. Dans la nuit du 6 au 7, la mer se lève avec le vent, le bateau encaisse coups sur coups sur sa poupe, qui font trembler tout le bateau. Vers midi, les machines se remettent en marche, et nous nous dirigeons… plein nord, d’où nous venons… juste histoire d’arrêter de prendre toutes ces lames de travers ! Et puis le temps se remet au beau, la mer se calme, nous finissons par reprendre la route de l’Ouest, vers le fond du ‘rio de la Plata’. C’est dès devant Montevideo, à 300 km de l’embouchure des deux fleuves Uruguay et Parana, que les eaux deviennent toute rouge et boueuses, que nous prenons un pilote, qu’un chenal est défini par des bouées, et que commence notre ‘remontée’ du Parana.

Promis, dès notre arrivée à Zarate, on essaie de vous mettre tout çà sur le blog ! Bonne lecture !

 

Album de photos en cliquant sur le lien ci-dessous:

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4 – En Amérique ! Escale à Rio de Janeiro

Bonjour ! Cette fois, nous sommes à l’ancre devant Santos, le grand port situé à 90 km de Sao Paulo, la 3ème plus grande ville du monde, à 400 km au Sud de Rio, juste sur le ‘Tropique du Capricorne’ (pour ceux qui sont allés se renseigner sur ce qu’est ce ‘tropique’ après lecture de la note précédente !). Et… repetita placet… comme à Rio, l’économie brésilienne étant en plein boom… nous sommes depuis cette nuit ‘en rade’ au large du port, en compagnie d’une trentaine d’autres cargos, attendant qu’une hypothétique place se libère pour accoster. La mer est calme, le ciel légèrement plombé ; il fait un peu lourd ; nous pouvons deviner, vers le nord, au loin dans la brume, les immeubles du front de mer de la ville. Le site est beaucoup moins prestigieux que la ‘rade de Copacabana’ au large de Rio de Janeiro !

 

C’est là en effet que nous vous avions quitté il y a trois jours. Nous étions alors sur le point – enfin ! ‑ de lever l’ancre après 36 heures de quarantaine pour aller chercher notre quai dans la zone portuaire de ‘Caju’, tout au nord de la ville, ce qui impliquait un parcours très touristique. Et en effet, comme au théâtre, Rio s’est déroulée devant nous pendant plus d’une heure. Le site de cette ville est proprement extraordinaire : au Nord, l’immense baie de Guanabara, coupée en deux par le pont autoroutier de Niteroi ; au Sud, l’océan Atlantique par où nous sommes arrivés ; entre les deux, une ‘passe’ de 4 km de long et 1 km de large, marquée par de spectaculaires formations de basalte noir habillées de forêt tropicale, dont le fameux ‘Pain de Sucre’, à l’ouest, côté ville. Si la côte Est paraît encore verte et sauvage, celle de l’Ouest, où se situe l’essentiel de cette ville de 6 millions d’habitants, associe de façon invraisemblable des forêts d’immeubles, des autoroutes et des plages… à une autre forêt … de pains de sucres vertigineux. Celui du ‘Corcovado’ (‘le bossu’ – forme de ce pain) culmine à 700 m de haut, et porte les 1.100 t. et 40 m de haut de la statue du Christ Rédempteur. Nous avions souvent vu des photos de Rio… nous n’avions pas imaginé cette forêt de pains volcaniques, et un relief à ce point tourmenté, qui découpe la côte et la ville en une infinité de criques et caps, de quartiers résidentiels, de bureaux ou de favellas difficilement reliés les uns aux autres.

Nous n’avons pu malheureusement mettre pied à terre que sur le coup de 19h, et sortir du port que vers 20 h… la nuit largement tombée, tout éventuel bureau de change aussi, avec promesse faite au Capitaine d’être rentrés au plus tard à 3 heures du matin. Nous savions bien qu’il ne faut pas, qu’il ne faut jamais, marcher à pied de nuit dans ces villes une fois la nuit tombée. Sans parler de marcher à pied de nuit dans une zone portuaire… Mais c’était la 1ère fois que nous mettions pied à terre depuis Dakar, et n’avions encore jamais mis les pieds en Amérique du Sud ! Et nous avions tellement été mis en appétit par cette entrée dans la baie… Bien sûr, les promenades prévues au ‘Pain de Sucre’, au ‘Corcovado’, au ‘Jardin Tropical’ ou sur la plage de Copacabana étaient à l’eau, mais nous avions au moins le prétexte d’aller mettre en ligne une mise à jour du blog, et de poster une carte aux copines ‘Aquarelles’ ! Et donc de trouver un café Internet ainsi que des timbres et une boîte aux lettres… çà pouvait se faire en taxi… Mais voilà, sortis de l’enceinte portuaire, ce vendredi soir, nous tombons sur un embouteillage de milliers d’autobus englués, presque en silence, dans des nuages de pollution ; évidemment pas de taxis. Nous prenons donc nos jambes en direction du centre, à 7 ou 8 km, au bord d’une autoroute située … sous une autre autoroute, entourées toutes deux des murs d’enceinte du port. Oui, franchement un peu glauque ! Mais, bon, à part le trottoir défoncé, les recoins et portails entrouverts, les zones pas éclairées, nous croisons de temps à autres des gens ‘normaux’, une femme seule avec sa valise, deux jeunes se tenant par la main… un cri derrière, un homme qui court ; coincés entre un bus en panne et un muret, Véronique me lâche la main, nous devons nous plaquer pour le laisser passer ; tout simplement quelqu’un de pressé, qui ne trouvait pas non plus de taxi…. Nous finissons par en trouver un ; nous lui suggérons un Café Internet à ‘Santa Teresa’… C’est tout là haut, sur l’une des collines, le ‘Montmartre’ de Rio, très branché, mais l’Internet y a disparu pour un simple café avec Wifi ; malheureusement, nous avons laissé notre ordinateur à bord du bateau… nos lecteurs attendront ! En revanche Véronique explique son histoire de ‘carte aquarelle’ à la serveuse, elle paraît passionnée, et elles s’embrassent après promesses de la poster avec le généreux pourboire que je suis contraint de laisser faute du moindre Real en poche ! Retour à bord avec un autre taxi qui nous fait les présentations du ‘Centro’ dans son brésilien gentiment hispanisant pour nous…

A minuit à bord, nous nous remettons des émotions de cette première prise de contact avec l’Amérique latine : nous sommes infiniment séduits ! Si la chaleur et l’humidité du climat sont ‘africaines’, nous n’avons jamais rencontré une telle gentillesse, tant de sourires, tant de patience et de disponibilité. Nous n’avons jamais été ‘regardés de haut’, ni été l’objet de curiosité ; nous ne sommes pas ici perçus comme peuvent l’être les ‘Blancs’ en Afrique, ou les ‘Français’ au Maghreb, ou même les ‘Européens’ en Turquie ou en Iran…. sans doute comme s’il était normal ici, dans ce pays bigarré, ce creuset culturel, d’être différent des autres ! Et le tout, dans une ambiance malgré tout très ‘européenne’, justement en ce sens que d’emblée, ce sont des rapports d’égalité qui sont établis avec les gens.

 

Je vous rappelle que pour accéder à l’album de photos joint, vous cliquez sur le lien ci-dessous, ou ouvrez l’album ‘4 – En Amérique ! Rio’ en haut de la colonne à droite. S’ouvre alors un Album ‘Picasa’, que je recommande de lire en mode ‘Plein Ecran’ (F11 sur Windows), et ‘Diaporama’ mis sur ‘Pause’ pour faire défiler les photos à son rythme avec les flèches du clavier. Ceci dit, attention ! Picasa a tendance à vous envoyer sur son éditeur ‘Google +’, où la lecture en diaporama est impossible. Si cela vous arrive, il vous faut alors repérer le message « “pour revenir à Picasa Album Web, cliques ICI” (en-dessous de la barre de titres), et cliquer sur ICI, éventuellement à plusieurs reprises car il a la comprennette lente !

 

Bonne lecture !

L’Album de photos en cliquant sur le lien ci-dessous :

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