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6 – Demi tour ! Je sais d’expérience qu’il lui en faut beaucoup pour renoncer à ce qu’il a décidé, mais là, pour une fois, il a calé : 2011 n’est décidément pas la bonne année pour tenter le tour de « La Méditerranée par l’Est » ; vous aurez d’ailleurs remarqué que, dans sa première note du 14 décembre, il avait eu la prudence de mettre un point d’interrogation à son titre !
Je dois avouer que ce qui est arrivé en Tunisie, puis en Egypte, était quand même difficile à prévoir… Même en Egypte, ce qui me faisait peur avant de partir, c’est que Philippe avait trouvé plein d’adresses auprès des communautés coptes du wadi Natrum, du Caire, de Mahalla el Koubra et d’Alexandrie, et que le jour même où nous embarquions sur le ferry de Tunis, le 1er janvier, une voiture piégée explosait devant la grande église des Coptes d’Alexandrie (21 morts) ; impossible de lui faire comprendre que je n’avais plus du tout envie de rencontrer des Coptes d’Egypte ! Eh bien non, là encore, ce n’est pas ce risque d’explosion qui nous a bloqués !
Il est vrai aussi qu’il avait tout bien préparé des (amis d’) amis à Tunis, Tripoli, Alexandrie, Le Caire, Amman, Beyrouth ; les carnets de passage en douane ; les cours d’égyptien ; les motos ; les visas, notamment pour la Libye, etc… et que cette préparation nous a permis d’être bien informés, de prendre les bonnes décisions, et de revenir rapidement sans trop de difficultés. Mais vous savez combien il y a de kilomètres entre Marsa Matrouh et Tunis ? 2.499 exactement ; au plus court ; et vous savez en combien de temps il me les a fait faire, à moi qui m’endors au guidon au bout de 150 à 200km ? Du samedi matin 5 février au samedi soir 12 février, cela fait 8 (huit) jours, deux frontières, dix sept barrages de policiers ou militaires, et deux journées de plus de 500km chacune, toutes de routes africaines où l’on conduit « comme dans un jeu vidéo » ; et encore, nous nous sommes reposés une journée complète chez Virginie et Nicolas à Tripoli (un vrai bonheur !) ; je ne sais toujours pas comment j’y suis arrivée ; lui non plus d’ailleurs, à voir son état de fatigue à l’arrivée, ici à Palerme (Sicile) ; lui qui m’avait expliqué qu’il voulait apprendre à voyager « lentement » !
J’étais un peu émue en partant de Marsa Matrouh ; un journaliste du Caire nous attendait devant l’hôtel pour prendre quelques photos pour illustrer l’interview que Philippe lui avait accordé la veille (cf. album de photos) ; puis, sur la route de Salloum, des tanks bloquaient la route en la prenant en enfilade avec leur canon, et les militaires paraissaient perplexes devant nos passeports ; pas d’essence dans les stations service, heureusement, on en avait juste assez pour arriver à la frontière. A Salloum, on retrouvait Mahmed, notre guide libyen, on échangeait nos plaques égyptiennes contre nos plaques libyennes, et on refaisait nos pleins à 0,12 € le litre.
Je n’étais pas ravie, vous l’imaginez, d’être à nouveau en Libye, cette fois sans même un prétexte touristique : peu de possibilités de « skyper » avec mes enfants, et encore, en étant écoutée… ou carrément coupée, laideur et saleté des villes, les draps (bout de chiffon) ayant déjà servis…. (je passe les détails)…. J’ai essayé, le soir, après les 400 km quotidiens de désert, en nous dérouillant les jambes, de faire des courses, mais, décidément, Philippe ne voulait pas de chemise de nuit (rien acheter, il n’y a pas de place dans les valises !) ; j’ai juste trouvé deux tarbouches (le noir se porte en Cyrénaïque, le rouge en Tripolitaine) pour mes prochaines tenues de mariage, et des pantalons pour Mahmed ! Partout, il y avait de grandes affiches avec « 41 » : ce n’était pas une publicité pour une boisson (il paraît que c’est plutôt « 51 » chez nous ?), mais… Kadhafi qui se vante d’être au pouvoir depuis 41 ans, authentique ! Ben Ali et Moubarak enfoncés !
Après des journées entières de kilomètres de routes toutes droites dans le désert, on apprend à regarder surtout le ciel, qui a parfois quelques nuages, ici, en février (on a même eu 24 h de pluie autour de Tobruk, on en ressort couverts de boue….), avec des lumières que j’aurais bien voulu tenter de retrouver un jour dans mes aquarelles ; voilà à quoi je pense tout en slalomant à l’instinct en surveillant les fous dans mes rétros !
A l’entrée en Tunisie, tout était apparemment beaucoup plus calme que quatre semaines plus tôt. Sauf que notre hôtel à La Goulette, à côté du quai où Philippe pensait trouver un ferry pour la Sicile le lendemain, était juste à côté d’une « Garde Nationale ». Et que ces gens ont des fusils à lunettes qui ont servi à exploser la tête des pillards le mois dernier. Et que la jeunesse casse leurs bureaux au rythme de deux à trois par semaine. Et qu’en entrant dans l’hôtel avec nos valises, à la réception, il y avait là une ½ douzaine de battle dresses avec fusils à lunettes, tout excités : Philippe m’a ensuite fait prendre le café (au café Toulouse !) dans les terrasses en bord de mer juste au milieu de petits groupes de jeunes tout excités eux aussi…
La traversée en ferry de Tunis à Palerme, au milieu des centaines de barques de réfugiés tunisiens, nous faisait passer dans un autre monde… plus calme ?
A bientôt avec vos commentaires sur le blog ! Et bonne lecture !
Bravo pour tous ces kilomètres en temps record… sûrement quelques regrets de laisser de belles couleurs mais pour vos “admirateurs” dont je suis, contente que vous ayez rejoints des sols plus paisibles – Bonne continuation, j’espère sans plus d’entraves à vos rêves – Amicalement – A. de Mérindol
Veronique, je t’admire ! c’est quoi ton secret pour tenir le coup sur des distances semblables ?… bien sur, tu etais contente de fuir ces contrees peu hospitalieres… j’espere que vous pouvez vous reposer un peu en Sicile. Et je continue a regretter de ne pas vous avoir eu ici a Jerusalem. A quand la prochaine fois pour l’autre bout de la Mediterannee ? Bises. Renee
Hello voyageurs
Ce matin soudain j’ai pensé à vous et à votre périple de motards en écoutant les news ! “Bon dieu mais c’est bien sur” ! donc illico visite de votre blog pour trouver … “demi-tour” d’autres l’auraient fait à moins. Tout à la fois chance et pa’d’chance. Vous attendons toujours à Eubée (finalement plus calme) pour nous raconter tout cela. Nous y serons pour pâques orthodoxes (en même tps que pâques cette année) et cet été, of course
Bonne poursuite mp et p
Voilà plus de dix jours que vous êtes en Italie et que Berlusconi n’a pas été inquiété, aucune contestation, mouvements d’opposition, Che stai facendo?
Prenez soin de vous! On vous aime!
Oui je suis étonnée comme Magali que vous n’ayez pas demarré de manifestations en Italie! On pourrait faire un dessins avec Philippe et Véronique fuiyant les 3 pays en feu avec leur motos, comme un Indiana Jones avec les grosses explosions juste derrière eux. Super mamie et super papi!
Tout comme magali je m’;etonne aussi que vous n’ayez pas démarré de manifs en Italie. On imaginerait bien un dessin type BD avec Super Mamie et Super Papi sur leur motos fuyant les 3 pays avec le feu (les feus!) aux fesses comme dans Indiana Jones! Vous nous en mettez pleins les yeux!
Merci à toutes et tous nous groupies qui souhaitent que nous allions mettre également le feu à l’Italie et la Grèce.
Nous sommes encore dans celle-ci, où c’est la panique devant l’invasion attendue de ‘boat people’ que Kadhafi n’est plus là pour limiter, et où 300.000 femmes manifestaient la semaine dernière pour la démission du trop macho Berlusconi.
Quant à celle-là, ‘la rigueur’ faiait échanger hier gaz lacrymo contre coktails molotov à Athènes.
Non, décidément, ce n’était pas la bonne année pour promener nos motos dans ce coin de Méditerranée !
A moins qu’il ne faille se faire à l’idée que démocratie et mondialisation vont généraliser un état permanent de révolution, et que ‘faire le tour du monde’ au XXIème siècle exige d’avoir à apprendre à traverser des révolutions ? Je vais demande à mon Sancho Pança ce qu’elle en pense !
En relisant le récit de Véronique, Je me dis que l'”Homme” est bien concu pour pouvoir tenir dans des conditions extrêmes! et bravo pour avoir su partir à temps avec un mental à toute épreuve. C’est sans doute le secret de nos existences et du bonheur finalement.