Préambule : 6 décembre 2017, 8h30
Cela fait deux heures que nous avons atterri à Canton. C’est la première fois que nous mettons les pieds en Chine ; l’aérogare est gigantesque…… et nous devons d’abord trouver des « ATM » pour faire le plein de yuans jusqu’à Chengdu, où nous serons dans dix jours. Après plusieurs essais infructueux – il y a pourtant bien les logos « visa » ou « cirrus » sur les machines, mais elles bloquent avant que des billets en sortent, et nous sommes trop heureux de récupérer nos cartes ! – nous finissons pas dénicher trois machines côte à côte, tout à l’autre bout de l’immense salle où Véronique a trouvé un canapé pour s’assoupir……et, miracle !, l’une d’entre elles m’offre sur un plateau les trois mille yuans demandés, et deux mille avec l’autre carte. Et Bernard fait de même avec sa carte ; nous voilà riches ! Un quart d’heure plus tard, Bernard est fébrile, c’est sûr, il a dû laisser sa carte dans la généreuse machine ! Mais que faisons nous donc dans cette galère ?! Petit retour en arrière !
J – 75
A la mi septembre, Bernard m’appelle pour m’indiquer que sa belle-fille, la célèbre violoncelliste Camille Thomas, jouera les 15 et 16 décembre à Chengdu, au Sichuan (Chine), et qu’il envisage d’aller assister à ces concerts avec sa femme, Marie Catherine : n’aurions-nous pas envie de les accompagner ? N’est-ce pas un bon prétexte pour aller se promener en Chine ? C’est avec Bernard – et dans sa voiture ! ‑ que j’ai parcouru pendant quatre mois, au cours de l’hiver 2011-2012, toute la route de Paris jusqu’à la mer Caspienne et retour (Cf. Chap 4 Autour du Mt Ararat). Je sais que c’est un bon compagnon pour aller dans un pays où ni lui ni moi n’avons jamais mis les pieds… ni n’entendons d’ailleurs le moindre mot de la langue. Dès le 18 septembre, nous avons ensemble une première session de travail pour définir les grandes lignes du voyage : nous partirons au début du mois de décembre, Marie nous rejoindra pour les concerts, nous reviendrons à la fin du mois… Dès le lendemain 19 septembre, nous réservons nos billets aller/retour – ils coûtent à peine plus cher, en cette saison, qu’un aller/retour en train sur Montpellier ‑ et je ressors l’Assimil chinois dans lequel je m’étais lancé il y a trois ans pour préparer « la route de la Soie à motos » ! Je m’étais arrêté à la leçon 10 ; là, sans guide ni interprète, il va falloir que j’aille sérieusement un peu plus loin si nous ne voulons pas nous perdre !
J – 40
Mais il nous faut ensuite obtenir des visas, ce qui implique de commencer par poser des dates et des lieux précis sur le programme ! Bernard le « ferrovipathe » planche donc de son côté d’arrache-pied sur les horaires de trains et les réservations d’hôtel. Et le 25 octobre, nous allons déposer nos demandes à l’ambassade de Chine avec un volumineux dossier où figurent une copie de chacune des réservations d’hôtel que nous avons faites avec Booking.com. Non, nous n’avons ni « lettre d’invitation » ni agence de voyage. Parallèlement, Bernard a pris langue avec « DIY – China train tickets online » pour les réservations. Et je passe des heures à visionner les vidéos de leur site, qui permettent de découvrir une Chine « de l’intérieur », comment fonctionnent les billets de train
(à part les chiffres, ils comportent surtout des idéogrammes…), où aller les récupérer dans les gares, comment ils fonctionnent, les différentes sortes de trains, de classes, de sièges, de couchettes… et de gares : tout a l’air gigantesque, et les queues aux guichets comprennent toujours des dizaines de personnes. Pas de panique, on verra bien !
J – 23
Ca y est ! Nous avons en mains notre première réservation de train ! Notre premier « Bullet Train » quitte la gare de GuangzhouNanZhan – à 70 kilomètres de l’aéroport de Baiyun où nous arrivons de Paris – et, à 240 km/h, nous emmène en 2h30 jusqu’à Guilin, où nous passerons notre première nuit en Chine. Ouh là là ! On va entrer dans le concret maintenant ! Et d’innombrables questions s’entassent dans notre tête : et comment on va de l’aéroport à la gare ? Combien de temps en taxi ? Ah bon, bien sûr, cela dépend du trafic ! Entre 1 et 3h… Et sinon ? Il y a le métro, 70 minutes garanties. Bon début, ça, de prendre le métro illico après une nuit dans l’avion et sept heures de décalage horaire ! Sans compter qu’à l’arrivée, il nous faut trouver des yuans, des cartes sim chinoises pour nos téléphones, un wifi mobile à mettre dans le sac à dos pour pouvoir nous servir de Google Translate dans la rue. C’est alors que je me lance dans la confection d’un « book », où je glisse une à une toutes les indications indispensables : en première page, un plan du métro de Canton/Guangzhou, ensuite les documents envoyés par DIY qui comprennent le N° de réservation pour récupérer les billets à la gare et la phrase en idéogramme à donner au chauffeur de taxi pour qu’il nous emmène à la bonne gare. J’insère ensuite une carte GoogleMap de l’emplacement de la gare de Guilin/Yangshuo par rapport à notre hôtel à « Chao Long Village », avec incrustation de l’adresse de l’hôtel en idéogramme + son numéro de téléphone à remettre à l’éventuel chauffeur de taxi.
Et ainsi de suite pour chacune des treize étapes du voyage. Et j’avance dans mon Assimil, jusque vers la leçon 35 ; avec Pleco et Google Translate en filet sur mon smartphone, on va bien y arriver !
J – 2
Cher tous, nous sommes à l’avant veille de notre “petit” tour de la Chine avec Bernard Champanhet, et sa Marie Catherine qui nous rejoindra dans 10 jours.
Ci-joint une carte de l’itinéraire que nous espérons pouvoir faire… nous revenons dans la nuit du 31 au 1er !
Ci-joint aussi notre planning, avec les coordonnées des hôtels où nous serons si vous avez un jour à remonter notre trace ! Pour Skype ou autres “chats”, sachez qu’il y a 7 heures de décalage : quand il n’est que 21 h en France, il est déjà 4 h du matin en Chine. On vous promet d’essayer d’envoyer des nouvelles de temps en temps… On vous embrasse !
Poème “Préambule” de notre compagnon Bernard :
En annonçant un soir notre nouvelle idée :
La Chine en hiver nous allons visiter
La plupart d’entre vous se sont soit étonnés
Soit, même, nous ont pris pour de joyeux cinglés
Et lorsqu’on ajoutait notre motivation
Aller jusqu’à Chengdu pour une audition
De Camille en concert, ils mettaient leur index
Sur le côté du front par une sorte de réflexe
Signifiant qu’à notre âge il était imprudent
De s’aventurer là. Il ferait mauvais temps
Les voyages n’y sont qu’organisés en masse
Partir là-bas tous seuls ! Fallait être à la masse
Ne parlant pas chinois et même ignorant
Tout de ce très grand pays. Bref nous étions déments.
Et bien détrompez-vous. Une préparation
Détaillée, méthodique des étapes, des avions
Des trains et des hôtels, des lieux à visiter
Avec un point d’arrêt le 15 à Chengdu
Pour le fameux concert là où Camille joue
Non seulement c’est possible mais, oui, nous l’avons fait.
Voici donc le récit en vers de ce projet.