15 – Les Souterrains de la Vieille Ville

30 novembre 2014

30 novembre 2014

Aujourd’hui, nous avons passé l’essentiel de  la journée dans les souterrains de la Vieille Ville, ceux qui sont en-dessous de la ville byzantine qui sont en-dessous de la ville arabe qui sont en-dessous de la ville croisée qui sont en-dessous de la ville ottomane. En bref, sur des dallages et entre des murs datant des Cananéens (-1500), des Davidiens (-1000), des Hérodiens (-100) ou des Romains (+ 100). Oui, huit couches visibles au moins, en quatre mille ans ! C’est-à-dire que nous avons, nous, à la différence de l’immense majorité de ceux qui pèlerinent sur la « Via Dolorosa », 20 mètres plus haut, marché sur les pierres sur lesquelles ont réellement marché Jésus et ses disciples.

Nous nous sommes donc d’abord retrouvés juste au sud de l’Esplanade, à l’entrée de ce que les gens appellent déjà ici la « Cité de David », sur la « colline de l’Ofel ». Là où David habitait lorsqu’il aperçut, de la terrasse de son palais, une femme prenant son bain, Bethsabée, la femme de son soldat Uri le Hittite.

Après une visite de quelques fouilles techniquement compliquées parce que situées sous le village arabe de Silwan, nous avons emprunté sur 200 m un premier tunnel apparemment creusé dès l’époque cananéenne, et utilisé ensuite par David et ses successeurs. Nous avons enchaîné ensuite sur un deuxième tunnel, célèbre celui-là, le « tunnel d’Ezechias » (-700), par lequel ce roi d’Israël a capté la source « de Gihon » des cananéens pour la conduire, 200 m plus bas, à la « piscine de Siloé ». Remontant (en taxi, nous étions déjà fatigués !! Et aussi parce que remonter à pied de Siloé à l’Esplanade implique de traverser le village arabe de Silwan… où le climat est orageux…) en haut du champ de fouilles, nous avons emprunté sur 150 m un troisième tunnel, manifestement d’époque hérodienne, qui débouchait directement au pied de l’angle sud ouest de l’Esplanade, dans le dallage d’une grande avenue majestueuse qu’Hérode avait aménagée le long de la face ouest.

Et une heure plus tard, après un déjeuner bien mérité, nous pénétrions dans un quatrième « tunnel », devenu célèbre sous le nom de « tunnel du Temple »… non, ce tunnel ne passe pas « sous » l’Esplanade – et Dieu sait pourtant si les archéologues Israéliens aimeraient bien faire des fouilles archéologiques sous l’Esplanade, mais ce serait une cause de 3ème guerre mondiale !! – non, il ne s’agit d’ailleurs même pas d’un « tunnel » à proprement parler, mais des traces de la grande avenue majestueuse d’Hérode, aujourd’hui enfouie sous toutes les couches de villes qui se sont succédées à cet endroit. Les Israéliens sont très émus de pouvoir parcourir ce « tunnel du temple », notamment parce qu’il leur donne accès à un endroit qui est le plus proche géographiquement de là où se situait le Temple : interdits de prière sur l’Esplanade (on en reparlera après demain en la visitant !), ici, ils peuvent se lâcher tranquillement ; les prières y sont forcément plus efficaces !

Certes, ces travaux des archéologues israéliens ont une visée nationaliste : il s’agit de prouver l’antériorité des « droits » des Juifs sur cette Terre Promise. Mais il s’agit d’un autre débat : en quoi ces découvertes pourraient-elles amoindrir les droits des Palestiniens ? Il reste qu’ils font un travail extraordinaire, et qu’il est très émouvant de retrouver, sur le terrain, les traces matérielles évidentes des allusions des Ecritures d’il y a plus de 2.000 ans.

Toutes les photos, avec maintes légendes, sont sur :

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14 – Mt des Oliviers – Abu Gosh – Deir Rafat

29 novembre 2014

29 novembre 2014

 

 

Pour notre deuxième jour à Jérusalem, nous profitons de ce que nous avons encore la voiture pour aller nous promener en banlieue. Nous commençons par aller sur le Mont des Oliviers, belvédère d’où se déroule le plus beau panorama du monde : par delà le vallon du Cédron s’élève en effet la célèbre Esplanade des Mosquées, immense terrasse construite par Hérode le Grand, qui a mis 10.000 hommes pendant 10 ans pour creuser l’angle nord ouest, et construire, sous l’angle sud-est, de formidables soutènements dans lesquels se trouve aujourd’hui la mosquée Marwani, autrefois appelée « les Ecuries de Salomon », qui peut accueillir 7.000 personnes.

C’est au milieu de cette Esplanade, à peu près à l’endroit où se trouve aujourd’hui le Dôme du Rocher, que Hérode fit construire le « Temple d’Hérode ». Les Juifs l’appellent le « 2ème » temple, alors qu’il s’agit en fait du 3ème : le 1er, c’est celui que Salomon, fils de David, fit construire autour de l’an 1000 BC, et qui fut démoli par le roi Babylonien Nabuchodonosor en 586 BC – les Juifs sont alors déportés à Babylone, jusqu’à leur libération par le roi Perse Cyrus en 538 BC ‑ le 2nd, c’est celui que les Juifs construisent au même endroit à partir de 535 BC sous la direction de Zorobabel ; les sacrifices et le service du Temple y reprirent à partir de 516 BC (de 586 à 516 s’écoulent les 70 années de la déportation) – Vers 19 BC, Hérode décide « d’agrandir » le temple de Zorobabel, dont les Ecritures ne cessent de souligner qu’il n’était qu’une pâle copie de celui de Salomon ; Hérode n’en laissera pas pierre sur pierre ; mais comme le service du Temple n’y fut jamais interrompu, on continue à l’appeler « 2ème Temple ». Le 3ème temple est celui que quelques Juifs extrémistes rêvent de reconstruire à la place du Dôme du Rocher pour hâter la venue du Messie. Jésus venait souvent sur le Mont des Oliviers ; c’est notamment là qu’il apprit le « Notre Père » à ses amis, qu’il fut arrêté par la police du Temple sous la direction de son disciple Judas, et qu’il « monta aux cieux » après sa Résurrection.

Nous filons ensuite sur le très ancien village d’Abu Gosh, situé sur la route historique de Jérusalem à Jaffa. Abu Gosh tire son nom d’une famille de Musulmans tchétchènes installée ici depuis le 16ème s. Le village s’appelait Kiryat Yéarim du temps de David ; les Philistins en effet ayant sévèrement battu les Israélites, leur avaient pris l’Arche d’Alliance, qu’ils placèrent dans leur temple à côté de leur Dieu Dagon ; mais ils ne cessèrent alors d’avoir des catastrophes et, au bout de sept mois, la rapportèrent à Beit Shemesh, où les Juifs à leur tour connurent des catastrophes ; les habitants de Kiryat Yearim se chargèrent alors de l’Arche ; ils la gardèrent pendant plus de vingt ans, jusqu’à ce que David, nouveau roi, la transfère à Jérusalem. C’est un peu du fait de cette histoire, racontée au 1er livre de Samuel, que les Bénédictins de Belloc (F-64) récupérèrent une ancienne église des Hospitaliers de St Jean (XIIème s.) pour y bâtir un monastère dédié à la Vierge, « nouvelle Arche d’Alliance » en ce que, comme la 1ère Arche, elle a porté Dieu. Nous y sommes reçus extrêmement gentiment par un frère Oliver, qui nous consacrera une grande demi-heure avant de nous inviter à participer à la célébration eucharistique dans la belle église croisée.

Nous terminons notre journée en roulant jusqu’au sanctuaire de Deir Rafat, fondé par le Patriarcat Latin en 1927, et animé par un monastère des Sœurs de Bethleem. C’est là que notre nièce Anne de Laâge a choisi d’habiter depuis le mois de février dernier ; nous y passons près de deux heures… elle décoiffe, notre nièce ! Toutes les photos de la journée sont sur :

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Demain, Renée nous emmène visiter les sous sols de la Jérusalem antique… nous y passerons pratiquement toute la journée… incroyable !

13 – L’Herodion et le Grand Marché Juif de Jérusalem un soir de shabbat

28 novembre 2014

28 novembre 2014

 

Bonsoir tout le monde. Çà y est, hier soir, la grippe s’installait à la maison… mais n’a attaqué ni la bonne humeur, ni l’impatience de découvrir les merveilles de Jérusalem. Aujourd’hui, nous prenons d’abord la voiture pour filer à une trentaine de kilomètres au Sud de Jérusalem visiter « l’Hérodion », une forteresse qu’Hérode le Grand (Ier s. BC) a fait construire à proximité de sa capitale. Il a choisi une pyramide naturelle tronquée qui est le point culminant du Désert de Judée, a bâti un château là haut, puis, agacé qu’on puisse voir ses fastes de loin, l’a caché en rehaussant la pyramide. De loin, l’Hérodion ressemble donc à « un sein de femme » (Flavius Josèphe) ; et de près, à la caldera d’un petit cratère au fond duquel se cachent aujourd’hui les ruines d’un palais fortifié. Détruit par les Romains en 71 EC, il sera réoccupé par Bar Kobkha pendant la révolte de 135. On y trouve d’intéressants restes du palais, de la forteresse, et d’un inextricable réseau souterrain de galeries et de citernes. Le tombeau d’Hérode lui-même y fut découvert en 2007.

En début d’après midi de ce même vendredi, et donc à quelques heures du début de notre troisième shabbat en Israël, nous nous trouvions à Mahane Yehuda Market, le grand marché juif de Jérusalem. D’un côté, il tient à la fois du souk, du bazar ou d’un gigantesque marché d’Aligre ; il est immense, la foule y est bruyante ; on y trouve de tout, des multiples fruits et légumes aux pâtisseries, fromageries ou viandes, avec des restaurants offrant toutes les spécialités du monde entier du fait que la population juive vient elle-même du monde entier. D’un autre côté, la proximité de plusieurs quartiers juifs orthodoxes fait que la foule est parsemée de personnages aux chapeaux et tenues plutôt excentriques. Renée nous emmène chez son copain yéménite Uzi : c’est un guérisseur qui a toutes les potions qu’il faut pour nous guérir de tous les méchants virus que nous avons attrapés : ne manquez pas d’aller voir sur l’album de photos comment il nous a traités !

Après un petit tour dans le quartier fermé – et orthodoxe – de Ohel Moshe, le soleil se couche, c’est shabbat qui commence à Jérusalem, les bus ne fonctionnent plus, et nous nous faisons ramener à la maison par un taxi arabe.

Une heure plus tard, Renée vient nous chercher pour nous emmener dans sa synagogue, à quelques pâtés de maison de chez nous. Nous passons devant la synagogue d’état, un peu trop orthodoxe pour elle, et poursuivons jusqu’à « sa » synagogue « libérale ». C’est un peu comme le système éducatif français ; le secteur public est gratuit ; le privé est payant. Ici, l’Etat paie pour la construction, l’entretien et les rabbins des synagogues d’état ; pour les synagogues libérales, ce sont les communautés d’Amérique qui, pour l’essentiel, ont financé la construction. Nous arrivons en retard, après les lectures de la Torah ; nous en sommes aux chants de louanges ; il y a des livrets bilingues hébreu/anglais, et nous pouvons suivre les chants ; ce sont essentiellement des Psaumes de David ; le rabbin est devant une table, au milieu de la salle, sur une estrade ; il mène les chants les yeux fermés, le sourire aux lèvres. A un moment, nous nous tournons tous vers le fond de la salle, pour saluer le shabbat qui vient. Dans l’assistance, beaucoup ferment également les yeux en chantant et en se balançant doucement d’arrière en avant. Une fois revenus à la maison, Renée allume les bougies sur la table, chante la prière du soir, la bénédiction et le Kiddouch (« … et le septième jour, Il se reposa ») avec une coupe de vin à la main (enfin, de jus de raisin, elle ne boit pas d’alcool). Deux pains sur la table sont dans une assiette recouverte d’une étoffe (la double portion de manne qui tombait la veille du shabbat pendant l’Exode) ; Renée les rompt et en donne une part à chacun après l’avoir salée (pour que le souvenir de ce repas se conserve !).

Shabbat Shalom !

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A demain !

12 – St Jean d’Acre

27 novembre 2014

27 novembre 2014

 

Nous avons adoré Acre, par ses empilements historiques, la beauté du site, la médina enserrée dans les remparts, la population essentiellement arabe, cette antique porte de l’Orient avec tous ses minuscules ports fortifiés, ses caravansérails, et, bien sûr, son exceptionnelle citadelle. Un mot d’histoire d’abord !

Akko est une très ancienne cité (3000 BC), mentionnée dans la Genèse ; c’est un petit port, entouré de murailles, qui prend le nom de Ptolémaïs sous les Séleucides (IIIème s. BC)… et pour mille ans. St Paul y passe (Ac 21, 7). La ville est prise par les Arabes en 638, puis par les Croisés dès 1104, dont elle devient le principal port, une fantastique place forte des Chevaliers de St Jean Hospitalier, puis leur principale source de revenus ; en 1170, elle aurait rapporté à elle seule aux Croisés autant que tout le Royaume d’Angleterre…

Là-dessus, un jeune kurde de 30 ans prend le pouvoir en Egypte en 1169. Saladin ben Ayyub prend Damas en 1174, Alep en 1183, proclame le jihad, et écrase l’armée croisée en 1187 aux Cornes de Hattin, à quelques kilomètres de Tibériade. Dans la foulée, Saladin prend Jérusalem ‑ la ville, sauf pour une période de 15 ans, restera musulmane jusqu’en 1917 – et surtout le port si riche de St Jean d’Acre. Il faudra deux années de siège aux Croisés pour reprendre la ville. Saint Jean d’Acre devint alors à nouveau pour un siècle la capitale politique et administrative du Royaume Latin de Jérusalem. Le 18 mai 1291, après moins de deux mois de siège, ce sont les Mameluks qui reprennent le port : cette date marque la fin de l’aventure des croisades en Terre Sainte.

Mais on ne parle guère de ces évènements lorsqu’on visite St Jean d’Acre, on parle essentiellement de l’échec de Napoléon, qui ne réussit pas à prendre la ville malgré trois mois de siège en 1799, pendant la campagne d’Egypte. Il y a même, à l’entrée de la ville, un « tell Napoléon », surmonté d’une statue de notre célèbre général !

Toutes les photos de la formidable ville-forteresse sont sur :

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Et maintenant, nous avons pris possession pour une semaine de notre appartement à Jérusalem, avec wifi, terrasse et commerçants à proximité : nous voilà hiérosolomytains pour une semaine. Le temps est revenu au beau, et nous nous régalons d’avance ! On vous embrasse !

11 – Les lieux saints de Tibériade

26 novembre 2014

26 novembre 2014

 

 

Eh beh, on ne sait pas ce qu’on va devenir ! Hier soir, au retour à Jérusalem, pourtant pas trop tard, mais par une météo épouvantable (9°, pluies), j’étais crevé, glacé… mais teigneux, j’ai quand même mouliné l’ordi jusqu’à 23 h (sachant qu’ici, la « journée » de soleil va de 6 à 17 h). Et je ne sais pas quelle grippe il a attrapé lui aussi, mais il rame comme un malade ; sans doute le Shin Bet qui a repéré mes messages où je parle de Beit Safafa et d’Al Nostra !? Et qui a installé un logiciel sur ma vieille bécane poussive ? Le fait est que je ne vous ai rien envoyé. Et voilà donc ce que j’avais pour programme de vous envoyer hier : notre  première journée de « pèlerinage » sur les « lieux saints » de Tibériade, conclue chez les Kabbalistes séfarades de Safed/Tzvat.

Vous verrez sur l’album de photos joint que de vraies tempêtes peuvent agiter la « mer de Galilée », comme on appelle aussi le lac de Tibériade ; je ne m’imagine pas tenter de « marcher sur les eaux » dans de telles conditions météo !!

Vous verrez également quelques uns des plus fameux lieux situés au centre de la prédication de Jésus le Galiléen, où il a enflammé les foules avec ses miracles, ses discours, ses guérisons. Encore aujourd’hui, c’est assez paumé comme endroit ; on a du mal à comprendre comment son message a pu se répandre dans l’univers entier ! Surtout avec l’équipe de bras cassés qu’il s’était choisi…

Même chose pour les rabbins de Sepphoris/Tsipori (IIème s.), visité avant-hier, ou ceux de Safed/Tzvat (XIIème s.), visités tout à l’heure : ces quelques hommes ont sauvé le judaïsme de la destruction du Temple, lui permettant de fleurir jusqu’à ce jour, après avoir remplacé les trois sacrifices quotidiens du Temple par trois prières : le seul vrai temple des Juifs, c’est la Torah ! “C’est la miséricorde que je veux, et non le sacrifice !” (Os 6, 6).

Quel mystère ! Cela tient sûrement au pays lui-même ! « Car quand tu viens dans ce pays, tu n’échappes pas aux questionnements : Qui suis-je ? D’où je viens ? Où vais-je ? Pourquoi ? Pourquoi ? »

Demain, nous retournons à Jérusalem (la ville où l’on prie), en passant par Haïfa (la ville où l’on travaille) et Tel Aviv (la ville où l’on s’amuse).

Quelques photos donc de la « mer de Galilée » dans la tempête, et de Tzvat en hiver en cliquant sur :

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10 – Sur le Golan

25 novembre 2014

25 novembre 2014

 

Ben non, on n’aura pas encore rattrapé notre retard, même si la santé s’améliore… Journée pleine d’émotion hier ; ci-dessous donc, notre  tour « mouvementé » du plateau du Golan : quelle expérience ! Quand nous y étions allés, il y a plus de vingt ans, j’avais été marqué par la topographie des lieux ; le lac de Tibériade à -210m, les sommets du plateau du Golan à 1.200 m, le Mt Hermon à 2.800 m servant de frontière aux trois pays du Liban, de Syrie et d’Israël, avec les sources du Jourdain ; quelle variétés de paysages en quelques kilomètres ! Entre temps, la situation n’a guère évolué avec les pays riverains ; c’est toujours l’état de guerre avec le Liban comme avec la Syrie. Sauf que maintenant, depuis trois ans, c’est la guerre civile en Syrie ; et les Israéliens ne semblent pas se contenter d’être de simples spectateurs, cherchant tous le moyens d’affaiblir le régime d’Assad, tout en n’ayant aucun intérêt à ce que des Jihadistes y prennent le pouvoir. Je savais que d’intenses combats se déroulaient depuis des mois à proximité du Mt Hermon ; des Casques Bleus avaient été enlevés par Al Nostra, la filiale locale d’Al Qaïda ; d’autres, encerclés par les mêmes, avaient pu s’exfiltrer grâce à une collaboration entre Tsahal et l’armée syrienne ( !) ; des convois de blessés s’étaient présentés à la frontière libanaise juste au nord du Mt Hermon ; deux obus de mortier étaient tombés par erreur sur le plateau du Golan, provoquant une réaction militaire violente des Israéliens… Mais, bon, Renée s’était renseignée, il n’y avait a priori pas de problème pour aller s’y promener. Mais alors là ! Quand on a toujours vécu dans un pays en paix, c’est quelque chose d’assister à des combats en direct ! Comme au cinéma, sans aucun sentiment de  danger tellement nous nous sentions protégés par les Casques Bleus, l’armée israélienne… et le « Coffee Anan » !

Et c’est la tête encore pleine de ces images que nous visitions les émouvantes traces du « Tell Dan », aux sources du Jourdain.

Demain, nous revenons à Jérusalem par la côte méditerranéenne, et nous vous raconterons notre journée d’aujourd’hui, très  « catho », autour du lac de Tibériade, mais aussi dans les synagogues de Tsaft (« Safed »).

Toutes nos photos du plateau du Golan sont sur :

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A demain !

9 – de Beit Shean à Nazareth

24 novembre 2014

24 novembre 2014

 

 

Là, on commence à tirer la langue ! Plus de 10 jours que Renée nous mène à un train d’enfer… Dès qu’on l’a crue amortie, Anne et Christian l’ont regonflée avec leur enthousiasme, et on continue comme avant ! J’ai un gros rhume depuis une semaine, que je suis en train de passer à Véronique. Il faut dire que partout où  nous allons, c’est passionnant, mais tout aussi passionnant dans les temps « morts » (voiture, repas, …), où  on discute avec impertinence de l’actualité française, israélienne, religieuse, ou surtout biblique ! Donc, hier soir, coup de blues, pas de « blog », mais dodo direct : voici donc notre journée d’hier : Beit Shean, Megiddo, Sephoris et Nazareth.

Beit Shean, vous en avez peut-être déjà entendu parler, c’est la plus belle ville romaine de tout Israël. Megiddo est un site extraordinaire, celui d’une « ville-état » de plus de 6.000 ans d’âge, plusieurs fois citée dans la Bible, avec un invraisemblable tunnel menant à la source d’eau de la ville, apparemment construit par les Cananéens (vers 1700 BC), puis amélioré par les rois d’Israël… 1.000 ans plus tard !

Et si Nazareth, je pense que tout le monde connaît, Sephoris en revanche, aujourd’hui Tsipori, mérite le détour ; non seulement parce qu’il est vraisemblable que le charpentier Jésus y travailla ; non seulement parce qu’on y a mis à jour d’extraordinaires mosaïques romaines ; mais aussi parce que c’est là que le judaïsme d’après la destruction du Temple prit son essor, et que fut éditée la Mishna, le premier recueil de la Loi orale façonné par les rabbins ; avec la Gemara, elle forme le Talmud. Qui a dit que tous les Juifs avaient été chassés de Palestine après la destruction du Temple et la révolte de Bar Kokhba ?

Pour plus de détails sur cette journée, et des photos ! il faut cliquer sur :

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8 – de Masada à Betshean

23 novembre 2014

23 novembre 2014

 

 

 

 

Ouh là là ! Quelle journée ! On se paie d’abord l’ascension de la forteresse de Masada par le côté Est, le plus haut ; on ne peut pas dire que c’est l’altitude, on est entre moins 350 m et le niveau de la mer, mais çà grimpe ! En haut, c’est toujours aussi magique ! Je ne vous refais pas l’histoire du site, j’en ai mis l’essentiel dans les légendes des photos ; mais c’est un moment exceptionnel ; les Juifs, encore aujourd’hui, disent « plus jamais çà ! ». Petite halte obligée à Ein Guedi, où Saül vient faire la sieste dans une grotte alors que David, l’ennemi qu’il cherche depuis tant d’années, y est caché. Nous passons au pied de Qumran, où ont été découvert dans les années 1940 les Manuscrits de la Mer Morte, mais nous savons qu’il n’y a pas grand chose à voir ici, au Musée d’Israël, c’est beaucoup mieux.

Et nous filons donc au-delà du nord de la mer Morte, le long du Jourdain, vers un haut lieu de pèlerinage chrétien, Qasr al Yahud (« le fort des Juifs ») là où Jésus a été baptisé par son cousin Jean « le Baptiste ». Là où, aussi, peut-être, Joshué a traversé le Jourdain en entrant dans la Terre Promise avec l’Arche d’Alliance ? On prend à droite, on passe une barrière gardée par un soldat suspicieux, on entre dans des champs de mines fermés par de vagues barbelés, il fait gris presque comme en France à pareille époque, et nous descendons vers la rive du Jourdain ; un parking accueille une demi-douzaine de bus, une boutique de souvenirs, une grande salle de pique nique, puis de larges escaliers en bois mènent à cette petite rivière boueuse d’une dizaine de mètres de large. De l’autre côté, c’est la Jordanie ; il n’y a ni douaniers, ni police, ni forces de sécurité ; c’est un lieu saint chrétien, et ces gens là, ici, ne sont encore visés par personne. Bon, d’accord, ici ou là, quelle différence ? Un « lieu saint », c’est d’abord un lieu sanctifié par la prière des pèlerins. Je me demande quand même pourquoi Jésus devait se faire baptiser puisque, par définition, il était né sans péché ?

En remontant de Qasr al Yahud vers Betshean, le long du Jourdain, après avoir contourné Jéricho et traversé Uja, nous croisons dans la steppe aride une demi-douzaine de Bédouins à dos d’âne ou de mule, chacun avec un troupeau de moutons : avant l’installation des colons juifs, aucune agriculture n’était pratiquée, dit-on, dans cette zone frontière, sauf de l’élevage extensif qui se poursuit donc toujours. Entre temps, du côté jordanien, on constate un fort développement de l’agriculture irriguée, à l’image de ce qui est fait du côté israélien. Mais il faut nous dépêcher, la nuit tombe, et nous sommes invités à prendre un verre chez Evelyne, à Shadmot Mehola. Quelques mots d’explication d’abord.

En 1948, Ben Gurion crée un corps de « soldats-pionniers » juifs d’élite, destinés à pratiquer l’agriculture dans des zones frontière : ce furent les « Nahal ». Le village de Shadmot Mehola fut fondé par des Nahal en 1979 sur la rive Ouest du Jourdain, dans les Territoires conquis par Israël en 1967 ; dès 1984, il prit le statut d’une simple colonie. C’est là que nous rencontrons Evelyne, sur la terrasse de sa maison, où elle nous a préparé du thé, des gâteaux, et des dattes fraîches du kibbutz ; à quelques centaines de mètres brillent les lumières des villages jordaniens sur la rive est du Jourdain ; tout est paisible. Le village comprend environ 500 habitants. Evelyne est la mère de six garçons ; elle est titulaire d’un doctorat de mathématiques ; son mari travaille pour un laboratoire chargé de la surveillance de la qualité des eaux du lac de Tibériade.

Nous ne savons pas trop comment l’aborder, et c’est Evelyne qui nous assaille d’abord de questions : d’où venons-nous ? Pourquoi venir faire du tourisme en Israël ? Pratiquons-nous une religion ? Elle est très surprise de nous savoir parents de 4 et 5 enfants, grands parents, catholiques, elle pensait tout l’Occident complètement sécularisé et consumérisé ! Et qu’est-ce que Jésus a fait sur le Mont Thabor ? Une Transfiguration ? C’est quoi çà ? Je compare à ce qui arrivait à Moïse dans le désert, quand il s’entretenait avec Yahwé dans la tente de la Rencontre, son visage était rayonnant, du fait de la Présence de Dieu, la « shekhina » – je prononce mal, on dit « shrina » ! C’est compliqué ; c’est comme en mathématiques ; on comprend un espace à trois dimensions, à la limite à quatre dimensions, en ajoutant le temps, mais c’est quoi, à « n » dimensions ? Et il faut coucher tout cela sur le papier à deux dimensions ? « Je prie tous les jours ; Dieu est avec moi tout le temps ».

Ses deux aînés vont partir au service militaire pour trois ans… et sans doute plus, car ils souhaitent le faire en qualité d’officiers ; « Pendant au moins quinze ans, j’aurai des enfants à l’armée ». Il y a deux synagogues dans le village, une ashkénaze, et une séfarade ; son mari est ashkénaze ; quant à elle, sa mère est Grecque, et son père « Algérien du Maroc », elle est donc sépharade, mais va dans la synagogue de son mari.

« Nous sommes fiers d’être des civils comme garde-frontières, et de participer au Renouveau Juif, et à la mission du Juif sur la terre » ; elle a une amie catholique qui vit en Israël et qui la soutient dans ce travail d’ensemencement. « Je suis heureuse ici, on a tout ce qu’il faut, je prie toute la journée. J’ai peur ; je fais de l’hypertension ; je ne veux pas que mes fils fassent du stop, c’est trop dangereux. Et je n’aime pas me retrouver entourée d’Arabes, à la différence de mon mari à qui cela ne fait rien ; je trouve que ce sont des Barbares : regardez tout ce qu’ils font et qu’ils ont fait, cet attentat de cette semaine dans la synagogue ! ». Je lui rappelle alors l’attentat juif dans le tombeau des Patriarches à Hébron (En 1994, peu après les accords d’Oslo, un colon tire sur des Palestiniens priant devant le tombeau des Patriarches un Vendredi de Ramadan : 154 victimes, dont 29 morts), et le jeune Palestinien brûlé vif cet été… ? « Oui, bien sûr, c’est horrible, mais il ne faut pas nous reprocher DEUX attentats en 20 ans, alors que eux, c’est tous les jours ».

A la grande déception de Renée, nous n’entrerons pas dans un débat avec Evelyne. Ses deux derniers garçons font des allers-retours entre la maison et la terrasse où nous sommes assis : à chaque fois qu’ils franchissent le seuil, ils effleurent des doigts la mezuzah de la porte. Instinctivement, nous avons eu le sentiment que cela aurait été remettre en question sa personne même, son assurance dans sa foi militante, en violation de la gentillesse de son accueil et de la franchise de ses questions. Evelyne nous a parue sûre d’avoir raison, et dans l’incapacité totale de se mettre à la place des Palestiniens ; elle ne pouvait avoir aucune pitié pour ces derniers, agresseurs, qui ne veulent pas la paix, mais ne veulent qu’une chose, chasser les Juifs, ou les tuer. Quand tu te sens attaqué, tu ne peux pas t’ouvrir à la différence de l’Autre. Et comme disait Ben Gurion : « les Juifs sont paranoïaques ; mais il faut reconnaître qu’ils ont des raisons pour cela ».

Mais quel pays !!!!! Chaque jour, on adore plus le kitsh et choc ! Vous avez tout cela en images sur :

https://picasaweb.google.com/113501550221338298900/23Novembre2014?authuser=0&authkey=Gv1sRgCKm9jrGG357fyQE&feat=directlink

7 : Du cratère de Mitzpe Ramon à la mer Morte

22 novembre 2014

22 novembre 2014

 

C’était important d’aborder ce pays par le désert ; vu de France, c’est en effet un tout petit pays. Du Nord au Sud, « de Dan à Bersheeva », le pays ne s’étend guère plus que notre « Ile de France », de Soissons à Orléans. Et sur ce tout petit pays vivent environ 8 millions d’Israéliens (dont 2 millions d’Arabes), sans compter quelques 2 millions de Palestiniens dans les Territoires (plus à peu près autant rien qu’à Gaza), c’est-à-dire à peu près autant que dans l’agglomération parisienne. On peut donc avoir tendance à penser que le pays est très densément peuplé, et donc très urbanisé. Mais ce n’est pas du tout le cas ; le désert du Néguev notamment est un fantastique terrain de jeux, avec de superbes et immenses paysages. Et il y aurait de la place partout pour bâtir des programmes immobiliers sans venir s’installer au milieu des villages palestiniens…

Journée chargée pour notre deuxième jour de voyage, et donc notre deuxième jour de désert… il va bien falloir prendre le rythme ! Petit déjeuner à 7h, départ pour une ballade à pied de 3 heures jusqu’au fond du « cratère » du Mitzpe Ramon. Puis, après la visite du site archéologique d’Avdat, nous allons randonner à nouveau 30 km plus loin dans l’impressionnante gorge d’Aïn Avdat.

La route qui nous emmène vers l’Est et la mer Morte passe par une petite ville perdue au milieu du désert qui s’appelle « Dimona ». Ce nom me rappelle quelque chose ; mais quand on pose la question à Renée, c’est comme si on demandait à un Arverne où se trouve Alésia… Connaît pas ! Parce que Dimona, c’est un des secrets de polichinelle les mieux gardés d’Israël, c’est le centre de recherche nucléaire des Israéliens, là où ils laissent entendre, sans jamais le démentir, qu’ils ont construit la seule bombe atomique de tout le Moyen Orient ; quand on finit par longer une longue barrière électrifiée, rythmée par des miradors, avec à l’horizon une haute tour de ciment avec de grandes paraboles à son pied, il est clair qu’il ne s’agit pas d’un minaret et de coupoles !

En arrivant enfin en vue de la mer Morte, le lieu le plus bas de toute la Terre, dans des lumières de fin du monde (c’est là que Sodome et Gomorrhe ont été détruites par le feu du ciel !), malgré la nuit qui tombait, nous n’avons pas résisté à la tentation de nous y baigner…

Vous avez tout cela en image et explications détaillées ci-dessous :

https://picasaweb.google.com/113501550221338298900/22Novembre2014?authuser=0&authkey=Gv1sRgCPmf78zCgNSdfg&feat=directlink

Demain, nous attaquons la forteresse de Masada à 7 h et remontons le Jourdain jusqu’à Beit Shean, alors …

BONNE NUIT !

6 – Beit Guvrin – Wadi Zin – Mitzpe Ramon

21 novembre 2014

21 novembre 2014

 

 

Çà y est, nous avons bien récupérés hier soir à minuit Anne et Christian à l’aéroport de Ben Gurion à Lod/Tel  Aviv, avec la voiture de location que nous avons prise pour 10 jours ; grande expérience que de se balader  pendant plus de 100km de nuit sur les routes israéliennes. Dodo bref avant de charger la voiture, direction le sud-ouest, vers les extraordinaires grottes de Beit Guvrin / Tell Maresha, puis plein sud dans le désert du Néguev.

Nous faisons une longue halte à Sde Boker, magnifique kibboutz construit sur les bords du wadi Zin ; c’est là que David Ben Gurion a fini ses jours après s’être retiré de la vie politique ; il était convaincu qu’il pourrait faire jaillir la vie du désert, sur la foi que « si ce qui est difficile prend du temps, ce qui est impossible prend un tout petit peu plus de temps ». Sa tombe est située sur un promontoire envahi par les bouquetins, merveilleux premiers plans pour des spectacles magiques.

Nous arrivons à Mitzpe Ramon juste au moment où le soleil se couche ; il y a un vent terriblement froid qui vient de l’Egypte toute proche. Nous partons nous réfugier dans la salle du restaurant de notre auberge de jeunesse ; nous y célébrons notre deuxième shabbat de ce voyage, en compagnie d’une nombreuse troupe d’encore plus jeune que la nôtre !

Toutes les photos de cette 1ère journée avec les Hebert en cliquant sur :

https://picasaweb.google.com/113501550221338298900/21Novembre2014?authuser=0&authkey=Gv1sRgCLOIguSdlaDI5wE&feat=directlink