2 – de la condition du pèlerin

2 - de Paris à Chartres

2 – de Paris à Chartres

 

Pour découvrir “l’état de nomade”, il disait…
Eh beh nous y voilà.
Moins d’une semaine après le départ, les chiens qui aboient et m’interdisaient le passage sans l’aide de Philippe ne me font même plus sursauter
(il me suffit de dégainer mon bâton de marche téléscopique de 70 gr, et de continuer à marcher en l’ignorant, même s’il vient me renifler les mollets) ; les panneaux “brocante” ne me font même plus faire de détours, une marche de 25 kms avec ampoules n’est pas du domaine de l’irréalisable et j’apprends à imiter le cri du faisan.

Je découvre que la marche sur le côté des voies de chemin de fer est très rapide et confortable, qu’il est utile de beaucoup boire et de s’étirer les jambes toutes les heures. Mon sac ne dépasse pas 7kgs avec ma gourde pleine (celui de Philippe est autour de 9 avec son eau et mes pommes) et… ma coquille St Jacques (55 gr), authentiquement bénite à St Malo, puis baptisée au pinard chez les Darras (les Nouveaux Coursiers, vous connaissez ? Ce sont eux !) me sert de cataphote aussi bien que les bretelles phosphorescentes de mon sac pour la nuit.

On a franchi le périphérique, vu un métro sorti de terre, puis des stations de “RER”, les avions en final d’Orly devant nous (beau temps, dit Philippe), puis décoller dans notre dos (mauvais temps), puis des stations de “TER” au milieu des champs, avec de vrais chasseurs et, pas loin d’eux, au bord du chemin, des faisans refroidis, la tête fracassée, dans leur belle livrée de plumes. Philippe a jeté les quelques pages qu’il avait déchirées de mon plan de banlieue tout neuf (il aurait pu prendre celles du vieux plan), puis sa carte au 1/25.000ème pour franchir ce qu’il appelle “la clé” de l’itinéraire (entre l’abbaye de Limon, la maison de retraite de La Martinière, et Supelec), et se débrouille maintenant avec ses lambeaux de carte au 1/100.000ème ; il peste car elles sont souvent surchargées de symboles touristiques aux endroits stratégiques, comme aux Vaux de Cernay, et nous perdons alors du temps, quelques centaines de mètres, et surtout du courage : notre arrivée à Rambouillet après près de 5km de “banlieue” entre Vieille Eglise et l’hôtel St Charles ont été laborieuses, sous une lumière terne et une peste bruineuse.

C’est là qu’on a touché du doigt qu’un bon plat du jour, vers 13h30, au chaud dans un troquet, nous remettait en route pour une autre fois 15 km, alors qu’une tranche de jambon dans une baguette humide du matin avec une pomme …. nous faisait finir dans un restaurant fin et gourmand après la douche à l’hôtel ! Mais tout dépend de ce que l’on trouve sur la route, même si cette Beauce n’est pas encore très dépeuplée.
Aujourd’hui vendredi 21 novembre, jour de mon anniversaire, c’est R E P O S = grasse matinée jusqu’à 9h00 (l’hôtel est en travaux!); cela fait le 2ème jour que nous faisons MOINS de kilomètres que la veille : pourvu que cela dure ! Puis quelques heures de papotte et shopping avec ma soeur Anne qui travaille dans le coin et nous a consacré son après midi.

Pour la semaine qui vient, nous avons prévu d’arriver dimanche soir prochain à Tours, après Chateaudun, Vendôme et Chateau Renault, avec chaque jour “l’option” entre la N10 pendant le minimum de kilomètres (je ne vous fait pas de dessin, surtout s’il pleut), ou bien les sentiers boueux d’un GR qui serpente et ajoute des kilomètres : on verra bien comment on gère !

Merci à tous ceux qui nous ont écrit, sur le blog ou par email, et à qui nous ne pouvons pas répondre individuellement tout de suite : tous vos encouragements nous sont très utiles, car, si nos pieds semblent suivre, il faut une tête pour les animer !

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1 – Appel au voyage

1 - Appel au voyage

1 – Appel au voyage

 

Quelle idée, mais quelle idée ?! On n’est pourtant pas partis à la “retraite” pour pèleriner, à pied (!), en direction d’un lieu à la mode à l’authenticité douteuse ; moi avec ma jambe récemment cassée, et Véronique avec son entraînement de secrétaire d’avocat ! Tous nous disent : “en plein hiver ! vous n’avez jamais fait çà ! Vous n’y arriverez pas !” Mais voilà : souvent, dans la vie, on ne fait pas ce qu’on veut; elle nous pousse; et on voit bien où elle nous mène.

C’est que ce n’était pas çà l’idée de départ.
Il y a un an, on a décidé de changer de métier, de quitter celui d’avocat, pour devenir “globe biker” pour dix ans ; non pas “faire le tour du monde à moto” (cela peut se faire en moins de deux mois), mais vivre quelques mois dans des villes mythiques du monde ; et d’y aller en moto ; et d’y circuler en moto, puisque la moto est le véhicule du citadin du XXIème siècle : Fès, Damas, Istanbul, Ispahan, Darjeeling, Bangalore, Neuquen, Vancouver …

Et le lendemain de l’achat de la “moto pour le tour du monde” de Véronique (Transalp 700 pour les connaisseurs), en avril dernier, c’est son ancienne moto qui se sert de ma jambe comme béquille devant “notre” maison des Bichetières en forêt de Chambord … Tibia en plusieurs dizaines de morceaux … et ce, au moment de céder notre Cabinet d’avocat à Antoine (pour ceux qui cherchent un jeune, beau et bon avocat : Antoine PINEAU-BRAUDEL : apbavocat@wanadoo.fr) après 10 ans d’exercice, et de quitter 20 ans de rue de Charenton paris12ème.
Merveilles du chirurgien de service, Alexandre TAVAN au CH(pas U) de Blois, puis soins attentifs et constants du Pr Frédéric KHIAMI à La Pitié, entouré de Martine et Elisabeth, permettent d’envisager qu’on m’enlève plaque et vis (16 !) dès février prochain = le 1er départ pour Fès est reporté d’un an ….

Après une brève réflexion, nous décidons donc alors de marquer notre changement de l’état de « durs travailleurs en libéral à Paris » vers celui de « globe bikers » par une marche vers Compostelle. Une marche à pied. Pour découvrir l’état de nomade ; pour n’avoir d’autre souci que celui du lendemain immédiat. Pour rendre grâce pour nos 36 années de mariage en octobre dernier ; de nos cinq enfants tous pourvus d’un bon job, voire d’un bon conjoint ; de nos huit petits enfants ; de nos vies professionnelles passées et remercier tous ceux qui y ont contribué. Pour préparer notre tour du monde à motos ; pour nous mettre en route.

Une marche à pied à partir de notre nouveau “chez nous” aux Buttes Chaumont à Paris. Environ 1.750 km, que les pèlerins parcourent en environ 12 semaines. Par le « Chemin de Tours », ou la “via Turonensis”, c’est-à-dire par Chartres, Tours, Poitiers, Bordeaux etc…c’est le chemin le moins fréquenté, surtout en hiver ! Nous espérons pouvoir profiter d’un peu de fraîcheur (!), et d’hôtels accueillants.

Comme nous n’y connaissons rien et n’avons pas trop la forme physique, c’est le moins qu’on puisse en dire, nous allons à maintes reprises chez Decathlon et Vieux Campeur nous trouver un équipement adapté, nous procurons guides et cartes, et essayons le tout sur le terrain.

Le départ est prévu samedi matin 15 novembre 2008, à partir de notre paroisse St Jean Baptiste de Belleville, où seront visées nos « créanciales », les sortes de passeport du pèlerin qui nous ont été délivrées par le service diocésain des pèlerinages « uniquement sur rendez-vous », et dont nous avons un besoin impératif en Espagne pour bénéficier des services offerts aux dizaines de milliers de pèlerins. Merci au père Henry de Villefranche de nous avoir donné le sésame pour cet indispensable passedroits.

D’ici là, nous avons testés nos chaussures, nos jambes, notre dos, nos couvre chefs et poncho, sur les routes du Dauphiné et les boulevards parisiens. Philippe a préparé ses cartes. Nos sacs ne dépasseront pas 6 à 8 kgs avec les provisions d’eau.

Notre première étape est chez Betty, la mère de Véronique (8 km), la seconde chez un oncle de Laage de Véronique (11 km), la troisième chez une cousine Sauret de Véronique (22 km, sauf si je me perds malgré une reconnaissance sur le terrain), puis Rambouillet, Maintenon, et Chartres, où nous prendrons une première journée de repos.

La suite du programme est beaucoup moins précise, mais, si le coeur vous dit de venir marcher quelques jours avec nous, sachez que nos portables devraient continuer d’être branchés, et que nous espérons pouvoir consulter nos boîtes mail une fois par semaine : c’est avec plaisir que nous ferions le crochet par une gare pour venir vous chercher ! Le tableau de marche devrait nous mettre au bord de la Gironde (Blaye) vers Noël, et au pied des Pyrénnées (St Jean de Luz ou St Jean Pied de Port) vers le 31 décembre 2008.

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