Feu d’artifice aujourd’hui ! D’abord, une lumière de rêve pour visiter l’Esplanade des Mosquées. Nous avons pris le bus arabe à l’heure où les travailleurs vont en centre ville ; bondé, il n’y a plus de places assises, et, quand nous y montons, tous les regards nous scrutent, pendant un temps qui nous paraît trop long, pour savoir si nous sommes des provocateurs ou quoi ? Et puis, après quelques minutes, quelques sourires et paroles rassurantes…
L’Esplanade des Mosquées
Nous arrivons Porte de Jaffa, les premiers rayons du soleil éclairent les créneaux de la Tour de David ; et nous descendons vers le Mur, puis, après un contrôle de sécurité, escaladons la longue rampe couverte qui débouche tout à coup sur l’Esplanade. La lumière est parfaite ; nous sommes les seuls touristes, mais il y a déjà du monde… beaucoup de monde, des dizaines de petits groupes d’hommes ou femmes musulmans occupent les lieux, prêts à se déchaîner en « Allahou Akbar » dès qu’un visiteur semble avoir une tenue juive orthodoxe ou fait mine de prier. Je ne vous en dis pas plus, tout est dans les photos : à la fois magique et terrifiant, un très grand moment !
Le Mont Sion
Nous remontons ensuite vers le Mont Sion, par le quartier juif de la Vieille Ville encore endormie ; la plupart des boutiques sont encore fermées, et nous ne croisons que quelques personnes pressées. Porte de Sion, nous croisons les premiers touristes en train de descendre de leurs bus. Et ce grand père racontant des histoires à ses petits enfants ! Quelques pas plus loin, nous sommes devant une maison du XIVème s., maintes fois reconstruite sur les fondations, dit-on, d’une synagogue du 1er siècle ; il s’agit d’un lieu saint appelé « Cénacle » par les Chrétiens, une mosquée pour les Musulmans, et le « Tombeau de David » pour les Juifs. Le Cénacle, c’est là que Jésus a institué la Cène et que la Pentecôte a eu lieu ; les Musulmans ont récupéré les lieux après la prise de Jérusalem (1187), et les ont aménagés en mosquée ; quand à David, cela ne fait que depuis la même époque qu’on le dit enterré ici, alors qu’il est décédé il y a trois mille ans. Ces trois lieux saints des trois religions de Jérusalem s’empilent ici, apparemment en toute quiétude… mais ni les Musulmans ni les Chrétiens n’ont le droit d’y prier, sauf deux messes par an pour ceux-ci, alors que les Juifs ont un libre accès à la synagogue du rez-de-chaussée qui englobe le tombeau de David… Juste à côté, des bénédictins allemands ont obtenu du Sultan un terrain, puis construit, au début du XXème s., une gigantesque église, dite de la « Dormition ». Quel nom bizarre ! La Dormition, c’est la mort de la vierge Marie ; comme elle était très sainte (notamment parce qu’elle a été enceinte du Fils de Dieu : « Theo-tokos », celle qui a porté Dieu), on pense que son corps n’a pas pu se décomposer (incorruptible), mais reste intact jusqu’à la résurrection : elle « dort ». En 1950, après toutes les apparitions de la Vierge à partir de la mi-XlXème s., les Catholiques ont proclamé en plus le dogme de l’Assomption : Marie a été enlevée, corps et âme, au ciel, comme l’avaient été Hénoch ou Elie. Nous redescendons sur terre pour rejoindre en tramway le Musée d’Israël, quatre kilomètres plus à l’ouest.
Le Musée d’Israël
Le Musée d’Israël, c’est le Louvre local, qui a attiré à lui des œuvres tellement atypiques que certaines d’entre elles ont été installées à ses côtés. Il y a d’abord, à l’extérieur, une belle maquette de Jérusalem vers 60 EC, à la veille de la destruction du 2ème Temple, au 1/50ème (2cm/m). Elle est mise à jour au fur et à mesure des découvertes archéologiques ; on a par exemple modifié la taille des marches de l’escalier sud du Temple, pour leur donner la forme nécessaire à une déambulation « déférente » (cf. Chap 15).
C’est à proximité du musée qu’a également été dressé un temple aux manuscrits bibliques (Qumran, Codex de Damas). Ce « Sanctuaire du Livre » détient les célèbres rouleaux de la Mer Morte, découverts dans 4 grottes du désert de Judée entre 1947 et 1956 à Qumran. Datés du 3ème s. BC au 1er s.EC, ils sont antérieurs de plusieurs siècles aux plus anciens manuscrits connus alors. On y trouve notamment le Livre d’Isaïe au complet, rouleau de 7,30 mètres de long, datant du 2ème s. BC… c’est bien sûr, et de loin, le plus ancien exemplaire du livre ; et les savants travaillent toujours à reconstituer un puzzle de dizaines de milliers de fragments provenant de 870 manuscrits… Vous verrez sur les photos comment le toit du bâtiment évoque une des urnes dans lesquelles les documents ont été retrouvés, et son intérieur prend la forme d’un rouleau de la Torah. Le Sanctuaire du Livre est un des poumons de la vie des Juifs en Israël ; il est situé géographiquement à égale distance du Mur du Temple et du Yad Vashem ! Nous flânons ensuite dans le magnifique Musée à proprement parler : Israël est installé dans une région charnière, entre Afrique et Asie, Egypte et Syrie, Méditerranée et Mer Rouge, dans le « Croissant Fertile », et évidemment, un beaucoup d’Histoire a laissé de nombreuses traces, magnifiquement mises en valeur par d’excellents muséographes et archéologues !
Ne manquez pas notre dernière journée à Jérusalem ! C’est en cliquant sur :
Le lendemain, notre dernier jour à Jérusalem, nous faisons une provision de soleil sur la terrasse, nous rechargeons les batteries, nous mettons à jour nos notes, Véronique aquarellise… Pour le coucher du soleil, nous retournons sur la « promenade Goldman » écouter l’appel à la prière du muezzin et des Clarisses, devant le panorama magique de Jérusalem qui allume ses feux pour la nuit. Puis le taxi viendra nous chercher à 6h30 pour nous ramener dans nos frimas parisiens. Nous nous y consolerons en peaufinant notre blog, et espérons vous présenter rapidement le carnet de voyage de Véronique…
Bonne Année à tous !