12 – Au Cerro de los Pinos

12 - Le Cerro de los Pinos

12 – Le Cerro de los Pinos

 

 

 

Un des ‘clous’ de notre voyage en Argentine devait être la visite de l’héroïne de ‘Pionniers en Patagonie’ (Privat 2007, Préface de Jean Raspail), c’est-à-dire l’estancia familiale du Cerro de los Pinos… et il s’est trouvé que tout fut réuni pour que notre séjour y ait été comme un rêve éveillé ! L’album de photos ci-joint vous en donnera un petit aperçu : sous un ciel tout bleu et sans vent, nous avons eu la chance de croiser les quatre tantes Larminat, vivant depuis toujours sous le même toit dans ce petit bout de Patagonie ; le lodge Tipiliuke, plein à craquer de pêcheurs et chasseurs du monde entier venus titiller les truites du Chimehuin ou les hardes de cerfs ; la ‘Rural’, foire agricole de Junin de los Andes qui se tenait le week end où nous étions là et attire toute la jeunesse des estancias voisines ; Pierre et Marie-Thérèse de Larminat, et surtout Miguel et Isabelle de Larminat qui nous ont reçus avec une infinie disponibilité dans leur magnifique maison.

Tout commence dans les années 1900, lorsqu’autour de la table dominicale de la Hardonnière, en Sologne, le patriarche Jean de Larminat expose aux sept garçons nés de son premier mariage que l’avenir et la sécurité de la famille – le ‘colon’ était à l’honneur en ce temps là ‑ impose que certains d’entre eux aillent fonder un établissement Outre-mer. Après avoir longtemps débattu ensemble de la destination (l’Algérie ou le Maroc ? La Nouvelle Calédonie ?…), c’est Jacques, le 4ème, qui s’y colle ; il n’a pas 20 ans, et part, muni de lettres de créances, pour Buenos Aires. Il se fait engager dans une estancia pour apprendre le métier de ‘gaucho’, puis parcourt à cheval la Cordillère avec quelques compagnons jusqu’à la Terre de Feu, avant de fixer son choix au nord de la Patagonie, à quelques kilomètres de la frontière chilienne, dans la vallée du Chimehuin : ce sera le ‘Cerro de los Pinos’. Le courrier met 2 à 4 mois pour faire l’aller-retour… Jean lui envoie l’aîné, Etienne, qui est majeur et peut procéder, en 1909, à l’acquisition pardevant notaire à Santiago de Chili. André et Bernard suivront ; mais tous rentrent se battre en France pendant la 1ère guerre mondiale, et ces derniers y laisseront leur peau. A la fin de la guerre, Jean envoie alors François et Robert pour les remplacer, et chacun des frères ramène à tour de rôle une épouse de France… les quatre frères se marient en 1919, 1920, 1921 et 1924… aux tout débuts, frères et belles-sœurs doivent cohabiter dans la même maison, puis on achète du bois et on en construit de nouvelles, tout en plantant des arbres à tour de bras pour couper de vent infernal qui souffle toute l’année ; leur demi-sœur Paule a merveilleusement raconté dans son journal, dans un très elliptique style Larminat, la vie de l’estancia, où elle passa l’année 1925 : la traversée en bateau, le train jusqu’à Neuquen, la ‘voiture’ et les bœufs enfin pour arriver au Cerro ; les hommes toute la journée sur le campo ; les belles-sœurs au potager, au poulailler, et aux nombreux enfants, avec les accouchements, les maladies, les décès en bas âge, les célébrations, les intempéries, l’isolement… quelle cohabitation ! C’étaient vraiment des ‘pionniers’. Etienne enfin, fait un grand pas en décidant d’aller installer sa famille sur la rive gauche du Chimehuin : sérénité mais isolement seront le lot de son épouse Geneviève ; leur maison brûlera en 1968, et ils partiront à la retraite à Sierra de la Ventana. Quant à la toute première maison, elle brûla en 2005, avec toutes ses archives, et il n’en reste que la cuisine, où se tiennent donc toujours toute la journée quatre des filles du pionnier Jacques, aujourd’hui âgées de 78 à 90 ans. Véronique descend d’une tante Adèle de Larminat, sœur du patriarche Jean. Miguel et Pierre sont des petits fils de Jacques. Et la tante Elisabeth Laxague – la mère des 19 enfants ‑ est la fille du pionnier Etienne.

Comment dire l’émotion qui nous a envahis à notre arrivée au Cerro, avec nos motos venant de Paris ! Tous les éléments du tableau étaient à leur place, sauf que nous étions dans la réalité : la pointe du Cerro dominant le paysage, les bras et méandres du Chimehuin scintillant au soleil, l’oasis de grands arbres au milieu de la steppe jaunie de Patagonie, les kilomètres de clôtures, les vaches avec de l’herbe jusqu’au poitrail, les maisons et hangars de bois, puis de pierre, avec les corrals aux chevaux, les jardins et massifs entourant chacune des maisons… et, personnages vivants dans ce tableau, des cousins et tantes nous accueillant comme de la famille !

Nous espérons que les photos de l’album ci-joint – n’en manquez pas les légendes ! ‑ vous donneront un peu une idée de l’incessant combat contre la nature qu’a été le travail de trois générations de pionniers !

La prochaine fois, nous vous raconterons notre longue descente de la Patagonie, quelques 3.000 km du Cerro jusqu’au parc chilien de Torrès el Paine : quelles immensités, d’une sauvagerie à la limite de la brutalité !

 

Je vous rappelle que, pour accéder à l’album de photos, il faut cliquer sur la légende de la photo en tête de l’article.

Je vous rappelle aussi que parfois, lorsque l’album ‘Picasa’ s’ouvre, Google+ propose ‘par défaut’ une présentation de l’album sous forme d’une ‘Galerie’, où on ne peut notamment pas lire les légendes dont j’orne chaque photo. Il faut alors, dès l’ouverture, repérer en haut et au milieu de l’écran un bandeau (près de la ‘barre de titres’ où s’affichent les liens ‘http://, etc…’) où il est écrit (en jaune) quelque chose comme « Cliquer ICI pour revenir à Picasa ». (Attention, le message ne s’affiche pas très longtemps ; si vous ne le voyez pas, revenir en arrière d’une étape !). Il faut alors cliquer sur « ICI », et, miracle, tout l’album s’affiche sous forme de vignettes. Cliquer ensuite sur ‘Diaporama’ ; le Diaporama se lance alors avec la première photo…. puis faire comme le diaporama le propose : appuyer sur la touche F11 du clavier pour passer en ‘plein écran’… sur la touche Pause, et faire défiler soi-même ses photos à son rythme avec les flèches de direction du clavier.

11 – En Patagonie !

11 - En Patagonie !

11 – En Patagonie !

 

 

 

 

C’est avec une certaine émotion que nous franchissons le cours des rios Colorado et Negro, qui marquent traditionnellement l’entrée dans un monde différent de tout ce que l’on connaît : la Patagonie. La région s’étend sur 2.500 km jusqu’au détroit de Magellan, et des Andes jusqu’à l’océan Atlantique, sur plus d’un million de km². Région mythique, fantasme de tous les explorateurs, habitée par des peuples Indiens depuis plus de 10.000 ans (35.000 pour les plus anciennes traces prouvées, du côté de Puerto Montt au Chili) … même aujourd’hui, avec l’immigration européenne, elle est à peine plus peuplée que la Sibérie (3,8 hab/km²). La région inspire le respect : à part sur la lune, c’est l’endroit le plus éloigné où l’espèce humaine est jamais venue… mais même la lune sans doute n’aura jamais autant fait travailler l’imagination des hommes. La Patagonie est traditionnellement une terre d’exil et de colonie. Au cours des siècles, une grande partie de sa population y est venue, attirée comme par un aimant, pour ses grands espaces loin de tout, où l’on pouvait espérer faire fortune et surtout y commencer un monde nouveau : les ancêtres des gens qui habitent ici ont pour la plupart quitté leur pays, pour de multiples raisons, afin de bâtir du neuf. Et une des particularités des gens qui habitent la Patagonie est d’avoir gardé un fort attachement pour leur patrie. Il y a quelque part, comme l’écrit justement Bruce Chatwin (‘En Patagonie’), quelque chose du mythe de l’agriculteur Caïn chez ces indomptables Patagons qui ont jeté l’ancre ici sur ces terres infiniment hostiles.

Parce que la nature y est hostile ! Ce n’est certes pas un désert de dunes et de sables comme en Arabie et au Sahara, mais il a lui aussi suscité d’immenses expériences humaines à défaut de spirituelles. Charles Darwin, lors de son voyage sur le ‘Beagle’ (1836) qui devait être si déterminant pour la conception de sa théorie de l’évolution des espèces, y fut irrésistiblement attiré par… tous les aspects effrayants et négatifs de ces immensités arides : « Les jours suivants, le paysage continua à rester extrêmement inintéressant ; (…) c’est le sceau de la stérilité qui a frappé tout ce pays (…). Mais, quand je me remémore des images de mes voyages, ce sont souvent les plaines de Patagonie qui reviennent ; pourtant, ces plaines sont de loin les plus abandonnées et inutiles que je connaisse… leurs caractéristiques sont uniquement négatives : sans habitations, sans eau, sans arbres, sans montagnes, elles n’ont que quelques plantes rabougries : comment alors – et il n’y a pas qu’à moi que cela arrive – ces immenses étendues arides ont-elles réussi à prendre à ce point possession de mon esprit ? »

Dès la sortie de Bahia Blanca, nous abandonnons l’herbe de la Pampa pour entrer dans ces espaces stériles et surchauffés en traversant la ‘Plaine des Vents’, jouant avec les mirages sur une immense ligne droite de 250 km qui traverse une maigre steppe grise. Entre deux bras du fertile rio Negro, à Choele Choel se trouvent deux campos de cousins, d’environ 100 ha chacun, ceux des Stier et de Véronique Hary-de Larminat. Et comme m’expliquait Laurent Stier à Buenos Aires, pour le même prix, il vaut mieux un petit 100 ha irrigué par le rio Negro que 2.500 ha de steppe patagonne ! Mais il y a aussi de grandes et belles estancias, notamment lorsque la route s’élève doucement vers la chaîne des Andes, avec ses premiers volcans et ses premières taches blanches de névés en ce milieu de l’été ; il y a de l’eau partout ici, avec rivières, lacs et cascades. Fernando et Mercédès Lopez-Laxague nous accueillent à Aluminé, à quelques kilomètres de la frontière chilienne. Fernando y est gérant d’une estancia assez particulière, l’estancia Pulmari de quelques 112.000 ha ; il me fait beaucoup parler en espagnol, puis nous découvrons qu’il comprend mon français aussi bien que moi son espagnol ! Il m’explique que l’estancia appartient à l’Etat, plus précisément à trois entités aux intérêts divergents, et il doit se battre entre le gouverneur de la Province de Neuquen, celui de la Province de Buenos Aires et… l’Armée, sans parler du fait que le domaine contient une partie du Parc National Lanin et est limitrophe d’une frontière par laquelle passent de nombreux trafics… Entre le renouvellement des plantations de pins et eucalyptus, la préservation de la plus grande forêt d’araucarias du monde, la vie économique des villages mapuche, l’implantation des lodges et cabañas et la surveillance des touristes chasseurs, pêcheurs ou randonneurs, Fernando a tellement de travail qu’il doit rester la plus grande partie de son temps à son bureau d’Aluminé. Il est d’autant plus heureux de nous en faire faire le tour du propriétaire, nommant chaque gibier de poil ou plume et chaque arbre ou bambou par ses noms espagnol, mapuche et scientifique. Et nous arrivons pour assister à la très rare floraison des bambous, qui n’a lieu que tous les quarante ans !

Nous sommes en pleine Araucanie ici, le royaume éphémère du Périgourdin Orélie-Antoine 1er de Tounens (1860). Et une stèle non loin du lac Pulmari marque le lieu de la dernière bataille entre le Général Roca et les tribus mapuche (1884), clôturant ce que la tradition argentine appelle la ‘Conquête du Désert’. Comme l’explique Wikipedia : « Le nom même de la dite campagne rend compte de la manière dont les peuples autochtones étaient perçus à l’époque : comme des sauvages qu’il n’y avait qu’à exterminer puisque, malgré leur présence sur ces terres habitées, on appelait ces terres un désert. Roca, à la tête d’une puissante armée moderne et bien entrainée parvint à soumettre la Patagonie en venant à bout de la résistance tenace des peuples de l’ethnie mapuche, causant un nombre épouvantable de victimes. On estime que la guerre fut la cause directe de la mort de plus de 20 000 indigènes non combattants (femmes, enfants, vieillards). » Et comme en atteste la légende d’une gravure, vue au musée de la Patagonie de Bariloche, montrant des Indiens pillant une estancia (1890) : « Depuis des temps immémoriaux, la Pampa était habitée et dominée par des tribus sauvages qui vivaient du pillage sur les établissements situés au sud de Buenos Aires ». Véronique a longtemps travaillé, dans un domaine différent (l’antijudaïsme chrétien), sur le ‘devoir de mémoire’ et des déclarations de ‘repentance’ (la déclaration dite ‘de Drancy’), qui n’accusent pas nos pères. Elle pense que l’Argentine en est encore loin ! Et a beaucoup apprécié le travail effectué par nos cousins argentins envers les Mapuche !

La prochaine fois, nous vous parlerons de la magnifique estancia familiale du Cerro de los Pinos, fondée par nos oncles en 1909, aujourd’hui 20.000 ha sur les bords du Chimehuin. Que ceux qui n’ont pas la patience d’attendre se précipitent sur le passionnant ‘Pionniers en Patagonie’ de Miguel de Larminat !

Je vous rappelle que, pour accéder à l’album de photos, il faut cliquer sur la légende de la photo en tête de l’article.

OU sur le lien ci-dessous :

https://picasaweb.google.com/113501550221338298900/11EnPatagonie?authuser=0&feat=directlink

Je vous rappelle aussi que parfois, lorsque l’album ‘Picasa’ s’ouvre, Google+ propose ‘par défaut’ une présentation de l’album sous forme d’une ‘Galerie’, où on ne peut notamment pas lire les légendes dont j’orne chaque photo. Il faut alors, dès l’ouverture, repérer en haut et au milieu de l’écran un bandeau (près de la ‘barre de titres’ où s’affichent les liens ‘http://, etc…’) où il est écrit (en jaune) quelque chose comme « Cliquer ICI pour revenir à Picasa ». (Attention, le message ne s’affiche pas très longtemps ; si vous ne le voyez pas, revenir en arrière d’une étape !). Il faut alors cliquer sur « ICI », et, miracle, tout l’album s’affiche sous forme de vignettes. Cliquer ensuite sur ‘Diaporama’ ; le Diaporama se lance alors avec la première photo…. puis faire comme le diaporama le propose : appuyer sur la touche F11 du clavier pour passer en ‘plein écran’… sur la touche Pause, et faire défiler soi-même ses photos à son rythme avec les flèches de direction du clavier.

10 – Dans la Sierra de la Ventana

10 - Dans la Sierra de la Ventana

10 – Dans la Sierra de la Ventana

 

La Sierra de la Ventana est la première sérieuse ondulation de terrain rencontrée quand on traverse la pampa en quittant Buenos Aires vers le Sud Ouest. La ‘Ruta 3’ qui vous emmène jusqu’à Ushuaia en longeant plus ou moins la côte Atlantique, file tout droit à travers la pampa, le long du chemin de fer qui date des années du président Bartolomeo Mitré (1860 ss). Elle coupe des pâturages, des marécages, ainsi et surtout que des champs de soja, maïs et sorgho qui s’étendent à l’infini des deux côtés de la route ; c’est que, si la pampa est encore une terre où s’élève la  célèbre viande argentine, le bétail est maintenant de plus en plus souvent relégué dans des unités de stabulation, la prairie ayant laissé la place à des cultures fourragères et industrielles. De loin en loin, annoncées par une haie rectiligne de beaux arbres, s’ouvre l’entrée d’une estancia, avec un portique de bois blanc, souvent entouré de corrals. Nous avons fait escale à Azul, au cœur de ce Far West, où les gros pickups sillonnent les pistes en laissant derrière eux un gros nuage de poussière… pas très confortable pour les motards !

La Sierra de la Ventana se trouve dans la ‘Province de Buenos Aires’, qui s’étend jusqu’à Viedma, 1.000 km au sud de la capitale. Autour de la Sierra de la Ventana s’étend une ‘pampa sèche’ ; c’est dans cette région que nos cousins Laxague ont vécu près de 60 ans dans une estancia de 5.000 ha nommée ‘Dos de Mayo’, où André et Elisabeth (née de Larminat) ont élevé leurs 19 enfants. Dans la Sierra proprement dite habite notamment sa sœur, Thérèse de Larminat, dans la maison où leurs parents sont venus se réfugier en 1968 après l’incendie de leur maison dans l’estancia du Cerro de los Pinos, en Patagonie, 1.300 km plus à l’ouest, où elles avaient grandi. Un des fils d’Elisabeth, Michel, habite également avec sa famille à quelques kilomètres de Thérèse, et surtout de l’estancia de sa belle-famille, celle des Ruiz-Iñazu.

Dès notre arrivée à Bahia Blanca, le grand port à une centaine de kilomètres au sud de la Sierra de la Ventana, nous allons saluer tante Elisabeth, Amachi, encore entourée de cinq de ses enfants, bon pied bon œil du haut de ses 90 ans, l’œil vif et la question fusante : quel dommage que nous ne soyons pas venu avec Betty, la mère de Véronique, décédée il y a à peine plus d’un an !

Et dès 8h le lendemain matin, Bernard et Jacques Laxague nous emmènent parcourir leur domaine… Nous commençons par la visite de l’estancia ‘Dos de Mayo’… c’est la première fois qu’ils y reviennent depuis sa vente il y a quatre ans ! Quelle émotion pour eux comme pour nous ! Bernard connaît par cœur tous les chemins qui y mènent, à travers les pâturages et les champs de soja, bordés de très scéniques éoliennes, et de moins poétiques mais bien plus efficaces clôtures de fils électriques ; et nous voilà devant la barrière du ‘champ’ de 5.000 ha, avec son vieux panneau ‘Estancia Dos de Mayo’ et ses deux portes, l’une pour les voitures, l’autre pour le bétail. Après encore quelque kilomètres, voilà qu’au détour d’un virage apparaît sur une éminence la maison où ils sont nés et ont vécu avec leurs parents et leurs dix sept frères et sœurs. Je vous passe les détails de la visite, tout est dans l’album de photo ci-joint ; mais retenez que toutes les grandes maisons de ces estancias situées au bout du monde sont entourées de magnifiques jardins, avec d’immenses arbres de toutes essences venues de tous les coins du monde, de massifs de fleurs et de potagers capables d’assurer une véritable autarcie aux familles y vivant.

Nous en profitons pour aller visiter l’estancia voisine, San Miguel, 5.000 ha également, dont Bernard s’est occupé pendant 23 ans. Nous passons devant son ancienne maison, qui elle aussi a brûlé (!), entourée de hangars, corrals, éoliennes, citernes et machines agricoles ; quelques chevaux s’ennuient derrière une clôture ; il faut dire qu’aujourd’hui, les pions (‘peones’ en espagnol) sont de moins en moins nombreux, et beaucoup plus en voiture qu’à cheval. Quelques kilomètres plus loin apparaît le ‘Casco’, la maison du cousin Peter Laharrague, que nous avons le bonheur de croiser chez lui, ‘dans son champ’. Mais le programme de Bernard pour la journée est dément… il est déjà 13h, et nous sommes invités à déjeuner à une heure d’ici, dans le village de ‘Sierra de la Ventana’, chez Tante Thérèse, qui mène une vie heureuse entre ses aquarelles, son potager, et son artisanat mapuche. A 17h, nous croyons rentrer à Bahia Blanca, mais non, Bernard a reçu un coup de fil de son frère Michel, nous sommes attendus dans sa belle famille, chez les Ruiz-Iñazu, vers Tornquist, 50 km plus à l’ouest. Et là, pour couronner cette journée, dans une magnifique lumière de couchant, nous attendent deux attelages et une douzaine de cavaliers servants pour une grande promenade dans la Sierra ; allez regarder les images… nos yeux de Parisiens étaient comblés !

Epuisés par cette journée mémorables, nous cédons vite aux instances de Bernard qui souhaite que nous restions un jour de plus à Bahia Blanca : Amachi n’a même pas eu le temps de discuter sérieusement avec nous ! Et nous essayons de comprendre comment on peut accepter d’avoir 19 enfants, et les élever, de les nourrir et de les habiller : sa sœur ‘tante Pinette’ qui a passé sa vie à Dos de Mayo ; les placards pleins de bluejeans, de bottes, de chemises, qu’on ne remplace par du neuf qu’une fois complètement élimés ; le médecin qui vient vacciner toute la famille d’un coup, et le coiffeur itou ! Le cours Hattemer jusqu’à 8 ans, âge auquel on part en pension ; la chapelle où il y a confessions et messe tous les dimanches, les accoucheuses qui arrivent un peu tard. Et on parle français, bien sûr, dans ce monde qui jusqu’à l’adolescence, se limite à la pension aux estancias voisines. Et ce monde nous est si proche, vous pensez, des cousins français ! Et ce monde nous est si dépaysant, à nous, les Parisiens ! Quelle expérience ! Le jour du départ, Amachi viendra jusqu’à nos motos pour nous voir partir vers la Patagonie : merci Amachi pour cette belle leçon de vie !

 

Je vous rappelle que, pour accéder à l’album de photos, il faut cliquer sur le lien ci-dessous :

https://picasaweb.google.com/113501550221338298900/10DansLaSierraDeLaVentana?authuser=0&feat=directlink

Ou sur la légende de la photo en tête de l’article.

Je vous rappelle aussi que parfois, lorsque l’album ‘Picasa’ s’ouvre, Google+ propose ‘par défaut’ une présentation de l’album sous forme d’une ‘Galerie’, où on ne peut notamment pas lire les légendes dont j’orne chaque photo. Il faut alors, dès l’ouverture, repérer en haut et au milieu de l’écran un bandeau (près de la ‘barre de titres’ où s’affichent les liens ‘http://, etc…’) où il est écrit (en jaune) quelque chose comme « Cliquer ICI pour revenir à Picasa ». (Attention, le message ne s’affiche pas très longtemps ; si vous ne le voyez pas, revenir en arrière d’une étape !). Il faut alors cliquer sur « ICI », et, miracle, tout l’album s’affiche sous forme de vignettes. Cliquer ensuite sur ‘Diaporama’ ; le Diaporama se lance alors avec la première photo…. puis faire comme le diaporama le propose : appuyer sur la touche F11 du clavier pour passer en ‘plein écran’… sur la touche Pause, et faire défiler soi-même ses photos à son rythme avec les flèches de direction du clavier.