Renée, nous la connaissons depuis août 1993 ; elle était notre guide pour notre premier voyage « chez elle » ; et en plus, elle avait un pied à terre à Paris, à deux pas de chez nous, au marché d’Aligre ! Où elle vient souvent ; nous sommes alors vraiment devenus amis ; elle n’a pas son pareil pour poser les bonnes questions impertinentes ; elle cherche ; elle veut savoir quoi ! Dans toute la complexité du quoi ! Et, comme vous le savez, dans son pays, avec la complexité du quoi, elle a de quoi s’entraîner !
Nous étions retournés brièvement là bas en 2005, à l’issue d’un pèlerinage « Exode », des Pyramides à Jérusalem par le Sinaï et la « route des Rois » en Jordanie : un vrai goût de trop peu ! Et nous avions continué, pendant ces vingt dernières années, à rencontrer régulièrement Renée, qui nous disait : « Mais venez me voir chez moi ; je vous montrerai mon pays comme vous ne l’avez jamais vu ! ».
Et entre temps, retraités, nous nous étions mis à la moto, pour en poser les roues sur tous les continents ; nous avons commencé par le tour de la Méditerranée. Le 1er janvier 2011, nous les débarquions à Tunis… avec l’idée, puisque les frontières de l’Egypte et de Jordanie sont ouvertes, de sillonner tout Israël, puis de rejoindre la Turquie par Chypre. Tout au long de la longue traversée de la Libye, nous avions donc Renée sur Skype, qui affichait fièrement « Al Qods » ! Mais les « Printemps arabes » nous ont rattrapés en Egypte ; après être restés bloqués pendant 10 jours en Egypte à 300 km d’Alexandrie, nous devions faire demi-tour, la mort dans l’âme (Cliquez ci-dessus à droite sur Chap 3 A motos en Tunisie, Libye, Egypte).
Donc, nouvelle tentative cette année ; nous irons bêtement en avion ; nous ne nous laissons pas impressionner par les roquettes du Hamas de cet été, ni par les décapitations dans le désert syrien, ni par les voitures bélier à Jérusalem Ouest la veille de notre arrivée : nous savons bien que ce pays est le mieux sécurisé du monde !
Nous avons demandé à Renée de nous faire comprendre la situation politique de son pays, et notamment la question des colonies : vue de chez nous en France, la colonisation ne cesse de faire l’actualité, et semble bloquer toute possibilité d’avancer dans une solution du problème israélo-palestinien, un des cancers du Moyen Orient : est-il envisageable d’aller dans « les Territoires » ? Dans une colonie ? De rencontrer des Palestiniens ? Des colons ?
Nous arrivons chez elle en taxi dans la nuit… Après une bonne grasse mat’ – Renée n’était pas là à notre réveil, mais partie pour un anniversaire… dans les Territoires… – dès notre premier jour à Jérusalem, elle nous emmène dans l’après-midi … à une « manif » pro-palestinienne ! à Jérusalem Est. Renée a passé quelques coups de fil à ses copines de « La Paix Maintenant » ; là-bas, nous retrouvons Nora ; c’est une manifestation qui se tient à la même heure tous les vendredis ; nous n’étions que quelques dizaines avec des panneaux demandant l’arrêt de la colonisation. Les voitures arabes qui passaient klaxonnaient en faisant le V de la Victoire, mais il n’y avait avec nous que deux arabes qui avaient été expulsés d’une maison proche ; nous avons croisé de nombreux juifs hassidim (ultra – orthodoxes) habitant dans ces maisons réquisitionnées (ou récupérées avec des titres de propriété juifs datant de l’Empire Ottoman), où cohabitent encore partiellement les anciens propriétaires… Le soir, c’est shabbat ; nous avons été le célébrer chez des voisines de Renée : chants, bénédictions, bonne cuisine végétarienne et discussions politico-religieuses sur Le Mur (celui du Temple, où a prié Jean Paul II) ou le mur (celui qui sépare Israël des Territoires, où a prié François).
Le lendemain, c’est donc shabbat, personne dans les rues. Renée nous emmène participer à une autre manifestation, cette fois contre le mur de séparation. Départ en taxi vers 10h30 en direction du grand stade, où nous attendent un car venu de Tel Aviv et un autre pour nous ; nous sommes une centaine de personnes ; nous avez rendez-vous au sud de Jérusalem, dans les Territoires, à quelques kilomètres de Bethlehem, le long de la grande route « 60 » qui va à Hébron et Beer-Shev’a. Pour quoi y faire ? C’est ce qu’on nous explique pendant la 1ère heure avant de partir : en gros, un jeu scénique devant le mur de séparation ; des Palestiniens seront réunis sur le même jeu scénique au même moment de l’autre côté de la séparation ; entre colombes de la paix ‑ aimables petits anges ‑, pancartes, effigies, drapeaux et simulacre de mur, il faut faire comprendre que le mur doit tomber ! A 13h30, nous allons retrouver nos nouveaux amis Palestiniens chez eux à Bait Jala pour un petit meeting sous les oliviers. Et à 16h, une heure avant la nuit, Renée nous emmène sur une promenade pas loin de chez elle, d’où se déroule l’inoubliable panorama de la Ville Sainte au coucher du soleil.
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