En quittant Anzali nous devions aller
Dans un très beau village dénommé Masuleh
Mais la route inondée glissait vers les torrents
Et par une exception mes passagers prudents
Décidèrent d’éviter ces forces surhumaines
Pour filer vers le Nord le long de la Caspienne.
Vers le Nord ! Astara pour être plus précis
Là où il y a la douane avec les Azéris.
Je me suis dit ça y est cette bande de fripons
Veulent me ramener directo au Japon
C’est toujours comme ça en période de crise
On dit aux étrangers faites donc vos valises
Et rentrez donc chez vous, vous serez beaucoup mieux
On n’a plus les moyens et vous êtes trop vieux !
Depuis des kilomètres on longeait des rizières
Nous étions en Asie bien loin de nos arrières.
Ah j’en menais pas large. Pour moi l’Azerbaïdjan
Est un pays étrange où sans doute les gens
Sont des types accueillants, mais des questions de terrains
Font qu’ils sont en bagarre avec les Arméniens.
Heureusement, miracle, nous avons pris la route
Le long de la frontière qui va vers l’Ouest sans doute
Mais grimpe comme une échelle vers des plateaux glacés
Il y avait de la neige partout sur la contrée.
Nous devions faire étape dans la ville d’Ardebil
Et l’agence de voyage a eu l’idée débile
De nous caser au loin dans des genres bungalows
Le vase a débordé ! Philippe a dit : « c’est trop »
Les quatre ont décidé d’aller au centre-ville
Dans un hôtel sympa qui plaisait bien aux filles
Et de virer Fahrad notre guide incapable
Non sans lui refiler un rhume abominable !
A nous la liberté ! Mieux vaut finalement
Etre seuls, que mal accompagnés en Iran.
Ardebil c’était bien, j’étais dans un parking
Pendant qu’ils achetaient des tapis au feeling.
Au moment de partir la neige était tombée
Et les routes incertaines pour ne pas dire fermées.
Ils ont donc décidé de passer par Tabriz
Où hélas dans des rues où l’on n’y voyait guère
Bernard m’a écorchée sur un poteau l’derrière.
Ils m’ont rafistolée mais mon charme antérieur
A quand même baissé du côté postérieur.
De Tabriz nous avons filé très vite vers l’Arax
Un de ces fleuves mythiques où pleins de gens furax
Se sont battus encore dans des guerres d’amplitude
Entre sauvages du Nord et sauvages du Sud.
C’est encore aujourd’hui un drôle de périmètre
Il y a quatre pays en cinquante kilomètres
Tous plus ou moins en guerre, et aucun n’est copain
Pour des raisons variées avec tous ses voisins.
Enfin on est passé. En 3 heures de douanes
Nous étions Arméniens, au fin fond des montagnes.
L’Arménie c’est joli du côté paysage
Mais alors côté routes il faut voir le passage
Ce n’est que bosses et trous comme si ce pays
N’avait rien fait depuis que les Russes sont partis.
C’est pauvre, c’est sauvage, plein d’églises jolies
Leur langue est plus complexe que de parler Farsi
Et fallait voir comment mes patrons à l’étape
S’expliquaient pour trouver avec ce handicap
Un logis pour la nuit chez des gens sympathiques
Car du côté hôtels c’est peau de balle et bernique.
J’ai compris seulement – quand en vue d’Erevan –
Ce que nous fichions là : à cause des deux volcans
Qui se nomment Ararat et dont on fait le tour.
Suis-je bête c’est le titre de leur blog mis à jour !
Je commence à comprendre le sens de ce voyage
Ah ces sexygénaires ! Ils ne font pas leur âge !
L’Arménie c’est pour moi un vilain souvenir
J’ai d’abord vu les filles puis Philippe partir
Il me restait Bernard décidé à rouler
Tout autour d’Erevan sans savoir où il allait
Vu qu’il y a peu d’panneaux et encore illisibles
Sans son navigateur ce fut parfois terrible.
C’est le 13 novembre que le pire arriva.
Ce chiffre porte malheur tout le monde sait ça.
J’avais avec succès répondu au challenge
De grimper dans la neige et il était aux anges
Quand visitant un bled dénommé Noratus
Une espèce de Lada plus cotée à l’Argus
Est venue se frotter à ma carrosserie
Une aile et la portière en furent bien flétries.
Le gars sans assurance, la foule se massait
Mon chauffeur pas trop fier tenta de négocier.
Un vague carrossier proposa ses services
Et Bernard me laissa à l’ouvrier novice
Craignant bien sûr le pire mais vraiment comment faire ?
Il fallait réparer pour nous tirer d’affaire.
Je ne vous dirais pas les jours que j’ai passés
Moitié déshabillée dans un garage glacé
Mais bon c’est l’aventure et je craignais le pire :
Être pillée, volée et vendue à des sbires.
Au final le gredin m’a rendue, présentable.
Ça semble professionnel, c’est loin d’être minable
Je vais pouvoir rouler c’est le plus important.
Philippe est de retour, alors vite en avant
Quittons donc l’Arménie, ses églises et couvents
Allons voir la Géorgie si c’est très différent.
Je suis sollicitée par des fans amusés
Qui veulent que je leur dise impressions et pensées
Et bien soit, vous aurez, écrit sans amertume,
Mon petit commentaire au niveau du bitume.