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Véronique et Philippe PERRIN ont notamment travaillé pendant près de 25 ans en parcourant l'Afrique Noire, avant de s'épuiser en sédentaires à Paris en rêvant de découvrir d'autres parties du monde. A l'âge de la retraite, après avoir élevé leurs 5 enfants, ils ont décidé que leurs rêves deviendraient réalité.

14 – Rutas 40 et Australe : la Patagonie des Glaciers

14 - Les Rutas 40 et Australe : la Patagonie des Glaciers

14 – Les Rutas 40 et Australe : la Patagonie des Glaciers

 

 

Deux chapitres du blog mis à jour successivement, vous allez avoir des nouvelles des Perrin, et de la lecture pour les journées d’hiver qui reviennent ! Commencez par le chapitre « 13 – La Patagonie des Lacs à Magellan », qui raconte notre lente et longue descente, du 29 janvier au 21 février, jusqu’au détroit de Magellan : quelle aventure ! Nos temps libres y ont été consacrés à rédiger le chapitre 12… et cela fait donc déjà un mois que nous ne vous avions pas donné de nouvelles !

Le présent chapitre 14 raconte comment un groupe d’amis Parisiens nous a rejoints au Chili au pied des ‘Torrès del Paine’, et nous a accompagnés vers le Nord pendant plus de 2.000 km tout au long de célèbres routes touristiques passant par des sites naturels exceptionnels. J’espère qu’il vous donnera envie de venir ici les admirer en vrai ; en attendant, en voici un acompte !

Depuis au moins trois ans que nous évoquons autour de nous que notre cinquième voyage sera consacré à l’Amérique du Sud, et notamment à l’Argentine où vivent de nombreux cousins de Véronique, nous avons en effet fait la connaissance des frères Patrice et Thierry Ossent, qui, tous deux motards, y ont été élèves au lycée Mermoz de Buenos Aires il y a quelques décennies, et qui reprenaient contact avec leurs anciens copains à l’occasion de l’anniversaire du lycée. Il était évident que mon compagnon de voyage ‘autour du Mt Ararat’ de l’année dernière, Bernard Champanhet, ferait partie de l’expédition ; s’y sont greffés de vieux amis du groupe, les Jozan. L’idée était que d’innombrables merveilles de la nature du Sud des Andes ne sont accessibles que par de mauvaises pistes, et qu’elles seraient plus aisément praticables par nos motos allégées de leurs bagages dans les voitures d’accompagnement ; et si on pouvait ‘tourner’ de guidons en volants.

Nous avons donc appris, après notre arrivée sur le continent américain, que nous avions rendez-vous avec eux sept le 21 février 2013, dans l’après-midi, à l’entrée du parc des Torrès del Paine, au Chili… Un vrai cauchemar de randonneur ! Non seulement un lieu précis, mais quasiment une heure précise au milieu de nulle part, à des centaines de kilomètres de tout centre urbain. Nous qui voyageons toujours sans savoir où nous coucherons le surlendemain ! Comment être sûr d’être au rendez-vous ? Et s’il fait trop mauvais temps ? Et si une des motos crève ou bien est en panne ? Et si nous n’avons plus envie ? Nous ne sommes pas des chauffeurs de Shuttle/Navettes aéroport/chutes du Niagara ! Pour plus de sûreté, nous avions prévu quatre jours de marge… qu’une tempête nous a complètement mangés à Punta Arenas ! En outre, nous avons dû nous préparer psychologiquement au choc des rythmes : quant à nous, trois mois que nous étions partis sur les routes, et trois autres mois avant de rentrer en France… quant à eux, partis la veille de l’hiver parisien, des réservations d’avion pour la reprise de leurs activités en France les attendaient douze jours plus tard… et 2.200 km plus au nord. Le choc fut finalement largement aussi brutal que redouté, mais la joie des retrouvailles et des spectacles de la nature admirés en commun fut à la même hauteur.

Parce que les photos que vous allez voir dans l’album ci-joint sont celles de sites exceptionnels. Il y a d’abord la montagne ; la grande montagne ; celle que les meilleurs ‘Alpinistes’ (‘Andinistes’) du monde entier viennent tutoyer ; il y a des parois et des cimes ici dont l’histoire de la conquête n’a rien à envier à celles des faces Nord de l’Eiger ou des Grandes Jorasses : les ‘Tours’ du Payne, le Cerro Torre, le Fitz Roy notamment. Il y a ensuite cette merveille unique de la nature qu’est le gigantesque glacier ‘Perito Moreno’ se jetant – au rythme de 2 mètres par jour en moyenne – dans le lac Argentino sur un front de 5 kilomètres. Il y a enfin deux routes mythiques, que les motards du monde entier rêvent de parcourir au moins une fois dans leur vie : la ‘Ruta 40’, qui parcourt toute l’Argentine depuis la frontière bolivienne jusqu’au détroit de Magellan en longeant au plus près la cordillère des Andes ; elle suit plus au moins le chemin que le grand’père Jacques de Larminat (cf. Blog 12) a suivi en 1908/1909 à la recherche d’une estancia à acheter ; en ce début de 2013, il en restait quelques centaines de kilomètres en chaussée ‘consolidée’, c’est-à-dire en ‘ripio’. Et la ‘Carretera Australe’, dont le Général Pinochet lança la construction en 1986 : 1.250 km pour rejoindre par la route le port de Puerto Montt (41° S) à Villa O’Higgins (45° S), « le long » d’une côte de l’océan Pacifique qui ne cesse d’être découpée en profonds fjords et hautes montagnes couronnées de glaciers ; superbe, donc, mais d’autant plus rude qu’il y pleut toute l’année et que le ‘consolidé’ y domine largement…

Bonne lecture, donc, et n’oubliez pas de nous mettre des petits messages ; vous n’imaginez pas combien ils font plaisir !

Je vous rappelle que, pour les albums, il faut cliquer sur la légende de la photo en tête de l’article, et que si c’est Google+ qui s’ouvre au lieu de Picasa, il faut « Cliquer ICI pour revenir à Picasa » ! Mais vous connaissez maintenant la musique !

13 – La Patagonie des Lacs à Magellan

13 - La Patagonie des Lacs à Magellan

13 – La Patagonie des Lacs à Magellan

 

La Patagonie est loin de constituer un tout homogène ; elle est diverse tant par ses climats et sa végétation que par ses paysages : on y trouve le désert, la steppe, les forêts ‘alpines’ ou antarctiques, les rios, les lacs, les montagnes et les glaciers, les ‘alpages’, les champs et les fjords… Il y une Patagonie sèche et une Patagonie humide, plus ou moins glacées en hiver ou brûlante en été… L’unité de toutes ces régions, à part la difficulté d’y vivre, et donc sa densité extrêmement faible de population ? C’est le vent ! A la différence de ce qui se passe dans l’hémisphère nord, ici, dans l’hémisphère sud, soufflent toute l’année, mais surtout pendant l’été austral, dès le 40ème parallèle (soit la latitude de Madrid ou du sud de la Tasmanie) ceux que les marins nomment « les 40ème rugissants », qui se transforment en « 50ème hurlants » 10° plus au sud. Le Cerro de Los Pinos est situé sur le 40ème parallèle, et Punta Arenas, le point le plus austral de notre périple, sur le 53ème , alors qu’Ushuaia est sur le 56ème, latitude de… Copenhague dans l’hémisphère nord.

Dans les images ci-jointes, vous nous verrez descendre tous ces parallèles et traverser toutes ces Patagonies, traversant les déserts, longeant la côte Atlantique, rencontrant le vent, puis le froid en descendant toujours plus vers le Sud, jusqu’à la ‘Ruta del Fin del Mundo’ pour atteindre Punta Arenas, sur les bords du détroit de Magellan. Certains parlent de monotonie quand on descend par la route – goudronnée ! – n°3, mais nous ne nous y sommes jamais ennuyés, brutalement réveillés au guidon de nos motos par les violentes claques de vent reçues à chaque croisement de camions ou de bus ! Ma tête est pleine de calculs pour savoir s’il y aura du carburant à la prochaine station marquée sur la carte, mais beaucoup ont disparu, manifestement depuis des années… ll est tout à fait impossible de s’arrêter du tout, ne serait-ce que pour faire une courte pause, en-dehors d’une zone aménagée, car les bas côtés ne permettent pas de poser la moto en sécurité, menacées par le vent et le trafic, et il n’y a guère d’autres zones ‘aménagées’ que dans les stations services. Le soir, après l’étape, nous sommes tous deux frigorifiés et courbatus des bras et du dos d’avoir lutté pendant des heures contre le vent latéral… Les guanacos (sortes de lama) et les nandous (petites autruches locales) partagent les maigres pâturages de moutons et chevaux en liberté ; des estancias se devinent, de loin en loin, cachées dans un bosquet de peupliers, sous des ciels et lumières photogéniques, surtout lorsque des nuages cachent le soleil ; des jeux d’ombres et de lumières parcourent alors la steppe à grande vitesse, faisant et défaisant les mirages, et notre moral change au même rythme : le monde devient hivernal dès que le soleil se cache plus de quelques minutes, puis estival dès que nos blousons se réchauffent sous le soleil !

Les photos ci-jointes racontent notre chute sur le ‘ripio’ en revenant d’une forêt d’arbres pétrifiés dans un désert coloré, les manchots de Magellan sur les plages de l’Atlantique, pourquoi nous avons renoncé à atteindre Ushuaia et la magie des glaciers suspendus des montagnes entourant Puerto Natales, situé sur la côte de l’océan Pacifique. Nous avons pris notre temps pour descendre, nous arrêtant souvent deux nuits de suite au même endroit pour nous imprégner de cette Patagonie sauvage, de ces habitants intrépides ‑ qu’ils soient descendants d’Indiens ou de colons Européens ‑ vivant dans des conditions d’isolement que nous autres Parisiens avons du mal à imaginer ; leurs maisons sont barricadées de bardages métalliques. Le dépaysement vient aussi de l’australité de la région : il faut s’habituer à ce qu’ici, ‘la lune ne ment pas’, c’est-à-dire que, au contraire de ‘notre’ lune en France, quand elle dessine un ‘C’, c’est bien qu’elle Croît, et un ‘D’, qu’elle Décroît ! Et à ce que, lorsque c’est le vent du Sud qui souffle, cela annonce le froid et le beau temps, à la différence du vent du Nord, qui apporte l’humidité de l’Equateur. Les chambres d’hôtel exposées au Nord ont le soleil toute la journée, et les glaciers, bien sûr, sont sur les faces Sud des montagnes, les plus difficiles à gravir. L’étoile Polaire a disparu depuis longtemps, et les ciels nocturnes, étincelants, sont dominés par la Croix du Sud et les nuages ‘de Magellan’. L’humidité revient dans le Sud dès que les Andes ont perdu suffisamment d’altitude pour laisser passer l’humidité de l’océan Pacifique, mais le vent gagne alors en puissance : toute la végétation y est tordue par le vent dominant du nord ouest. A Punta Arenas, où nous sommes restés bloqués 4 jours par un vent hurlant à plus de 120 km/h, nous avons pu visiter les nombreux musées qui racontent l’histoire de cette terre d’exception… vous en retrouverez quelques éléments dans les photos ci-jointes.

Bonne lecture !

 

Je vous rappelle aussi que parfois, en ouvrant l’album Picasa, c’est en fait Google+ qui s’ouvre, qui ne permet notamment pas de lire les légendes dont j’orne chaque photo. Il faut alors, dès l’ouverture, repérer en haut et au milieu de l’écran un bandeau jaune où il est écrit « Cliquer ICI pour revenir à Picasa ». (Attention, le message ne s’affiche pas très longtemps ; si vous ne le voyez pas, revenir en arrière d’une étape !). Il faut alors cliquer sur « ICI », et, miracle, tout l’album s’affiche sous forme de vignettes. Cliquer ensuite sur ‘Diaporama’ ; le Diaporama se lance alors avec la première photo…. puis faire comme le diaporama le propose : appuyer sur la touche F11 du clavier pour passer en ‘plein écran’… sur la touche Pause, et faire défiler soi-même ses photos à son rythme avec les flèches de direction du clavier.

12 – Au Cerro de los Pinos

12 - Le Cerro de los Pinos

12 – Le Cerro de los Pinos

 

 

 

Un des ‘clous’ de notre voyage en Argentine devait être la visite de l’héroïne de ‘Pionniers en Patagonie’ (Privat 2007, Préface de Jean Raspail), c’est-à-dire l’estancia familiale du Cerro de los Pinos… et il s’est trouvé que tout fut réuni pour que notre séjour y ait été comme un rêve éveillé ! L’album de photos ci-joint vous en donnera un petit aperçu : sous un ciel tout bleu et sans vent, nous avons eu la chance de croiser les quatre tantes Larminat, vivant depuis toujours sous le même toit dans ce petit bout de Patagonie ; le lodge Tipiliuke, plein à craquer de pêcheurs et chasseurs du monde entier venus titiller les truites du Chimehuin ou les hardes de cerfs ; la ‘Rural’, foire agricole de Junin de los Andes qui se tenait le week end où nous étions là et attire toute la jeunesse des estancias voisines ; Pierre et Marie-Thérèse de Larminat, et surtout Miguel et Isabelle de Larminat qui nous ont reçus avec une infinie disponibilité dans leur magnifique maison.

Tout commence dans les années 1900, lorsqu’autour de la table dominicale de la Hardonnière, en Sologne, le patriarche Jean de Larminat expose aux sept garçons nés de son premier mariage que l’avenir et la sécurité de la famille – le ‘colon’ était à l’honneur en ce temps là ‑ impose que certains d’entre eux aillent fonder un établissement Outre-mer. Après avoir longtemps débattu ensemble de la destination (l’Algérie ou le Maroc ? La Nouvelle Calédonie ?…), c’est Jacques, le 4ème, qui s’y colle ; il n’a pas 20 ans, et part, muni de lettres de créances, pour Buenos Aires. Il se fait engager dans une estancia pour apprendre le métier de ‘gaucho’, puis parcourt à cheval la Cordillère avec quelques compagnons jusqu’à la Terre de Feu, avant de fixer son choix au nord de la Patagonie, à quelques kilomètres de la frontière chilienne, dans la vallée du Chimehuin : ce sera le ‘Cerro de los Pinos’. Le courrier met 2 à 4 mois pour faire l’aller-retour… Jean lui envoie l’aîné, Etienne, qui est majeur et peut procéder, en 1909, à l’acquisition pardevant notaire à Santiago de Chili. André et Bernard suivront ; mais tous rentrent se battre en France pendant la 1ère guerre mondiale, et ces derniers y laisseront leur peau. A la fin de la guerre, Jean envoie alors François et Robert pour les remplacer, et chacun des frères ramène à tour de rôle une épouse de France… les quatre frères se marient en 1919, 1920, 1921 et 1924… aux tout débuts, frères et belles-sœurs doivent cohabiter dans la même maison, puis on achète du bois et on en construit de nouvelles, tout en plantant des arbres à tour de bras pour couper de vent infernal qui souffle toute l’année ; leur demi-sœur Paule a merveilleusement raconté dans son journal, dans un très elliptique style Larminat, la vie de l’estancia, où elle passa l’année 1925 : la traversée en bateau, le train jusqu’à Neuquen, la ‘voiture’ et les bœufs enfin pour arriver au Cerro ; les hommes toute la journée sur le campo ; les belles-sœurs au potager, au poulailler, et aux nombreux enfants, avec les accouchements, les maladies, les décès en bas âge, les célébrations, les intempéries, l’isolement… quelle cohabitation ! C’étaient vraiment des ‘pionniers’. Etienne enfin, fait un grand pas en décidant d’aller installer sa famille sur la rive gauche du Chimehuin : sérénité mais isolement seront le lot de son épouse Geneviève ; leur maison brûlera en 1968, et ils partiront à la retraite à Sierra de la Ventana. Quant à la toute première maison, elle brûla en 2005, avec toutes ses archives, et il n’en reste que la cuisine, où se tiennent donc toujours toute la journée quatre des filles du pionnier Jacques, aujourd’hui âgées de 78 à 90 ans. Véronique descend d’une tante Adèle de Larminat, sœur du patriarche Jean. Miguel et Pierre sont des petits fils de Jacques. Et la tante Elisabeth Laxague – la mère des 19 enfants ‑ est la fille du pionnier Etienne.

Comment dire l’émotion qui nous a envahis à notre arrivée au Cerro, avec nos motos venant de Paris ! Tous les éléments du tableau étaient à leur place, sauf que nous étions dans la réalité : la pointe du Cerro dominant le paysage, les bras et méandres du Chimehuin scintillant au soleil, l’oasis de grands arbres au milieu de la steppe jaunie de Patagonie, les kilomètres de clôtures, les vaches avec de l’herbe jusqu’au poitrail, les maisons et hangars de bois, puis de pierre, avec les corrals aux chevaux, les jardins et massifs entourant chacune des maisons… et, personnages vivants dans ce tableau, des cousins et tantes nous accueillant comme de la famille !

Nous espérons que les photos de l’album ci-joint – n’en manquez pas les légendes ! ‑ vous donneront un peu une idée de l’incessant combat contre la nature qu’a été le travail de trois générations de pionniers !

La prochaine fois, nous vous raconterons notre longue descente de la Patagonie, quelques 3.000 km du Cerro jusqu’au parc chilien de Torrès el Paine : quelles immensités, d’une sauvagerie à la limite de la brutalité !

 

Je vous rappelle que, pour accéder à l’album de photos, il faut cliquer sur la légende de la photo en tête de l’article.

Je vous rappelle aussi que parfois, lorsque l’album ‘Picasa’ s’ouvre, Google+ propose ‘par défaut’ une présentation de l’album sous forme d’une ‘Galerie’, où on ne peut notamment pas lire les légendes dont j’orne chaque photo. Il faut alors, dès l’ouverture, repérer en haut et au milieu de l’écran un bandeau (près de la ‘barre de titres’ où s’affichent les liens ‘http://, etc…’) où il est écrit (en jaune) quelque chose comme « Cliquer ICI pour revenir à Picasa ». (Attention, le message ne s’affiche pas très longtemps ; si vous ne le voyez pas, revenir en arrière d’une étape !). Il faut alors cliquer sur « ICI », et, miracle, tout l’album s’affiche sous forme de vignettes. Cliquer ensuite sur ‘Diaporama’ ; le Diaporama se lance alors avec la première photo…. puis faire comme le diaporama le propose : appuyer sur la touche F11 du clavier pour passer en ‘plein écran’… sur la touche Pause, et faire défiler soi-même ses photos à son rythme avec les flèches de direction du clavier.

11 – En Patagonie !

11 - En Patagonie !

11 – En Patagonie !

 

 

 

 

C’est avec une certaine émotion que nous franchissons le cours des rios Colorado et Negro, qui marquent traditionnellement l’entrée dans un monde différent de tout ce que l’on connaît : la Patagonie. La région s’étend sur 2.500 km jusqu’au détroit de Magellan, et des Andes jusqu’à l’océan Atlantique, sur plus d’un million de km². Région mythique, fantasme de tous les explorateurs, habitée par des peuples Indiens depuis plus de 10.000 ans (35.000 pour les plus anciennes traces prouvées, du côté de Puerto Montt au Chili) … même aujourd’hui, avec l’immigration européenne, elle est à peine plus peuplée que la Sibérie (3,8 hab/km²). La région inspire le respect : à part sur la lune, c’est l’endroit le plus éloigné où l’espèce humaine est jamais venue… mais même la lune sans doute n’aura jamais autant fait travailler l’imagination des hommes. La Patagonie est traditionnellement une terre d’exil et de colonie. Au cours des siècles, une grande partie de sa population y est venue, attirée comme par un aimant, pour ses grands espaces loin de tout, où l’on pouvait espérer faire fortune et surtout y commencer un monde nouveau : les ancêtres des gens qui habitent ici ont pour la plupart quitté leur pays, pour de multiples raisons, afin de bâtir du neuf. Et une des particularités des gens qui habitent la Patagonie est d’avoir gardé un fort attachement pour leur patrie. Il y a quelque part, comme l’écrit justement Bruce Chatwin (‘En Patagonie’), quelque chose du mythe de l’agriculteur Caïn chez ces indomptables Patagons qui ont jeté l’ancre ici sur ces terres infiniment hostiles.

Parce que la nature y est hostile ! Ce n’est certes pas un désert de dunes et de sables comme en Arabie et au Sahara, mais il a lui aussi suscité d’immenses expériences humaines à défaut de spirituelles. Charles Darwin, lors de son voyage sur le ‘Beagle’ (1836) qui devait être si déterminant pour la conception de sa théorie de l’évolution des espèces, y fut irrésistiblement attiré par… tous les aspects effrayants et négatifs de ces immensités arides : « Les jours suivants, le paysage continua à rester extrêmement inintéressant ; (…) c’est le sceau de la stérilité qui a frappé tout ce pays (…). Mais, quand je me remémore des images de mes voyages, ce sont souvent les plaines de Patagonie qui reviennent ; pourtant, ces plaines sont de loin les plus abandonnées et inutiles que je connaisse… leurs caractéristiques sont uniquement négatives : sans habitations, sans eau, sans arbres, sans montagnes, elles n’ont que quelques plantes rabougries : comment alors – et il n’y a pas qu’à moi que cela arrive – ces immenses étendues arides ont-elles réussi à prendre à ce point possession de mon esprit ? »

Dès la sortie de Bahia Blanca, nous abandonnons l’herbe de la Pampa pour entrer dans ces espaces stériles et surchauffés en traversant la ‘Plaine des Vents’, jouant avec les mirages sur une immense ligne droite de 250 km qui traverse une maigre steppe grise. Entre deux bras du fertile rio Negro, à Choele Choel se trouvent deux campos de cousins, d’environ 100 ha chacun, ceux des Stier et de Véronique Hary-de Larminat. Et comme m’expliquait Laurent Stier à Buenos Aires, pour le même prix, il vaut mieux un petit 100 ha irrigué par le rio Negro que 2.500 ha de steppe patagonne ! Mais il y a aussi de grandes et belles estancias, notamment lorsque la route s’élève doucement vers la chaîne des Andes, avec ses premiers volcans et ses premières taches blanches de névés en ce milieu de l’été ; il y a de l’eau partout ici, avec rivières, lacs et cascades. Fernando et Mercédès Lopez-Laxague nous accueillent à Aluminé, à quelques kilomètres de la frontière chilienne. Fernando y est gérant d’une estancia assez particulière, l’estancia Pulmari de quelques 112.000 ha ; il me fait beaucoup parler en espagnol, puis nous découvrons qu’il comprend mon français aussi bien que moi son espagnol ! Il m’explique que l’estancia appartient à l’Etat, plus précisément à trois entités aux intérêts divergents, et il doit se battre entre le gouverneur de la Province de Neuquen, celui de la Province de Buenos Aires et… l’Armée, sans parler du fait que le domaine contient une partie du Parc National Lanin et est limitrophe d’une frontière par laquelle passent de nombreux trafics… Entre le renouvellement des plantations de pins et eucalyptus, la préservation de la plus grande forêt d’araucarias du monde, la vie économique des villages mapuche, l’implantation des lodges et cabañas et la surveillance des touristes chasseurs, pêcheurs ou randonneurs, Fernando a tellement de travail qu’il doit rester la plus grande partie de son temps à son bureau d’Aluminé. Il est d’autant plus heureux de nous en faire faire le tour du propriétaire, nommant chaque gibier de poil ou plume et chaque arbre ou bambou par ses noms espagnol, mapuche et scientifique. Et nous arrivons pour assister à la très rare floraison des bambous, qui n’a lieu que tous les quarante ans !

Nous sommes en pleine Araucanie ici, le royaume éphémère du Périgourdin Orélie-Antoine 1er de Tounens (1860). Et une stèle non loin du lac Pulmari marque le lieu de la dernière bataille entre le Général Roca et les tribus mapuche (1884), clôturant ce que la tradition argentine appelle la ‘Conquête du Désert’. Comme l’explique Wikipedia : « Le nom même de la dite campagne rend compte de la manière dont les peuples autochtones étaient perçus à l’époque : comme des sauvages qu’il n’y avait qu’à exterminer puisque, malgré leur présence sur ces terres habitées, on appelait ces terres un désert. Roca, à la tête d’une puissante armée moderne et bien entrainée parvint à soumettre la Patagonie en venant à bout de la résistance tenace des peuples de l’ethnie mapuche, causant un nombre épouvantable de victimes. On estime que la guerre fut la cause directe de la mort de plus de 20 000 indigènes non combattants (femmes, enfants, vieillards). » Et comme en atteste la légende d’une gravure, vue au musée de la Patagonie de Bariloche, montrant des Indiens pillant une estancia (1890) : « Depuis des temps immémoriaux, la Pampa était habitée et dominée par des tribus sauvages qui vivaient du pillage sur les établissements situés au sud de Buenos Aires ». Véronique a longtemps travaillé, dans un domaine différent (l’antijudaïsme chrétien), sur le ‘devoir de mémoire’ et des déclarations de ‘repentance’ (la déclaration dite ‘de Drancy’), qui n’accusent pas nos pères. Elle pense que l’Argentine en est encore loin ! Et a beaucoup apprécié le travail effectué par nos cousins argentins envers les Mapuche !

La prochaine fois, nous vous parlerons de la magnifique estancia familiale du Cerro de los Pinos, fondée par nos oncles en 1909, aujourd’hui 20.000 ha sur les bords du Chimehuin. Que ceux qui n’ont pas la patience d’attendre se précipitent sur le passionnant ‘Pionniers en Patagonie’ de Miguel de Larminat !

Je vous rappelle que, pour accéder à l’album de photos, il faut cliquer sur la légende de la photo en tête de l’article.

OU sur le lien ci-dessous :

https://picasaweb.google.com/113501550221338298900/11EnPatagonie?authuser=0&feat=directlink

Je vous rappelle aussi que parfois, lorsque l’album ‘Picasa’ s’ouvre, Google+ propose ‘par défaut’ une présentation de l’album sous forme d’une ‘Galerie’, où on ne peut notamment pas lire les légendes dont j’orne chaque photo. Il faut alors, dès l’ouverture, repérer en haut et au milieu de l’écran un bandeau (près de la ‘barre de titres’ où s’affichent les liens ‘http://, etc…’) où il est écrit (en jaune) quelque chose comme « Cliquer ICI pour revenir à Picasa ». (Attention, le message ne s’affiche pas très longtemps ; si vous ne le voyez pas, revenir en arrière d’une étape !). Il faut alors cliquer sur « ICI », et, miracle, tout l’album s’affiche sous forme de vignettes. Cliquer ensuite sur ‘Diaporama’ ; le Diaporama se lance alors avec la première photo…. puis faire comme le diaporama le propose : appuyer sur la touche F11 du clavier pour passer en ‘plein écran’… sur la touche Pause, et faire défiler soi-même ses photos à son rythme avec les flèches de direction du clavier.

10 – Dans la Sierra de la Ventana

10 - Dans la Sierra de la Ventana

10 – Dans la Sierra de la Ventana

 

La Sierra de la Ventana est la première sérieuse ondulation de terrain rencontrée quand on traverse la pampa en quittant Buenos Aires vers le Sud Ouest. La ‘Ruta 3’ qui vous emmène jusqu’à Ushuaia en longeant plus ou moins la côte Atlantique, file tout droit à travers la pampa, le long du chemin de fer qui date des années du président Bartolomeo Mitré (1860 ss). Elle coupe des pâturages, des marécages, ainsi et surtout que des champs de soja, maïs et sorgho qui s’étendent à l’infini des deux côtés de la route ; c’est que, si la pampa est encore une terre où s’élève la  célèbre viande argentine, le bétail est maintenant de plus en plus souvent relégué dans des unités de stabulation, la prairie ayant laissé la place à des cultures fourragères et industrielles. De loin en loin, annoncées par une haie rectiligne de beaux arbres, s’ouvre l’entrée d’une estancia, avec un portique de bois blanc, souvent entouré de corrals. Nous avons fait escale à Azul, au cœur de ce Far West, où les gros pickups sillonnent les pistes en laissant derrière eux un gros nuage de poussière… pas très confortable pour les motards !

La Sierra de la Ventana se trouve dans la ‘Province de Buenos Aires’, qui s’étend jusqu’à Viedma, 1.000 km au sud de la capitale. Autour de la Sierra de la Ventana s’étend une ‘pampa sèche’ ; c’est dans cette région que nos cousins Laxague ont vécu près de 60 ans dans une estancia de 5.000 ha nommée ‘Dos de Mayo’, où André et Elisabeth (née de Larminat) ont élevé leurs 19 enfants. Dans la Sierra proprement dite habite notamment sa sœur, Thérèse de Larminat, dans la maison où leurs parents sont venus se réfugier en 1968 après l’incendie de leur maison dans l’estancia du Cerro de los Pinos, en Patagonie, 1.300 km plus à l’ouest, où elles avaient grandi. Un des fils d’Elisabeth, Michel, habite également avec sa famille à quelques kilomètres de Thérèse, et surtout de l’estancia de sa belle-famille, celle des Ruiz-Iñazu.

Dès notre arrivée à Bahia Blanca, le grand port à une centaine de kilomètres au sud de la Sierra de la Ventana, nous allons saluer tante Elisabeth, Amachi, encore entourée de cinq de ses enfants, bon pied bon œil du haut de ses 90 ans, l’œil vif et la question fusante : quel dommage que nous ne soyons pas venu avec Betty, la mère de Véronique, décédée il y a à peine plus d’un an !

Et dès 8h le lendemain matin, Bernard et Jacques Laxague nous emmènent parcourir leur domaine… Nous commençons par la visite de l’estancia ‘Dos de Mayo’… c’est la première fois qu’ils y reviennent depuis sa vente il y a quatre ans ! Quelle émotion pour eux comme pour nous ! Bernard connaît par cœur tous les chemins qui y mènent, à travers les pâturages et les champs de soja, bordés de très scéniques éoliennes, et de moins poétiques mais bien plus efficaces clôtures de fils électriques ; et nous voilà devant la barrière du ‘champ’ de 5.000 ha, avec son vieux panneau ‘Estancia Dos de Mayo’ et ses deux portes, l’une pour les voitures, l’autre pour le bétail. Après encore quelque kilomètres, voilà qu’au détour d’un virage apparaît sur une éminence la maison où ils sont nés et ont vécu avec leurs parents et leurs dix sept frères et sœurs. Je vous passe les détails de la visite, tout est dans l’album de photo ci-joint ; mais retenez que toutes les grandes maisons de ces estancias situées au bout du monde sont entourées de magnifiques jardins, avec d’immenses arbres de toutes essences venues de tous les coins du monde, de massifs de fleurs et de potagers capables d’assurer une véritable autarcie aux familles y vivant.

Nous en profitons pour aller visiter l’estancia voisine, San Miguel, 5.000 ha également, dont Bernard s’est occupé pendant 23 ans. Nous passons devant son ancienne maison, qui elle aussi a brûlé (!), entourée de hangars, corrals, éoliennes, citernes et machines agricoles ; quelques chevaux s’ennuient derrière une clôture ; il faut dire qu’aujourd’hui, les pions (‘peones’ en espagnol) sont de moins en moins nombreux, et beaucoup plus en voiture qu’à cheval. Quelques kilomètres plus loin apparaît le ‘Casco’, la maison du cousin Peter Laharrague, que nous avons le bonheur de croiser chez lui, ‘dans son champ’. Mais le programme de Bernard pour la journée est dément… il est déjà 13h, et nous sommes invités à déjeuner à une heure d’ici, dans le village de ‘Sierra de la Ventana’, chez Tante Thérèse, qui mène une vie heureuse entre ses aquarelles, son potager, et son artisanat mapuche. A 17h, nous croyons rentrer à Bahia Blanca, mais non, Bernard a reçu un coup de fil de son frère Michel, nous sommes attendus dans sa belle famille, chez les Ruiz-Iñazu, vers Tornquist, 50 km plus à l’ouest. Et là, pour couronner cette journée, dans une magnifique lumière de couchant, nous attendent deux attelages et une douzaine de cavaliers servants pour une grande promenade dans la Sierra ; allez regarder les images… nos yeux de Parisiens étaient comblés !

Epuisés par cette journée mémorables, nous cédons vite aux instances de Bernard qui souhaite que nous restions un jour de plus à Bahia Blanca : Amachi n’a même pas eu le temps de discuter sérieusement avec nous ! Et nous essayons de comprendre comment on peut accepter d’avoir 19 enfants, et les élever, de les nourrir et de les habiller : sa sœur ‘tante Pinette’ qui a passé sa vie à Dos de Mayo ; les placards pleins de bluejeans, de bottes, de chemises, qu’on ne remplace par du neuf qu’une fois complètement élimés ; le médecin qui vient vacciner toute la famille d’un coup, et le coiffeur itou ! Le cours Hattemer jusqu’à 8 ans, âge auquel on part en pension ; la chapelle où il y a confessions et messe tous les dimanches, les accoucheuses qui arrivent un peu tard. Et on parle français, bien sûr, dans ce monde qui jusqu’à l’adolescence, se limite à la pension aux estancias voisines. Et ce monde nous est si proche, vous pensez, des cousins français ! Et ce monde nous est si dépaysant, à nous, les Parisiens ! Quelle expérience ! Le jour du départ, Amachi viendra jusqu’à nos motos pour nous voir partir vers la Patagonie : merci Amachi pour cette belle leçon de vie !

 

Je vous rappelle que, pour accéder à l’album de photos, il faut cliquer sur le lien ci-dessous :

https://picasaweb.google.com/113501550221338298900/10DansLaSierraDeLaVentana?authuser=0&feat=directlink

Ou sur la légende de la photo en tête de l’article.

Je vous rappelle aussi que parfois, lorsque l’album ‘Picasa’ s’ouvre, Google+ propose ‘par défaut’ une présentation de l’album sous forme d’une ‘Galerie’, où on ne peut notamment pas lire les légendes dont j’orne chaque photo. Il faut alors, dès l’ouverture, repérer en haut et au milieu de l’écran un bandeau (près de la ‘barre de titres’ où s’affichent les liens ‘http://, etc…’) où il est écrit (en jaune) quelque chose comme « Cliquer ICI pour revenir à Picasa ». (Attention, le message ne s’affiche pas très longtemps ; si vous ne le voyez pas, revenir en arrière d’une étape !). Il faut alors cliquer sur « ICI », et, miracle, tout l’album s’affiche sous forme de vignettes. Cliquer ensuite sur ‘Diaporama’ ; le Diaporama se lance alors avec la première photo…. puis faire comme le diaporama le propose : appuyer sur la touche F11 du clavier pour passer en ‘plein écran’… sur la touche Pause, et faire défiler soi-même ses photos à son rythme avec les flèches de direction du clavier.

9 – Pause à Buenos Aires

9 - Pause à Buenos Aires

9 – Pause à Buenos Aires

 

 

Quel plaisir que cette pause dans cette magnifique capitale qu’est Buenos Aires (‘BsAs’ pour les intimes), après près de 5.000 km de motos dans la chaleur étouffante du sud du Brésil ! Laurent et Claire Stier nous avaient prêté leur appartement de Belgrano, très agréable et bien situé, pendant qu’ils étaient en vacances dans leur ‘champ’ de 100 ha sur les bords du rio Négro, à la frontière de la Patagonie. Et non seulement nous avions la chance que leur fils Philippe s’y trouvait pour nous initier aux particularités de la vie des Porteños, mais la ‘chance’ a voulu (!) qu’une semaine après notre arrivée, le frère de Laurent, Hugues, s’étant cassé la jambe en moto dans son champ, Laurent a dû interrompre ses vacances ; nous avions perdu l’espoir de croiser ces cousins éloignés découverts en France il y a trois ans, et les voilà condamnés à revenir en plein été dans la capitale pour notre plus grande joie.

Buenos Aires est une ville à l’urbanisme très organisé, mariant les immenses avenues bordées d’immeubles modernes, de parcs et jardins avec les petits quartiers intimes, aux rues pavées irrégulièrement, aux petites maisons colorées. Chacun des quartiers que nous avons visités avait son charme propre, qu’on ne pouvait s’empêcher de comparer aux plus célèbres quartiers de Paris : Recoleta avec Victor Hugo, Florida avec Montparnasse, Palermo avec la Butte au Cailles, La Boca avec Montmartre, Puerto Madero avec Bercy et l’avenue de France, etc… Chaque jour donc, après le travail quotidien pour répondre aux emails, trier nos photos, préparer les prochains blogs, travailler sur quelques aquarelles et consulter guides, cartes et … annuaire Larminat pour nos prochaines escales, nous partions avec l’une ou l’autre des motos à la découverte d’un nouveau quartier.

Le ‘Grand Buenos Aires’ est aujourd’hui une agglomération de plus de 13 millions d’habitants, qui représentent plus de 30% de la population d’Argentine concentrés sur moins de 5 % de sa superficie. Une première fondation aux débuts du XVIème siècle doit se replier devant le succès des attaques indiennes. A l’époque, la ville européenne ayant prospéré était Asuncion, la capitale actuelle du Paraguay, loin à l’intérieur des terres sur le rio Paraguay ; et l’intégralité du commerce devait passer par le Pérou, 3.000 km plus au nord, ne laissant guère que la contrebande pour animer économiquement cette région. Ce n’est que lorsque les Portugais commencent à menacer la région, à la fin du XVIIIème s. que Buenos Aires est promue capitale de la Vice Royauté du Rio de la Plata. Quelques années plus tard, Napoléon occupe l’Espagne… et les Argentins déclarent leur indépendance ! Depuis les années 1830, avec le général de Rosas, la tradition de gouvernants autoritaires est bien ancrée ici, même si elle s’est teintée d’un fort populisme avec le général Perón (1946-1974), dont la famille Kirchner poursuit l’épopée actuellement : ayant déjà fait faillite au début des années 2000 (banques et caisses de retraite ont notamment été pillées par l’Etat…), le pays n’a toujours pas résolu son insolvabilité internationale, et fuit la mise en place de mesures de redressement en nourrissant le peuple de subventions et en faisant tourner la planche à billets… Depuis quatre semaines seulement que nous avons besoin de changer du peso, son cours a déjà perdu 10%…, au plus grand dam des salariés et assistés qui voient les prix monter au même rythme sans que leurs salaires suivent. D’où des ‘émeutes de la faim’ (on vient piller les supermarchés) et des ‘piquetes’ (les chômeurs bloquent les routes) sous l’œil bienveillant d’une police hostiles aux industriels et commerçants.

Lorsque Claire et Laurent ont dû revenir chez eux, ‘chez nous’ (!), c’est donc à bâtons rompus que tous les jours nous les avons assaillis de questions sur tous les sujets possibles et imaginables. Il faut dire que Claire, 13ème d’une famille de 19 enfants, et dont la sœur aînée Marie Pincemin en a elle-même 14, ‑ leur mère, 90 ans, ‘Amachi’ pour eux, ‘Tante Elisabeth Laxague’ pour nous, nous attend à Bahia Blanca ‑ avait du pain sur la planche pour nous faire comprendre qui était où et faisait quoi et pourquoi en Argentine ! Laurent, de son côté, chef d’une entreprise de croissanterie avec ses deux frères, était bien placé pour me renseigner sur les particularités de l’économie argentine dont je donne de plus amples détails dans les légendes des photos ci-jointes ! Après une semaine de ce régime, nous commencions à percevoir les champs de forces agitant l’Argentine aussi bien que les 72 petits enfants d’Amachi, et les Stier devaient être heureux de nous voir filer vers le Sud : « vous allez voir, Buenos Aires, ce n’est pas l’Argentine ; dans le Sud, vous allez être émerveillés ». Et effectivement ! Nous allons essayer de faire en sorte que vous n’attendrez pas trop longtemps le trop succinct résumé de tout ce que nous avons vécu dans la Sierra de la Ventana, nos premiers contacts en Patagonie, et la découverte de ce petit paradis qu’est l’estancia Larminat au ‘Cerro de los Pinos’.

 

Je vous rappelle que, pour accéder à l’album de photos, il faut cliquer sur le lien ci-dessous :

https://picasaweb.google.com/113501550221338298900/9PauseABuenosAires?authuser=0&feat=directlink

Ou sur la légende de la photo en tête de l’article.

Je vous rappelle aussi que parfois, lorsque l’album ‘Picasa’ s’ouvre, Google+ propose ‘par défaut’ une présentation de l’album sous forme d’une ‘Galerie’, où on ne peut pas avoir de légendes.

Il faut alors, dès l’ouverture, repérer en haut et au milieu de l’écran un bandeau (près de la ‘barre de titres’ où s’affichent les liens ‘http://, etc…’) où il est écrit (en jaune) quelque chose comme « Cliquer ICI pour revenir à Picasa ». (Attention, le message ne s’affiche pas très longtemps ; si vous ne le voyez pas, revenir en arrière d’une étape !)

Il faut alors cliquer sur « ICI », et, miracle, tout l’album s’affiche sous forme de vignettes. Cliquer ensuite sur ‘Diaporama’ ; le Diaporama se lance alors avec la première photo…. puis faire comme le diaporama le propose : appuyer sur la touche F11 du clavier pour passer en ‘plein écran’… sur la touche Pause, et faire défiler soi-même ses photos à son rythme avec les flèches de direction du clavier.

8 – Les chaleurs tropicales du Brésil et des Misiones

Pour accéder à l'album, cliquez sur la légende ci-dessous : 8 - Au Brésil et Misiones
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8 – Au Brésil et Misiones

 

 

 

Nous étions un peu inquiets en abordant la frontière brésilienne, comme avant chaque frontière bien sûr (avons-nous bien tous les papiers nécessaires ?), mais aussi à cause de la circulation sur les routes et de la sécurité dans cet immense pays. Et puis le douanier nous chante la Marseillaise en découvrant que nous sommes Français ! La tension baisse d’un coup… et nous voilà sur les routes brésiliennes ! Nous remontons vers le Nord, donc vers l’Equateur, et il fait de plus en plus chaud et humide ; sur les monotones lignes droites de plusieurs dizaines de kilomètres, nos cuirs nous font mieux cuire que dans un hammam ; çà fume, le vent de la course rafraîchit un peu, mais il faut s’arrêter pour boire souvent : l’évaporation de la transpiration, c’est notre climatisation ! C’est la saison des pluies, ici, et donc, quoi qu’on fasse, nous savons que nous arriverons trempés comme des serpillères à l’étape. Soit qu’il aie fait beau, et donc chaud (jusqu’à 40° du côté de Joinville), par liquéfaction intérieure. Soit que nous ayons croisé une cataracte tropicale, et donc rincés par liquéfaction extérieure… Et Véronique assure comme un chef, aussi bien dans le trafic un peu dément des routes brésiliennes… que lorsque l’orage suivant de près la canicule, ce sont visière et lunettes qui s’embuent d’un coup ! J’en profite pour un petit couplet sur les odeurs… Il y a, certes, celle que nous dégageons le soir à l’étape… il y a surtout celle de la terre humide retournée par les bulldozers qui travaillent partout ici, par les fleurs des arbres de la forêt qui borde les routes, par les champs et les pâturages, les silos, les scieries, les tanneries… un festival pour nos narines enthousiastes… Ah, tous ces pauvres automobilistes dans leurs cabines climatisées qui ne savent pas les merveilles qu’ils traversent !

Les Etats que nous traversons – Rio Grande do Sul, Santa Catarina, Parana (au total 26 M. d’hab pour 600.000 km²) – sont très européanisés ; ils ont été colonisés par des Européens venus d’Europe centrale dont l’industrie et l’élevage n’avaient que peu besoin de main d’œuvre ; il n’y a donc par ici pratiquement pas de métis ou mulâtres… et relativement peu de Portugais. Même les communautés de pêcheurs de la presqu’île de Porto Belo viennent des Açores depuis le XVIIIème siècle ; s’il y avait des tribus indiennes à l’arrivée des Européens, les bandes armées des Bandeirantes ont bien fait le ménage aux XVII et XVIIIème s. ; on ne trouve plus que quelques ‘réserves’ d’Indiens Guarani en allant vers Iguaçu et le Paraguay. Les villes de Pelotas (0,35 M d’hab.), Porto Alegre (1,5 M d’hab.) ou Curitiba (1,8 M d’hab) sont essentiellement européennes, et… peuplés d’Européens venus du Nord ou du Centre de l’Europe ; rien à voir avec l’Argentine ou l’Uruguay, peuplées d’une immigration majoritairement italienne et espagnole. L’ambiance s’en ressent dès l’entrée au Brésil : le soir, à la tombée de la nuit, quand nous sortons nous dégourdir les jambes après la douche pour trouver un endroit ou dîner, les rues sont vides, quelques gens font encore la queue à la station d’autobus pour rentrer chez eux, des bureaux ont encore la lumière allumée : ici, on bosse ! Ici, on célèbre d’ailleurs les Bandeirantes ! Nulle part au Brésil nous n’avons croisé le ‘paseo’ du soir, où jeunes et vieux traînent dans les rues et sur les squares pour faire la fête. Ne cherchez sans doute pas plus loin pourquoi le poids économique du Brésil écrase aujourd’hui celui de l’Argentine… Mais pour nous voyageurs, il faut dire que nous préférons les pays qui font le ‘paseo’ ! Quel bonheur de le retrouver dès Puerto Iguazu, en entrant en Argentine ! Sans compter que les commerces y sont ouverts 7j/7 !

Vous verrez dans l’album de photo ci-joint quelques images du paradis qu’a été pour nous l’escale de Noël à Porto Belo, dans la maison de mon cousin Bertrand Côte, sur la plage de Zimbros : grande maison de vacances, posée sur la plage au milieu des maisons de pêcheurs, un peu comme devait être Saint Tropez dans les années 40 : une cohabitation bonhomme entre les pêcheurs Açoréens et la vague touristique, le sable blanc, la forêt vierge, la mer, les casiers à moules et huitres, le ski nautique, les tas de fesses, cuisses et ventres rougis par le soleil… les paysages nous rappelant un peu une île comme Anjouan, aux Comores. Bertrand est un de ces incorrigibles aventuriers des affaires, au Nigéria dès ses 24 ans, puis éleveur de bétail au Paraguay, avant d’émigrer au Mato Grosso do Sul ; sa femme Françoise est une cavalière émérite de concours hippiques, qui l’aide à gérer leur fazenda du Mato Grosso do Sul ; leur fils Marius, 19 ans, poursuit ses études en Grande Bretagne. Leur accueil nous permit de nous reposer de nos premiers 2.000 kms, et de terminer notre ‘mue’ de croisiéristes à motards : grasses matinées, ballades, aquarelles et blog ; quel Noël ‘en famille’ ! Cette cousinade, éloignée tant par le sang que par la distance, a révélé nos mêmes atomes crochus d’expatriés, autant que, semble-t-il, des qualités communes descendant sûrement des familles de la Brosse, Chaper ou Perrier, n’est-ce pas Bertrand ?!

Mais il fallait bien repartir ! Les chutes d’Iguaçu nous attendaient ! Nous y passerons deux jours entiers, sans trouver le temps d’aller visiter les magasins duty free du Paraguay voisin ; vous verrez dans l’album de photos joint ce festival d’eaux et de forêts !

La dernière étape avant notre retour à Buenos Aires nous laissera un souvenir impérissable. Marc, Toya et leurs trois enfants habitent une charmante maison de brique et bois à Candelaria, petite ville de campagne dans l’Etat argentin de Misiones, et vont bientôt déménager dans leur nouvelle maison de Posadas. Neveux éloignés du côté de Véronique, ils nous ont accueillis … le 31 décembre… comme des proches, avec chaleur et simplicité, malgré les coupures d’eau et d’électricité, comme si nous nous connaissions depuis toujours. Marc travaille d’arrache pied sur un projet de production de ‘stevia’, cette plante dont la feuille est un édulcorant naturel promis à remplacer un jour l’aspartam ; Toya est expert comptable ; ils gagnent leur vie tous deux en indépendants, à la maison : quel exemple de courage et d’esprit d’initiative … puissent-ils faire fortune avec leur projet !

Je ne vous parle pas en détail de l’intéressante visite que Marc nous a emmené faire dans les ruines de deux des ‘Réductions jésuites du Paraguay’ proches de chez eux ; l’essentiel est dans l’album ci-joint. Mais il faut croire que cette terre des ‘Misiones’ fertilise aussi l’inventivité de ses habitants : quelle magnifique utopie fut l’histoire de ces ‘Réductions’ !

C’est donc de chez ces jeunes Pincemin que nous sommes entrés en 2013. Le surlendemain, après 1.100 km de lignes droites par une température presque printanière, nous entrions dans l’immense banlieue de Buenos Aires, où Felipe nous attendait dans l’appartement de ses parents Claire et Laurent Stier. Quel plaisir que d’y séjourner ‘comme des Portenos’ ! Nous vous raconterons cela la prochaine fois.

En attendant, tous nos meilleurs vœux pour la nouvelle année !

Pour accéder à l’album de photos, cliquez sur le lien ci-dessous :

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Ou sur la photo ci-dessus (la carte), puis sur sa vignette ou sa légende.

7 – En Uruguay

7 - En Uruguay

7 – En Uruguay

 

Le lendemain de notre départ de Zarate, nous sommes devant le petit port vieillot de Montevideo (1,5 M d’hab), ‑ ‘la VIème montagne d’Est en Ouest quand on entre dans le Rio de la Plata’ (MONTE VI EO) ‑, coincé entre un cimetière de bateaux, l’énorme immeuble en béton de la douane et la tour futuriste d’Antel, la société locale de téléphone. Cela fait tout juste quatre semaines que nous sommes montés à bord du Grande Buenos Aires, et nous y avons pris nos aises ; il nous faut refaire un paquetage qui tienne sur les motos, enfiler nos bottes et cuirs, descendre les 12 étages avec nos sacs et valises, puis retrouver nos motos dans la cale… c’est facile… elle est vide. Ce qui est moins facile, c’est de constater que la moto de Véronique refuse de démarrer, et que la mienne a la roue arrière crevée. Je finis par remonter les deux motos jusqu’à la porte de la cale ; le switch général était sur OFF… l’émotion sans doute… pour la première ; pour la seconde, Hervé me prête le compresseur portatif de son camping car, et c’est celui du navire qui refait le plein d’air, en espérant que le pneu tiendra jusqu’au premier réparateur trouvé en ville. Une heure plus tard, nous sommes dans la circulation en ville ; ‘pinchazo’, c’est comme çà qu’on dit crevaison ici à un motard qui roule à côté de nous ; c’est un avocat, qui nous guide chez un réparateur à quelques blocs de là. Une demi-heure plus tard, nous sommes à la recherche d’un hôtel ; le premier conseillé par Petit Fûté, soi-disant toujours plein, nous offre une chambre vieillotte et charmante, en haut d’un vieil ascenseur des années trente ; le Wifi capte fort bien dans la chambre ; le luxe, quoi ! Nous faut-il vraiment repartir dès demain sur la route ? Nous n’avons même pas visité la ville ! Après un dîner sur une place où un orchestre entraîne les convives de tous âges dans des sambas plutôt sages, ambiance très ‘paseo’, nous décidons que notre ‘mue’ de l’état de croisiériste à celui de routard nécessite au moins un jour de plus.

On nous a décrit l’Uruguay comme ‘la Suisse de l’Amérique latine’. Et effectivement, la vieille ville regorge de banques différentes, logées dans des immeubles cossus, à l’architecture pompeuse ; ses distributeurs de billets proposent au choix le peso ou le dollar, lequel est accepté partout. Quant à la sécurité, nous avons fait l’expérience de son statut de parmi les 30 villes les plus sûres du monde : j’ai oublié à deux reprises mon sac à dos en ville, sans parler des clés sur le contact de ma moto pendant plusieurs heures… il va vraiment nous falloir reprendre des habitudes de routard ! Toute la ville marie les styles architecturaux les plus éclectiques, du Haussmannien pur jus au délire de béton sorti tout droit de l’imagination d’un auteur de bandes dessinées. Et pourtant, pour la première fois depuis le début de nos voyages, aucun sentiment de dépaysement, ou plus précisément, il est dépaysant de constater que, si loin de chez nous, les gens qui nous entourent sont à l’évidence tous européens, chrétiens, blancs, avec pratiquement les mêmes us et coutumes que nous.

L’Uruguay est un petit pays (3,5 M d’hab) qui n’est pas seulement étonnant par son architecture : créé avec la permission des Anglais comme tampon entre les empires espagnols et portugais, se vantant d’être le premier pays d’Amérique du Sud ayant mis en place la démocratie, il a subi la guérilla urbaine des Tupamaros avant d’élire il y a quelques années l’un d’entre eux comme Président. Au début de ce mois, l’Assemblée Nationale y a voté à une très forte majorité le ‘mariage pour tous’ en débat chez nous.

Sur l’excellente route de Colonia de Sacramento, nous faisons le détour par la ‘colonie Nueva Helvetia’ ou ‘Colonia Suiza’, qui maintient les traditions de ses créateurs en 1862 : si on y parle espagnol, les rues portent des noms germaniques, la forme du chalet suisse y estµ très répandue, et on y fabrique du fromage pour toute la sous région.

Nous tenions à faire le crochet par Colonia de Sacramento pour sa vieille ville ; et elle valait effectivement le détour de 400 km : première implantation européenne sur cette côte (1680), par les Portugais tenant à faire appliquer le décret papal de Tordesillas (1494) qui partageait les terres à découvrir entre les deux empires selon un méridien qui leur attribuait cette région, les Espagnols de Buenos Aires réagirent immédiatement. S’ensuivirent des décennies de guerre jusqu’à l’indépendance en 1830. Colonia, par sa position stratégique, en était le premier enjeu. Elle en garde les charmes d’une ville de garnison du XVIIIème s., agrémentés de merveilleuses automobiles des années 30 entretenues avec amour par les locaux.

Les 700 km qui nous séparent alors de la frontière brésilienne sont avalés en deux jours. Les pâturages succèdent aux plages, les laiteries aux fronts de mer pour baigneurs, les auberges de jeunesse à 80US$ la nuit aux cabanes en bois hippies à 90US$ : c’est que c’est le début des vacances d’été ici, et que les plages, très Sea Sex & Sun, sont prises d’assaut par des touristes venus de toute la région, et notamment d’Argentine. Nous transpirons beaucoup sous nos cuirs quand il fait beau avec 34°, nous sommes trempés quand c’est l’orage tropical à 28°, quoi qu’il arrive, à l’arrivée, nous sommes à tordre ! Véronique assure, même quand la ‘nationale 10’, qui longe la côte, se termine par 40 km de piste, puis par un bourbier devant lequel il faut faire demi tour ; et tout autant quand l’asado (en français : ‘barbecue’) convivial du ‘El Diablo Tranquilo’  de Punto del Diablo, très ‘auliounidizlove’, promis pour 21 h n’arrive qu’à 23h alors que nous avons encore 400 km de route pour le Brésil le lendemain : ils sont gentils, tous ces jeunes routards, et très causants, en n’importe quelle langue !

Nous vous écrivons d’une magnifique plage sauvage de sable blanc bordée de bateaux de pêche où nous sommes depuis quatre jours ; nous sommes à 300 km au Sud de Curitiba, chez Bertrand et Françoise Côte. C’est le paradis.

On vous raconte çà au prochain chapitre ! En attendant, ce soir, c’est Noël sous les tropiques, le premier que nous passons sans aucun de nos enfants depuis 40 ans.

Nous vous souhaitons à tous un joyeux Noël, ainsi qu’une heureuse, sainte et fertile année 2013 !

 

POUR ACCEDER A L’ALBUM, CLIQUEZ SUR :

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6 – Escale à Buenos Aires

6 - Escale à Buenos Aires

6 – Escale à Buenos Aires

 

 

Désolés pour l’immense retard à vous donner des nouvelles, qui n’est pas dû seulement à la panne de ‘Blogs de voyage’ ! Nous aurions tant d’aventures et de rencontres à vous faire partager ! Notre première rencontre avec nos cousins argentins, notre débarquement à Montevideo, nos premiers tours de roues sur les routes sud américaines, la côte et les prairies uruguayennes, les délices de l’accueil par mes cousins les Côte sur les plages estivales de la presqu’île de Porto Belo au Brésil, après 2.000 km au compteur. Mais à chaque jour suffit sa peine, aujourd’hui, nous allons tenter de vous dire notre émotion à mettre enfin le pied dans cette Argentine tant espérée.

Le bateau finit par arriver à Zarate vers 3 heures du matin du lundi 10 décembre, après sa remontée du Parana ; je suis réveillé par une forte odeur de végétation et de terre humide, et sort sur le pont en pyjama, accueilli par un magnifique ciel étoilé et une étoile filante. Le lendemain matin, ce n’est qu’à 15 h. que nous avons l’autorisation de descendre à quai et sortir du port : le Capitaine nous avait donné une permission jusqu’à 9h du matin le surlendemain mercredi, et nous avions à y régler mille choses pratiques ! Dans quelques jours, nous serions au guidon de nos motos, et il fallait trouver avant notre débarquement à Montevideo une assurance nous couvrant en Responsabilité Civile au tiers pour tous les pays du Mercosur (Uruguay, Brésil, Paraguay, Argentine, Chili, Bolivie et Pérou). Nos compagnons avaient une adresse à Zarate, SANCOR, où nous pouvions espérer régler la question. Mais si les gens sont très gentils à Zarate, ils ne sont pas très opérationnels ! L’énorme orage qui nous avait accueillis en débarquant du bateau, avec dix minutes de grêle, avait coupé les communications avec Buenos Aires, et il nous fallait revenir le lendemain pour traiter avec SANCOR. Il nous fallait aussi trouver un téléphone ‘argentin’ pour les dix semaines que nous allions y passer, et cela nous prendra plus d’une heure … Et il fallait surtout, dès notre téléphone argentin opérationnel, prendre contact avec les cousins qui nous attendaient, ainsi qu’avec Sylvie et Guy, Alsaciens partis quatre mois avant nous avec leurs motos, et arrivés quelques jours plus tôt à Buenos Aires. Sans parler de trouver un café Internet avec une connexion suffisamment bonne pour mettre en ligne nos chapitres ‘Rio de Janeiro’ et ‘Santos’, et lire et répondre à tous les emails de nos enfants et amis : Quelle excitation après toutes ces journées d’anesthésie dans notre cargo ! Quelques heures plus tard, sous la pluie qui continue à battre Zarate, presque tout est réglé : nous avons rendez-vous pour dîner et coucher le lendemain à Buenos Aires chez Claire et Laurent Stier, après apéritif chez Miguel de Larminat.

Le lendemain matin, un taxi nous dépose à Florida, dans le centre de Buenos Aires, à quelques blocs d’ATM, le seul assureur international n’assurant que des motos, affirmant assurer plus d’un million de motos dans le monde ; il est 10h15, et quinze personnes font la queue devant une porte fermée… notre première expérience de l’art célèbre des Portenos de faire la queue : les bureaux n’ouvrent qu’à 10h30 ; à 10h25, la porte s’ouvre, les gens s’asseyent dans leur ordre d’arrivée sur des chaises alignées, et 5’ plus tard, ils sont appelés les uns après les autres ; une secrétaire vérifie pourquoi ils sont là, s’ils ont les bons papiers, etc… Notre tour vient vite… nous ne sommes pas au bon endroit… Même procédure Avenue San Martin quelques centaines de mètres plus loin : notre cas semble simple, et nous en ressortons moins d’une heure plus tard, avec la promesse d’avoir nos cartes vertes par email sous 48 heures ; nos compagnons finiront par traiter avec SANCOR à Zarate, mais à un coût 30% plus élevé. Nous avons alors quelques heures devant nous pour flâner dans ce centre ville de Buenos Aires. Le soleil est revenu, sans plus le moindre nuage, et nous découvrons qu’il peut faire vraiment chaud en été à Buenos Aires. Après un petit tour de la place San Martin à la place de Mayo par Florida, et un long stop dans un self équipé de Wifi à poursuivre notre courrier – nous en avons été sevrés pendant tout un mois ! ‑, nous nous retrouvons dans le métro pour rejoindre Belgrano où habitent nos cousins Stier.

La simplicité de leur accueil est la hauteur de leur gentillesse. Nous avions croisé Claire et Laurent en France trois ans plus tôt ; ils visitaient leur fils Nicolas venu compléter ses études d’agriculture à Toulouse. Leurs trois autres enfants sont là, l’aîné, Philippe, 26 ans, qui vient de s’acheter une moto pour partir, comme nous, sur les routes patagonnes : nous avons beaucoup à nous dire ! Sophie, puis Martin, puis le père Laurent arrivent, bientôt rejoints par Gérard et Marie Pincemin. Marie est la grande sœur de Claire, la troisième de la fratrie de dix neuf, alors que Claire est la treizième. Gérard et Marie ont eux-mêmes quatorze enfants, que nous avons commencé à rencontrer à Paris ! Quelles familles ! Qui ont grandi et se sont perpétuées si loin de nous ; leur fondateur – Jacques de Larminat n’avait pas vingt ans ‑ a été envoyé par son père au tout début du XXème siècle acheter une estancia du côté de San Martin de los Andes, le ‘Cerro de los Pinos’. Bientôt rejoint par des frères, puis par des épouses qu’ils venaient chercher en France, ils ont prospéré en Patagonie ; les Larminat, Laxague ou Pincemin sont aujourd’hui des centaines de cousins et neveux installés dans tous les coins d’Argentine, des Missiones ou de Salta au Nord, jusqu’en Terre de Feu à l’extrême Sud. Et notre voyage est une merveilleuse occasion de faire leur connaissance. Non seulement ils nous accueillent en cousins, mais nous nous découvrons d’incroyables affinités et atomes crochus avec cette famille si éloignée de nous aussi bien par le sang que par l’histoire, ou la géographie ! Nous brûlons de découvrir bientôt Marc Pincemin dans les Missiones aussi bien que l’oncle Edouard en Terre de Feu. En attendant, notre Capitaine nous fait savoir que notre permission est annulée, et qu’il nous faut rentrer avant minuit sur le bateau. Gérard et Marie sont de corvée pour nous raccompagner à Zarate, et quelle corvée : l’autoroute est bloquée par des piquets de grève du côté de Campana, et nous n’arriverons qu’à près de 2 h du matin à bord après plus de 4 heures de route ! Dans quelques jours, à nous les routes d’Uruguay !

Pour accéder à l’album PICASA, soit vous cliquez SUR LA LEGENDE de l’album ci-après (là où le titre est répété en petits caractères bleu), soit vous cliquez sur (ou recopiez dans votre barre d’adresse) le lien ci-dessous !

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OU

<table style=”width:194px;”><tr><td align=”center” style=”height:194px;background:url(https://picasaweb.google.com/s/c/transparent_album_background.gif) no-repeat left”><a href=”https://picasaweb.google.com/113501550221338298900/6EscaleABuenosAires?authuser=0&feat=embedwebsite”><img src=”https://lh6.googleusercontent.com/-sMlj63M1uDY/UNn0136–pE/AAAAAAAAKi0/p1hGwAdBapQ/s160-c/6EscaleABuenosAires.jpg” width=”160″ height=”160″ style=”margin:1px 0 0 4px;”></a></td></tr><tr><td style=”text-align:center;font-family:arial,sans-serif;font-size:11px”><a href=”https://picasaweb.google.com/113501550221338298900/6EscaleABuenosAires?authuser=0&feat=embedwebsite” style=”color:#4D4D4D;font-weight:bold;text-decoration:none;”>6 – Escale à Buenos Aires</a></td></tr></table>

 

5 – 4ème semaine : de Santos et Sao Paulo à Zarate

Nous finissons par lever l’ancre et nous mettre en route pour le port de Santos après à peine une douzaine d’heures d’attente dans sa rade ; le temps est lourd et le soleil, pourtant voilé, de plomb. Le climat est ‘tropical’ ici ; il fait penser à celui que nous avions à Lagos, Douala ou Libreville : dégagé et presque frais le matin (22°), de plus en plus brumeux et lourd dès 10 h, il s’assombrit dans l’après midi (35°) pour culminer dans un orage d’apocalypse à la tombée de la nuit. Le front de mer de la ville semble s’étendre sur des dizaines de kilomètres ; en fait, c’est parce que, tout autour de la baie se prélassent les stations balnéaires des ‘Paulistas’, comme s’appellent ici les habitants de Sao Paulo : Praia Grande (‘la Grande Plage’…), l’historique capitainerie héréditaire de Sao Vicente, créée dès 1532, Cubatao, Guaruja… Nous sommes tout près de l’immense Sao Paulo et ses 20 millions d’habitants ; Santos est son port ; Santos est sa plage.

Notre quai est situé tout au bout du port, en remontant d’une quinzaine de kilomètres la lagune de Santos, qui traverse et contourne la ville par l’Est et le Nord, et sur les rives de laquelle est établi le port. Et nous voilà, à nouveau comme au théâtre, installés à 40 mètres au-dessus de la ville, à remonter toute cette lagune pendant une heure, à longer ses quais, ses favelas et bidonvilles, ses industries, ses entrepôts, ses rues, ses églises, ses ferries… A croire que ces cargos sont faits pour le bonheur des touristes ! Malgré le peu de soleil, les couleurs sont étonnantes, et nous nous régalons du spectacle.

A peine le bateau amarré après sa volte aidée par les remorqueurs, que Rémi et Odile sont déjà là, tout en bas, sur le quai, venus tout spécialement de Sao Paulo pour nous ; le Capitaine nous donne la permission de ne rentrer que demain après midi, et nous voilà partis dans les embouteillages du dimanche soir vers Sao Paulo… nous nous sentons comme des collégiens à l’école buissonnière ! Odile est la sœur de la marraine de notre fille Magali ; nous l’avons croisée cet été en Bretagne, alors qu’elle faisait ses valises pour rejoindre son mari fraîchement installé à Sao Paulo ; elle est une grande voyageuse, après des années chez Air France. Quant à Rémi, c’est un impénitent créateur d’entreprises, ayant décidé, à l’âge où d’habitude ‘on se range’, de s’installer au Brésil pour laisser du champ à ses quatre enfants qui ont repris ses entreprises lyonnaises, et puis surtout parce que … c’est là que çà bouge ! Ils prennent tous deux des cours particuliers de brésilien et de yoga dans leur villa proche du parc d’Ibirapuera, le ‘Central Park’ de Sao Paulo, où ils vont courir tous les matins entre 6 et 7. Le lendemain matin, après le jogging, tout le monde se retrouve sur son ordinateur…. trois semaines que les nôtres n’avaient pas eu de connections Internet ! … d’abord vite mettre en ligne le dernier blog, puis lever ses 438 messages, même pas le temps de consulter les nouvelles du monde – la sharia en Egypte ? Al Quaïda au Mali ? la démocratie en Libye ? Le débat sur le mariage gay ? le duel Copé/Fillon ? la crise de l’Euro ? La Palestine à l’ONU ? La guerre civile en Syrie ? – nous verrons quand nous serons posés pour de vrai quelque part, pour l’instant, il faut vite trouver un bus pour redescendre à Santos, le déchargement s’est passé plus vite qu’espéré, et le Capitaine m’a laissé un message sur mon portable !

Et nous revoilà dans nos cellules du Grande Buenos Aires, nos trois repas à 7h30, 11h et 18h, le doux bercement des vagues dans le ronron du moteur et des ventilations. Bientôt on arrive ! Mais on n’a même pas fini tout le programme qu’on s’était donné ! Chacun refait à nouveau ses calculs dans sa tête : nous sommes le 3 décembre, trois jours au maximum pour aller à Zarate, le 6 au plus tard, puis une journée pour rejoindre Montevideo, le 7, non, ajouter deux ou trois jours de travail en Argentine ; çà nous met en Uruguay le 9 ou le 10, c’est bien çà ? Las ! Le mercredi 5 à 14h, le bateau fait un drôle de bruit de vibrations, comme si on roulait sur de la tôle ondulée ( !), je monte sur le pont ; depuis le matin, nous naviguons en plein brouillard, et la corne de brume travaille toute les 5 minutes ; mais là, le brouillard semble plutôt se lever, et ce sont les hélices d’étrave qui sont au travail pour stopper le bateau. Pas moyen de savoir ce qui se passe, l’équipage n’est pas très causant ; les GPS de nos compagnons montrent que nous sommes en plein océan, à 100 km de la côte la plus proche, l’Uruguay, à 300 km de Montevideo, juste à l’entrée du Rio de Plata au fond duquel se trouve Zarate, à 700 km d’ici, sur le fleuve Parana. Une panne de machines pour les uns ? Le brouillard pour les autres ? L’encombrement du port de Zarate pour Gianni, notre steward ? Ce n’est que le lendemain matin au petit déjeuner, alors que nous sommes toujours empannés, que le Capitaine nous donne quelques explications plausibles : le ‘port’ de Zarate se trouve à 10 h de l’embouchure du rio Parana, avec méandres et étroit chenal balisé ; le rio est bordé de nombreuses et très importantes industries métallurgiques ou automobiles, chez qui le Grande Buenos Aires va faire le plein de marchandises à rapporter en Europe. Et comme nous pouvons le constater, toute la région est plongée dans un épais brouillard ; c’est la chaleur humide des plaines de l’Amazone qui se condense au contact des eaux de l’Atlantique ; les navires ne circulent pratiquement plus dans les chenaux du rio Parana, qui est complètement embouteillé. Le Capitaine finit par nous faire la faveur de ses nouvelles prévisions : au mieux dimanche 9 à Zarate, et le vendredi 14 à Montevideo. Panique chez nos camping-caristes, dont trois épouses arrivent par avion bien avant cette date ! Ils obtiennent du capitaine qu’elle puisse rejoindre le bateau dès leur arrivée à Buenos Aires. Dans la nuit du 6 au 7, la mer se lève avec le vent, le bateau encaisse coups sur coups sur sa poupe, qui font trembler tout le bateau. Vers midi, les machines se remettent en marche, et nous nous dirigeons… plein nord, d’où nous venons… juste histoire d’arrêter de prendre toutes ces lames de travers ! Et puis le temps se remet au beau, la mer se calme, nous finissons par reprendre la route de l’Ouest, vers le fond du ‘rio de la Plata’. C’est dès devant Montevideo, à 300 km de l’embouchure des deux fleuves Uruguay et Parana, que les eaux deviennent toute rouge et boueuses, que nous prenons un pilote, qu’un chenal est défini par des bouées, et que commence notre ‘remontée’ du Parana.

Promis, dès notre arrivée à Zarate, on essaie de vous mettre tout çà sur le blog ! Bonne lecture !

 

Album de photos en cliquant sur le lien ci-dessous:

https://picasaweb.google.com/113501550221338298900/5DeSantosAZarate?authuser=0&feat=directlink