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Véronique et Philippe PERRIN ont notamment travaillé pendant près de 25 ans en parcourant l'Afrique Noire, avant de s'épuiser en sédentaires à Paris en rêvant de découvrir d'autres parties du monde. A l'âge de la retraite, après avoir élevé leurs 5 enfants, ils ont décidé que leurs rêves deviendraient réalité.

4 – La Vallée du Térébinthe et les grottes d’Adullam

18 novembre 2014

18 novembre 2014

 

 

Nous avions le cœur lourd ce matin en rejoignant la voiture de nos copines Shari et Hannah, qui nous  emmenaient en escapade au sud-ouest de Jérusalem, toujours à la recherche, dans leur métier de guide, de nouveaux sites à explorer. Nous venions d’apprendre l’attentat commis dans  une synagogue d’Israël par deux jeunes Palestiniens vivant dans Jérusalem Est (la partie annexée par Israël, de laquelle ils peuvent librement passer dans Jérusalem Ouest). Un peu égoïstement, on se disait cependant que pour nous touristes, et contrairement à deux des autres attentats récents, il s’agissait d’une attaque  « ciblée », moins dangereuse pour nous qu’une attaque « aveugle » à la voiture piégée ou à la voiture bélier. Du coup, nous avons reporté la visite programmée pour demain du tombeau des Patriarches à Hébron. En attendant, nous avons passé une superbe journée à la campagne, autour de la vallée du Térébinthe (clin d’œil à Zénon), et attendons de pied ferme Anne et Christian dans 48 heures.

Pour tout savoir sur les traces bibliques repérées dans cette région, cliquez sur :

https://picasaweb.google.com/113501550221338298900/18Novembre2014?authuser=0&authkey=Gv1sRgCKT9nf-Rq93ucA&feat=directlink

 

3 – Avec Sharon et Georges, entre Givat HaMatos et Jérusalem Est

17 novembre 2014

17 novembre 2014

 

 

 

 

Renée a encore fait fort aujourd’hui ! C’est d’abord Sharon qui passe nous prendre chez nous avec sa voiture pour nous emmener sur le terrain, nous faire bien comprendre les causes profondes de la politique d’implantations et de colonisation de l’actuel gouvernement d’Israël, à partir d’exemples concrets.

Sharon est membre de l’ONG « Ir-amin » ; celle-ci surveille toute action sur Jérusalem Est susceptible de désavantager une communauté ou rendre impossible un règlement définitif du statut de la ville. Elle informe le public et les députés de la Knesset ; elle est habilitée à saisir la Cour Suprême ; elle publie des analyses ; elle organise des « tours » dans la banlieue de Jérusalem autour du mur de séparation et des nouvelles implantations.

Sharon nous emmène sur la colline de Givat HaMatos, où la Municipalité a prévu de construire un ensemble immobilier de 2.600 logements. Il apparaît, sur les plans et cartes qu’elle nous montre (cf. l’album de photos joint), que cette implantation, à cet endroit là, a surtout pour but de parachever l’isolement du village arabe de Beit Safafa, par ailleurs dépecé par une nouvelle route, afin de l’entourer complètement d’implantations juives. L’ensemble des documents qu’elle nous montre indique que cette politique est menée de façon systématique dans le « Grand Jérusalem » : l’important pour le gouvernement n’est pas tant de construire à tout va pour loger de nouveaux immigrants ; et de construire sur des terrains prélevés dans les Territoires parce qu’il n’y aurait plus de place « en Israël » ; il y a toute la place qu’on veut pour construire en Israël. L’important pour le gouvernement est de faire venir des gens pour habiter au milieu des villages palestiniens ; afin de les noyauter ; de les encercler par des implantations ; d’empêcher toute continuité dans les zones d’habitations arabes ; de judéiser le pays ; de faire en sorte qu’un état palestinien ne puisse pas naître, ni être viable ou cohérent, ni se développer aux côtés d’un état juif.

Cette politique menée avec persévérance, malgré toutes les condamnations internationales, s’applique, semble-t-il, sans trop de difficultés parce que la démocratie israélienne ne fonctionne politiquement qu’avec des minorités agissantes, en premier lieu la droite alliée aux partis religieux. L’immense majorité du corps électoral n’a pas d’autre vision politique que de vivre en sécurité dans un pays aux frontières sûres. La construction du mur de sécurité a mis fin aux attentats. La construction des colonies et des nouvelles implantations offre des possibilités de logement à proximité immédiate de la Jérusalem tant désirée ; certes, le voisinage de villages arabes est un réel désagrément, sans parler du danger objectif d’attentats ; mais les conditions financières sont tellement intéressantes que le gouvernement n’a pas de mal à trouver des candidats acquéreurs.

La logique d’une telle politique est apparue pendant notre voyage, lorsque le premier ministre « Bibi » Netanyahou, le 24 novembre, a défendu devant la Knesset un projet de loi visant à renforcer le caractère juif de l’Etat d’Israël, en le définissant non plus comme « Etat juif et démocratique », mais comme « l’Etat-national du peuple juif ». En tant « qu’Etat juif et démocratique », la poursuite de la politique des implantations viserait logiquement à une intégration (forcée) des Palestiniens à l’Etat d’Israël – un peu comme les « Arabes-israéliens » sont actuellement intégrés. En revanche, un « Etat national du peuple juif » ne laisse plus de place à des citoyens non juifs… La réaction ne s’est pas fait attendre : grosse manifestation quelques jours plus tard devant le domicile de « Bibi » aux cris de « Bibi pyromane », révocation des ministres des Finances et Affaires Etrangères, dissolution de la Knesset, nouvelles élections en mars prochain…

Et qu’en disent donc les Palestiniens ? Dans la foulée, Renée nous a pris un rendez-vous avec une autre de ses relations, Georges, chrétien arabe né à Jérusalem Est. Georges travaille pour l’Agence de tourisme qui nous a réservé nos logements pour notre tour du pays la semaine prochaine ; il est guide, lui aussi. Il nous attend porte de Jaffa, et nous nous retrouvons à la table d’un café dans le quartier chrétien, où le patron nous offre la tournée.

Nous passons une grande heure avec Georges, Arabe chrétien né il y a trente ans dans Jérusalem Est. Lors de l’annexion, Israël lui a proposé de devenir “Arabe-israélien” ; ce qu’il a refusé, comme la plupart des Palestiniens concernés. Il détient donc un passeport jordanien, qui ne lui donne aucun des attributs de la citoyenneté jordanienne ‑ en Jordanie, il ne peut ni voter, ni acheter d’immeuble, ni travailler ‑, mais lui permet de circuler à l’étranger. Il nous parle longuement de sa famille, des difficultés de son statut, et de sa vision de l’avenir du pays. Sa sœur est la première femme Palestinienne à avoir obtenu une licence de pilote de ligne, après une formation à Amman en Jordanie ; le premier boulot qu’elle a trouvé était à Gaza, mais, au bout de quelques mois, l’aéroport a été détruit par les Israéliens ; après avoir trouvé un travail en Jordanie, elle n’a pas pu le faire valider… les Palestiniens sont « non grata » en Jordanie ; ils peuvent suivre des formations, mais pas y travailler ; alors sa sœur travaille dans un bureau, à l’Aviation Civile israélienne.

Georges est réaliste, et fataliste ; il se rend bien compte que le morcèlement du Territoire Palestinien, tous les travaux d’infrastructure que les Israéliens y font, les routes, les implantations, les lignes à haute tension, les travaux hydrauliques, etc… ne pourront que difficilement revenir à un Etat Palestinien indépendant. Il reconnaît que la meilleure solution, aujourd’hui, serait sans doute que les Palestiniens, si Israël le leur propose, deviennent purement et simplement des citoyens israéliens, « Arabes-Israéliens ». Mais le sujet est tout à fait tabou, pour tout le monde. D’une part, il n’est pas du tout sûr que les Israéliens le leur proposent ; le déséquilibre démographique serait trop important ; et la question de la sécurité se poserait à nouveau de façon aiguë. Et d’autre part, il est interdit d’en parler pour un Palestinien ; ce serait une traîtrise au combat pour une Palestine indépendante. Comme ceux que nous avons entendu avant hier à Bait Jala, Georges va glisser dans une même phrase que Juifs et Arabes pourraient se regarder comme frères, et que, de toutes façons, sur le terrain, pratiquement, il est impossible qu’un Etat Palestinien puisse surgir, que la solution d’un unique Etat binational serait concrètement la meilleure solution… mais en insistant, contre toute logique ou bon sens : “dans les frontières de 1967″…

Et qu’en disent les colons ? Renée nous a aussi ménagé un entretien avec une amie d’amie, dans une colonie implantée le long du Jourdain, pas très loin de Beitshean. Nous la rencontrerons la semaine prochaine.

Vous verrez toutes les photos et les commentaires en cliquant sur :

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Bonne lecture, et… n’hésitez pas à m’envoyer des commentaires sur ces sujets brûlants d’actualité !

2 – Après Lod et Ramla, une promenade sur les toits de la Vieille Ville

16 novembre 2014

16 novembre 2014

 

 

 

 

 

Renée, Shari et Hannah sont toutes les trois guides ; en ce moment, avec les résonnances internationales des tensions dans le pays, les anglo-saxons ne viennent plus trop pèleriner ici, et, parmi les ouest-Européens, il n’y a plus guère que les Français qui viennent en nombre. Au total, il y a toujours beaucoup de visiteurs, mais ce sont surtout des Asiatiques, ou des Européens de l’est, qui viennent par des réseaux différents. Du coup, c’est un peu le chômage technique pour elles ; aussi, en ce dimanche, qui est ici « pour de vrai » le premier jour de la semaine travaillée, elles nous ont proposé d’aller découvrir ce que cache l’anniversaire de la translation des reliques du célèbre St Georges à Lod, l’ancienne Lydda, du côté de l’aéroport international.

Nous trouvons l’endroit, nous sommes à l’heure, il pleut, nous nous réfugions dans la basilique bondée… mais au bout de 45’, après avoir fait le tour des lieux, comme le soleil semble pointer son nez, nous ressortons pour nous trouver plongés dans un souk : les visiteurs continuent à affluer, les marchandes de crêpes et pistaches ont envahi les trottoirs, il n’est encore que 10 h, non , nous n’allons pas attendre que le Patriarche sorte avec les reliques, ni la procession dans la ville.

Direction Ramla, quelques kilomètres plus au sud : fondée par les Arabes au VIIème s., seigneurie du temps des Croisés ‑ qui l’identifièrent avec l’Arimathie du Joseph qui vient réclamer le corps de Jésus ‑, Ramla (70.000 hab) fut capitale de la Palestine jusqu’au XIème s. Elle conserve quelques monuments intéressants, comme une « Tour blanche », ancien minaret du 14ème s., une étonnante citerne abbasside souterraine (8ème s.), et surtout une des quatre plus grandes églises laissées par les Croisés, aujourd’hui mosquée de Ramla.

A notre retour à Jérusalem, Renée nous emmène pour une extraordinaire promenade sur les toits de la Vieille Ville au coucher du soleil.

Voilà une journée comme nous en rêvions : sortir des sentiers battus, vivre en Israël comme des Israéliens, débattre à bâtons rompus avec des gens d’ici des grandes questions du moment, nous frotter aux (très !) différentes composantes de la société… Merci Renée !

Toutes les photos et commentaires sont sur :

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1 – Manifs de Jérusalem à Bait Jala

Manifs de Jérusalem à Bait Jala

Manifs de Jérusalem à Bait Jala

 

Renée, nous la connaissons depuis août 1993 ; elle était notre guide pour notre premier voyage « chez elle » ; et en plus, elle avait un pied à terre à Paris, à deux pas de chez nous, au marché d’Aligre ! Où elle vient souvent ; nous sommes alors vraiment devenus amis ; elle n’a pas son pareil pour poser les bonnes questions impertinentes ; elle cherche ; elle veut savoir quoi ! Dans toute la complexité du quoi ! Et, comme vous le savez, dans son pays, avec la complexité du quoi, elle a de quoi s’entraîner !

Nous étions retournés brièvement là bas en 2005, à l’issue d’un pèlerinage « Exode », des Pyramides à Jérusalem par le Sinaï et la « route des Rois » en Jordanie : un vrai goût de trop peu ! Et nous avions continué, pendant ces vingt dernières années, à rencontrer régulièrement Renée, qui nous disait : « Mais venez me voir chez moi ; je vous montrerai mon pays comme vous ne l’avez jamais vu ! ».

Et entre temps, retraités, nous nous étions mis à la moto, pour en poser les roues sur tous les continents ; nous avons commencé par le tour de la Méditerranée. Le 1er janvier 2011, nous les débarquions à Tunis… avec l’idée, puisque les frontières de l’Egypte et de Jordanie sont ouvertes, de sillonner tout Israël, puis de rejoindre la Turquie par Chypre. Tout au long de la longue traversée de la Libye, nous avions donc Renée sur Skype, qui affichait fièrement « Al Qods » ! Mais les « Printemps arabes » nous ont rattrapés en Egypte ; après être restés bloqués pendant 10 jours en Egypte à 300 km d’Alexandrie, nous devions faire demi-tour, la mort dans l’âme (Cliquez ci-dessus à droite sur Chap 3 A motos en Tunisie, Libye, Egypte).

Donc, nouvelle tentative cette année ; nous irons bêtement en avion ; nous ne nous laissons pas impressionner par les roquettes du Hamas de cet été, ni par les décapitations dans le désert syrien, ni par les voitures bélier à Jérusalem Ouest la veille de notre arrivée : nous savons bien que ce pays est le mieux sécurisé du monde !

Nous avons demandé à Renée de nous faire comprendre la situation politique de son pays, et notamment la question des colonies : vue de chez nous en France, la colonisation ne cesse de faire l’actualité, et semble bloquer toute possibilité d’avancer dans une solution du problème israélo-palestinien, un des cancers du Moyen Orient : est-il envisageable d’aller dans « les Territoires » ? Dans une colonie ? De rencontrer des Palestiniens ? Des colons ?

Nous arrivons chez elle en taxi dans la nuit… Après une bonne grasse mat’ – Renée n’était pas là à notre réveil, mais partie pour un anniversaire… dans les Territoires… – dès notre premier jour à Jérusalem, elle nous emmène dans l’après-midi … à une « manif » pro-palestinienne ! à Jérusalem Est. Renée a passé quelques coups de fil à ses copines de « La Paix Maintenant » ; là-bas, nous retrouvons Nora ; c’est une manifestation qui se tient à la même heure tous les vendredis ; nous n’étions que quelques dizaines avec des panneaux demandant l’arrêt de la colonisation. Les voitures arabes qui passaient klaxonnaient en faisant le V de la Victoire, mais il n’y avait avec nous que deux arabes qui avaient été expulsés d’une maison proche ; nous avons croisé de nombreux juifs hassidim (ultra – orthodoxes) habitant dans ces maisons réquisitionnées (ou récupérées avec des titres de propriété juifs datant de l’Empire Ottoman), où cohabitent encore partiellement les anciens propriétaires… Le soir, c’est shabbat ; nous avons été le célébrer chez des voisines de Renée : chants, bénédictions, bonne cuisine végétarienne et discussions politico-religieuses sur Le Mur (celui du Temple, où a prié Jean Paul II) ou le mur (celui qui sépare Israël des Territoires, où a prié François).

Le lendemain, c’est donc shabbat, personne dans les rues. Renée nous emmène participer à une autre manifestation, cette fois contre le mur de séparation. Départ en taxi  vers 10h30 en direction du grand stade, où nous attendent un car venu de Tel Aviv et un autre pour nous ; nous sommes une centaine de personnes ; nous avez rendez-vous au sud de Jérusalem, dans les Territoires, à quelques kilomètres de Bethlehem, le long de la grande route « 60 » qui va à Hébron et Beer-Shev’a. Pour quoi y faire ? C’est ce qu’on nous  explique pendant la 1ère heure avant de partir : en gros, un jeu scénique devant le mur de séparation ; des Palestiniens  seront réunis sur le même jeu scénique au même moment de l’autre côté de la séparation ; entre colombes de la paix ‑ aimables petits anges ‑, pancartes, effigies, drapeaux et simulacre de mur, il faut faire  comprendre que le mur doit tomber ! A 13h30, nous allons retrouver nos nouveaux amis Palestiniens chez  eux à Bait Jala pour un petit meeting sous les oliviers. Et à 16h, une heure avant la nuit, Renée nous emmène sur une promenade pas loin de chez elle, d’où se déroule l’inoubliable panorama de la Ville Sainte au coucher du soleil.

Vous trouverez toutes les photos, avec de nombreux commentaires, sur ces deux premières journées en cliquant sur :

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20 – De Lima à Paris

20 - Retour à Paris

20 – Retour à Paris

Eh bien nous voilà de retour à Paris, sains et saufs après notre grande évasion de six mois et 20.000 km à motos. Enfants et petits enfants nous ont fait la fête ; ils ont mûri et grandi pendant trop longtemps sans nous ! Nous sommes en bonne santé, et nos motos, en tout aussi bonne santé, ont fini par nous rejoindre à Paris, également par avion. Cela paraît simple ? Cette fin de voyage aura pourtant été la plus laborieuse de tout notre parcours !

Lima, d’abord, est de loin la ville la moins sympathique que nous ayons visitée… Métropole de 9 millions d’habitants, la « ville des Rois » n’a pas gardé beaucoup de traces, et encore moins de charme, de son glorieux passé de capitale de la Vice Royauté du Pérou. Pizarro l’avait choisie pour sa proximité – toute relative ! – avec l’Espagne, loin des Cordillères et de l’Altiplano, là où vous pouviez sauter dans un galion pour l’Espagne, ou en recevoir les nouvelles ‘fraîches’. Mais le climat de ce bord de mer est malsain ; l’océan Pacifique y est glacial et, comme à Valparaiso, la ville n’est pas tournée vers la mer. De plus, c’est encore le désert littoral : il ne pleut jamais à Lima (moins de 2cm par an), ce qui fait que la ville – longtemps la capitale du guano – jamais nettoyée par la pluie, est sale, et en permanence recouverte d’un « smog » provoqué par la différence de température entre l’océan et le désert.

Et c’est dans cette ville que nous sommes restés bloqués 12 jours, découvrant les arcanes mystérieux des procédures d’exportation, apparemment durcies par la DEA (l’administration américaine qui lutte contre le trafic de drogue) omniprésente ici ; le Président Evo Morales, l’avait expulsée de Bolivie en 2011 ; au Pérou, après quatre jours de procédures pour mettre nos motos dans un container maritime, il apparut que nous ne pourrions pas les y conduire nous-mêmes, d’où des frais (d’emballage, de manutention…) tels que la solution avion redevenait compétitive. Mais il apparut qu’elle exigeait que nous produisions notre billet d’avion avant de pouvoir commencer les formalités douanières… Confiants dans notre transitaire, et épuisés par dix jours de démarches, nous avons enfreint la règle que nous nous étions fixés de ne pas abandonner nos motos sans leur titre de transport. Et çà n’a pas loupé ; dès notre arrivée à Paris, la douane péruvienne nous cherchait des poux sur le contenu de nos déclarations à l’entrée au Pérou, trois semaines plus tôt, à la frontière bolivienne. Pas à pas, sans nous énerver, nous avons pu gérer le problème à distance… et trois semaines après notre retour, nous étions invités à aller chercher nos motos à Roissy, où la douane française sait aussi bien qu’au Pérou mettre nos nerfs à l’épreuve en exigeant que nous coupions les cheveux en quatre… Plus de précisions sur Lima comme sur le transport de nos motos et leur coût dans l’album de photos joint !

Un mois tout juste que nous sommes revenus à Paris… que l’atterrissage est long et difficile ! Nous sommes moulus dans nos corps et dans nos têtes ! Nous avons vraiment vécu que le mot anglais ‘travel’ est de la même racine que le mot français ‘travail’ ! Et ce n’est qu’au retour que nous prenons conscience que partir six mois sur la route, c’est vraiment ‘décoller’ du quotidien : on s’en affranchit en effet comme on ‘décolle’ en avion ; dès que notre cargo a largué ses amarres du port du Havre pour prendre la direction du Golfe de Gascogne et de l’Afrique, et que nous prenons possession de notre cabine pour trois ou quatre semaines, nous nous trouvons face à un immense ‘espace-temps’, devant nous. Et tout ce et ceux que nous laissons derrière nous s’éloignent dans un autre monde, toujours aussi réel et vivant certes, mais de la même nature que les banlieues, embouteillages et villes que nous voyons diminuer rapidement alors que l’avion prend de la hauteur à travers les nuages, pour nous retrouver dans un ciel infini et immaculé.

Pendant une durée de six mois, c’est le calme, le recul, et l’éloignement des soucis terrestres ; les nuages, miasmes, et activités de tous ceux qu’on aime nous deviennent quelque part ‘terre à terre’, restent collés au sol, et on regarde vers les cieux, vers d’autres cieux et de nouveaux horizons. Notre vie n’en reste pas moins difficile, pleine de stress, d’inconnu, de ‘travail’ et d’obstacles à surmonter ; un peu comme Jonathan, vous connaissez ? Livingston, le Goéland… Il y a les goélands qui volent derrière les chalutiers et s’assemblent sur les plages, et ceux qui, jours et nuits, s’esquintent à voler… seulement pour voler, toujours plus haut et plus loin !

Au retour dans notre petit appartement parisien, il nous faut donc réapprendre à vivre ‘normalement’, et là aussi, c’est laborieux ! Il y a une pile de courrier, il faut remplir plein de ‘déclarations’ qui nous relancent sous peine de ‘perte de droits’, retrouver des relevés, des chiffres, des tableaux, des mots de passe, des adresses ; il faut changer les cartouches d’encre de l’imprimante, payer des factures, acheter des enveloppes, des timbres ; participer avec nos voisins à la décision de changer ou pas le système d’interphone… Il y a aussi les faire part : de naissance, de mariage, de décès ; le monde a vécu intensément sans nous ! Et nous reprenons contact peu à peu avec la réalité.

Il nous faut nous réinsérer dans des rythmes, des habitudes : le café du lundi, la piscine du mercredi, le brunch familial du week end, un abonnement théâtre, mille activités qui doivent remplir un agenda … Faute de nous déplacer dans l’espace, c’est le temps qu’il convient maintenant de rythmer par des balises… Et puis, de déjeuners de copines en dîners d’amis, d’une expo ici à une conférence là, cette vie bien remplie de sédentaire citadin ‑ à construire avec mille tentations d’autant plus exigeantes que nous en avons été privé longtemps ‑ apparaît paradoxalement beaucoup plus éclatée ou dispersée qu’un avenir inscrit sur une carte à découvrir en vrai. « ‘Ailleurs’ est un mot plus beau que ‘demain’ » disait Paul Morand.

Heureusement, nous avons des souvenirs plein la tête, et une multitude de nouveaux amis. Et puis, il reste du boulot avant de classer notre aventure : d’abord réparer le blog, brutalement saboté il y a six mois par WordPress (çà y est, c’est fait, vous pouvez accéder à tous nos voyages précédents de manière inégalée !), préparer les albums papier, remercier les cousins argentins pour leur accueil et tous ceux qui nous ont soutenus pendant notre aventure, reprendre contact avec tous ceux qu’on a croisés sur la route et… préparer les voyages suivants !

Nous espérons à bientôt pour un nouveau périple !

19 – Le Pérou, du Titicaca à Lima

19 - Le Pérou, du Titicaca à Lima

19 – Le Pérou, du Titicaca à Lima

 

Le Pérou est un grand pays (30 M d’habitants, 1,3 M km², plus de deux fois la France) s’étendant à cheval sur les Andes culminant à près de 7.000 m, s’étendant sur plus de 2.000 km du nord au sud, et 1.000 km d’est en ouest, de la forêt amazonienne jusqu’aux déserts longeant la côte de l’Océan Pacifique. Nous y sommes entrés par le sud-est, en suivant les rives du lac Titicaca (3.800 m), et avons parcouru d’abord tout l’Altiplano péruvien jusqu’à Cuzco (500.000 hab), l’ancienne capitale inca, dont son conquérant espagnol, Pizarro, rapportera à son roi Charles 1er, juste après la conquête de la ville en 1533 : , « C’est une ville si belle, qui possède de si élégants édifices qu’elle serait remarquable en Espagne même » ; cela ne l’empêcha pas de la piller et surtout de la détruire ; seul son plan en damier (hippodamien !) et ses fondations ont survécus. Le seul problème du lac Titicaca et de Cuzco, c’est l’altitude ; car, honnêtement, nous ne nous serons jamais vraiment habitués à séjourner si longtemps si haut ! Et pourtant, nous aurons passé un bon mois sur l’Altiplano, avec plusieurs pointes jusqu’à 5.000 m… les motos, elles, se sont montrées à peine un peu poussives, en tous cas beaucoup moins que nous, avec nos mâchouillements de feuilles de coca !

Nous avons pu malgré tout sillonner pendant huit jours la région de Cuzco à pied, en taxi, en car, en train ou à moto ; les paysages et les gens y sont très beaux et accueillants, et on comprend que les conquistadors s’y soient sentis chez eux. Il y a de nombreux musées où s’exposent les pièces récoltées sur les sites incas, et nous revenons pleins d’admiration pour cette civilisation. Elle ne connaissait certes ni la roue ni l’écriture, remplacées par les lamas et le « quipu » (voir album) ; elle a pourtant réussi à dominer intelligemment une multitude de peuples par un système de réciprocité très moderne : vous payez des impôts parce que l’Inca vous construit des routes, des terrasses, des systèmes d’irrigation, et vous indique aussi quand le Ciel veut que vous semiez et récoltiez. Le clou de notre visite chez les Incas fut la découverte, magique, de leur cité sacrée, le Machu Picchu, au lever du soleil, en compagnie, comme vous le verrez, d’un alpaga très photogénique.

En dehors des trésors d’architecture espagnole coloniale, c’était aussi l’occasion de découvrir que les Incas n’étaient jamais que la dernière en date des civilisations ‘précolombiennes’ (= datant d’avant Christophe Colomb), celle qu’avaient liquidée les conquistadors. Mais les Incas n’avaient « d’empire » que depuis moins de deux siècles ; autour d’eux, et avant eux, depuis plus de 4.000 ans, d’autres civilisations s’étaient épanouies sur les mêmes lieux ; nous avons évoqué celle du Tiwanaku en Bolivie ; nous avons découvert dans les musées péruviens d’extraordinaires pièces provenant des Salinar, des Chimù, des Chancay, ou des Mochica. Et nous avons découvert sur place les Nazca, qui ont prospéré entre l’an 1 et l’an 800, en y laissant notamment d’innombrables, gigantesques et mystérieuses « lignes » à la surface du désert côtier. Du lac Titicaca à Cuzco, puis en descendant vers la côte Pacifique, il nous a fallu franchir une demie douzaine de cols à plus de 4.000 m séparés par de profondes vallées nous faisant redescendre chaque fois à moins de 2.000 m : un régal pour des motards, sur des routes presque excellentes partout. Nous arrivions en plus à la fin de l’été et de la saison des pluies, et, contrairement à ce que je craignais, malgré l’altitude, nous n’avons pas eu du tout à souffrir du froid.

Nous sommes maintenant arrivés à Lima, la capitale fondée par Pizarro lui-même au XVIème siècle. Depuis Buenos Aires et Cordoba, en passant par Potosi, La Paz et Cuzco, nous avons parcouru l’intégralité de la route royale espagnole par laquelle tout le commerce et toute l’information ont circulé en exclusivité pendant plus de deux siècles. Les Vice Rois du Pérou résidaient à Lima, d’où partaient les galions vers l’isthme de Panama, puis Carthagène et Saint Domingue, où se rassemblait chaque année l’Invincible Armada pour sa traversée annuelle vers Séville. Nous avions l’intention de remonter encore un peu plus au nord, jusqu’en Equateur, mais avons décidé finalement qu’un rassemblement de 9 petits enfants (sur 11) à Montbives pour l’Ascension justifiait notre retour anticipé. Nous n’avons pas prévu de revenir en passant par l’isthme de Panama – que nous réservons pour un voyage ultérieur ! – et reviendrons tout bonnement en avion, après nous être assurés que nos motos nous rejoindraient un jour à Paris. Cela fait huit jours que nous travaillons la question et que nous perdons un peu patience dans cette grande ville sale de plus de 9 millions d’habitants. Nous espérons que notre prochain chapitre se terminera en vous annonçant où et quand nous reviendrons à motos du Havre, notre point de départ d’il y a six mois !

En attendant, découvrez sur l’album ci-joint le Pérou qui nous a séduits !

Cliquez d’abord sur la légende de la petite photo en tête de l’article. Puis sur ‘ICI’, et enfin sur ‘Diaporama’. Bonne lecture !

Ou bien cliquez sur : “Album Pérou du Titicaca à Lima

18 – La Bolivie des Hauts Plateaux

18 - La Bolivie des Hauts Plateaux

18 – La Bolivie des Hauts Plateaux

Nous aurons passé près de trois semaines en Bolivie, et il nous semble pourtant ne l’avoir qu’entr’aperçue. Le pays ne compte pourtant qu’à peine 10 millions d’habitants, mais sa superficie est le double de celle de la France, et nous avons dû faire l’impasse complète non seulement sur toute la partie amazonienne, qui n’était pas du tout sur notre route, mais également sur le lac Titicaca, Copacabana et l’île du Soleil, qui, quant à eux, étaient bien sûr à notre programme. Les fameux ‘bloqueos’ en effet, que nous attendions plutôt du côté d’Oruro, étaient installés depuis deux semaines sur la route de La Paz au lac, puis entre Copacabana et la frontière péruvienne, histoire d’être sûrs qu’aucun touriste ne pouvait venir. Il faut dire que le motif était grave : la traversée d’un bras du lac pour atteindre Copacabana se fait actuellement sur de charmantes barges en bois ; le développement touristique exige un pont ; les piroguiers actuels n’en veulent pas, et les gens de Copacabana en veulent trois ! Les quatre grandes villes que nous avons visitées, Potosi, Sucre, Oruro et La Paz, valaient heureusement toutes le voyage, sans parler de l’incroyable site pré-inca de Tihuanaco.

Il faut avouer que nous avions une sympathie a priori assez forte pour la Bolivie du fait que nous habitons depuis cinq ans en France une avenue Simon Bolivar, El Libertador, celui qui conquit l’indépendance du pays contre le Royaume d’Espagne en 1825 et lui donna son nom ! Quelques mois plus tard, il cédait la Présidence qu’on lui avait offerte à son Général préféré, le Général Sucre, qui donnera son nom à la capitale du pays. L’autre côté très attachant de la Bolivie est que plus de la moitié de la population est purement amérindienne, et que depuis 2006, la présidence de Evo Morales a fortement incité la population à ‘rester indienne’, notamment en portant le costume traditionnel ; un vrai régal pour nos yeux, comme vous allez le voir !

Notre première étape fut l’extraordinaire ville de Potosi, située à plus de 4.000 m, au pied d’un ‘Cerro Rico’, la ‘montagne d’argent’ qui fit la fortune de l’Espagne – et de l’Europe – pendant trois siècles. L’abondance d’argent et de main d’œuvre – la ville compta plus de 150.000 habitants au XVIIIème s. – emplit cette ville, malgré l’altitude, de monastères, églises, hôtels particuliers et palais dès le XVIème siècle, mariant en un style inimitable les traditions catholiques les plus pures avec l’art mudéjar (d’origine musulmane) des architectes venus d’Espagne et l’imagination fertile des artisans amérindiens intégrant leur mythologie dans les œuvres qui leur étaient confiées. Je ne m’étendrai pas sur l’exploitation actuelle du Cerro Rico par des ouvriers boliviens regroupés en coopératives ; leurs effroyables conditions de travail sont très bien décrites dans un article récent dont je donne le lien http dans la légende d’une des photos.

Aller de Potosi à Sucre est un vrai régal… non seulement l’excellent route est sinueuse à souhait, mais elle traverse des paysages grandioses… et elle descend… elle descend jusqu’à 2.750 m ; la température y est chaude (nous sommes en zone tropicale), on y retrouve des traces d’humidité, on y hume des odeurs oubliées depuis l’Argentine, bref, on allait s’y sentir bien ! Et effectivement, Sucre a tout pour plaire : si elle a gardé le titre de capitale officielle de la Bolivie – mais sans le siège du gouvernement qui est à La Paz – elle est surtout une ville étudiante, pleine de vie et de jeunesse. Et elle a su garder un charme colonial fou, avec ses maisons d’un ou deux étages seulement, toutes badigeonnées de blanc, mettant en valeur d’admirables balcons en fer forgé ou bois recouverts de tuiles…

C’est tout le contraire qui nous attendait à Oruro, LA ville minière par excellence, adossée à une montagne de minerais couverte de puits de mines, et où Evo Morales a fait ses études secondaires ; depuis la crise financière de 2008 et la chute des cours de minerais, les coopératives ont dû diviser par cinq les salaires des mineurs… vous comprenez pourquoi nous attendions les ‘bloqueos’ plutôt ici qu’à Copacabana ! La ville est à 85% amérindienne, et ni les costumes traditionnels ni les magasins ou restaurants ne sont ici pour séduire les touristes…. nous nous sentions vraiment dans une Bolivie ‘vraie’, et dans notre élément. Nous avons eu en plus la chance d’y avoir choisi, un samedi soir, un hôtel dominant une place où se tenait une ‘Diablada’, sorte de carnaval rassemblant des centaines de personnes aux costumes plus extravagants les uns que les autres. Bref, contrairement à beaucoup d’autres voyageurs, Oruro, simple ville étape sur la route de La Paz, nous a séduits.

Je vous passe la description de La Paz, la capitale de 2,5 millions d’habitants, tout comme celle des ruines de Tihuanaco. Tout ce qu’il faut en retenir d’intéressant, qui n’est pas dans l’album ci-joint, c’est notre hallucinante arrivée à motos… plusieurs globebikers nous avaient vivement déconseillés d’aller à La Paz à cause de son trafic dément dans un relief impossible ; mais Véronique, vous le savez, adore les centre-ville, et La Paz étant la plus grande ville de Bolivie sur notre route, on allait y arriver un dimanche sans trafic, s’y poser quatre jours, nous allions bien nous débrouiller, on en avait vu d’autres ailleurs, etc… J’avais donc préparé l’itinéraire avec soin sur Google Map, Google Earth, le GPS et les cartes et plans ; mais c’était un peu comme si j’avais préparé une traversée de la Manche à la nage avec ces mêmes instruments. En effet, dès le premier coin de rue, elle n’était pas dans le bon sens ; au second virage, le GPS disait de tourner dans la rue à droite, là, maintenant, mais il n’y avait qu’un escalier plongeant dans le vide… c’est alors que l’orage menaçant ouvrit ses vannes de grêle, là, alors que la rue plongeait à pic dans ses premiers lacets aux dalles de ciment disjointes rapidement recouvertes d’un épais liquide marron. Relever un peu sa visière pour chasser la buée fait crépiter la grêle sur la figure, puis balayer le plastique qui protège le GPS en train de recalculer l’itinéraire, éviter ce bouillonnement qui semble indiquer une bouche d’égout ouverte, piler pour laisser passer ce ‘collectivo’ dont les freins semblent rendre l’âme, poser les pieds dans le courant de 5cm de boue, doubler cet autre ‘collectivo’ qui charge et décharge des clients courant sous la pluie battante… Heureusement, le GPS, notre seul lien avec le réel, nous resta fidèle et finit par nous amener devant notre hôtel, trempés mais sains et saufs. La sortie de La Paz fut presqu’aussi dantesque ; ce n’était pas un dimanche, le soleil tapait fort, et les montées à pic sont sans doute plus difficiles dans les embouteillages que les descentes sous la pluie ! Mais Véronique s’en est là encore tirée comme une pro ! Il ne nous restait plus dans la journée qu’à visiter Tihuanaco en tenue de motard, passer les frontières pour sortir de Bolivie et entrer au Pérou, et enfin arriver à Puno à la nuit tombée.

A bientôt au Pérou !

 

Je vous rappelle qu’en ouvrant l’album Picasa joint en cliquant sur la légende de la photo en tête d’article, c’est parfois Google+ qui s’ouvre au lieu de Picasa Web, lequel ne permet notamment pas de lire les abondantes légendes dont j’illustre chaque photo. Il faut alors, dès l’ouverture, repérer en haut et au milieu de l’écran un bandeau jaune où il est écrit « Cliquer ICI pour revenir à Picasa ». (Attention, le message ne s’affiche pas très longtemps ; si vous ne le voyez pas, revenir en arrière d’une étape !). Il faut alors cliquer sur « ICI », et, miracle, tout l’album s’affiche sous forme de vignettes. Cliquer ensuite sur ‘Diaporama’ ; le Diaporama se lance alors avec la première photo…. puis faire comme le diaporama le propose : appuyer sur la touche F11 du clavier pour passer en ‘plein écran’… sur la touche Pause, et faire défiler soi-même ses photos à son rythme avec les flèches de direction du clavier.

Bonne lecture !

 

 

17 – En Bolivie : le Sud Lipez et le Salar de Uyuni

17 - En Bolivie : le Sud Lipez et le Salar de Uyuni

17 – En Bolivie : le Sud Lipez et le Salar de Uyuni

Dès notre arrivée après le coucher du soleil dans un modeste hôtel de la banlieue de notre première ville bolivienne, Tupiza, la patronne, Célia, nous ‘vend’ habilement un tour du Sud Lipez. Nous avions déjà consulté plusieurs agences de La Paz ou Uyuni par email, et Célia paraissait tellement sympathique que nous avons conclu tout de suite : dès le lendemain matin à 8h30, après avoir laissé nos motos dans leur garage et mis tous nos sacs et valises dans le Toyota, nous nous asseyions à l’arrière du 4×4 Landcruiser ‘Los Salares’ ; à l’avant, David, le chauffeur, et Elvis, le cuisinier ; retour à Tupiza prévu au soir du 4ème jour. Dépaysement garanti : au lieu de la vision panoramique et du grand air que nous avons au guidon de nos motos, vers l’avant, le pare-brise est encombré de multiples pare-soleil, gris-gris et autres colifichets tricotés ; sur les côtés, des vitres fumées, à ouverture électrique qui s’avéreront ne fonctionner que difficilement avant 11 h le matin, le temps que la température dégèle les rouages… de toutes façons, les pistes sont tellement poussiéreuses qu’il vaut mieux maintenir les vitres fermées si on ne veut pas être asphyxié !

Plusieurs personnes nous avaient recommandé ce tour de quatre jours, et il faut reconnaître qu’il restera un des ‘clous’ de notre voyage. Dès la première nuit, nous dormions à 4.200 m d’altitude dans le petit village de San Antonio de Lipez ; et, pendant les trois jours suivants, nous n’avons cessé de rester sur l’Altiplano, entre 3.600 et 5.000 mètres. Nous n’avons pas du tout souffert du froid, contrairement à ce qui nous avait été promis, la température n’étant jamais descendue en-dessous de +5°C ; en revanche, la pauvre Véronique avait attrapé quatre jours plus tôt une rhinopharyngite lui bloquant les sinus, et son adaptation à l’altitude – malgré toutes les précautions prises – fut laborieuse… pendant une quinzaine d’heures comprenant la première nuit, assortie de diarrhée, vomissements et terribles maux de tête malgré la mastication assidue de feuilles de coca achetées sur le marché de Villazon, dès l’entrée en Bolivie, j’ai bien cru qu’il nous faudrait redescendre. Mais nous avions déjà tous les deux gravi les monts Kenya (4.985 m) et Kililmandjaro (5.960 m) et connaissions les symptômes vraiment alarmants de l’inadaptation à l’altitude ; dès le second jour vers 11h, Véronique se remettait à parler autrement que par gémissements et pouvait commencer à profiter du spectacle féérique et ininterrompu.

Cette province du Sud Lipez, tout au sud de la Bolivie, borde la Puna argentine et l’Atacama chilien ; elle est totalement désertique : San Pablo, son chef lieu, abrite 220 habitants, et toute la province de 22.000 km² n’a que 5.100 habitants, soit une densité de population de 0,23 hab/km², douze fois inférieure à celle de la Patagonie… L’Est de la province, par où nous sommes entrés, est une steppe désertique, érodée de quebradas, entre 3.700 et 4.400 m. Le Sud, le long de la frontière argentine, entre 4.500 et 5.000 m, est parsemé d’anciens volcans (Lipiez, Uturuncu), de lacs, de salines et de sources thermales. L’Ouest, le long de la frontière chilienne, est le prolongement du désert chilien de l’Atacama : la grande sécheresse n’a pas empêché la formation de toute un chapelet de lacs aux couleurs toutes plus étonnantes les unes que les autres, dans lesquels se reflètent les neiges éternelles des volcans de la frontière ; l’altitude s’apaise en remontant vers le nord et les salars de Chiguana et Uyuni, ce dernier étant le plus vaste du monde. Au Nord de la province, on retrouve le climat semi désertique de l’Altiplano avec quelques villages et plantations, notamment de quinoa. On rencontre des lamas et des vigognes dans presque toute la région, toutes sortes de flamands – roses, blancs, de la Puna… – dans tous les lacs. Et les pistes y sont assez mauvaises, surtout dans l’Est… : notre vitesse moyenne tournait autour de 35 km/h ; sachant que nous avons parcouru 1.010 km, nous avons donc passé près de 30 heures à l’arrière de notre Toyota !

A côté des exceptionnels spectacles de la nature que vous allez voir dans l’album ci-joint, celui des populations qui ont vécu ou vivent encore par ici interpelle les Occidentaux que nous sommes. La région est riche de multiples minerais, notamment d’argent, d’or, de cuivre, de platine. Depuis le XVIème siècle, des mines ont été ouvertes un peu partout, souvent à des altitudes ‘invivables’ ; lorsque les filons de minerai ont été épuisés, ou lorsque, plus récemment, les cours se sont effondrés, les villages créées à côté des mines ont été abandonnés, plus ou moins vite. C’est-à-dire qu’on ne cesse de croiser : soit des villages abandonnés et complètement en ruine ; soit des villages encore vivants, occupant quelques maisons au milieu de ruines, et tentant de maintenir à titre privé un reste d’exploitation minière dans les conditions qu’on imagine, loin de tout, avec quelques troupeaux de moutons et de lamas ; soit des villages requinqués par l’arrivée du tourisme, avec quelques constructions récentes. Malgré quelques panneaux solaires, 99% de la population n’a pas accès à l’électricité ; en revanche, des instituteurs d’élite maintiennent en vie partout des écoles primaires, voire secondaires. Quant à nous, les touristes voyeurs, nos logements ont toujours été extrêmement sommaires, que cela soit dans les villages ou les usines à touristes. Ce tour fut donc assez sportif au total ; et une superbe introduction à la découverte de la Bolivie, où, dit-on, ‘tout est possible, mais rien n’est jamais sûr’ ! Comme vous allez le voir, nous allons expérimenter cette devise bolivienne plus au nord… mais ce sera pour la prochaine fois !

Je vous rappelle qu’en ouvrant l’album Picasa joint en cliquant sur la légende de la photo en tête d’article, c’est parfois Google+ qui s’ouvre au lieu de Picasa Web, lequel ne permet notamment pas de lire les abondantes légendes dont j’illustre chaque photo. Il faut alors, dès l’ouverture, repérer en haut et au milieu de l’écran un bandeau jaune où il est écrit « Cliquer ICI pour revenir à Picasa ». (Attention, le message ne s’affiche pas très longtemps ; si vous ne le voyez pas, revenir en arrière d’une étape !). Il faut alors cliquer sur « ICI », et, miracle, tout l’album s’affiche sous forme de vignettes. Cliquer ensuite sur ‘Diaporama’ ; le Diaporama se lance alors avec la première photo…. puis faire comme le diaporama le propose : appuyer sur la touche F11 du clavier pour passer en ‘plein écran’… sur la touche Pause, et faire défiler soi-même ses photos à son rythme avec les flèches de direction du clavier.

Bonne lecture !

16 – L’Argentine du Nord Ouest

 

16 - L'Argentine du Nord Ouest

16 – L’Argentine du Nord Ouest

 

 

 

Avec l’Argentine du Nord Ouest, nous achevons une première partie de notre périple en Amérique du Sud, celle qui consistait à rendre visite à nos cousins argentins et à découvrir les merveilles que la Nature avait placé chez eux. Mais dans le Nord Ouest de l’Argentine, s’il y a aussi ET des cousins, ET des merveilles de la nature… il y a EN PLUS que nous entrons dans un domaine géographique et historique différent, qui s’étend jusque tout au nord de l’Amérique du Sud.

Pour la géographie, on monte ! Depuis le détroit de Magellan, les Andes, c’était pratiquement une seule chaîne de montagnes, de plus en plus haute en allant vers le Nord, des 3.000 m des Payne aux presque 7.000 m de l’Aconcagua. A partir de maintenant, la Cordillère se multiplie : Occidentale, Centrale, Orientale… sans parler de multiples noms locaux ; entre toutes ces cordillères, qui culminent entre 5 et 6.500 m, se trouvent des plateaux, avec de gigantesques lacs et de gigantesques salines : il s’agit de l’Altiplano. Et comme le ‘courant de Humbolt’ – vous savez ? ce courant glacé qui remonte de l’Antarctique tout le long des côtes de l’Amérique du Sud, et qui disparaît, certaines années, sous son concurrent ‘El Niño’, et çà déclenche des catastrophes ? – donc, comme le courant (froid) de Humbolt – Alexander de Humbolt 1769 – 1859 : çà, c’était un vrai savant qui savait de quoi il parlait ! – eh bien disais-je, comme ce courant froid provoque de la sécheresse tout au long de cette côte (désert de l’Atacama, du Lipez, etc…), ce ne sont pas sur la côte mais à l’intérieur, sur l’Altiplano, à 3.600 m d’altitude en moyenne, que se sont développées depuis deux ou trois mille ans d’étonnantes civilisations.

Et c’est dès le Nord Ouest de l’Argentine que nous rencontrons l’Altiplano comme les premières traces de l’Empire Inca, détruit – avec 180 hommes et 37 chevaux – par le conquistador Pizarro au XVIème siècle. Une petit page d’histoire donc, qui nous servira jusqu’à la fin du voyage !

Après que Pizarro eut conquis l’Empire Inca en 1532, il restait à l’organiser. Dés 1542, Charles Quint crée la Vice Royauté du Pérou. Elle s’étend alors théoriquement de Panama jusqu’à la Patagonie, et du Pacifique jusqu’à l’Atlantique, et est subdivisée en ‘Audiences’, dont l’une est celle de ‘Buenos Aires’. Parallèlement, en 1561, une charte royale impose que tout le trafic transatlantique entre Séville et l’Amérique se fera exclusivement par une flotte semestrielle de galions : aucun navire ne pouvait quitter Buenos Aires à destination de l’Espagne, et tout le commerce devait passer par l’Altiplano, les Cordillères, Lima et l’isthme de Panama. C’est alors que furent fondées, tout au long de ce trajet, les grandes villes étapes que nous avons traversées dans notre ‘Argentine du Nord Ouest’ : Mendoza fut fondée dès 1561, Tucuman en 1565, Cordoba en 1573, et Salta en 1582.

Compte tenu des distances et des communications extrêmement lentes à travers les Andes, où les cols sont souvent bloqués par la neige en hiver, le système n’était pas très opérationnel ! Et lorsqu’en outre, en 1776, les Portugais, alliés aux Anglais, s’emparent du port de Colonia sur le Rio de la Plata (ce sont pourtant eux qui l’avaient fondé un siècle plus tôt… mais le Pape l’avait rendu aux Espagnols, cf. Chap. 7 ‘En Uruguay’), Charles III d’Espagne se décide à transforme l’Audience de Buenos Aires en Vice Royauté du Rio de la Plata. Celle-ci couvrait vers le Nord toute l’actuelle Bolivie : fin de la charte de 1561 ; c’est donc depuis la fin du XVIIIème siècle au moins – contrebandiers et tolérance avaient adouci les rigueurs de la Charte – que l’Argentine pourra se développer normalement.

Revenons à nos cousins !

–        Mendoza : n’avons rien vu ; non seulement aucun cousin d’importance n’y habite, mais nous n’y avons passé qu’une très courte nuit en redescendant des Andes ! Et pourtant, que n’avons-nous pas manqué ! Notamment des vignobles des meilleurs cépages importés par les Franciscains depuis 1561 ! Qu’on se le dise, les Argentins savent tellement bien faire du vin (5ème producteur mondial) qu’ils se le gardent pour eux : ils n’exporteraient que moins de 5 % de leur excellente production.

–        Cordoba : là, depuis le passage de nos neveux Marion et Manu en 2007, nous savions avoir droit à un accueil garanti. Certes, entre temps, les nièces avaient grandi, s’étaient mariées, et avaient des enfants, mais l’accueil n’en est pas moins resté à la hauteur de la tradition d’hospitalité de la famille Laxague. Cette ville de 1,5 Million d’hab, adossée à une Sierra de 2.000 m de haut, a grandi à partir d’une douane interposée dans le commerce entre le Rio de la Plata et le Pérou colonial. C’est aujourd’hui la ‘capitale culturelle de l’Amérique du Sud’.

–        Tucuman : sympathique étape d’un soir, dont les abords en plantations de cannes à sucre nous ont rappelé notre vie insulaire dans l’Océan Indien.

–        Salta : nous croyions, avant de partir de France, que Juan et Panki Laxague seraient nos contacts dans la province de Missiones. Mais Juan est à la retraite ! Heureusement, Christina a pris toutes les retraites, Juan a dû continuer de travailler quelques années, et il cultive une immense plantation de ‘calafates’ (une sorte de myrtille) à côté de Salta…. où il a maintenu, lui aussi, la tradition d’hospitalité des Laxague !

Route de Mendoza à la frontière bolivienne non pas sans histoire donc, mais en tous cas sans incident. Après Salta, nos motos sont montées jusqu’à 4.170 mètres voir les Salinas Grandes (3.500m), histoire de commencer à habituer nos organismes à l’altitude en montant et en redescendant. Et en quittant Tilcara (2.460 m) pour La Quiaca (où se trouve la frontière bolivienne, à 3.440 m), nous avons passé sur La Puna un col à 3.800 m, avant de redescendre à nouveau dormir à Tupiza (2.950 m), notre première étape bolivienne, en traversant notre premier vrai orage depuis le mois de … janvier. Cela ne nous empêchera pas de souffrir de l’altitude les jours et nuits suivants passés entre 3.600 et 5.000 mètres… mais nous vous raconterons pourquoi cela valait vraiment le coup au prochain chapitre !

En attendant, nous disons ‘Au revoir’ à l’Argentine et aux Argentins, et encore mille mercis pour votre accueil : vous savez que nous avons mis nos roues sur les routes de 19 de vos 23 provinces ? Nous espérons que les chapitres suivants vous donneront envie de venir visiter les Altiplanos boliviens et péruviens !

Je vous rappelle qu’en ouvrant l’album Picasa joint en cliquant sur la légende de la photo en tête d’article, c’est parfois Google+ qui s’ouvre au lieu de Picasa Web, lequel ne permet notamment pas de lire les abondantes légendes dont j’illustre chaque photo. Il faut alors, dès l’ouverture, repérer en haut et au milieu de l’écran un bandeau jaune où il est écrit « Cliquer ICI pour revenir à Picasa ». (Attention, le message ne s’affiche pas très longtemps ; si vous ne le voyez pas, revenir en arrière d’une étape !). Il faut alors cliquer sur « ICI », et, miracle, tout l’album s’affiche sous forme de vignettes. Cliquer ensuite sur ‘Diaporama’ ; le Diaporama se lance alors avec la première photo…. puis faire comme le diaporama le propose : appuyer sur la touche F11 du clavier pour passer en ‘plein écran’… sur la touche Pause, et faire défiler soi-même ses photos à son rythme avec les flèches de direction du clavier.

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15 – Le Chili central

15 - Le Chili central

15 – Le Chili central

Nous avions déjà visité les provinces du Chili les plus au Sud, celles de ‘Magellan’ (Punta Arenas) et de ‘Ultima Esperanza’ (sic !… Puerto Natales. Cf. Blog 13), s’étendant du Détroit au Parc de Torrès del Payne, puis celle d’Aysen (la Carretera Australe de Chile Chico à Tupaleufu). Nous y sommes revenus beaucoup plus au nord, remontant le Chili depuis Osorno jusqu’à Santiago et Valparaiso, le cœur du Chili économique, où se concentrent les 2/3 de la population. Une grande autoroute, la ‘Transaméricaine’ remonte tout le pays dans d’excellentes conditions. Les grands centres de Temuco et Santiago nous permettaient en outre de faire réviser nos motos après les épreuves subies sur le ‘ripio’ argentin de la ruta 40 et avant d’aborder l’altiplano bolivien, où elles auront à travailler dur, à des altitudes moyennes de 3.800 m.

Le Chili est un pays très attachant, coincé entre l’Océan Pacifique et la chaîne des Andes, où se trouve son point culminant, l’Aconcagua (6.962 m). S’étendant sur quelques 4.300 km du nord au sud pour une largeur moyenne de 180 km, couvrant plus de 750.000 km², la variété de ses climats est exceptionnelle, des déserts du nord (l’Atacama y abrite le fameux observatoire ALMA, inauguré ce mois-ci) aux régions subarctiques, en passant par toute la gamme des climats que nous aurions chez nous entre la Norvége et le sud marocain : lors des 500 km que nous avons parcourus en une journée entre Las Trancas et Santiago, nous avons quitté une station de montagne pour descendre dans un climat ‘toulousain’ aux magnifiques champs de maïs, avant de rencontrer nos premiers cactus, puis des palmiers, puis des bananiers… Ses 16 millions d’habitants travaillent dur, et le niveau économique du pays est élevé : en ce qui nous concerne, nous avons apprécié qu’il n’y ait notamment pas de problème de monnaie (pas de ‘marché bleu’ sur le peso chilien !), ni de ravitaillement en essence ; la vie en revanche y est relativement chère, comme en Europe pour un niveau de confort équivalent, ce qui semble laisser une partie importante de la population aux limites de la misère. Le pays a été colonisé par les Espagnols dès le XVIème siècle, lors de leur poussée vers le Sud à la suite de la conquête de l’empire Inca ; mais les Espagnols n’ont réussi à dominer ce qu’on appelle l’Araucanie – c’est-à-dire le cœur du pays Mapuche – qu’à la suite de longues guerres pendant lesquelles ils ont souvent eu le dessous, et qui ne se sont terminées qu’à la fin du XIXème s. ; d’où un regard porté par les Chiliens sur les importantes communautés indiennes subsistantes aujourd’hui beaucoup plus positif que ce que nous avions pu percevoir en Argentine.

Nous ne sommes restés que deux jours à Santiago, et deux jours à Valparaiso, à peine le temps de nous faire une idée superficielle de ces grandes villes célèbres ; mais nous avons été séduits par leur rythme et leurs couleurs comme par leur activité économique. Valparaiso, surtout, nous a enchantés : ces empilements décomplexés de maisons de toutes les couleurs dominant la rade, l’ambiance festive ‘en bas, sur le plan’, l’animation du côté du port, les fruits de mer, la lumière… un regret seulement, d’ailleurs étonnant : ce port n’est pas du tout tourné vers la mer, sans marina ni croisette… il faut dire que la mer y est paraît-il glaciale !

Mais notre morceau de bravoure de ces 2.000 km de routes aura – encore une fois ! – été motocycliste, même si malheureusement aucun reportage photographique ne peut vous le raconter : le franchissement des Andes du Chili vers l’Argentine, par le célèbre col du Christ Rédempteur (tunnel à 3.600 m) au pied de l’Aconcagua aurait dû être particulièrement photogénique ; la météo était idéale, et le spectacle annoncé féérique. Il s’est transformé en un cauchemar pour les vieux que nous sommes, qui avons dû en effet parcourir 1.150 km en deux jours, dont 270 km – c’est-à-dire tous ceux de la haute montagne à proprement parler – dans la nuit noire la plus complète. Des travaux routiers du côté de la station de ski de Portillo obligeaient en effet à une circulation à sens unique ; et au lieu d’organiser une circulation alternée toutes les 15 ou 30 minutes, la route vers l’Argentine n’était ouverte que de… 21h30 à 7h00. Arrivés au pied du col vers 12h30, nous avons d’abord dû patienter pendant 9 heures dans une vague auberge, en nous préparant à une nuit difficile. Lorsque la nuit bien noire s’est installée, nous avons commencé par escalader une infinité de vertigineux (ah ! ce sentier lumineux de phares, là bas, tout en bas… !) lacets en travaux, tentant de nous accrocher aux motos ‘sportives’ qui nous accompagnaient sans nous faire rattraper par la meute des voitures qui nous suivaient. Las ! En redescendant vers l’Argentine, nous avons manqué le poste de douane – qui n’était pas installé en travers de la route ! – et avons dû remonter 16 km… pour nous retrouver noyés dans le flot des voitures. Deux heures plus tard, minuit largement passé, il ne nous restait plus qu’à parcourir encore 180 km de routes sinueuses en restant bien éveillés jusqu’à Mendoza, atteint… sous la pluie… à 3h45. Nous garderons longtemps en mémoire le cerveau embrumé de ce noir tunnel glacé qui n’en finit pas, balayé par le pinceau des phares, avec quelques furtives visions, dans les quelques lignes droites, de l’immense voûte étoilée où se découpe l’ombre noire de parois, le froid qui s’infiltre, puis l’humidité qui revient en redescendant, les crampes et picotements des mains, l’attention qu’il faut recadrer sans cesse sur la route qui n’en finit pas de tourner, les haltes forcées pour la douane, faire le plein d’essence et de café, les phares de Véronique dans les rétroviseurs, le trafic sur ce grand passage international… et enfin de la grosse averse qui nous rince en croisant des semis remorques vers 3h00 du matin… Et le lendemain, nous avions encore 650 km à parcourir pour atteindre nos neveux Laxague de Cordoba, où nous arriverons sains et saufs avec de tout petits yeux bien fatigués ! Heureusement, leur accueil était à la hauteur de notre fatigue : nous vous raconterons cela la prochaine fois !

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