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8 – Les chaleurs tropicales du Brésil et des Misiones

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8 – Au Brésil et Misiones

 

 

 

Nous étions un peu inquiets en abordant la frontière brésilienne, comme avant chaque frontière bien sûr (avons-nous bien tous les papiers nécessaires ?), mais aussi à cause de la circulation sur les routes et de la sécurité dans cet immense pays. Et puis le douanier nous chante la Marseillaise en découvrant que nous sommes Français ! La tension baisse d’un coup… et nous voilà sur les routes brésiliennes ! Nous remontons vers le Nord, donc vers l’Equateur, et il fait de plus en plus chaud et humide ; sur les monotones lignes droites de plusieurs dizaines de kilomètres, nos cuirs nous font mieux cuire que dans un hammam ; çà fume, le vent de la course rafraîchit un peu, mais il faut s’arrêter pour boire souvent : l’évaporation de la transpiration, c’est notre climatisation ! C’est la saison des pluies, ici, et donc, quoi qu’on fasse, nous savons que nous arriverons trempés comme des serpillères à l’étape. Soit qu’il aie fait beau, et donc chaud (jusqu’à 40° du côté de Joinville), par liquéfaction intérieure. Soit que nous ayons croisé une cataracte tropicale, et donc rincés par liquéfaction extérieure… Et Véronique assure comme un chef, aussi bien dans le trafic un peu dément des routes brésiliennes… que lorsque l’orage suivant de près la canicule, ce sont visière et lunettes qui s’embuent d’un coup ! J’en profite pour un petit couplet sur les odeurs… Il y a, certes, celle que nous dégageons le soir à l’étape… il y a surtout celle de la terre humide retournée par les bulldozers qui travaillent partout ici, par les fleurs des arbres de la forêt qui borde les routes, par les champs et les pâturages, les silos, les scieries, les tanneries… un festival pour nos narines enthousiastes… Ah, tous ces pauvres automobilistes dans leurs cabines climatisées qui ne savent pas les merveilles qu’ils traversent !

Les Etats que nous traversons – Rio Grande do Sul, Santa Catarina, Parana (au total 26 M. d’hab pour 600.000 km²) – sont très européanisés ; ils ont été colonisés par des Européens venus d’Europe centrale dont l’industrie et l’élevage n’avaient que peu besoin de main d’œuvre ; il n’y a donc par ici pratiquement pas de métis ou mulâtres… et relativement peu de Portugais. Même les communautés de pêcheurs de la presqu’île de Porto Belo viennent des Açores depuis le XVIIIème siècle ; s’il y avait des tribus indiennes à l’arrivée des Européens, les bandes armées des Bandeirantes ont bien fait le ménage aux XVII et XVIIIème s. ; on ne trouve plus que quelques ‘réserves’ d’Indiens Guarani en allant vers Iguaçu et le Paraguay. Les villes de Pelotas (0,35 M d’hab.), Porto Alegre (1,5 M d’hab.) ou Curitiba (1,8 M d’hab) sont essentiellement européennes, et… peuplés d’Européens venus du Nord ou du Centre de l’Europe ; rien à voir avec l’Argentine ou l’Uruguay, peuplées d’une immigration majoritairement italienne et espagnole. L’ambiance s’en ressent dès l’entrée au Brésil : le soir, à la tombée de la nuit, quand nous sortons nous dégourdir les jambes après la douche pour trouver un endroit ou dîner, les rues sont vides, quelques gens font encore la queue à la station d’autobus pour rentrer chez eux, des bureaux ont encore la lumière allumée : ici, on bosse ! Ici, on célèbre d’ailleurs les Bandeirantes ! Nulle part au Brésil nous n’avons croisé le ‘paseo’ du soir, où jeunes et vieux traînent dans les rues et sur les squares pour faire la fête. Ne cherchez sans doute pas plus loin pourquoi le poids économique du Brésil écrase aujourd’hui celui de l’Argentine… Mais pour nous voyageurs, il faut dire que nous préférons les pays qui font le ‘paseo’ ! Quel bonheur de le retrouver dès Puerto Iguazu, en entrant en Argentine ! Sans compter que les commerces y sont ouverts 7j/7 !

Vous verrez dans l’album de photo ci-joint quelques images du paradis qu’a été pour nous l’escale de Noël à Porto Belo, dans la maison de mon cousin Bertrand Côte, sur la plage de Zimbros : grande maison de vacances, posée sur la plage au milieu des maisons de pêcheurs, un peu comme devait être Saint Tropez dans les années 40 : une cohabitation bonhomme entre les pêcheurs Açoréens et la vague touristique, le sable blanc, la forêt vierge, la mer, les casiers à moules et huitres, le ski nautique, les tas de fesses, cuisses et ventres rougis par le soleil… les paysages nous rappelant un peu une île comme Anjouan, aux Comores. Bertrand est un de ces incorrigibles aventuriers des affaires, au Nigéria dès ses 24 ans, puis éleveur de bétail au Paraguay, avant d’émigrer au Mato Grosso do Sul ; sa femme Françoise est une cavalière émérite de concours hippiques, qui l’aide à gérer leur fazenda du Mato Grosso do Sul ; leur fils Marius, 19 ans, poursuit ses études en Grande Bretagne. Leur accueil nous permit de nous reposer de nos premiers 2.000 kms, et de terminer notre ‘mue’ de croisiéristes à motards : grasses matinées, ballades, aquarelles et blog ; quel Noël ‘en famille’ ! Cette cousinade, éloignée tant par le sang que par la distance, a révélé nos mêmes atomes crochus d’expatriés, autant que, semble-t-il, des qualités communes descendant sûrement des familles de la Brosse, Chaper ou Perrier, n’est-ce pas Bertrand ?!

Mais il fallait bien repartir ! Les chutes d’Iguaçu nous attendaient ! Nous y passerons deux jours entiers, sans trouver le temps d’aller visiter les magasins duty free du Paraguay voisin ; vous verrez dans l’album de photos joint ce festival d’eaux et de forêts !

La dernière étape avant notre retour à Buenos Aires nous laissera un souvenir impérissable. Marc, Toya et leurs trois enfants habitent une charmante maison de brique et bois à Candelaria, petite ville de campagne dans l’Etat argentin de Misiones, et vont bientôt déménager dans leur nouvelle maison de Posadas. Neveux éloignés du côté de Véronique, ils nous ont accueillis … le 31 décembre… comme des proches, avec chaleur et simplicité, malgré les coupures d’eau et d’électricité, comme si nous nous connaissions depuis toujours. Marc travaille d’arrache pied sur un projet de production de ‘stevia’, cette plante dont la feuille est un édulcorant naturel promis à remplacer un jour l’aspartam ; Toya est expert comptable ; ils gagnent leur vie tous deux en indépendants, à la maison : quel exemple de courage et d’esprit d’initiative … puissent-ils faire fortune avec leur projet !

Je ne vous parle pas en détail de l’intéressante visite que Marc nous a emmené faire dans les ruines de deux des ‘Réductions jésuites du Paraguay’ proches de chez eux ; l’essentiel est dans l’album ci-joint. Mais il faut croire que cette terre des ‘Misiones’ fertilise aussi l’inventivité de ses habitants : quelle magnifique utopie fut l’histoire de ces ‘Réductions’ !

C’est donc de chez ces jeunes Pincemin que nous sommes entrés en 2013. Le surlendemain, après 1.100 km de lignes droites par une température presque printanière, nous entrions dans l’immense banlieue de Buenos Aires, où Felipe nous attendait dans l’appartement de ses parents Claire et Laurent Stier. Quel plaisir que d’y séjourner ‘comme des Portenos’ ! Nous vous raconterons cela la prochaine fois.

En attendant, tous nos meilleurs vœux pour la nouvelle année !

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Ou sur la photo ci-dessus (la carte), puis sur sa vignette ou sa légende.

7 – En Uruguay

7 - En Uruguay

7 – En Uruguay

 

Le lendemain de notre départ de Zarate, nous sommes devant le petit port vieillot de Montevideo (1,5 M d’hab), ‑ ‘la VIème montagne d’Est en Ouest quand on entre dans le Rio de la Plata’ (MONTE VI EO) ‑, coincé entre un cimetière de bateaux, l’énorme immeuble en béton de la douane et la tour futuriste d’Antel, la société locale de téléphone. Cela fait tout juste quatre semaines que nous sommes montés à bord du Grande Buenos Aires, et nous y avons pris nos aises ; il nous faut refaire un paquetage qui tienne sur les motos, enfiler nos bottes et cuirs, descendre les 12 étages avec nos sacs et valises, puis retrouver nos motos dans la cale… c’est facile… elle est vide. Ce qui est moins facile, c’est de constater que la moto de Véronique refuse de démarrer, et que la mienne a la roue arrière crevée. Je finis par remonter les deux motos jusqu’à la porte de la cale ; le switch général était sur OFF… l’émotion sans doute… pour la première ; pour la seconde, Hervé me prête le compresseur portatif de son camping car, et c’est celui du navire qui refait le plein d’air, en espérant que le pneu tiendra jusqu’au premier réparateur trouvé en ville. Une heure plus tard, nous sommes dans la circulation en ville ; ‘pinchazo’, c’est comme çà qu’on dit crevaison ici à un motard qui roule à côté de nous ; c’est un avocat, qui nous guide chez un réparateur à quelques blocs de là. Une demi-heure plus tard, nous sommes à la recherche d’un hôtel ; le premier conseillé par Petit Fûté, soi-disant toujours plein, nous offre une chambre vieillotte et charmante, en haut d’un vieil ascenseur des années trente ; le Wifi capte fort bien dans la chambre ; le luxe, quoi ! Nous faut-il vraiment repartir dès demain sur la route ? Nous n’avons même pas visité la ville ! Après un dîner sur une place où un orchestre entraîne les convives de tous âges dans des sambas plutôt sages, ambiance très ‘paseo’, nous décidons que notre ‘mue’ de l’état de croisiériste à celui de routard nécessite au moins un jour de plus.

On nous a décrit l’Uruguay comme ‘la Suisse de l’Amérique latine’. Et effectivement, la vieille ville regorge de banques différentes, logées dans des immeubles cossus, à l’architecture pompeuse ; ses distributeurs de billets proposent au choix le peso ou le dollar, lequel est accepté partout. Quant à la sécurité, nous avons fait l’expérience de son statut de parmi les 30 villes les plus sûres du monde : j’ai oublié à deux reprises mon sac à dos en ville, sans parler des clés sur le contact de ma moto pendant plusieurs heures… il va vraiment nous falloir reprendre des habitudes de routard ! Toute la ville marie les styles architecturaux les plus éclectiques, du Haussmannien pur jus au délire de béton sorti tout droit de l’imagination d’un auteur de bandes dessinées. Et pourtant, pour la première fois depuis le début de nos voyages, aucun sentiment de dépaysement, ou plus précisément, il est dépaysant de constater que, si loin de chez nous, les gens qui nous entourent sont à l’évidence tous européens, chrétiens, blancs, avec pratiquement les mêmes us et coutumes que nous.

L’Uruguay est un petit pays (3,5 M d’hab) qui n’est pas seulement étonnant par son architecture : créé avec la permission des Anglais comme tampon entre les empires espagnols et portugais, se vantant d’être le premier pays d’Amérique du Sud ayant mis en place la démocratie, il a subi la guérilla urbaine des Tupamaros avant d’élire il y a quelques années l’un d’entre eux comme Président. Au début de ce mois, l’Assemblée Nationale y a voté à une très forte majorité le ‘mariage pour tous’ en débat chez nous.

Sur l’excellente route de Colonia de Sacramento, nous faisons le détour par la ‘colonie Nueva Helvetia’ ou ‘Colonia Suiza’, qui maintient les traditions de ses créateurs en 1862 : si on y parle espagnol, les rues portent des noms germaniques, la forme du chalet suisse y estµ très répandue, et on y fabrique du fromage pour toute la sous région.

Nous tenions à faire le crochet par Colonia de Sacramento pour sa vieille ville ; et elle valait effectivement le détour de 400 km : première implantation européenne sur cette côte (1680), par les Portugais tenant à faire appliquer le décret papal de Tordesillas (1494) qui partageait les terres à découvrir entre les deux empires selon un méridien qui leur attribuait cette région, les Espagnols de Buenos Aires réagirent immédiatement. S’ensuivirent des décennies de guerre jusqu’à l’indépendance en 1830. Colonia, par sa position stratégique, en était le premier enjeu. Elle en garde les charmes d’une ville de garnison du XVIIIème s., agrémentés de merveilleuses automobiles des années 30 entretenues avec amour par les locaux.

Les 700 km qui nous séparent alors de la frontière brésilienne sont avalés en deux jours. Les pâturages succèdent aux plages, les laiteries aux fronts de mer pour baigneurs, les auberges de jeunesse à 80US$ la nuit aux cabanes en bois hippies à 90US$ : c’est que c’est le début des vacances d’été ici, et que les plages, très Sea Sex & Sun, sont prises d’assaut par des touristes venus de toute la région, et notamment d’Argentine. Nous transpirons beaucoup sous nos cuirs quand il fait beau avec 34°, nous sommes trempés quand c’est l’orage tropical à 28°, quoi qu’il arrive, à l’arrivée, nous sommes à tordre ! Véronique assure, même quand la ‘nationale 10’, qui longe la côte, se termine par 40 km de piste, puis par un bourbier devant lequel il faut faire demi tour ; et tout autant quand l’asado (en français : ‘barbecue’) convivial du ‘El Diablo Tranquilo’  de Punto del Diablo, très ‘auliounidizlove’, promis pour 21 h n’arrive qu’à 23h alors que nous avons encore 400 km de route pour le Brésil le lendemain : ils sont gentils, tous ces jeunes routards, et très causants, en n’importe quelle langue !

Nous vous écrivons d’une magnifique plage sauvage de sable blanc bordée de bateaux de pêche où nous sommes depuis quatre jours ; nous sommes à 300 km au Sud de Curitiba, chez Bertrand et Françoise Côte. C’est le paradis.

On vous raconte çà au prochain chapitre ! En attendant, ce soir, c’est Noël sous les tropiques, le premier que nous passons sans aucun de nos enfants depuis 40 ans.

Nous vous souhaitons à tous un joyeux Noël, ainsi qu’une heureuse, sainte et fertile année 2013 !

 

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6 – Escale à Buenos Aires

6 - Escale à Buenos Aires

6 – Escale à Buenos Aires

 

 

Désolés pour l’immense retard à vous donner des nouvelles, qui n’est pas dû seulement à la panne de ‘Blogs de voyage’ ! Nous aurions tant d’aventures et de rencontres à vous faire partager ! Notre première rencontre avec nos cousins argentins, notre débarquement à Montevideo, nos premiers tours de roues sur les routes sud américaines, la côte et les prairies uruguayennes, les délices de l’accueil par mes cousins les Côte sur les plages estivales de la presqu’île de Porto Belo au Brésil, après 2.000 km au compteur. Mais à chaque jour suffit sa peine, aujourd’hui, nous allons tenter de vous dire notre émotion à mettre enfin le pied dans cette Argentine tant espérée.

Le bateau finit par arriver à Zarate vers 3 heures du matin du lundi 10 décembre, après sa remontée du Parana ; je suis réveillé par une forte odeur de végétation et de terre humide, et sort sur le pont en pyjama, accueilli par un magnifique ciel étoilé et une étoile filante. Le lendemain matin, ce n’est qu’à 15 h. que nous avons l’autorisation de descendre à quai et sortir du port : le Capitaine nous avait donné une permission jusqu’à 9h du matin le surlendemain mercredi, et nous avions à y régler mille choses pratiques ! Dans quelques jours, nous serions au guidon de nos motos, et il fallait trouver avant notre débarquement à Montevideo une assurance nous couvrant en Responsabilité Civile au tiers pour tous les pays du Mercosur (Uruguay, Brésil, Paraguay, Argentine, Chili, Bolivie et Pérou). Nos compagnons avaient une adresse à Zarate, SANCOR, où nous pouvions espérer régler la question. Mais si les gens sont très gentils à Zarate, ils ne sont pas très opérationnels ! L’énorme orage qui nous avait accueillis en débarquant du bateau, avec dix minutes de grêle, avait coupé les communications avec Buenos Aires, et il nous fallait revenir le lendemain pour traiter avec SANCOR. Il nous fallait aussi trouver un téléphone ‘argentin’ pour les dix semaines que nous allions y passer, et cela nous prendra plus d’une heure … Et il fallait surtout, dès notre téléphone argentin opérationnel, prendre contact avec les cousins qui nous attendaient, ainsi qu’avec Sylvie et Guy, Alsaciens partis quatre mois avant nous avec leurs motos, et arrivés quelques jours plus tôt à Buenos Aires. Sans parler de trouver un café Internet avec une connexion suffisamment bonne pour mettre en ligne nos chapitres ‘Rio de Janeiro’ et ‘Santos’, et lire et répondre à tous les emails de nos enfants et amis : Quelle excitation après toutes ces journées d’anesthésie dans notre cargo ! Quelques heures plus tard, sous la pluie qui continue à battre Zarate, presque tout est réglé : nous avons rendez-vous pour dîner et coucher le lendemain à Buenos Aires chez Claire et Laurent Stier, après apéritif chez Miguel de Larminat.

Le lendemain matin, un taxi nous dépose à Florida, dans le centre de Buenos Aires, à quelques blocs d’ATM, le seul assureur international n’assurant que des motos, affirmant assurer plus d’un million de motos dans le monde ; il est 10h15, et quinze personnes font la queue devant une porte fermée… notre première expérience de l’art célèbre des Portenos de faire la queue : les bureaux n’ouvrent qu’à 10h30 ; à 10h25, la porte s’ouvre, les gens s’asseyent dans leur ordre d’arrivée sur des chaises alignées, et 5’ plus tard, ils sont appelés les uns après les autres ; une secrétaire vérifie pourquoi ils sont là, s’ils ont les bons papiers, etc… Notre tour vient vite… nous ne sommes pas au bon endroit… Même procédure Avenue San Martin quelques centaines de mètres plus loin : notre cas semble simple, et nous en ressortons moins d’une heure plus tard, avec la promesse d’avoir nos cartes vertes par email sous 48 heures ; nos compagnons finiront par traiter avec SANCOR à Zarate, mais à un coût 30% plus élevé. Nous avons alors quelques heures devant nous pour flâner dans ce centre ville de Buenos Aires. Le soleil est revenu, sans plus le moindre nuage, et nous découvrons qu’il peut faire vraiment chaud en été à Buenos Aires. Après un petit tour de la place San Martin à la place de Mayo par Florida, et un long stop dans un self équipé de Wifi à poursuivre notre courrier – nous en avons été sevrés pendant tout un mois ! ‑, nous nous retrouvons dans le métro pour rejoindre Belgrano où habitent nos cousins Stier.

La simplicité de leur accueil est la hauteur de leur gentillesse. Nous avions croisé Claire et Laurent en France trois ans plus tôt ; ils visitaient leur fils Nicolas venu compléter ses études d’agriculture à Toulouse. Leurs trois autres enfants sont là, l’aîné, Philippe, 26 ans, qui vient de s’acheter une moto pour partir, comme nous, sur les routes patagonnes : nous avons beaucoup à nous dire ! Sophie, puis Martin, puis le père Laurent arrivent, bientôt rejoints par Gérard et Marie Pincemin. Marie est la grande sœur de Claire, la troisième de la fratrie de dix neuf, alors que Claire est la treizième. Gérard et Marie ont eux-mêmes quatorze enfants, que nous avons commencé à rencontrer à Paris ! Quelles familles ! Qui ont grandi et se sont perpétuées si loin de nous ; leur fondateur – Jacques de Larminat n’avait pas vingt ans ‑ a été envoyé par son père au tout début du XXème siècle acheter une estancia du côté de San Martin de los Andes, le ‘Cerro de los Pinos’. Bientôt rejoint par des frères, puis par des épouses qu’ils venaient chercher en France, ils ont prospéré en Patagonie ; les Larminat, Laxague ou Pincemin sont aujourd’hui des centaines de cousins et neveux installés dans tous les coins d’Argentine, des Missiones ou de Salta au Nord, jusqu’en Terre de Feu à l’extrême Sud. Et notre voyage est une merveilleuse occasion de faire leur connaissance. Non seulement ils nous accueillent en cousins, mais nous nous découvrons d’incroyables affinités et atomes crochus avec cette famille si éloignée de nous aussi bien par le sang que par l’histoire, ou la géographie ! Nous brûlons de découvrir bientôt Marc Pincemin dans les Missiones aussi bien que l’oncle Edouard en Terre de Feu. En attendant, notre Capitaine nous fait savoir que notre permission est annulée, et qu’il nous faut rentrer avant minuit sur le bateau. Gérard et Marie sont de corvée pour nous raccompagner à Zarate, et quelle corvée : l’autoroute est bloquée par des piquets de grève du côté de Campana, et nous n’arriverons qu’à près de 2 h du matin à bord après plus de 4 heures de route ! Dans quelques jours, à nous les routes d’Uruguay !

Pour accéder à l’album PICASA, soit vous cliquez SUR LA LEGENDE de l’album ci-après (là où le titre est répété en petits caractères bleu), soit vous cliquez sur (ou recopiez dans votre barre d’adresse) le lien ci-dessous !

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OU

<table style=”width:194px;”><tr><td align=”center” style=”height:194px;background:url(https://picasaweb.google.com/s/c/transparent_album_background.gif) no-repeat left”><a href=”https://picasaweb.google.com/113501550221338298900/6EscaleABuenosAires?authuser=0&feat=embedwebsite”><img src=”https://lh6.googleusercontent.com/-sMlj63M1uDY/UNn0136–pE/AAAAAAAAKi0/p1hGwAdBapQ/s160-c/6EscaleABuenosAires.jpg” width=”160″ height=”160″ style=”margin:1px 0 0 4px;”></a></td></tr><tr><td style=”text-align:center;font-family:arial,sans-serif;font-size:11px”><a href=”https://picasaweb.google.com/113501550221338298900/6EscaleABuenosAires?authuser=0&feat=embedwebsite” style=”color:#4D4D4D;font-weight:bold;text-decoration:none;”>6 – Escale à Buenos Aires</a></td></tr></table>

 

15 – En Cappadoce avec Mosaïque du Monde

15 – En Cappadoce avec Mozaïque du Monde

Ci-dessus, le lien vers l’album de photos associé à cette page.

Partir avec un ‘tour’ organisé ???!!!! Ceux qu’on fait tout pour fuir, surtout quand ils sont français, lorsque nous en apercevons au loin sur notre route ? Çà, il faut dire que je n’y aurais pas pensé ! Vous nous voyez trimbalés dans un bus avec des Bidochons, tenus en laisse par un guide pressé aux calembours usés, nous tartinant une sous culture passe partout comme ceux qu’on entend chez nous à Paris sur les bateaux mouche ? Et en plus, on en revient, de la Turquie, où nous avons passé six semaines cet hiver, en la parcourant d’ouest en est et du nord au sud !
Et puis voilà, nous en revenons, de ce ‘tour en Cappadoce’, un peu amoindris intellectuellement, certes, mais vivants ! Véronique m’avait convaincu de m’associer à ce projet, en me vendant surtout qu’il était organisé par la famille Guibert, et que ce serait donc trop sympa ! Et effectivement, la famille Guibert valait le voyage ! Sans parler de cette expérience de voyager en Bidochons !
Pour ce qui est du coût de la visite de la Cappadoce, et même si nous étions avertis qu’il y avait quelques frais supplémentaires aux 149 € annoncés pour la semaine et que nous en avions déjà payé 306 par personne avant le départ, il faut en fait compter sur au minimum 600 € par personne pour suivre normalement le programme, sans compter les options supplémentaires comme un vol en montgolfière (magique ! voyez les photos ! 150 €) ou l’achat d’artisanat turc. Il n’y a guère en effet d’autre option – sauf à se morfondre au bord de la route alors que le reste du car s’emplit la panse au buffet, ou à se remplir un ‘doggy bag’ au petit déjeuner – que d’accepter le forfait qui nous est proposé dans le car ensommeillé après une nuit de 3 heures : inclus dans ce forfait ‘Royal’ de 237 € se trouvent en effet notamment le coût des entrées dans des sites magiques comme Pergé ou Aspendos, où nous avons la chance de pouvoir flâner pendant au moins 50’, des soirées folklorique et de derviches tourneurs, ainsi qu’une somptueuse croisière sur la rivière Manavgat à bord d’un authentique bateau de pirates, avec déjeuner sur le pont et plage ensoleillée à l’arrivée. Il faut aussi savoir que pour ces 600 €, vous ne passez que deux jours en Cappadoce, deux autres jours sur la route, et trois jours dans les environs d’Antalya. Ce n’est qu’à la fin du voyage qu’on comprend pourquoi le vol atterrit à Antalya, à 600 km de la Cappadoce, et non pas à l’aéroport international Erkilet de Kayseri, à 70 km d’Avanos. Çağdaş, notre guide (prononcer ‘Tchaâdash’ !), nous explique en effet que ces voyages ‘Mosaïque du Monde’ sont subventionnés par l’Etat turc, et qu’il convient, pour que nous revenions moins idiots en France, de nous initier à la qualité des produits turcs comme les tapis, la joaillerie ou les vêtements de cuir. Ces dernières visites ‘d’usine’ autour d’Antalya sont obligatoires mais techniquement très intéressantes ; cependant, si vous voulez vous laisser tenter, prévoyez d’abord un budget conséquent (entre 300 et 3.000 € mini) ; et il faut, comme dans un bazar, y négocier les prix affichés, sachant que les vendeurs s’y entendent… aussi bien que dans un bazar : en-dessous de 60 % de rabais, il n’est pas sûr que vous fassiez une bonne affaire ! J’ajoute que les hôtels de la région d’Antalya correspondent effectivement aux 4 et 5 étoiles turques promis, avec piscine, sauna, hammam, bain turc et des possibilités de massages qui nous ont ravis ; en revanche, les chambres de l’hôtel de Cappadoce où nous avons passé trois nuits étaient parfaitement indigentes.
Il reste que l’ensemble des participants étaient ravis de ce voyage, et que nous aussi, tout à fait ravis de cette expérience inattendue ! Nous avons même envie de retourner visiter la Cappadoce tranquillement avec nos motos !
Vous savez que pour accéder à l’album de photos, il faut cliquer sur le lien ci-dessous, Bonne lecture ! Et à bientôt !

15 – En Cappadoce avec Mozaïque du Monde

14 – De la côte dalmate au baroque germanique

14 - De la côte dalmate au baroque germanique

14 – De la côte dalmate au baroque germanique

En quittant l’Albanie vers le Nord en direction du Montenegro, la côte Est de l’Adriatique quitte ce qui fut pendant des siècles une aire ottomane pour entrer dans des pays dans lesquels l’Islam n’a jamais pu pénétrer sérieusement, contesté autant par la puissante Venise que par ce qui était le Saint Empire Romain Germanique. La frontière n’est d’ailleurs pas là seulement celle qui sépare l’Islam de la Chrétienté, elle est aussi celle qui sépare les Catholiques des Orthodoxes : la ligne de partage entre ces frères chrétiens correspondait plus au moins à la frontière entre les Empires romains d’Orient et d’Occident, entre les patriarches de Constantinople et de Rome. C’est donc une triple frontière que nous franchissons : nous quittons la mosquée pour l’église, le Patriarche pour le Pape, l’Orient pour l’Occident.
C’est de cette charnière de l’Europe méditerranéenne, autrefois appelée Illyrie, que nous sont venus, au troisième siècle, une douzaine d’empereurs romains, de ceux qui, avec notamment Dioclétien et Constantin, ont sauvé l’Empire pour au moins deux siècles. Le plus beau des spectacles que nous avons pu admirer est celui du Palais de Dioclétien, enfoui, à Split, sous près de 2.000 ans de constructions qui se sont intégrées dans les murs même du Palais, en laissant apparents non seulement ses remparts et ses façades, mais aussi ses temples, ses magasins, son mausolée et ses portiques, le tout étant aujourd’hui le cœur d’une ville de près de 200.000 habitants, dont 25.000 étudiants, avec ses places et palais à la vénitienne.
Nous ne savons comment vous dire mieux la beauté de cette côte dalmate en général qu’en vous invitant à parcourir l’album de photos : bordée de montagnes, d’îles et presqu’îles à n’en plus finir, c’était un fameux repaires de pirates dans l’Antiquité, et maintenant un paradis pour les voiliers comme pour les baigneurs à la recherche de criques et plages secrètes. Cette côte est de plus parsemée des trésors architecturaux bâtis grâce aux richesses de Raguse ou Venise. Nous l’avons parcourue en beaucoup moins de temps que nous l’aurions souhaité, par un temps idyllique, au milieu des mimosas en fleur, en nous promettant de revenir un jour à motos ou à la voile, au printemps ou à l’automne !
Quelques heures d’autoroute plus loin se profilaient les contreforts des Alpes, au pied desquelles se trouvent par exemple Zagreb et Ljubljana, aujourd’hui capitales de la Croatie et de la Slovénie. Bernard ne se sentait plus de joie au passage de la frontière slovène, porte d’entrée de l’Europe avec son drapeau bleu frappé des 12 étoiles, ses couettes germaniques, ses clochers à bulbe, les ors de ses gloires baroques. Les prés y sont, malgré l’hiver, d’un vert que nous avions oublié ; les skieurs profitent des remontées mécaniques même en milieu de semaine, nous y doublons des semi-remorques turcs avec une pointe de nostalgie, nos familles ne croient pas trop à notre retour en chair et en os. Brûlant les étapes, nous nous précipitons vers notre nouvelle vie de sédentaire par les autoroutes allemandes, à la fois impatients de partager de vive voix nos lumières plein la tête, et un peu inquiets de la métamorphose à accomplir pour nous dépouiller de notre peau de nomades.
L’hiver prochain, ins sha Allah, nous envisageons d’aller parcourir pendant quelques mois (5 ?) les routes d’Amérique du Sud, en commençant par rendre visite à nos cousins argentins et espérons pouvoir y enfourcher à nouveau nos motos. Si certains de nos lecteurs étaient intéressés à venir nous rejoindre sur tout ou partie d’un itinéraire à préciser, l’expérience automobile que nous venons de vivre … ainsi que la taille du continent… nous incitent à travailler sur un projet qui pourrait associer quelques motos à une voiture dans laquelle certains des voyageurs seraient capables de tenir un guidon. J’ignore si le projet est faisable, mais nous avons un peu de temps devant nous pour le faire mûrir ; comme vous le savez, je redoutais un peu l’expérience automobile (cf. Blog 2 « Etats d’âmes »), mais il est apparu qu’avec un effort modeste, même pour des sexagénaires acariâtres, le révélateur de caractères que constituent les aléas inhérents à un tel voyage fait partie intégrante de l’intérêt de l’aventure ! Alors, n’hésitez pas à nous contacter !
Avant de vous souhaiter une bonne lecture de l’album, j’attire à nouveau votre attention sur le bug Google+ : en cliquant sur l’image ci-dessous, vous êtes supposés être renvoyés sur Picasa pour y admirer nos photos en diaporama ; mais il arrive que vous atterrissiez sur Google+, où cette lecture en diaporama est impossible. Il vous faut alors repérer le message « “pour revenir à Picasa Album Web, cliques ICI” », et cliquer sur « ICI », éventuellement à plusieurs reprises.
Bonne lecture ! Et à bientôt !

14 – De la côte dalmate au baroque germanique

13 – Sur la Via Egnatia, de la Macédoine d’Alexandre à l’Albanie

13 - La via Egnatia, d'un bout à l'autre

13 – La via Egnatia, d’un bout à l’autre

Nous arrivons ! Nous arrivons ! Mais nous n’allons pas rentrer dare-dare par les autoroutes… le « Tour du Mont Ararat », c’est un peu loin de chez nous, certes, mais il y a tant de découvertes à faire entre là-bas et notre douce France. Et guère plus de deux semaines pour regagner nos foyers à partir des Dardanelles : quelle route prendre, alors que nous n’en connaissons encore aucune ? Paris s’enorgueillissant d’une paraît-il extraordinaire exposition sur Alexandre le Grand terminée avant notre retour, nous avons choisi de prendre la route de la Grèce du Nord, qui nous fait passer par l’ancien royaume de Macédoine. L’occasion d’aller voir sur place ce que l’exposition du Louvre n’aurait pas emporté.
La route est-ouest qui va d’Istanbul à l’Adriatique était autrefois une voie romaine qui reliait les deux capitales de l’Empire Romain. Elle tire son nom du proconsul de Macédoine, Egnatius, à qui le Sénat romain en avait confié la construction. Longue de 800 km, traversant Thrace et Macédoine, sa construction dura en fait plus de deux siècles, sa partie la plus difficile se trouvant dans la traversée des montagnes qui dominent la côte adriatique, entre Illyrie au nord, et Epire au sud. Nous allions suivre d’assez près son parcours.
L’unité historique et géographique de cette région date du royaume de Philippe II de Macédoine (382-336 BC), le père d’Alexandre le Grand, qui se tailla un domaine entre les cités grecques de la mer Egée au sud, et les barbares Illyriens et Thraces au nord et à l’est. Romaine après la défaite de Persée à Pydna (168 BC), la région restera byzantine jusqu’à sa conquête par les Ottomans au XVème siècle (alors dénommée ‘Roumélie’ – ‘pays des Roumis’), et ne deviendra ‘grecque’, ‘serbe’ et ‘albanaise’ qu’en 1913, à la suite des Guerres balkaniques ayant commencé le démembrement de l’empire ottoman avant même la première guerre mondiale.
Notre visite des fabuleux trésors mis à jour en 1977 dans la région était d’autant plus émouvante que nous revenions d’une partie des routes parcourues par Alexandre le Grand jusqu’à l’Indus, campagne au cours de laquelle il avait répandu ‘l’hellénisme’ de l’Anatolie et l’Egypte jusqu’aux fins fonds de l’Iran. Rappelez-vous les lignes des statues du Nemrut Dagi (blog 5), ou le temple de Garni (blog 7), sans parler des statuaires d’Aphrodisias (blogs 4 et 12).
En 1977 donc, les archéologues grecs mirent au jour, sous un anodin tumulus situé dans une petite ville agricole à 60km au sud-ouest de Thessalonique, des tombeaux inviolés dont l’un contenait tout simplement l’urne funéraire de Philippe II de Macédoine, accompagnée de tous les armes, mobiliers et accessoires nécessaires à sa vie dans l’au-delà. Le Musée de Vergina est installé à l’intérieur du tumulus lui-même, et l’émotion est intense. D’autres magnifiques pièces sont présentées dans les musées de Thessalonique et Pella ; nous espérons que vous vous régalerez des quelques photos que nous en rapportons !
Ces quelques jours en Grèce – passés sous une météo exceptionnelle – nous ont donné une idée de la profondeur de la crise économique et sociale que traverse le pays ; un mouvement de grève touchait les gardiens de musées (heureusement pas tous !) ; à Thessalonique (900.000 hab), une boutique sur trois est fermée, à vendre, ou bail à céder ; les gens quittent le travail à 16 h, et les musées ferment à 15 h… quel changement par rapport à l’activité de ruche printanière que nous avions vécu tout au long de nos six semaines en Turquie ! Les seuls qui semblent avoir gardé sourire et verbe haut sont d’une part les popes, dont les églises brillent de mille cierges, et d’autre part les nationalistes, notamment partis en guerre des mots contre leur voisin du nord qui, à peine sorti de l’Union Yougoslave, a prétendu se baptiser ‘Macédoine’ (mais ce ne sont pas des Grecs, ce sont des slaves !) et, pire, se doter du ‘soleil de Vergina’, le drapeau historique à 12 rayons du Royaume de Philippe II ! Si les ‘Macédoniens’ ont dû abandonner cet étendard après un blocus de 18 mois, il reste qu’encore aujourd’hui, de Bitola à Durrès… les traces archéologiques du Royaume macédonien abondent jusqu’à la mer Adriatique !
Sur les excellentes routes de Macédoine et d’Albanie, où le ciel était toujours aussi bleu au-dessus d’une épaisse couche de neige tombée jusqu’à basse altitude, nous avons notamment croisé Tomaz, jeune brésilien de 21 ans rentrant à vélo de Téhéran à Paris, d’où il était parti six mois et 10.000 km plus tôt… quelle santé, sous la tente en plein hiver, sur les routes enneigées ! La Macédoine (2 M. d’hab) semble faire cohabiter harmonieusement ses minarets ottomans avec les clochers orthodoxes bulgares ; Ohrid, sur les rives d’un immense lac enserré de montagnes, nous a séduits. L’Albanie (3,6 M. d’hab) était un peu plus difficile, en ce sens que l’économie y semble plus anarchique et la paysannerie très pauvre : on y a retrouvé un peu les nouveaux riches à la façon d’Arménie. Mais il est clair que faire connaissance avec un pays en 24 heures est tâche impossible ! Ci-joint cependant quelques photos commentées pour vous faire une idée !
Pour accéder à l’album de photos, vous savez qu’il vous faut cliquer sur l’image ci-dessous. Avant de vous souhaiter une bonne lecture, j’attire votre attention sur le fait que Google, éditeur de Picasa sur lequel le lien devrait vous faire aboutir, a tendance à vous envoyer sur ‘Google+’, où la lecture en diaporama est impossible. Si cela vous arrive, il vous faut alors repérer le message « “pour revenir à Picasa Album Web, cliques ICI”, et cliquer sur ICI, éventuellement à plusieurs reprises car il a la comprennette lente ! Bonne lecture ! Et à bientôt à Paris !

13 – La via Egnatia, d’un bout à l’autre

Bonus 6 Complainte de la Honda de Grèce à Lutèce

Bonus 6 - Complainte de la Honda de Grèce à Lutèce

Bonus 6 – Complainte de la Honda de Grèce à Lutèce

Ouh-là-là, hou-là-là, comme dirait Victoire,
J’arrive d’un retour marathon. Fallait voir :
Neuf pays en dix jours, ce n’est plus un voyage
Mais la course aux records sans voir le paysage !
Comme je vous l’ai dit, nous sommes entrés en Grèce
Il pleuvait à Philippes, c’était pas l’allégresse.
Les sites étaient fermés, les gardiens faisaient grève
Faire ça à Philippe ! Ça vous casse le rêve.
Du coup ils ont filé droit vers Thessalonique
Espérant cette fois qu’les trésors helléniques
Seraient enfin ouverts ; car il y a deux musées
Qui valent le détour voire laissent médusés.
Ils m’ont garée au bord d’un trottoir dégueulasse
Mais au bout de deux nuits quand j’ai quitté la place
Ils semblaient enchantés. Là ça a commencé :
Trois cent bornes par jour sans jamais se lasser
La Macédoine grecque et d’abord Vergina
Qui les a fait gloser et crier: “hosanna!
Le tombeau de Philippe est une pure merveille”
Puis l’autre Macédoine enneigée mais très belle
L’Albanie en vitesse où il n’y a rien à voir
Sauf un gars en vélo. Vous n’allez pas me croire
Il était Brésilien et arrivait d’Iran
Tout seul avec sa tente : c’est un gars qui a du cran.
Il n’a pas dû trop rire sur les routes albanaises
Qui sont comme arméniennes, c’est-à-dire mauvaises.
Vint le Monténégro, les bouches de Kotor
Un site impressionnant surtout qu’il pleuvait fort
Mais dès le lendemain sous un ciel bleu d’azur
C’était la Croatie et ses villes qui furent
Des citadelles fortes sous divers étendards
Dubrovnik ou bien Split et puis aussi Zadar
J’ai tout fait en trois jours : est-ce bien raisonnable
De bâcler ces beautés par un rythme effroyable ?
Perso, ça m’allait bien de filer vers le Nord
Sur des routes superbes qui sinuaient au bord
De la mer et ses îles, au soleil, sans trafic
En s’arrêtant sans cesse pour cause photographique.
Mes passagers étaient on ne peut plus ravis
De ce passage éclair dans l’ex-Yougoslavie.
Vint le moment (enfin) des derniers kilomètres
Près de deux mille quand même avec mes deux maîtres
Deux heures pour Zagreb, une heure pour Ljubljana
Les cols de Carinthie en courant à grands pas
Salzbourg juste en passant, ce n’est plus un voyage !
Munich sans s’arrêter, là c’est du sabotage.
D’accord toutes ces villes n’ont pas grand-chose à voir
Avec l’Ararat et toute son histoire
Mais quand même ils abusent. Qu’est-ce qui les presse tant ?
Je les ai entendus causer presque tout l’temps
Dire qu’après trois mois passés dans les hôtels
Ils n’avaient qu’une hâte retrouver leur cheptel.
Dans leurs têtes ils pensaient à leurs chères familles
A leurs femmes, à leurs fils, gendres, filles, belles-filles
A leurs petits-enfants, Paris, Saint-Savinien
L’Ardèche, le Dauphiné, et tous ces lieux si biens.
J’ai été enchantée de faire ce voyage
De montrer à chacun que malgré mon grand âge
Je pouvais avaler les routes les plus variées
Sans jamais trop me plaindre ni les laisser tomber.
J’ai pris goût aux voyages même en cette saison
Où je me suis gelée bien plus que de raison.
Alors sexygénaires ! Quand va-t-on faire un tour ?
Vous êtes presque vieux, n’attendez pas toujours !

Comme toujours il faut, pour zieuter les photos,
Cliquer ou sur Philippe ou bien sur le vélo

Complainte de la Honda: de la Grèce à Lutèce

12 – De Marmaris au Yunanistan, les Sept villes de l’Apocalypse

12 - de Marmaris au Yunanistan

12 – de Marmaris au Yunanistan

 

D’abord mille excuses pour les mises à jour tardives du blog. Mais, comme d’habitude, nous passons à côté de tant de merveilles que nous ne résistons que rarement à la tentation des les visiter … au lieu de prendre le temps de savourer un thé au soleil en faisant connaissance avec nos voisins de table ; nous nous retrouvons alors chaque soir avec entre 100 et 200 photos à trier … chacun ; et le jour a beau se coucher tôt, ce qui nous réserve théoriquement de longues soirées, entre la préparation des itinéraires, visites et étapes du lendemain, et les emails et Skype avec les proches, cela laisse peu de temps pour rattraper son retard. D’habitude, on s’arrête une journée complète sans visite tous les 8/10 jours pour vous donner de nos nouvelles ; mais là, depuis nos vacances de fin d’année, nous fonçons (neuf pays en onze jours, en comptant les 20 minutes passées à traverser l’enclave de Neum qui est le seul port de Bosnie-Herzégovine !), et nous sommes complètement déréglés ! Enfin, sachez que nous devrions être dans trois jours à Paris. Et rassurez-vous, l’intérêt, la beauté et le soleil que nous vous rapportons dans nos images peuvent être dégustés tranquillement pendant les encore longues et nombreuses soirées de l’hiver qui est loin d’être fini !
En nous retrouvant donc le 3 janvier à Güllük au bord de la mer Egée, nous avons choisi de remonter vers le Nord en faisant « l’intérieur de la côte » ; pour visiter notamment deux grands sites que nous n’avions pas encore vus – Pamukkale et Sardes. Nous n’avions plus ensuite qu’à franchir les Dardanelles et passer en Grèce du Nord pour y découvrir la patrie de Philippe et d’Alexandre de Macédoine. Vous verrez dans l’album ci-joint les belles images que nous ramenons notamment des sites de Stratonicée et Aphrodisias. C’est alors seulement que nous avons découvert que nous étions en train de visiter successivement les Sept Villes de l’Apocalypse, c’est-à-dire les sept villes d’Asie auxquelles l’apôtre Jean – très âgé, dernier survivant des Douze, après avoir écrit son évangile et ses lettres, après sa retraite à Patmos et sans doute installé dans la ‘maison de la Vierge’ à Ephèse, – adresse un message dans un genre florissant à l’époque : l’Apocalypse, sorte de révélation utile ( ?) pour les derniers temps. En effet, après avoir visité Ephèse, Smyrne et Pergame, nous avons successivement croisé sur notre route les quatre autres villes, c’est-à-dire : Laodicée (à côté de Denizli), Philadelphie (au cœur d’Alasehir), Sardes (à côté de Salihli) et Thyatire (dans Akhisar). C’est d’ailleurs en suivant, dans Akhisar, les panneaux nous promettant une ‘basilique St Jean’ et en nous demandant s’il pouvait s’agir de ‘notre’ 7ème ville, Thyatire, puis, les panneaux disparus, en nous perdant que nous nous sommes résolus à demander notre chemin ; il faut dire que Akhisar, 100.000 habitants, n’est pas franchement une ville où l’on risque de croiser des touristes ou des gens parlant autre chose que le turc ; eh bien un ‘Effendi’, devant nos difficultés à communiquer, au lieu de, comme tant d’autres fois, nous envoyer promener n’importe où, est monté dans sa voiture pour nous amener jusqu’à bon port. Et le crochet valait le détour : photos dans l’album ci-joint !
Entre ces sites historiques ou archéologiques, nous avons parcouru une Turquie loin des sentiers battus de la côte : paysages de cultures, de vignes, et de plaines à grandes céréales avec irrigation sophistiquée ; mais aussi des villages où les gens vivent manifestement dans une grande pauvreté, presque comme dans l’extrême est du pays, du côté de Kars. Plus au nord en Bithynie, ce sont d’immenses forêts de chênes verts et de pins maritimes, et des dizaines de kilomètres sans voir un village, avec de gros aménagements pour prévenir les incendies de forêts.
Les autres points forts de ces derniers jours passés en Turquie auront été, à nouveau, l’étonnant spectacle du détroit des Dardanelles, ainsi que les pathétiques cimetières militaires des champs de bataille de 1915, lorsque les alliés Anglais et Français ont tenté à tout prix, mais en vain, de forcer le passage par la voie terrestre à la suite de leur échec à réussir par la voie maritime (cf. précédent blog 10).
Pour accéder à l’album, vous savez qu’il vous faut cliquer sur l’image ci-dessous. Bonne lecture !

12 – de Marmaris au Yunanistan

11 – Dix jours à Rhodes

11 - Rhodes

11 – Rhodes

Nous nous retrouvons donc, Véronique, Catherine et moi-même, le soir du 22 décembre, après avoir fait le tour de la mer Egée en avion (cf légende dernière photo de l’album 10, ou 2ème de l’album ci-dessous), dans les étroites ruelles moyenâgeuses de la vieille ville de Rhodes transformées en torrents par une pluie battante, à essayer de trouver quelque restaurant ouvert … nous avions pourtant lu que les Grecs sortent dîner vers 21 h, mais là, tout le monde paraissait couché ? Vivent les vacances ! Le lendemain matin, le soleil semble revenu pour durer, et je pars à la recherche d’une boulangerie ; je rentre 1h30 plus tard, … les mains vides, après avoir traversé la vieille ville et fait le tour des fantastiques remparts ; il n’y a guère plus de monde dans les rues en ce matin lumineux que hier soir sous le déluge !? Nous sommes samedi 24 décembre, et tout semble fermé, au moins dans la vieille ville. Nous découvrirons dans les heures qui suivent que tout à Rhodes est fermé jusqu’au 27. Et, dans les jours suivants que, pendant toutes les fêtes de fin d’année, d’avant Noël jusqu’à après l’Epiphanie, on n’y trouve que quelques dizaines de touristes mal informés comme nous : la restauration, les boutiques, les hébergements et les musées sont fermés. Rhodes est une fantastique ville-musée qui nourrit les Rhodiens, mais ceux-ci prennent des vacances chaque année à ce moment, qui est notamment celui de la cueillette des olives. Alors quelque part, une fois la question de l’intendance réglée en allant nous approvisionner dans la ville neuve à l’extérieur des remparts, c’est extraordinaire : nous avons vraiment eu le sentiment de disposer de la ville pour nous seuls. Un matin cependant, en approchant de la ‘grande’ rue Socrate, il nous a semblé percevoir une certaine excitation, puis, en y prenant pied, nous nous sommes crus victimes d’une hallucination : tous les magasins étaient ouverts… et la rue était pleine de touristes ! Etait-ce des figurants d’un film qu’on venait tourner ? Avions-nous dormi pendant cinq mois ? Y avait-il une fête spéciale ? Non, c’était seulement un bateau de croisière qui faisait une escale de deux heures ; avant midi, la corne du cruiser MSC Magnifica faisait trembler les remparts, et Rhodes retombait dans son coma.
La célébrité de Rhodes dans l’Antiquité était son Colosse, une statue… colossale … de plus de 30 mètres de haut, faite d’une armature de bois revêtue de 20 tonnes de plaques de bronze. Un tremblement de terre la jeta à l’eau (certains disent qu’elle enjambait l’entrée du port là où sont aujourd’hui les ‘cerfs’ – Cf. album) en 225 BC, cinquante ans seulement après son achèvement ; elle avait tellement marqué les esprits qu’elle figurait parmi les Sept Merveilles du Monde. Erigée pour célébrer la victoire des Rhodiens sur Démétrios ‘Polyorcète’ (litt. ‘preneur de villes’), l’île en avait acquis la réputation d’être difficile à conquérir, tout en étant située au carrefour stratégique des mers Egée et Méditerranée sur la route de la Soie.
C’est ainsi que les Chevaliers de St Jean de Jérusalem, chassés de Terre Sainte après que les musulmans aient repris Jérusalem (1187) et St Jean d’Acre (1291) [il faut que je fasse attention à ce que je dis, je compte parmi mes lecteurs d’actifs membres de l’Ordre], achètent l’île à des Génois en 1309, pour y poursuivre leurs œuvres pieuses (accueil et soin des pèlerins en Terre Sainte) et militaires (chasser l’infidèle du tombeau du Christ). Les pèlerins se faisant rares puisque Jérusalem est retournée aux infidèles, les Chevaliers développent alors pendant deux siècles une ‘guerre de course’ contre l’infidèle qui est d’autant plus rémunératrice qu’ils récupèrent en outre les biens des Templiers après leur abolition en 1312. C’est ainsi qu’ils ont rapidement les moyens de transformer Rhodes en une place forte chrétienne équipée de toutes les techniques dernier cri pour résister aux tentatives des Turcs et Arabes pour transformer ces mers en lac musulman. Ils utilisent également leur trésor pour racheter les chrétiens captifs des infidèles.
C’est la quatrième tentative des Turcs qui sera la bonne. Nous sommes en 1522 ; la chrétienté est divisée par les querelles entre Pape, Charles Quint et François 1er ; ce dernier a même passé un traité avec le Sultan qui se nomme Suleiman le Magnifique. Il rassemble 200.000 hommes à Marmaris, qu’il charge sur 300 navires, alors que Rhodes compte 650 chevaliers et 7.000 hommes. Après avoir débarqué, il lui faudra quand même près de six mois pour contraindre le Grand Maître à un traité par lequel toutes les places que les Chevaliers possèdent dans la région (notamment Halicarnasse/Bodrum) sont évacuées ; en échange de quoi les Chevaliers peuvent repartir sains et saufs (il en reste… 160), avec leur trésor, leurs archives et leurs reliques chargés sur 30 navires. Ceux-ci se feront offrir l’île de Malte par Charles Quint en 1530. Chevaliers de St Jean, de Rhodes et de Malte sont donc les trois temps d’une même histoire.
Les Chevaliers de Rhodes nous ont laissé une ville théâtre, une ville spectacle incroyable derrière 4 kilomètres de remparts qui possèdent trois enceintes pratiquement partout. Ce ne sont que bastions, courtines, meurtrières, tours, portes et mâchicoulis restaurés avec goût. Ces fortifications enserrent une ville moyenâgeuse avec encore toutes ses fonctions : Palais des Grands Maîtres, Hôtels des Chevaliers (ils étaient regroupés par ‘nationalités’), Hôpital, fours collectifs, puits, églises, mosquées, magasins… en bref, tout ce qu’il faut pour soutenir un long siège avec 10.000 personnes à nourrir chaque jour ! L’île fut tellement stratégique pendant des siècles qu’elle ne revint à la Grèce qu’en 1947, après avoir appartenu aux Anglais, Allemands, Italiens, Ottomans…
Nous avons tous passé à Rhodes d’excellentes vacances, par une météo exceptionnelle. Une fois toute ma petite famille repartie à ses occupations en France, il me restait à revenir en Turquie récupérer la voiture laissée à Güllük, près de l’aéroport de Bodrum, et à y accueillir Bernard pour un retour en France prévu avant la fin du mois de janvier. J’espère que les images de l’album ci-joint vous donneront envie de découvrir cette ville magnifique.

11 – Rhodes