Savez-vous ce qu’ont fait ces voyous patentés ?
Ils m’ont abandonnée pour Noël sur un quai
Pendant qu’ils se tiraient pour aller faire la fête
Philippe chez les Grecs et Bernard – c’est trop bête-
A Paris en avion, comme si j’existais pas !
J’en ai franchement marre de ces deux vieux ingrats.
Il faut que je vous conte un peu ma triste vie
Depuis cet Ankara où j’ai passé la nuit
Dans une capitale assez sale et minable
Indigne de la Turquie, limite désagréable.
Filant d’abord vers l’Ouest j’étais pleine d’espoir
Même s’il neigeait fort. Je ne suis pas couarde
Et je tenais la route entre les camions fous
Direction Istanbul. j’en voyais pas le bout.
D’un coup, sans crier gare on a pris vers le Sud
Pour aller voir ailleurs comme ils font d’habitude :
Les faïenciers d’Iznik, les soyeux de Bursa
Des villes fort jolies mais moi, comme un forçat
Je roulais sans arrêt quand d’un air solennel
Ils m’ont dit : « c’est l’Europe, voici les Dardanelles »
D’accord j’ai vu l’Europe, mais de l’autre côté
Ne sachant pas nager j’ai pas osé sauter
Et nous avons filé plein Sud d’abord vers Troie
Les deux andouilles montèrent dans le cheval de bois
Puis on s’est baladé le long d’la mer Egée
Il s’est mis à pleuvoir, je les ai protégés
A Ayvalik, Pergame, Ephèse et même Izmir
Pour voir des tas d’cailloux vieux à n’en plus finir.
Bernard a pris l’avion remplacé par Véro
La pluie a continué, pour le tourisme : zéro!
Puis nous avons atteint le port de Marmaris
Ils voulaient m’y laisser, victime expiatrice
Dans un parking sous douane jusqu’à l’année suivante
Abandonnant sans gêne leur fidèle servante.
Ces naïfs avaient cru aux horaires des ferries :
Quand ils sont arrivés, ben il était parti !
Comment aller à Rhodes retrouver leurs enfants ?
Heureusement j’étais là, et sans perdre de temps
Nous avons regagné Bodrum-aéroport
Où ils ont pu trouver un moyen assez fort :
Bodrum, puis Istanbul, puis Athènes, puis Rhodes
Le tour d’la mer Egée c’est un truc à la mode !
Trois mille kilomètres au lieu de cent cinquante
Voilà ce qui arrive lorsque quelqu’un me plante.
Célébrer Noël seule, c’était pas trop mon truc
Au milieu des pêcheurs dans le port de Güllük
Ça sentait le poisson, personne autour de moi,
J’y ai passé quinze jours sans bouger dans le froid.
Puis un soir arriva Philippe impromptu
Qui fit semblant de rien mais m’a bien reconnue
Puis Bernard débarqua et nous voilà partis
Vers le Nord pour – je crois – quitter vite la Turquie.
En passant par des coins comme Pamukkale
Et d’autres où personne n’était jamais allé.
Nous avons pris tout droit jusques aux Dardanelles
Traversées en ferry : que l’Europe était belle
Enfin jusqu’à la douane : après ce sont les Grecs
Et de mon expérience ce sont des drôles de mecs
Je vous en dirais plus une prochaine fois
Pour l’instant nous rentrons, peut-être bientôt chez moi.
Et toujours, les photos en cliquant sur l’image
Ce n’est pas très sorcier et ça vaut le voyage!
Complainte de la Honda: Turquie de l’Ouest |