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15 – Le Chili central

15 - Le Chili central

15 – Le Chili central

Nous avions déjà visité les provinces du Chili les plus au Sud, celles de ‘Magellan’ (Punta Arenas) et de ‘Ultima Esperanza’ (sic !… Puerto Natales. Cf. Blog 13), s’étendant du Détroit au Parc de Torrès del Payne, puis celle d’Aysen (la Carretera Australe de Chile Chico à Tupaleufu). Nous y sommes revenus beaucoup plus au nord, remontant le Chili depuis Osorno jusqu’à Santiago et Valparaiso, le cœur du Chili économique, où se concentrent les 2/3 de la population. Une grande autoroute, la ‘Transaméricaine’ remonte tout le pays dans d’excellentes conditions. Les grands centres de Temuco et Santiago nous permettaient en outre de faire réviser nos motos après les épreuves subies sur le ‘ripio’ argentin de la ruta 40 et avant d’aborder l’altiplano bolivien, où elles auront à travailler dur, à des altitudes moyennes de 3.800 m.

Le Chili est un pays très attachant, coincé entre l’Océan Pacifique et la chaîne des Andes, où se trouve son point culminant, l’Aconcagua (6.962 m). S’étendant sur quelques 4.300 km du nord au sud pour une largeur moyenne de 180 km, couvrant plus de 750.000 km², la variété de ses climats est exceptionnelle, des déserts du nord (l’Atacama y abrite le fameux observatoire ALMA, inauguré ce mois-ci) aux régions subarctiques, en passant par toute la gamme des climats que nous aurions chez nous entre la Norvége et le sud marocain : lors des 500 km que nous avons parcourus en une journée entre Las Trancas et Santiago, nous avons quitté une station de montagne pour descendre dans un climat ‘toulousain’ aux magnifiques champs de maïs, avant de rencontrer nos premiers cactus, puis des palmiers, puis des bananiers… Ses 16 millions d’habitants travaillent dur, et le niveau économique du pays est élevé : en ce qui nous concerne, nous avons apprécié qu’il n’y ait notamment pas de problème de monnaie (pas de ‘marché bleu’ sur le peso chilien !), ni de ravitaillement en essence ; la vie en revanche y est relativement chère, comme en Europe pour un niveau de confort équivalent, ce qui semble laisser une partie importante de la population aux limites de la misère. Le pays a été colonisé par les Espagnols dès le XVIème siècle, lors de leur poussée vers le Sud à la suite de la conquête de l’empire Inca ; mais les Espagnols n’ont réussi à dominer ce qu’on appelle l’Araucanie – c’est-à-dire le cœur du pays Mapuche – qu’à la suite de longues guerres pendant lesquelles ils ont souvent eu le dessous, et qui ne se sont terminées qu’à la fin du XIXème s. ; d’où un regard porté par les Chiliens sur les importantes communautés indiennes subsistantes aujourd’hui beaucoup plus positif que ce que nous avions pu percevoir en Argentine.

Nous ne sommes restés que deux jours à Santiago, et deux jours à Valparaiso, à peine le temps de nous faire une idée superficielle de ces grandes villes célèbres ; mais nous avons été séduits par leur rythme et leurs couleurs comme par leur activité économique. Valparaiso, surtout, nous a enchantés : ces empilements décomplexés de maisons de toutes les couleurs dominant la rade, l’ambiance festive ‘en bas, sur le plan’, l’animation du côté du port, les fruits de mer, la lumière… un regret seulement, d’ailleurs étonnant : ce port n’est pas du tout tourné vers la mer, sans marina ni croisette… il faut dire que la mer y est paraît-il glaciale !

Mais notre morceau de bravoure de ces 2.000 km de routes aura – encore une fois ! – été motocycliste, même si malheureusement aucun reportage photographique ne peut vous le raconter : le franchissement des Andes du Chili vers l’Argentine, par le célèbre col du Christ Rédempteur (tunnel à 3.600 m) au pied de l’Aconcagua aurait dû être particulièrement photogénique ; la météo était idéale, et le spectacle annoncé féérique. Il s’est transformé en un cauchemar pour les vieux que nous sommes, qui avons dû en effet parcourir 1.150 km en deux jours, dont 270 km – c’est-à-dire tous ceux de la haute montagne à proprement parler – dans la nuit noire la plus complète. Des travaux routiers du côté de la station de ski de Portillo obligeaient en effet à une circulation à sens unique ; et au lieu d’organiser une circulation alternée toutes les 15 ou 30 minutes, la route vers l’Argentine n’était ouverte que de… 21h30 à 7h00. Arrivés au pied du col vers 12h30, nous avons d’abord dû patienter pendant 9 heures dans une vague auberge, en nous préparant à une nuit difficile. Lorsque la nuit bien noire s’est installée, nous avons commencé par escalader une infinité de vertigineux (ah ! ce sentier lumineux de phares, là bas, tout en bas… !) lacets en travaux, tentant de nous accrocher aux motos ‘sportives’ qui nous accompagnaient sans nous faire rattraper par la meute des voitures qui nous suivaient. Las ! En redescendant vers l’Argentine, nous avons manqué le poste de douane – qui n’était pas installé en travers de la route ! – et avons dû remonter 16 km… pour nous retrouver noyés dans le flot des voitures. Deux heures plus tard, minuit largement passé, il ne nous restait plus qu’à parcourir encore 180 km de routes sinueuses en restant bien éveillés jusqu’à Mendoza, atteint… sous la pluie… à 3h45. Nous garderons longtemps en mémoire le cerveau embrumé de ce noir tunnel glacé qui n’en finit pas, balayé par le pinceau des phares, avec quelques furtives visions, dans les quelques lignes droites, de l’immense voûte étoilée où se découpe l’ombre noire de parois, le froid qui s’infiltre, puis l’humidité qui revient en redescendant, les crampes et picotements des mains, l’attention qu’il faut recadrer sans cesse sur la route qui n’en finit pas de tourner, les haltes forcées pour la douane, faire le plein d’essence et de café, les phares de Véronique dans les rétroviseurs, le trafic sur ce grand passage international… et enfin de la grosse averse qui nous rince en croisant des semis remorques vers 3h00 du matin… Et le lendemain, nous avions encore 650 km à parcourir pour atteindre nos neveux Laxague de Cordoba, où nous arriverons sains et saufs avec de tout petits yeux bien fatigués ! Heureusement, leur accueil était à la hauteur de notre fatigue : nous vous raconterons cela la prochaine fois !

Je vous rappelle qu’en ouvrant l’album Picasa joint en cliquant sur la légende de la photo en tête d’article, c’est parfois Google+ qui s’ouvre au lieu de Picasa Web, lequel ne permet notamment pas de lire les abondantes légendes dont j’illustre chaque photo. Il faut alors, dès l’ouverture, repérer en haut et au milieu de l’écran un bandeau jaune où il est écrit « Cliquer ICI pour revenir à Picasa ». (Attention, le message ne s’affiche pas très longtemps ; si vous ne le voyez pas, revenir en arrière d’une étape !). Il faut alors cliquer sur « ICI », et, miracle, tout l’album s’affiche sous forme de vignettes. Cliquer ensuite sur ‘Diaporama’ ; le Diaporama se lance alors avec la première photo…. puis faire comme le diaporama le propose : appuyer sur la touche F11 du clavier pour passer en ‘plein écran’… sur la touche Pause, et faire défiler soi-même ses photos à son rythme avec les flèches de direction du clavier.

Bonne lecture !

15 – En Cappadoce avec Mosaïque du Monde

15 – En Cappadoce avec Mozaïque du Monde

Ci-dessus, le lien vers l’album de photos associé à cette page.

Partir avec un ‘tour’ organisé ???!!!! Ceux qu’on fait tout pour fuir, surtout quand ils sont français, lorsque nous en apercevons au loin sur notre route ? Çà, il faut dire que je n’y aurais pas pensé ! Vous nous voyez trimbalés dans un bus avec des Bidochons, tenus en laisse par un guide pressé aux calembours usés, nous tartinant une sous culture passe partout comme ceux qu’on entend chez nous à Paris sur les bateaux mouche ? Et en plus, on en revient, de la Turquie, où nous avons passé six semaines cet hiver, en la parcourant d’ouest en est et du nord au sud !
Et puis voilà, nous en revenons, de ce ‘tour en Cappadoce’, un peu amoindris intellectuellement, certes, mais vivants ! Véronique m’avait convaincu de m’associer à ce projet, en me vendant surtout qu’il était organisé par la famille Guibert, et que ce serait donc trop sympa ! Et effectivement, la famille Guibert valait le voyage ! Sans parler de cette expérience de voyager en Bidochons !
Pour ce qui est du coût de la visite de la Cappadoce, et même si nous étions avertis qu’il y avait quelques frais supplémentaires aux 149 € annoncés pour la semaine et que nous en avions déjà payé 306 par personne avant le départ, il faut en fait compter sur au minimum 600 € par personne pour suivre normalement le programme, sans compter les options supplémentaires comme un vol en montgolfière (magique ! voyez les photos ! 150 €) ou l’achat d’artisanat turc. Il n’y a guère en effet d’autre option – sauf à se morfondre au bord de la route alors que le reste du car s’emplit la panse au buffet, ou à se remplir un ‘doggy bag’ au petit déjeuner – que d’accepter le forfait qui nous est proposé dans le car ensommeillé après une nuit de 3 heures : inclus dans ce forfait ‘Royal’ de 237 € se trouvent en effet notamment le coût des entrées dans des sites magiques comme Pergé ou Aspendos, où nous avons la chance de pouvoir flâner pendant au moins 50’, des soirées folklorique et de derviches tourneurs, ainsi qu’une somptueuse croisière sur la rivière Manavgat à bord d’un authentique bateau de pirates, avec déjeuner sur le pont et plage ensoleillée à l’arrivée. Il faut aussi savoir que pour ces 600 €, vous ne passez que deux jours en Cappadoce, deux autres jours sur la route, et trois jours dans les environs d’Antalya. Ce n’est qu’à la fin du voyage qu’on comprend pourquoi le vol atterrit à Antalya, à 600 km de la Cappadoce, et non pas à l’aéroport international Erkilet de Kayseri, à 70 km d’Avanos. Çağdaş, notre guide (prononcer ‘Tchaâdash’ !), nous explique en effet que ces voyages ‘Mosaïque du Monde’ sont subventionnés par l’Etat turc, et qu’il convient, pour que nous revenions moins idiots en France, de nous initier à la qualité des produits turcs comme les tapis, la joaillerie ou les vêtements de cuir. Ces dernières visites ‘d’usine’ autour d’Antalya sont obligatoires mais techniquement très intéressantes ; cependant, si vous voulez vous laisser tenter, prévoyez d’abord un budget conséquent (entre 300 et 3.000 € mini) ; et il faut, comme dans un bazar, y négocier les prix affichés, sachant que les vendeurs s’y entendent… aussi bien que dans un bazar : en-dessous de 60 % de rabais, il n’est pas sûr que vous fassiez une bonne affaire ! J’ajoute que les hôtels de la région d’Antalya correspondent effectivement aux 4 et 5 étoiles turques promis, avec piscine, sauna, hammam, bain turc et des possibilités de massages qui nous ont ravis ; en revanche, les chambres de l’hôtel de Cappadoce où nous avons passé trois nuits étaient parfaitement indigentes.
Il reste que l’ensemble des participants étaient ravis de ce voyage, et que nous aussi, tout à fait ravis de cette expérience inattendue ! Nous avons même envie de retourner visiter la Cappadoce tranquillement avec nos motos !
Vous savez que pour accéder à l’album de photos, il faut cliquer sur le lien ci-dessous, Bonne lecture ! Et à bientôt !

15 – En Cappadoce avec Mozaïque du Monde

14 – De la côte dalmate au baroque germanique

14 - De la côte dalmate au baroque germanique

14 – De la côte dalmate au baroque germanique

En quittant l’Albanie vers le Nord en direction du Montenegro, la côte Est de l’Adriatique quitte ce qui fut pendant des siècles une aire ottomane pour entrer dans des pays dans lesquels l’Islam n’a jamais pu pénétrer sérieusement, contesté autant par la puissante Venise que par ce qui était le Saint Empire Romain Germanique. La frontière n’est d’ailleurs pas là seulement celle qui sépare l’Islam de la Chrétienté, elle est aussi celle qui sépare les Catholiques des Orthodoxes : la ligne de partage entre ces frères chrétiens correspondait plus au moins à la frontière entre les Empires romains d’Orient et d’Occident, entre les patriarches de Constantinople et de Rome. C’est donc une triple frontière que nous franchissons : nous quittons la mosquée pour l’église, le Patriarche pour le Pape, l’Orient pour l’Occident.
C’est de cette charnière de l’Europe méditerranéenne, autrefois appelée Illyrie, que nous sont venus, au troisième siècle, une douzaine d’empereurs romains, de ceux qui, avec notamment Dioclétien et Constantin, ont sauvé l’Empire pour au moins deux siècles. Le plus beau des spectacles que nous avons pu admirer est celui du Palais de Dioclétien, enfoui, à Split, sous près de 2.000 ans de constructions qui se sont intégrées dans les murs même du Palais, en laissant apparents non seulement ses remparts et ses façades, mais aussi ses temples, ses magasins, son mausolée et ses portiques, le tout étant aujourd’hui le cœur d’une ville de près de 200.000 habitants, dont 25.000 étudiants, avec ses places et palais à la vénitienne.
Nous ne savons comment vous dire mieux la beauté de cette côte dalmate en général qu’en vous invitant à parcourir l’album de photos : bordée de montagnes, d’îles et presqu’îles à n’en plus finir, c’était un fameux repaires de pirates dans l’Antiquité, et maintenant un paradis pour les voiliers comme pour les baigneurs à la recherche de criques et plages secrètes. Cette côte est de plus parsemée des trésors architecturaux bâtis grâce aux richesses de Raguse ou Venise. Nous l’avons parcourue en beaucoup moins de temps que nous l’aurions souhaité, par un temps idyllique, au milieu des mimosas en fleur, en nous promettant de revenir un jour à motos ou à la voile, au printemps ou à l’automne !
Quelques heures d’autoroute plus loin se profilaient les contreforts des Alpes, au pied desquelles se trouvent par exemple Zagreb et Ljubljana, aujourd’hui capitales de la Croatie et de la Slovénie. Bernard ne se sentait plus de joie au passage de la frontière slovène, porte d’entrée de l’Europe avec son drapeau bleu frappé des 12 étoiles, ses couettes germaniques, ses clochers à bulbe, les ors de ses gloires baroques. Les prés y sont, malgré l’hiver, d’un vert que nous avions oublié ; les skieurs profitent des remontées mécaniques même en milieu de semaine, nous y doublons des semi-remorques turcs avec une pointe de nostalgie, nos familles ne croient pas trop à notre retour en chair et en os. Brûlant les étapes, nous nous précipitons vers notre nouvelle vie de sédentaire par les autoroutes allemandes, à la fois impatients de partager de vive voix nos lumières plein la tête, et un peu inquiets de la métamorphose à accomplir pour nous dépouiller de notre peau de nomades.
L’hiver prochain, ins sha Allah, nous envisageons d’aller parcourir pendant quelques mois (5 ?) les routes d’Amérique du Sud, en commençant par rendre visite à nos cousins argentins et espérons pouvoir y enfourcher à nouveau nos motos. Si certains de nos lecteurs étaient intéressés à venir nous rejoindre sur tout ou partie d’un itinéraire à préciser, l’expérience automobile que nous venons de vivre … ainsi que la taille du continent… nous incitent à travailler sur un projet qui pourrait associer quelques motos à une voiture dans laquelle certains des voyageurs seraient capables de tenir un guidon. J’ignore si le projet est faisable, mais nous avons un peu de temps devant nous pour le faire mûrir ; comme vous le savez, je redoutais un peu l’expérience automobile (cf. Blog 2 « Etats d’âmes »), mais il est apparu qu’avec un effort modeste, même pour des sexagénaires acariâtres, le révélateur de caractères que constituent les aléas inhérents à un tel voyage fait partie intégrante de l’intérêt de l’aventure ! Alors, n’hésitez pas à nous contacter !
Avant de vous souhaiter une bonne lecture de l’album, j’attire à nouveau votre attention sur le bug Google+ : en cliquant sur l’image ci-dessous, vous êtes supposés être renvoyés sur Picasa pour y admirer nos photos en diaporama ; mais il arrive que vous atterrissiez sur Google+, où cette lecture en diaporama est impossible. Il vous faut alors repérer le message « “pour revenir à Picasa Album Web, cliques ICI” », et cliquer sur « ICI », éventuellement à plusieurs reprises.
Bonne lecture ! Et à bientôt !

14 – De la côte dalmate au baroque germanique

13 – Sur la Via Egnatia, de la Macédoine d’Alexandre à l’Albanie

13 - La via Egnatia, d'un bout à l'autre

13 – La via Egnatia, d’un bout à l’autre

Nous arrivons ! Nous arrivons ! Mais nous n’allons pas rentrer dare-dare par les autoroutes… le « Tour du Mont Ararat », c’est un peu loin de chez nous, certes, mais il y a tant de découvertes à faire entre là-bas et notre douce France. Et guère plus de deux semaines pour regagner nos foyers à partir des Dardanelles : quelle route prendre, alors que nous n’en connaissons encore aucune ? Paris s’enorgueillissant d’une paraît-il extraordinaire exposition sur Alexandre le Grand terminée avant notre retour, nous avons choisi de prendre la route de la Grèce du Nord, qui nous fait passer par l’ancien royaume de Macédoine. L’occasion d’aller voir sur place ce que l’exposition du Louvre n’aurait pas emporté.
La route est-ouest qui va d’Istanbul à l’Adriatique était autrefois une voie romaine qui reliait les deux capitales de l’Empire Romain. Elle tire son nom du proconsul de Macédoine, Egnatius, à qui le Sénat romain en avait confié la construction. Longue de 800 km, traversant Thrace et Macédoine, sa construction dura en fait plus de deux siècles, sa partie la plus difficile se trouvant dans la traversée des montagnes qui dominent la côte adriatique, entre Illyrie au nord, et Epire au sud. Nous allions suivre d’assez près son parcours.
L’unité historique et géographique de cette région date du royaume de Philippe II de Macédoine (382-336 BC), le père d’Alexandre le Grand, qui se tailla un domaine entre les cités grecques de la mer Egée au sud, et les barbares Illyriens et Thraces au nord et à l’est. Romaine après la défaite de Persée à Pydna (168 BC), la région restera byzantine jusqu’à sa conquête par les Ottomans au XVème siècle (alors dénommée ‘Roumélie’ – ‘pays des Roumis’), et ne deviendra ‘grecque’, ‘serbe’ et ‘albanaise’ qu’en 1913, à la suite des Guerres balkaniques ayant commencé le démembrement de l’empire ottoman avant même la première guerre mondiale.
Notre visite des fabuleux trésors mis à jour en 1977 dans la région était d’autant plus émouvante que nous revenions d’une partie des routes parcourues par Alexandre le Grand jusqu’à l’Indus, campagne au cours de laquelle il avait répandu ‘l’hellénisme’ de l’Anatolie et l’Egypte jusqu’aux fins fonds de l’Iran. Rappelez-vous les lignes des statues du Nemrut Dagi (blog 5), ou le temple de Garni (blog 7), sans parler des statuaires d’Aphrodisias (blogs 4 et 12).
En 1977 donc, les archéologues grecs mirent au jour, sous un anodin tumulus situé dans une petite ville agricole à 60km au sud-ouest de Thessalonique, des tombeaux inviolés dont l’un contenait tout simplement l’urne funéraire de Philippe II de Macédoine, accompagnée de tous les armes, mobiliers et accessoires nécessaires à sa vie dans l’au-delà. Le Musée de Vergina est installé à l’intérieur du tumulus lui-même, et l’émotion est intense. D’autres magnifiques pièces sont présentées dans les musées de Thessalonique et Pella ; nous espérons que vous vous régalerez des quelques photos que nous en rapportons !
Ces quelques jours en Grèce – passés sous une météo exceptionnelle – nous ont donné une idée de la profondeur de la crise économique et sociale que traverse le pays ; un mouvement de grève touchait les gardiens de musées (heureusement pas tous !) ; à Thessalonique (900.000 hab), une boutique sur trois est fermée, à vendre, ou bail à céder ; les gens quittent le travail à 16 h, et les musées ferment à 15 h… quel changement par rapport à l’activité de ruche printanière que nous avions vécu tout au long de nos six semaines en Turquie ! Les seuls qui semblent avoir gardé sourire et verbe haut sont d’une part les popes, dont les églises brillent de mille cierges, et d’autre part les nationalistes, notamment partis en guerre des mots contre leur voisin du nord qui, à peine sorti de l’Union Yougoslave, a prétendu se baptiser ‘Macédoine’ (mais ce ne sont pas des Grecs, ce sont des slaves !) et, pire, se doter du ‘soleil de Vergina’, le drapeau historique à 12 rayons du Royaume de Philippe II ! Si les ‘Macédoniens’ ont dû abandonner cet étendard après un blocus de 18 mois, il reste qu’encore aujourd’hui, de Bitola à Durrès… les traces archéologiques du Royaume macédonien abondent jusqu’à la mer Adriatique !
Sur les excellentes routes de Macédoine et d’Albanie, où le ciel était toujours aussi bleu au-dessus d’une épaisse couche de neige tombée jusqu’à basse altitude, nous avons notamment croisé Tomaz, jeune brésilien de 21 ans rentrant à vélo de Téhéran à Paris, d’où il était parti six mois et 10.000 km plus tôt… quelle santé, sous la tente en plein hiver, sur les routes enneigées ! La Macédoine (2 M. d’hab) semble faire cohabiter harmonieusement ses minarets ottomans avec les clochers orthodoxes bulgares ; Ohrid, sur les rives d’un immense lac enserré de montagnes, nous a séduits. L’Albanie (3,6 M. d’hab) était un peu plus difficile, en ce sens que l’économie y semble plus anarchique et la paysannerie très pauvre : on y a retrouvé un peu les nouveaux riches à la façon d’Arménie. Mais il est clair que faire connaissance avec un pays en 24 heures est tâche impossible ! Ci-joint cependant quelques photos commentées pour vous faire une idée !
Pour accéder à l’album de photos, vous savez qu’il vous faut cliquer sur l’image ci-dessous. Avant de vous souhaiter une bonne lecture, j’attire votre attention sur le fait que Google, éditeur de Picasa sur lequel le lien devrait vous faire aboutir, a tendance à vous envoyer sur ‘Google+’, où la lecture en diaporama est impossible. Si cela vous arrive, il vous faut alors repérer le message « “pour revenir à Picasa Album Web, cliques ICI”, et cliquer sur ICI, éventuellement à plusieurs reprises car il a la comprennette lente ! Bonne lecture ! Et à bientôt à Paris !

13 – La via Egnatia, d’un bout à l’autre

Bonus 6 Complainte de la Honda de Grèce à Lutèce

Bonus 6 - Complainte de la Honda de Grèce à Lutèce

Bonus 6 – Complainte de la Honda de Grèce à Lutèce

Ouh-là-là, hou-là-là, comme dirait Victoire,
J’arrive d’un retour marathon. Fallait voir :
Neuf pays en dix jours, ce n’est plus un voyage
Mais la course aux records sans voir le paysage !
Comme je vous l’ai dit, nous sommes entrés en Grèce
Il pleuvait à Philippes, c’était pas l’allégresse.
Les sites étaient fermés, les gardiens faisaient grève
Faire ça à Philippe ! Ça vous casse le rêve.
Du coup ils ont filé droit vers Thessalonique
Espérant cette fois qu’les trésors helléniques
Seraient enfin ouverts ; car il y a deux musées
Qui valent le détour voire laissent médusés.
Ils m’ont garée au bord d’un trottoir dégueulasse
Mais au bout de deux nuits quand j’ai quitté la place
Ils semblaient enchantés. Là ça a commencé :
Trois cent bornes par jour sans jamais se lasser
La Macédoine grecque et d’abord Vergina
Qui les a fait gloser et crier: “hosanna!
Le tombeau de Philippe est une pure merveille”
Puis l’autre Macédoine enneigée mais très belle
L’Albanie en vitesse où il n’y a rien à voir
Sauf un gars en vélo. Vous n’allez pas me croire
Il était Brésilien et arrivait d’Iran
Tout seul avec sa tente : c’est un gars qui a du cran.
Il n’a pas dû trop rire sur les routes albanaises
Qui sont comme arméniennes, c’est-à-dire mauvaises.
Vint le Monténégro, les bouches de Kotor
Un site impressionnant surtout qu’il pleuvait fort
Mais dès le lendemain sous un ciel bleu d’azur
C’était la Croatie et ses villes qui furent
Des citadelles fortes sous divers étendards
Dubrovnik ou bien Split et puis aussi Zadar
J’ai tout fait en trois jours : est-ce bien raisonnable
De bâcler ces beautés par un rythme effroyable ?
Perso, ça m’allait bien de filer vers le Nord
Sur des routes superbes qui sinuaient au bord
De la mer et ses îles, au soleil, sans trafic
En s’arrêtant sans cesse pour cause photographique.
Mes passagers étaient on ne peut plus ravis
De ce passage éclair dans l’ex-Yougoslavie.
Vint le moment (enfin) des derniers kilomètres
Près de deux mille quand même avec mes deux maîtres
Deux heures pour Zagreb, une heure pour Ljubljana
Les cols de Carinthie en courant à grands pas
Salzbourg juste en passant, ce n’est plus un voyage !
Munich sans s’arrêter, là c’est du sabotage.
D’accord toutes ces villes n’ont pas grand-chose à voir
Avec l’Ararat et toute son histoire
Mais quand même ils abusent. Qu’est-ce qui les presse tant ?
Je les ai entendus causer presque tout l’temps
Dire qu’après trois mois passés dans les hôtels
Ils n’avaient qu’une hâte retrouver leur cheptel.
Dans leurs têtes ils pensaient à leurs chères familles
A leurs femmes, à leurs fils, gendres, filles, belles-filles
A leurs petits-enfants, Paris, Saint-Savinien
L’Ardèche, le Dauphiné, et tous ces lieux si biens.
J’ai été enchantée de faire ce voyage
De montrer à chacun que malgré mon grand âge
Je pouvais avaler les routes les plus variées
Sans jamais trop me plaindre ni les laisser tomber.
J’ai pris goût aux voyages même en cette saison
Où je me suis gelée bien plus que de raison.
Alors sexygénaires ! Quand va-t-on faire un tour ?
Vous êtes presque vieux, n’attendez pas toujours !

Comme toujours il faut, pour zieuter les photos,
Cliquer ou sur Philippe ou bien sur le vélo

Complainte de la Honda: de la Grèce à Lutèce

12 – De Marmaris au Yunanistan, les Sept villes de l’Apocalypse

12 - de Marmaris au Yunanistan

12 – de Marmaris au Yunanistan

 

D’abord mille excuses pour les mises à jour tardives du blog. Mais, comme d’habitude, nous passons à côté de tant de merveilles que nous ne résistons que rarement à la tentation des les visiter … au lieu de prendre le temps de savourer un thé au soleil en faisant connaissance avec nos voisins de table ; nous nous retrouvons alors chaque soir avec entre 100 et 200 photos à trier … chacun ; et le jour a beau se coucher tôt, ce qui nous réserve théoriquement de longues soirées, entre la préparation des itinéraires, visites et étapes du lendemain, et les emails et Skype avec les proches, cela laisse peu de temps pour rattraper son retard. D’habitude, on s’arrête une journée complète sans visite tous les 8/10 jours pour vous donner de nos nouvelles ; mais là, depuis nos vacances de fin d’année, nous fonçons (neuf pays en onze jours, en comptant les 20 minutes passées à traverser l’enclave de Neum qui est le seul port de Bosnie-Herzégovine !), et nous sommes complètement déréglés ! Enfin, sachez que nous devrions être dans trois jours à Paris. Et rassurez-vous, l’intérêt, la beauté et le soleil que nous vous rapportons dans nos images peuvent être dégustés tranquillement pendant les encore longues et nombreuses soirées de l’hiver qui est loin d’être fini !
En nous retrouvant donc le 3 janvier à Güllük au bord de la mer Egée, nous avons choisi de remonter vers le Nord en faisant « l’intérieur de la côte » ; pour visiter notamment deux grands sites que nous n’avions pas encore vus – Pamukkale et Sardes. Nous n’avions plus ensuite qu’à franchir les Dardanelles et passer en Grèce du Nord pour y découvrir la patrie de Philippe et d’Alexandre de Macédoine. Vous verrez dans l’album ci-joint les belles images que nous ramenons notamment des sites de Stratonicée et Aphrodisias. C’est alors seulement que nous avons découvert que nous étions en train de visiter successivement les Sept Villes de l’Apocalypse, c’est-à-dire les sept villes d’Asie auxquelles l’apôtre Jean – très âgé, dernier survivant des Douze, après avoir écrit son évangile et ses lettres, après sa retraite à Patmos et sans doute installé dans la ‘maison de la Vierge’ à Ephèse, – adresse un message dans un genre florissant à l’époque : l’Apocalypse, sorte de révélation utile ( ?) pour les derniers temps. En effet, après avoir visité Ephèse, Smyrne et Pergame, nous avons successivement croisé sur notre route les quatre autres villes, c’est-à-dire : Laodicée (à côté de Denizli), Philadelphie (au cœur d’Alasehir), Sardes (à côté de Salihli) et Thyatire (dans Akhisar). C’est d’ailleurs en suivant, dans Akhisar, les panneaux nous promettant une ‘basilique St Jean’ et en nous demandant s’il pouvait s’agir de ‘notre’ 7ème ville, Thyatire, puis, les panneaux disparus, en nous perdant que nous nous sommes résolus à demander notre chemin ; il faut dire que Akhisar, 100.000 habitants, n’est pas franchement une ville où l’on risque de croiser des touristes ou des gens parlant autre chose que le turc ; eh bien un ‘Effendi’, devant nos difficultés à communiquer, au lieu de, comme tant d’autres fois, nous envoyer promener n’importe où, est monté dans sa voiture pour nous amener jusqu’à bon port. Et le crochet valait le détour : photos dans l’album ci-joint !
Entre ces sites historiques ou archéologiques, nous avons parcouru une Turquie loin des sentiers battus de la côte : paysages de cultures, de vignes, et de plaines à grandes céréales avec irrigation sophistiquée ; mais aussi des villages où les gens vivent manifestement dans une grande pauvreté, presque comme dans l’extrême est du pays, du côté de Kars. Plus au nord en Bithynie, ce sont d’immenses forêts de chênes verts et de pins maritimes, et des dizaines de kilomètres sans voir un village, avec de gros aménagements pour prévenir les incendies de forêts.
Les autres points forts de ces derniers jours passés en Turquie auront été, à nouveau, l’étonnant spectacle du détroit des Dardanelles, ainsi que les pathétiques cimetières militaires des champs de bataille de 1915, lorsque les alliés Anglais et Français ont tenté à tout prix, mais en vain, de forcer le passage par la voie terrestre à la suite de leur échec à réussir par la voie maritime (cf. précédent blog 10).
Pour accéder à l’album, vous savez qu’il vous faut cliquer sur l’image ci-dessous. Bonne lecture !

12 – de Marmaris au Yunanistan

11 – Dix jours à Rhodes

11 - Rhodes

11 – Rhodes

Nous nous retrouvons donc, Véronique, Catherine et moi-même, le soir du 22 décembre, après avoir fait le tour de la mer Egée en avion (cf légende dernière photo de l’album 10, ou 2ème de l’album ci-dessous), dans les étroites ruelles moyenâgeuses de la vieille ville de Rhodes transformées en torrents par une pluie battante, à essayer de trouver quelque restaurant ouvert … nous avions pourtant lu que les Grecs sortent dîner vers 21 h, mais là, tout le monde paraissait couché ? Vivent les vacances ! Le lendemain matin, le soleil semble revenu pour durer, et je pars à la recherche d’une boulangerie ; je rentre 1h30 plus tard, … les mains vides, après avoir traversé la vieille ville et fait le tour des fantastiques remparts ; il n’y a guère plus de monde dans les rues en ce matin lumineux que hier soir sous le déluge !? Nous sommes samedi 24 décembre, et tout semble fermé, au moins dans la vieille ville. Nous découvrirons dans les heures qui suivent que tout à Rhodes est fermé jusqu’au 27. Et, dans les jours suivants que, pendant toutes les fêtes de fin d’année, d’avant Noël jusqu’à après l’Epiphanie, on n’y trouve que quelques dizaines de touristes mal informés comme nous : la restauration, les boutiques, les hébergements et les musées sont fermés. Rhodes est une fantastique ville-musée qui nourrit les Rhodiens, mais ceux-ci prennent des vacances chaque année à ce moment, qui est notamment celui de la cueillette des olives. Alors quelque part, une fois la question de l’intendance réglée en allant nous approvisionner dans la ville neuve à l’extérieur des remparts, c’est extraordinaire : nous avons vraiment eu le sentiment de disposer de la ville pour nous seuls. Un matin cependant, en approchant de la ‘grande’ rue Socrate, il nous a semblé percevoir une certaine excitation, puis, en y prenant pied, nous nous sommes crus victimes d’une hallucination : tous les magasins étaient ouverts… et la rue était pleine de touristes ! Etait-ce des figurants d’un film qu’on venait tourner ? Avions-nous dormi pendant cinq mois ? Y avait-il une fête spéciale ? Non, c’était seulement un bateau de croisière qui faisait une escale de deux heures ; avant midi, la corne du cruiser MSC Magnifica faisait trembler les remparts, et Rhodes retombait dans son coma.
La célébrité de Rhodes dans l’Antiquité était son Colosse, une statue… colossale … de plus de 30 mètres de haut, faite d’une armature de bois revêtue de 20 tonnes de plaques de bronze. Un tremblement de terre la jeta à l’eau (certains disent qu’elle enjambait l’entrée du port là où sont aujourd’hui les ‘cerfs’ – Cf. album) en 225 BC, cinquante ans seulement après son achèvement ; elle avait tellement marqué les esprits qu’elle figurait parmi les Sept Merveilles du Monde. Erigée pour célébrer la victoire des Rhodiens sur Démétrios ‘Polyorcète’ (litt. ‘preneur de villes’), l’île en avait acquis la réputation d’être difficile à conquérir, tout en étant située au carrefour stratégique des mers Egée et Méditerranée sur la route de la Soie.
C’est ainsi que les Chevaliers de St Jean de Jérusalem, chassés de Terre Sainte après que les musulmans aient repris Jérusalem (1187) et St Jean d’Acre (1291) [il faut que je fasse attention à ce que je dis, je compte parmi mes lecteurs d’actifs membres de l’Ordre], achètent l’île à des Génois en 1309, pour y poursuivre leurs œuvres pieuses (accueil et soin des pèlerins en Terre Sainte) et militaires (chasser l’infidèle du tombeau du Christ). Les pèlerins se faisant rares puisque Jérusalem est retournée aux infidèles, les Chevaliers développent alors pendant deux siècles une ‘guerre de course’ contre l’infidèle qui est d’autant plus rémunératrice qu’ils récupèrent en outre les biens des Templiers après leur abolition en 1312. C’est ainsi qu’ils ont rapidement les moyens de transformer Rhodes en une place forte chrétienne équipée de toutes les techniques dernier cri pour résister aux tentatives des Turcs et Arabes pour transformer ces mers en lac musulman. Ils utilisent également leur trésor pour racheter les chrétiens captifs des infidèles.
C’est la quatrième tentative des Turcs qui sera la bonne. Nous sommes en 1522 ; la chrétienté est divisée par les querelles entre Pape, Charles Quint et François 1er ; ce dernier a même passé un traité avec le Sultan qui se nomme Suleiman le Magnifique. Il rassemble 200.000 hommes à Marmaris, qu’il charge sur 300 navires, alors que Rhodes compte 650 chevaliers et 7.000 hommes. Après avoir débarqué, il lui faudra quand même près de six mois pour contraindre le Grand Maître à un traité par lequel toutes les places que les Chevaliers possèdent dans la région (notamment Halicarnasse/Bodrum) sont évacuées ; en échange de quoi les Chevaliers peuvent repartir sains et saufs (il en reste… 160), avec leur trésor, leurs archives et leurs reliques chargés sur 30 navires. Ceux-ci se feront offrir l’île de Malte par Charles Quint en 1530. Chevaliers de St Jean, de Rhodes et de Malte sont donc les trois temps d’une même histoire.
Les Chevaliers de Rhodes nous ont laissé une ville théâtre, une ville spectacle incroyable derrière 4 kilomètres de remparts qui possèdent trois enceintes pratiquement partout. Ce ne sont que bastions, courtines, meurtrières, tours, portes et mâchicoulis restaurés avec goût. Ces fortifications enserrent une ville moyenâgeuse avec encore toutes ses fonctions : Palais des Grands Maîtres, Hôtels des Chevaliers (ils étaient regroupés par ‘nationalités’), Hôpital, fours collectifs, puits, églises, mosquées, magasins… en bref, tout ce qu’il faut pour soutenir un long siège avec 10.000 personnes à nourrir chaque jour ! L’île fut tellement stratégique pendant des siècles qu’elle ne revint à la Grèce qu’en 1947, après avoir appartenu aux Anglais, Allemands, Italiens, Ottomans…
Nous avons tous passé à Rhodes d’excellentes vacances, par une météo exceptionnelle. Une fois toute ma petite famille repartie à ses occupations en France, il me restait à revenir en Turquie récupérer la voiture laissée à Güllük, près de l’aéroport de Bodrum, et à y accueillir Bernard pour un retour en France prévu avant la fin du mois de janvier. J’espère que les images de l’album ci-joint vous donneront envie de découvrir cette ville magnifique.

11 – Rhodes

10 – La Turquie de l’Ouest entre Antiquité et modernité : d’Ankara à Ephèse

10 - La Turquie de l'Ouest

10 – La Turquie de l’Ouest

Etonnante Turquie ! En quittant les ‘gecekondular’ d’Ankara (ces bidonvilles qui l’ont envahie jusqu’en son centre historique) sous une pluie battante, puis sous une tempête de neige sur l’autoroute d’Istanbul, nous avions l’impression d’être entrés dans la Turquie que nous avions en tête avant d’y être jamais venus, c’est-à-dire une Turquie sale et sous développée. Toujours sur cette autoroute moderne, le soleil revenu, nous nous arrêtons dans une station faire le plein avec un petit tour aux toilettes… et là… surprise inouïe… au-dessus de chaque urinoir… un écran de télévision branché sur une chaîne turque d’infos en continu ! Décidément, la Turquie s’était modernisée ! Et deux heures plus tard, en descendant vers Iznik (l’ancienne Nicée, celle du concile) alors que le soleil déclinait, nous retrouvions, au pied des collines couronnées de neige fraîche, des feuilles d’automne, des oliveraies en pleine récolte, et des lumières tout ce qu’il y a de plus méditerranéennes qui ne devaient plus nous quitter jusqu’en Grèce, avec les champs dorés hachurés de sombres cyprès, les bateaux de pêche colorés sur l’eau miroitante, les platanes (orientalis) et les vignobles à perte de vue.
Nous touchions du doigt que les Turcs en effet, depuis bientôt mille ans qu’ils se sont introduits en Anatolie, se sont appropriés tous les ingrédients de la culture grecque, de sa philosophie jusqu’à ses modes de vie – rappelez-vous que c’est par l’Islam que notre Moyen Age chrétien a connu les textes des grands philosophes grecs. En entrant sur les antiques terres de l’Ionie et du Royaume de Pergame bientôt devenues romaines, c’est bien sûr les restes grandioses de cette période que nous venions, comme tant de touristes, découvrir : vous verrez dans l’album ci-joint à quoi ressemblent aujourd’hui les grandes villes qu’étaient Ephèse, Smyrne ou Pergame. Mais, après six semaines passées en Turquie, c’est bien en terre turque que nous visitions ces ruines majestueuses qui sont la plupart du temps situées à proximité immédiates de merveilles de l’art ottoman. C’est pour cette raison que nous avons symboliquement retenu en page de garde de notre album de photos ces jeunes filles turques d’un village voisin venues s’amuser à danser dans le théâtre hellénistique de l’Asclépéion de Pergame : elles étaient à l’évidence chez elles !
Pour la première fois depuis le début de notre voyage, nous entrions dans une zone de grand tourisme. L’avantage évident est que chaque jour, nous avons du mal à choisir les monuments que nous allons visiter ; ils sont tous plus prometteurs les uns que les autres, sans parler de leurs complémentarités historiques ou artistiques. Un des inconvénients, surtout quand il fait beau temps, c’est le temps qu’il faut ensuite chaque soir pour trier toutes les photos… L’autre inconvénient, bien plus grave pour le type de voyage que nous avons entrepris, c’est que le contact avec les Turcs est bien plus difficile ; dans ces lieux touristiques, nous sommes… des touristes, plus que des ‘voyageurs’ au long cours ; les gens ne vous arrêtent plus dans la rue pour vous demander ce qu’on fait ici ; dans les hôtels ou les restaurants, le soir, il y a souvent d’autres touristes, etc… Nous regrettons le temps où nous partagions notre quotidien avec des VRP ou des ingénieurs en mission, avec tous les contacts humains et la découverte du pays ‘réel’ que cela représentait !
Il reste que nous avons ici aussi découvert la modernité et le dynamisme de ce pays. La Turquie n’a pas que des écrans de télévision dans ses toilettes ! Pour entrer dans les villes de Bursa (2 millions d’hab), ou Izmir (3 millions d’hab), il faut traverser d’immenses banlieues industrielles ou d’habitations, la plupart du temps propres, verdoyantes et pimpantes – rien à voir avec celles de Tabriz, Erevan, Tbilissi ou bien… Ankara ! Les transports en commun fonctionnent bien, les rues sont très propres pratiquement partout, les autoroutes sont presque aux normes françaises, les routes sont toujours excellentes et bien signalisées (ici comme dans l’est du pays, il y a des travaux routiers partout, où les routes à deux voies passent à 4, et les routes à 2×2 voies sont doublées d’autoroutes), et, sept jours sur sept, jusque tard dans la nuit, commerces et restaurants des centre ville sont ouverts. La Turquie ne semble guère avoir de problèmes syndicaux ; elle est juste ‘un peu beaucoup’ sur le pied de guerre avec la question kurde, sans que la nuisance n’atteigne celle que nous supportons en France avec la crainte des attentats islamistes.
Vous trouverez donc, en cliquant sur l’image ci-dessous, un album de photos qui vous emmène des fabricants séculaires des célèbres céramiques d’Iznik aux ruelles du bazar d’Izmir en passant par les mausolées ottomans et les caravansérails de Bursa ou le spectacle des cargos remontant le détroit des Dardanelles, sans oublier bien sûr les grands sites antiques de la région côtière comme Troie, Pergame, Ephèse, et bien d’autres dont vous n’aviez jamais entendu parler. Bonne lecture !

10 – La Turquie de l’Ouest

Bonus 5 Complainte de la Honda dans l’Ouest de la Turquie

Bonus 5 : Complainte de la Honda dans la Turquie de l'Ouest

Bonus 5 : Complainte de la Honda dans la Turquie de l’Ouest

Savez-vous ce qu’ont fait ces voyous patentés ?
Ils m’ont abandonnée pour Noël sur un quai
Pendant qu’ils se tiraient pour aller faire la fête
Philippe chez les Grecs et Bernard – c’est trop bête-
A Paris en avion, comme si j’existais pas !
J’en ai franchement marre de ces deux vieux ingrats.
Il faut que je vous conte un peu ma triste vie
Depuis cet Ankara où j’ai passé la nuit
Dans une capitale assez sale et minable
Indigne de la Turquie, limite désagréable.
Filant d’abord vers l’Ouest j’étais pleine d’espoir
Même s’il neigeait fort. Je ne suis pas couarde
Et je tenais la route entre les camions fous
Direction Istanbul. j’en voyais pas le bout.
D’un coup, sans crier gare on a pris vers le Sud
Pour aller voir ailleurs comme ils font d’habitude :
Les faïenciers d’Iznik, les soyeux de Bursa
Des villes fort jolies mais moi, comme un forçat
Je roulais sans arrêt quand d’un air solennel
Ils m’ont dit : « c’est l’Europe, voici les Dardanelles »
D’accord j’ai vu l’Europe, mais de l’autre côté
Ne sachant pas nager j’ai pas osé sauter
Et nous avons filé plein Sud d’abord vers Troie
Les deux andouilles montèrent dans le cheval de bois
Puis on s’est baladé le long d’la mer Egée
Il s’est mis à pleuvoir, je les ai protégés
A Ayvalik, Pergame, Ephèse et même Izmir
Pour voir des tas d’cailloux vieux à n’en plus finir.
Bernard a pris l’avion remplacé par Véro
La pluie a continué, pour le tourisme : zéro!
Puis nous avons atteint le port de Marmaris
Ils voulaient m’y laisser, victime expiatrice
Dans un parking sous douane jusqu’à l’année suivante
Abandonnant sans gêne leur fidèle servante.
Ces naïfs avaient cru aux horaires des ferries :
Quand ils sont arrivés, ben il était parti !
Comment aller à Rhodes retrouver leurs enfants ?
Heureusement j’étais là, et sans perdre de temps
Nous avons regagné Bodrum-aéroport
Où ils ont pu trouver un moyen assez fort :
Bodrum, puis Istanbul, puis Athènes, puis Rhodes
Le tour d’la mer Egée c’est un truc à la mode !
Trois mille kilomètres au lieu de cent cinquante
Voilà ce qui arrive lorsque quelqu’un me plante.
Célébrer Noël seule, c’était pas trop mon truc
Au milieu des pêcheurs dans le port de Güllük
Ça sentait le poisson, personne autour de moi,
J’y ai passé quinze jours sans bouger dans le froid.
Puis un soir arriva Philippe impromptu
Qui fit semblant de rien mais m’a bien reconnue
Puis Bernard débarqua et nous voilà partis
Vers le Nord pour – je crois – quitter vite la Turquie.
En passant par des coins comme Pamukkale
Et d’autres où personne n’était jamais allé.
Nous avons pris tout droit jusques aux Dardanelles
Traversées en ferry : que l’Europe était belle
Enfin jusqu’à la douane : après ce sont les Grecs
Et de mon expérience ce sont des drôles de mecs
Je vous en dirais plus une prochaine fois
Pour l’instant nous rentrons, peut-être bientôt chez moi.

Et toujours, les photos en cliquant sur l’image
Ce n’est pas très sorcier et ça vaut le voyage!

Complainte de la Honda: Turquie de l’Ouest