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3 – de Yuanyang à Lijiang

J5 : Yuanyang et ses terrasses inondées

Hier soir en nous couchant, pour la première fois depuis que nous sommes en Chine, nous apercevons des étoiles dans le vent du nord. Et ce matin, magique, on voit du ciel bleu, le brouillard s’est levé, et, dès 7h30, nous contemplons les fameuses terrasses des champs de riz, inondées en cette saison, qui brillent au soleil depuis la terrasse de notre hôtel.

Si vous voulez un peu plus de photos et d’explications sur l’incroyable spectacle de ces rizières inondées de la région de YuanYang / Xinjie, rendez-vous sur le petit album Google Photos qui s’ouvre en cliquant sur ce lien : Les rizières inondées de YuanYang Xinjie.

Notre guide, prénommé KOH, nous emmène ensuite au marché hebdomadaire du village de Shengcun. Véronique y fait des folies pendant que nous nous régalons de portraits : ici se mêlent des tribus venues des Vietnam, Laos, Birmanie et Tibet voisins.

Wanadoo n’autorisait que 10 photos par envoi, alors j’ai dû choisir un peu au hasard parmi les plus de 300 photos de la journée ! Mais maintenant, vous pouvez en apprendre plus sur les minorités ethniques Yi et Hani,  ainsi que vous régaler des portraits de ce marché en cliquant sur l’album Google Photos “Le marché de Shengcun (Yunnan)“.

Nous faisons beaucoup de rencontres, toutes très amicales, et serions bien restés un peu plus longtemps, mais demain soir, nous devons à nouveau être à Kunming pour un train de nuit (“super luxueux” nous a-t-on promis) qui, en près de 10 heures de temps, va nous emmener jusqu’à Lijiang, dans le “Tibet chinois”.

J’espère que j’aurai un peu plus de temps à l’avenir pour vous écrire un peu plus en détail, car chaque jour, je règle des détails cruciaux comme les séparateurs d’adresse sur Wanadoo ; ne plus disposer de Google, c’est très compliqué au quotidien !

A bientôt, mais sans doute pas avant Lijiang !

Nous vous embrassons !.. avec le “Poème de route n°5” de Bernard !.

Et le quatrième jour tout devint merveilleux :
Des étoiles dans le ciel, le soleil dans les yeux
Les rizières luisantes accrochées sur les pentes
Le tout dans une auberge faite pour la détente.
Foin de dithyrambie il fallut y arriver
Une fois l’accident de camion dépassé
La nuit était tombée, le brouillard toujours là
Les chauffeurs en retard pressés d’aller en bas
Idem à la montée d’où croisements difficiles
Koh a accéléré et doublé à la file.
Une fois dans la vallée il fallut remonter
On voyait à 2 mètres, juste devant le capot
Heureusement quel  as du volant l’ami Koh
Nous sommes arrivés chez Jacky à Duoyishu
(Va donc faire des rimes avec ces noms, mon chou !)
Une célébrité du monde des routards
Qui nous a accueillis bien qu’il soit assez tard.
Récompense ce matin un lever de soleil
Dans un ciel bleu et blanc, c’est un rêve au réveil
Après trois jours de gris, pas mauvais, mais pas beaux.
À nos pieds la vallée dans la brume, que d’eau !
Les clients au p’tit déj disaient qu’on a du pot
La veille dans le brouillard, ils avaient le cœur gros.
Nous sommes alors partis dans le parc naturel
Qui couvre les rizières car elles sont si belles
Que l’monde entier défile  pour  les photographier
Ainsi que les tribus qui sont domiciliées
Dans des maisons très sobres ou en béton très laid.
Nous avons commencé au marché animé
De Chengcun où l’on a admiré les étals
Et les femmes bien sûr en costume local.
Nous n’avons pas manqué de faire des achats
Mais je n’en dirais rien c’est un secret d’état.
Le reste de ce jour nous avons bien marché
Tout autour de rizières la plupart inondées
Enfin nous sommes rentrés et au lieu de repos
Je me gratte la tête pour vous écrire ce mot !

J6 : La forêt de pierre de Shilin

Très longue journée hier pour redescendre de nos 1800 m d’altitude, dans le brouillard revenu, à 200 m d’altitude, jusqu’à traverser le Hong He (Fleuve Rouge), ce grand fleuve qui descend jusqu’à la mer de Chine en traversant Hanoï,  puis remontée à 1.700 m par une route large mais encombrée de gros poids lourds polluants. Ce fut très instructif de partager les risques de la route chinoise ! Après une halte déjeuner d’un très grand bol de nouilles et porc au bord de la route, nous attrapons l’autoroute pour rejoindre d’abord Shilin, où une célèbre “forêt de pierre” est une attraction très courue par les Chinois. Le temps est bas, gris, brouillardeux, sans aucune lumière, il fait froid, le cœur n’y est pas, d’autant plus que ce soir, il n’est pas question de rater notre train de nuit pour le Tibet chinois, à 21h30 à Kunming, dans encore 100 km. Véronique traîne toujours sa bronchite comme ses pieds ; elle a dormi tout le trajet et est heureuse de se dégourdir les jambes.

Après une entrée dans Kunming (4 millions d’habitants) à travers d’énormes embouteillages sous d’aussi énormes échangeurs autoroutiers, notre chauffeur depuis 3 jours, Koh, nous dépose devant un restaurant à 3 pas de la gare d’où nous étions partis il n’y a pas trois jours. Comme d’habitude, Google Translate et des clients de tables voisines viennent dans la bonne humeur nous aider à faire notre choix dans ces menus mystérieux.

Dîner

Une heure plus tard, nous rejoignons notre salle d’embarquement, toujours aussi impressionnante,

Gare

après que je me sois fait arrêter à la sécurité à cause de mon couteau suisse, dont j’ai dû casser la lame pour ne pas l’abandonner (la policière, l’air sévère : “You don’t think you’ll board the train with that knife ?”). Trois jours plus tôt, ils n’avaient pas fait tant d’histoires. Il faut se rappeler qu’il y a trois ans, une vingtaine de passagers avaient été tués dans cette même gare à l’arme blanche par des musulmans du Sinkiang…

Nous découvrons alors notre train couchette pour les 500 km et 9 heures qui viennent. Notre agence nous a trouvé un compartiment VIP tout à fait confortable, où nous avons dormi à poings fermés, bercés par les roues du train, les passages dans les innombrables tunnels, et les klaxons incessants de la locomotive.

Affections à tous !

Poème de route n°6“:

Avons quitté Jackie avec force émotion
Nous étions si bien dans sa vieille pension
Accueillis en anglais et des photographies par Jackie
Et ses deux acolytes, des femmes du pays.
(Sachez que cinq tribus se partagent la vallée
En tranches horizontales et champs privatisés).
Il pleut des hallebardes et le brouillard s’y met.
Koh est assez prudent i, il a le pied léger
Le long du fleuve Rouge qui file vers Hanoï
Un chantier d’autoroute occupe bien des boys
Des camions, des engins, des travaux titanesques
Pour aller au Viêt-Nam et ses lieux touristiques,
On ne voit pas quoi d’autre ! Sauf avoir des visions.
De col en autoroute  sans arrêt avançons,
Nous atteignons Shillin en cours d’après-midi
Le Disney du Sichuan pour les grands et petits.
La célèbre Forêt de Pierres classée par l’UNESCO
Merveille naturelle, Païolive en plus gros.
C’est bien aménagé, comme un piège à touristes
Des rochers innombrables, mais la lumière triste
Nous gâche le plaisir. Notre tour fût donc bref.
Je vous écrit ce soir dans le train de Lijiang
Où nous passons la nuit (ça vous fait une belle jambe)
Et bien sachez pourtant que dans les trains chinois
Les wagons-lits pour VIP ont un bon matelas,
Un service attentif et de plus sont à l’heure.
J’essaye de rattraper mon retard dès demain
Mais préfère visiter Lijiang et ses recoins.

J7 : Lijiang

Et le lendemain matin – heureusement que Lijiang est le terminus ! – petit moment de panique quand nous réalisons que le train arrive avec une demi heure d’avance, c’est-à-dire à 6h20… Il fait nuit noire, mais le ciel est constellé d’étoiles. Nous sommes à 2.400 m d’altitude, mais le froid n’est pas mordant. Impossible d’arriver à cette heure à notre auberge ! Nous attendons le lever du jour au “buffet de la gare”. Il n’y a que Véronique qui a mal dormi avec sa toux persistante ; il va falloir prendre les grands moyens ; heureusement que nous avons des médocs de choc dans la pharmacie !
Un taxi nous pose à 300 m de l’hôtel, tout le centre ville de Lijiang est piétonnier. Le soleil se lève, c’est le grand beau temps, la lumière est magique.

Vers notre hôtel

Après une douche, Véronique repart sous la couette rattraper son sommeil pendant que je pars avec Bernard escalader la seule colline de la ville en haut de laquelle se trouve une grande pagode… et une vue stupéfiante sur les toits de la ville et le “Dragon de Jade” (5.600 m).

Ballade au temple de Wan Gu Lou
Ballade au temple de Wan Gu Lou
Ballade au temple de Wan Gu Lou

La ville est essentiellement construite de maisons en bois, les rues pavées de dalles de pierre usées par le temps, enjambant les nombreux torrents à ciel ouvert qui la traversent : il s’agit de l’ancienne capitale du royaume Naxi, 300.000 habitants, aujourd’hui envahie par les touristes.

Nous poussons la promenade sous un soleil printannier jusqu’à l’étang du Dragon Noir et son célèbre pont aux cinq arches dit “de la Ceinture du Mandarin” : avec le “Dragon de Jade” en fonds de tableau, c’est tout bonnement superbe !

Parc de l’étang du Dragon Noir, et Pont de la Ceinture du Mandarin – Montagne du Dragon de Jade 5.596 m
Parc de l’étang du Dragon Noir, et Pont de la Ceinture du Mandarin – Montagne du Dragon de Jade 5.596 m

Demain, nous partons à Shangri La, l’ancienne Zhongdian, à 3.200 m d’altitude, en espérant pouvoir apercevoir le Yang Tzé-Kiang grondant dans les Gorges du Saut du Tigre !

Bonne nuit à tous, avec le ‘Poème de route n°7” !

Lijiang, terminus à 2600 mètres
Extrémité Est de l’Himalaya certes
Ravagée y’a 20 ans par un tremblement d’terre
Aujourd’hui reconstruite et qui a l’air prospère.
Nous débarquons du train à 6 heures et demi
Il ne gèle même pas,  hébétés par la nuit
Pour aller à l’hôtel, nous prenons un taxi
Une chouette maison en bois dans la vieille ville
Autour  d’une belle cour, managé  par deux filles.
Une bonne douche et hop, en avant la visite
Pour Philippe et pour moi mais pas pour Véronique
Dont le rhume d’exception met sa tête dans le potage.
Elle a beau la combattre, la maladie fait rage.
Elle va donc dormir et tousser et dormir
Pendant que les deux vieux que ça ne fait pas rire
Partent en reconnaissance dans la cité ancienne
Sorte de Chamonix où les radios sans doute
Reprennent le refrain « La monnaie, prend la toute »
On voit dans chaque rue des offres étonnantes
Pour essayer de vendre avec marge importante
L’inutile  à un prix élevé à un point
Que pour acheter çà il faut être crétin.
Mais ce mercantilisme n’altère pas la beauté
Du ciel bleu, des montagnes à 5500 mètres
Et des maisons en bois, toits pointus et fenêtres
Des jardinets fleuris, des temples colorés
Des ethnies en costumes (pour demain au marché)
Mercredi nous reprenons la route en voiture
Jusques à Shangri-La au cœur de la nature.

13 – Réflexions de Parisiens au fil des routes américaines

Les panneaux de circulation routière

En France, on a l’esprit abstrait, synthétique ; chez nous, les panneaux d’interdiction, notamment sur les voies de circulation, sont essentiellement des symboles. Par exemple :

Quand nous voyons un simple chiffre au milieu d’un rond rouge sur fond blanc, nous comprenons qu’il s’agit d’une limitation de vitesse. En France, on trouve toutes sortes de pictogrammes supposés être explicites, mais tout le monde doit savoir qu’un cercle blanc bordé de rouge est une interdiction, quelle qu’elle soit. Et quand c’est défendu, c’est défendu, POINT ! Même s’il n’est pas interdit de donner une explication :

Ici, « Propriété privée, défense d’entrer », c’est un « sens interdit » parce que il s’agit d’une propriété privée où il est défendu d’entrer ; implicitement, les propriétaires ont la permission de violer le sens interdit. Et là, le rond rouge sur fond blanc, c’est « interdit à tout véhicule », avec un texte en surimpression « Accès formellement interdit », sur lequel on peut épiloguer (il fait penser aux « ICI, vente d’œufs frais du jour » de Fernand Raynaud), mais qui semble revenir, avec moins de d’explications, au panneau précédent : si un véhicule en venait, on se dirait qu’il s’agit de quelqu’un à qui, nonobstant l’interdiction formelle, l’accès a été « formellement » autorisé.

Bref, en France, nous sommes dans le symbole net, clair, cartésien, se suffisant à lui-même, valant à lui seul mieux qu’un long discours. Si ce n’est pas clair, que nous ne l’avons pas compris, et que, par malheur, nous l’avons violé, nous ne pouvons que nous en prendre qu’à nous-mêmes : « Nul n’est censé ignorer la loi ».

Et puis, après les panneaux d’interdiction « ronds cerclés de rouge » et de fin d’interdiction « blanc barrés de noir », il y a chez nous les panneaux d’obligation « ronds bleu », ceux de fin d’obligation « ronds bleu barrés de rouge », d’indication, « carrés blanc bordés de bleu », de recommandation, « carrés bleu », etc… On apprend tout cela au code de la Route, et, pour avoir dû repasser notre code il n’y a pas si longtemps pour nos permis motos, on sait qu’il n’est pas facile d’assimiler tous ces symboles !

Aux USA, il y a aussi de nombreuses interdictions bien sûr, mais c’est beaucoup plus explicite chez eux ! Il n’y a pas de symbole général exprimant une interdiction ; les panneaux sont explicatifs : au lieu d’un chiffre au milieu d’un rond rouge pour les limitations de vitesse, on trouve un panneau qui exprime en clair qu’il s’agit d’une limitation de vitesse : « speed limit 35 », ou « speed limit 80 »… Il faut juste savoir qu’il s’agit de « Miles per hour », ici 56 et 130 km/h, mais les compteurs des voitures comportent tous depuis longtemps la double échelle mph/kmh. Notamment parce que les modèles sont conçus pour être commercialisés aussi au Canada ou au Mexique.

Et puis, pour maximiser les chances d’empêcher les conducteurs distraits de monter à contresens sur les autoroutes, en plus des panneaux classiques de sens interdit , on multiplie les panneaux « WRONG WAY » (« contre sens » !).

On nous précise de la même façon que la vitesse est surveillée : même et y compris par des avions ou hélicoptères qui survolent l’autoroute en permanence, ou bien qu’il est interdit de se servir de dispositifs antiradars (mais la plupart des Etats les autorisent !). Et quand nous, en France, on ne sait pas trop combien ça coûte si on est surpris en excès de vitesse (sauf si cela nous arrive souvent !), aux Etats Unis, c’est écrit en toutes lettres que les excès de vitesse peuvent coûter très cher. Chez nous en France, chaque conducteur doit avoir en mémoire tout cela ; ici, tout est expressément rappelé en toutes lettres : « Plus de 50 km/h au-dessus de la limite : jusqu’à 10.000 $ d’amende, retrait immédiat du permis et saisie du véhicule » ; c’est-à-dire que c’est la même punition que chez nous, sauf que là-bas, tous les 50 km, on nous le rappelle par ces panneaux ! On précise même que blesser ou tuer un ouvrier sur la route peut coûter jusqu’à 7.500 $ d’amende, et surtout 15 ans de prison, ou bien que les PV doublent dans les zones en travaux.

It’s the law !

Mais ce qui nous a le plus frappés, c’est la façon dont les interdictions sont formulées sur les panneaux le long de la route : « It’s the law », « C’est la loi ». « Bouclez votre ceinture… it’s our law » (chez nous au Nouveau Mexique),  « Mettre sa ceinture, c’est une loi avec laquelle on peut vivre ! » (en Virginie), « Ralentissez et dépassez les véhicule de service… it’s the law » (en Ontario), – « N’envoyez pas de sms en conduisant… it’s the law » (au Wyoming). Et même, dans le parc du Yellowstone, « it’s unlawful to throw objects into the pool », « il est illégal de jeter des objets dans les mares » ; ou bien, à l’entrée d’un musée : « contenance maximum du musée : 749 personnes ; au-delà, c’est dangereux et ILLEGAL » ! Chez nous, on dit plutôt « Défense de », ou « INTERDIT » ; ici, c’est « it’s the law », avec ou sans référence au texte de loi en question. Franchement, on s’en moque un peu, nous les Français, que cela soit « légal » ou « illégal » ; on veut bien comprendre que cela soit dangereux, voire interdit, mais « illégal » ? Je pourrais passer à autre chose en avouant que « illégal », aux Etats Unis, c’est un synonyme de « interdit » ? Mais vous êtes-vous jamais posés la question de savoir pourquoi on dira plutôt chez nous qu’il est « interdit » de stationner ici (et pas « illégal »), et plutôt « illégal » de frauder le fisc ou détenir de la marijuana plutôt que « interdit » ?

Aux Etats-Unis, il faut donc tout un long texte pour dire que la capacité d’une salle est limitée à 749 personnes. En France, un simple petit panneau suffit à expliquer quelque chose de beaucoup plus compliqué : la capacité du bus est limitée à 59 personnes assises et 29 debout, ou, s’il y a 4 sièges de moins, 55 personnes assises et 29 debout, ou, s’il y a 1 personne en fauteuil roulant à la place des 4 sièges enlevés, 55 personnes assises, 22 debout.

En revanche, j’avoue que je ne saurais pas trop, malgré tout mon esprit synthétique typiquement français, comment faire un schéma compréhensible pour expliquer ce qui suit aux automobilistes américains !

Les sanctions

Nous avons déjà vu que les amendes encourues pour excès de vitesse sont bien détaillées sur le bord des routes. C’est aussi le cas pour bien d’autres infractions, notamment pour les jets d’ordures, le « littering », qui coûte, si nous sommes pris la main dans le sac, de 300 à 1.000 $ selon les Etats ; ou jusqu’à 500 $ si on se trouve piégé par les embouteillages au milieu d’un carrefour : il nous a paru très pédagogique de rappeler toutes ces sanctions, comme le souligne par exemple cet avertissement sur le vol à l’étalage !

La délation

« Et si nous sommes pris la main dans le sac ? ». Eh bien oui, on se fait facilement prendre la main dans le sac aux Etats Unis, où l’appel à la délation fleurit sur toutes les routes, dans tous les Etats.

« Report drunk drivers »

D’abord pour les conduites en état d’ivresse. Les panneaux comme ceux-ci se retrouvent partout, dans tous les Etats : « dénoncez les conducteurs ivres ». On peut se demander d’ailleurs sur quels critères les dénonciateurs se basent pour dénoncer des automobilistes « ivres », « impaired », littéralement : « pas dans leur état normal » ; l’infraction « DWI – Driving While Impaired » est l’équivalent de « conduite en état d’ivresse », et celle de DUI – Driving Under Influence celui de conduite sous influence d’une drogue : un simple soupçon après une manœuvre imprudente ? En France, on n’est pas présumé ivre avant d’avoir soufflé dans le ballon ! Aux Etats Unis, le site de la Police explique : « What to do if you see a Drunk driver, endangering your friends and loved ones ? » (Que faire si on voit un conducteur ivre, qui met en danger la vie de vos amis et de vos bienaimés ?) ; « And now, you can help get a dangerous driver off the road » – « Maintenant, vous pouvez aider à débarrasser la route d’un conducteur dangereux » – « Faites le, peut-être allez vous sauver une vie ». On relève alors le numéro, la marque, le modèle, et la direction de la voiture en question, on appelle le numéro marqué sur le panneau, on dit où l’on est et on décrit précisément ce qu’on a vu. La dénonciation est garantie anonyme (« Remember: You do not have to give your name when you call 911! »). « Et laissez la suite aux héros qui travaillent dur à rendre les routes plus sûres ! ». C’est toute une culture… qui ne permet pas souvent d’arrêter un vrai délinquant, mais qui rassure les gens honnêtes et donneurs de leçons !

« Crush crime » et « Crime Watch zone »

On trouve aussi le panneau « CRUSH CRIME », avec un numéro de téléphone, qui vise carrément toutes les infractions. Il y a aussi appel à dénonciation pour préserver par exemple la propreté des grottes de Carlsbad, ou pour les dépôts d’ordure sauvages. Certaines communes, ici dans l’Ontario au Canada, offrent même des récompenses aux dénonciateurs : « We pay cash for tips – Crime stoppers ! ».

Et puis bien sûr il y a toutes ces communes « Neighbourhood Watch organized against crime », qui affichent dès qu’on y pénètre la présence de « CRIME WATCH ZONE », avec un œil, tout grand ouvert dans les ténèbres, qui nous regarde dans l’ombre fixement, et semble dire « Défense à Dieu d’entrer » (La Légende des Siècles – Victor Hugo) : les riverains sont appelés à se tenir aux aguets ; tout étranger est épié derrière les rideaux, et dénoncé en cas de comportement suspect.

La mode envahit aujourd’hui la France avec les dispositifs de « participation citoyenne » mis en place avec les Gendarmeries : ils visent, en termes choisis à « accroître la réactivité des forces de sécurité contre la délinquance d’appropriation ». C’est ainsi que se sont multipliées les zones « Voisins attentifs et solidaires », présentées comme « un dispositif d’entraide entre voisins pour rétablir le lien social et assurer la sécurité de chacun », visant notamment à « alerter sur un comportement suspect laissant penser à des rôdeurs ». Que d’euphémismes fleuris pour appeler à la délation ! On n’a pas tant mauvaise conscience de l’autre côté de l’Atlantique !

La culture de la délation

Lors de nos grandes discussions avec Dan, au pied du Lincoln Memorial à Washington, nous lui avons fait part de notre stupéfaction de découvrir cet appel général à la délation : chez nous en France, nous apprenons dès la petite enfance qu’un dénonciateur est un rapporteur, un cafteur, un mouchard, un cafard, une balance, un traître, un Juda, passible des plus graves punitions comme l’exclusion de la bande et la mise en quarantaine : il est écrit très tôt en lettres d’or dans nos consciences morales que « on-ne-dénonce-pas ! ». Peut-être cela date-t-il de l’Occupation, pendant laquelle tant de drames se sont noués autour de la dénonciation d’un Juif, d’un gaulliste, d’un trafiquant du marché noir ou d’un résistant : les héros étaient ceux qui résistaient à la torture sans rien lâcher ; les balances, on leur a fait la peau après la Libération.

Et puis aujourd’hui, les valeurs se brouillent. Ou bien ce sont les valeurs américaines qui s’éloignent des valeurs européennes. Wikipédia nous apprend que la délation est une dénonciation « méprisable », « pour un motif contraire à la morale ou à l’éthique » ; et qu’il ne faut pas confondre la délation avec la dénonciation d’infractions, qui, quant à elle, a ses héros. Bon, bien sûr, tout dépend de l’illégitimité de l’infraction dénoncée. Quand Vichy appelle les résistants des terroristes, les dénonciations des balances, à défaut d’être légales ( !), ne sont-elles pas tout à fait légitimes ? Faut-il aujourd’hui dénoncer les migrants illégaux comme hier les Juifs qui se cachaient en France ? Notre pays hésite ! Alors que depuis 1995, la police peut légalement rémunérer ses indics, Le Parisien nous annonce en 2015 que le fisc aussi va rémunérer les dénonciateurs. Et on réfléchit en France à donner un statut protecteur « aux lanceurs d’alerte », ces dénonciateurs des infractions commises par les administrations ou les grandes entreprises.

Le problème se pose dans les mêmes termes aux Etats Unis, dont on voit bien l’embarras à poursuivre Bradley Manning, cet analyste militaire qui transmet à Wikileaks des documents militaires classifiés sur les dégâts collatéraux des combats en Irak et Afghanistan : condamné pour trahison à 35 ans de prison en 2013, celui qui est devenu Chelsea Manning est libérée dès 2017. Il en est de même pour l’informaticien travaillant pour la CIA Edward Snowden ou le cyber-militant Julian Assange, les fameux lanceurs d’alerte ou « ré-équilibreurs de niveaux d’information » : poursuivis tous deux par la justice américaine, ils ont obtenu à l’étranger le statut de réfugiés politiques et accumulent les prix et distinctions saluant leur travail et leur courage de dénonciateurs.

Délation. Le Parisien 5/12/2015

Le système de mesures : le « United States Customary Units »

Cela fait longtemps (1982, sous Reagan) que les Américains ont renoncé à passer au système métrique, pour des raisons essentiellement politiques : il faut avouer que le système venait d’Europe ; il aurait donc été décidément « antipatriotique » de l’adopter, voire définitivement « communiste » de tenter de l’imposer à un peuple tout entier au seul motif futile qu’il aurait été « plus commode » ! Alors, aux Etats Unis, si le Dollar est divisé en cent « cents » décimaux depuis sa création en 1785, on continue à compter en pouces, pieds (12 pouces), yards (3 pieds), miles (5.280 pieds…), livres (16 oz), acres (43.560 pieds carrés), gallons (8 pints de 16 oz) et degrés Fahrenheit. Enfin, tout au moins au niveau de la vie du commun des mortels ; parce qu’il y a longtemps que les militaires, les scientifiques, les médecins ou les industriels ont adopté le système métrique international. Et que tous les conditionnements de produits en supermarché indiquent aussi les poids et volumes en système métrique.

Le grand respect des Américains pour la loi et les juges

Le plus étonnant, c’est le rapport que les Américains semblent avoir avec « la loi » en général.

J’avais déjà appris avant de venir, que la loi et les juges bénéficient aux Etats Unis d’un immense respect. Pas tout à fait comme en France. Ce n’est pas, qu’en France, on ne respecte pas la loi, mais la perspective est différente. Moi, Français, ma religion en matière de loi, ce serait plutôt « Fais ce que tu veux ! » ; je pense que tout Français a un goût certain pour la transgression : l’important, c’est de savoir où sont posées les limites fixées par la loi, et, le cas échéant, le plus important, c’est d’avoir conscience de les franchir ; c’est être bien mauvais citoyen que d’enfreindre la loi sans même penser l’avoir fait ! Le bon citoyen connaît donc la loi ; et il accepte de prendre le risque de l’enfreindre. Le bon citoyen fraude le fisc autant qu’il peut en toute bonne conscience, l’Etat est un voleur, c’est de bonne guerre. Et si la loi te punit, il ne fallait pas te faire prendre, c’est mérité. Aux Etats Unis, « it’s the law », point, il est incivique de violer la loi !

Autre exemple : en France, il est par exemple permis (voire recommandé par son avocat) de mentir (éventuellement par omission) à un juge dans la mesure où c’est nécessaire à sa propre défense : on n’est pas obligé de se donner des bâtons pour se faire battre. Aux Etats Unis, on jure sur la Bible de ne dire que la vérité, toute la vérité ; si on ment, même par omission, il s’agit de la grave infraction d’outrage à magistrat, voire de parjure, dont la sanction peut être beaucoup plus lourde que la peine encourue pour l’infraction. Rappelez-vous : Bill Clinton, dans le cadre de l’instruction d’une affaire “Whitewater”, a failli être révoqué de son poste de Président pour avoir nié sous serment à la police avoir eu des relations sexuelles avec Monica Lewinski. Et c’est la raison pour laquelle la femme de ménage qui disait avoir été agressée par Dominique Strauss Kahn avait été déboutée : elle avait menti par omission sur la façon irrégulière par laquelle elle avait obtenu son permis de séjourner aux Etats Unis ; l’affaire s’était réglée à l’amiable. Dans les deux cas, les « mensonges » avaient alors pollué l’ensemble des dossiers, alors même qu’ils n’avaient rien à voir avec l’objet des plaintes. Mentir à un juge est un crime suprême aux Etats Unis !

12 – La Côte Est

Oui, je sais, cela fait six semaines que nous sommes revenus, déjà ! Et vous n’avez pas la fin de notre voyage ! Parce que d’une part, encore une fois, Blogs-de-voyage me laisse tomber, vous n’arrivez pas à ouvrir le blog, et moi non plus ! Ils viennent de m’informer qu’ils abandonnaient la partie devant une accumulation d’attaques et piratages qui ont mis en ruine le site… Et ils me conseillent tout bonnement de « migrer » vers une autre plateforme ! Je vais donc m’y atteler dès que possible, sachant que là, dans une semaine, le 1er septembre, je pars pour trois semaines sur la « HRP », la Haute Route des Pyrénées, une nouvelle aventure, je vous raconterai ça aussi, c’est promis, dès que j’ai pu consolider mes connaissances techniques en création de blog ! En attendant, voici l’avant dernier chapitre de notre voyage en Amérique du Nord… car j’ai prévu un dernier chapitre autour des étonnants panneaux rencontrés ici sur les routes, assez révélateurs d’une mentalité étonnante pour nous autres Européens.

C’est donc maintenant la dernière étape de notre tour de l’Amérique du Nord ! Au cours de ces deux dernières semaines, nous filons sans désemparer vers le Sud. Nous quittons la région des Grands Lacs en traversant la chaîne des Appalaches pour nous retrouver sur la Côte Atlantique, que nous redescendons de Washington jusqu’à Miami, au bout de la Floride, là où nous étions montés dans notre « camper van » il y a… 21.400 km !

Mais qu’y a-t-il donc à voir d’intéressant dans cette partie des Etats Unis ? D’abord, nous étions un peu pressés par le temps… 15 semaines seulement pour faire tout le tour de 30 états des Etats Unis et 2 provinces canadiennes, nous avons dû faire des choix, et abandonner l’idée d’aller jusqu’au « 4ème coin des Etats Unis », du côté du Québec, la Gaspésie, la Nouvelle Angleterre, Boston, New York… ; mais nous nous sommes promis de revenir dans pas trop longtemps y saluer ceux qui nous y attendaient ! Nous avons donc choisi de faire seulement une longue escale à Washington, où des amis nous attendaient après nous avoir fait miroiter l’exceptionnelle collection de musées qu’ils ont là bas ; puis une plus courte escale à Charleston, attachante petite ville du « Sud », où nous étions également attendus.

Cette région, où un Européen n’est pas vraiment dépaysé, n’offre certes pas les grands espaces et paysages parcourus dans l’Ouest. Mais la visite des grands monuments de Washington nous a bien fait avancer dans notre compréhension des racines complexes de ce grand peuple américain. Nous avions touché du doigt dans le « Far West » ce qu’avaient été les « guerres indiennes » des Navajos du Sud ou des Sioux des Grandes Plaines. Ici, dans l’Est, nous avons parcouru le champ de bataille de Gettysburg et les majestueux panthéons élevés à Washington en l’honneur des fondateurs de la démocratie américaine… et nous sommes allés de surprises en surprises… La « tuerie » de Charleston du 17 juin dernier (9 morts), dont le jeune auteur est un raciste adepte de la suprématie de la race blanche, nous a semblé une lointaine, mais évidente, conséquence de la « Guerre Civile », que nous appelons en France la « Guerre de Sécession ». Cette terrible guerre mit fin brutalement à l’esclavage dans les années 1860 ; elle fit plus d’un million de victimes ; c’est la plus meurtrière des guerres jamais menée par les Etats Unis. Elle fut voulue par le Président Abraham Lincoln, champion de l’émancipation : « Notre nation a été conçue dans la liberté, et vouée à la thèse selon laquelle tous les hommes sont créés égaux » ‑ et champion de la suprématie de l’Etat Fédéral : un « Etat d’Union » plus qu’une « Union d’Etats », la présente campagne présidentielle des Républicains ne cesse de la critiquer, sans oser égratigner l’icône Lincoln ; le « mémorial » qui lui a été élevé à Washington en 1922 l’a en effet littéralement déifié. Mais un siècle et demi après cette guerre, un profond racisme reste latent partout dans la société américaine. Quand on y ajoute les effets du 2ème amendement de la Constitution (1791) : « la sécurité d’un état libre interdit de restreindre le droit de posséder une arme et de la porter » ‑ on trouve un pays, par ailleurs donneur de leçons en matière de démocratie, où les hommes armés, policiers comme civils, se sentent manifestement plus « égaux » que leurs voisins !

En plus des forêts de Pennsylvanie, des musées de Washington et des charmantes façades sudistes des maisons de Charleston, vous lirez donc dans les légendes des photos ci-jointes comment cet immense pays, créé exclusivement par immigrations successives de peuples venus de toute la terre, tente de concilier le « Je suis fier d’être Américain » avec la mixité de ses populations. Car, aujourd’hui encore, chaque Etat se rappelle très bien dans quel camp il se trouvait lors de la grande guerre civile !

Toutes les photos commentées de la Pennsylvanie à la Floride sont sur :

https://picasaweb.google.com/113501550221338298900/12LaCoteEst?authuser=0&feat=directlink

11 – Les Grands Lacs

11 - Les Grands Lacs

11 – Les Grands Lacs

 

Après les quelques 8.000 km particulièrement sauvages parcourus depuis Vancouver, le sentiment est assez singulier d’atteindre le lac Michigan. Nous avions certes vu peu à peu des fermes peupler la Grande Prairie, de plus en plus nombreuses et serrées au fur et à mesure que nous avancions vers l’Est. Et puis nous voici à Milwaukee (Wisconsin) ; tout d’un coup, nous découvrons en même temps une végétation et des paysages très « européens », des villes « civilisées » qui n’ont plus rien à voir avec le pittoresque de l’Ouest ; il y a ici des œuvres d’art dans les rues et des musées bien garnis. Et le tout avec un accueil extraordinaire de « gens » que nous ne connaissions pas et qui nous prennent pour de vrais amis, qu’ils deviennent bien sûr dès les premiers mots échangés. Véronique est d’abord une citadine, et elle se trouve immédiatement à l’aise, dans son élément, surtout que son anglais s’améliore, et devient chaque jour plus fluide. On nous avait souvent répété que si nous pouvions, il nous fallait, faire escale à Chicago : nous n’avons pas été déçus ! Chicago se vante d’avoir inventé le gratte-ciel, et certes, le spectacle de cette véritable forêt d’immenses buildings sur les bords du lac Michigan est impressionnant. On a un peu d’appréhension avant d’oser y aventurer notre camper van, de lui trouver une place de parking, de l’y abandonner, et de parcourir nos premiers mètres sur les trottoirs, en nous dévissant le cou pour prendre la dimension de ce nouvel espace. Et très vite, on découvre la vie de la population au pied de ces centaines de tours ; curieusement, nous ne nous sentons pas écrasés, ni perdus : au pied des gratte ciels, voitures et piétons font bon ménage, les magasins s’ouvrent directement sur les trottoirs, la ville est humaine malgré ses grands gratte ciels. Et on s’y sent vite chez soi car la ville est à la fois belle et accueillante.

Mille kilomètres plus loin, après avoir longé le bout du lac Huron en entrant au Canada, nous allons faire escale à Toronto chez des amis de quarante ans, datant de l’époque où nous étions expatriés au Kenya, puis chez nos enfants à Orillia, à une centaine de kilomètres au nord de Toronto. Quelle densité de d’affection en quelques jours, après toutes ces semaines passées sans autres rencontres qu’éphémères au bord de la route. Non seulement nous avons le sentiment d’avoir retrouvé la civilisation, mais ici particulièrement, elle est remplie de famille et d’amis qui sont d’habitude pour nous « au bout du monde ». Mais les jours passent, et il nous faut reprendre la route, vers le Sud cette fois : dans deux semaines, nous reprenons l’avion à 3.000 km d’ici, et nous avons encore un peu de travail de découverte !

Nous revenons donc une troisième fois aux Etats Unis en franchissant avec notre van le pont qui sépare les chutes canadiennes du Niagara des chutes américaines ; la rivière Niagara relie les lacs Erié et Ontario Auparavant, nous avons longé le lac Ontario, et bientôt, à la hauteur de Buffalo, nous longeons le lac Erié. Il ne manquera que le lac Supérieur à notre inventaire : à eux cinq, en y ajoutant le fleuve St Laurent qui en est issu, ils contiendraient 1/5ème des réserves d’eau douce de la planète. Et au large de Milwaukee, la rive Est du lac Michigan est à plus de 180 km, quand il fait presque 500 km du Nord au Sud : là, nous ne sommes plus du tout dans des dimensions « européennes » !

Mais, trêve de discussion, vous aurez beaucoup plus de détails sur notre traversée de la région des Grands Lacs et les êtres chers que nous y avons croisés en allant cliquer sur le lien ci-dessous :

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10 – Le Yellowstone et les Black Hills

10 - Yellowstone et les Black Hills

10 – Yellowstone et les Black Hills

Sur cette étape de 3.000 km sont situés le parc national du Yellowstone, le site de la bataille de Little Big Horn et les Black Hills. Nous aurons passé 4 jours dans le premier, et 2 jours dans les Black Hills : ce sont les deux seuls lieux touristiques sur cette distance, et également les deux seuls accidents de terrain au milieu des immenses plaines ! Mais c’est un peu compliqué de raconter l’histoire de cette région en roulant d’Ouest en Est, alors qu’elle s’est déroulée historiquement d’Est en Ouest :

Yellowstone est le tout premier « parc » du monde, créé dès 1872 pour préserver la région d’une « exploitation mercantile, et la vouer à la satisfaction du peuple ». Cela ne faisait que deux ans qu’une exploration systématique de la région du parc avait été menée, alors que depuis le début du XIXème siècle, des chasseurs, explorateurs et prospecteurs Européens revenaient régulièrement avec des récits peu crédibles de « feu et de soufre », « d’eaux bouillantes, bouillonnantes et jaillissantes, d’arbres pétrifiés », « de montagnes de glace et de pierres jaunes ». Elucubrations et foutaises d’affabulateurs ! Je ne vous en dis pas plus, tout est dans l’album ci-joint ! Epoustouflant !

Ensuite, c’est en 1874 que le général Custer, héros de la Guerre de Sécession (1861-65), mène une expédition « d’exploration » dans les Black Hills ‑ qui, par le Traité de Laramié de 1868, avaient été données « à perpétuité » aux Sioux Lakota ‑, laquelle expédition y découvre de l’or, et déclenche une « ruée » de prospecteurs. Afin d’éviter les conflits entre prospecteurs et Indiens, le gouvernement tente de racheter les Black Hills aux Indiens, qui refusent. Ils sont alors expulsés par Custer loin à l’Ouest des Black Hills. Deux ans plus tard, le 25 juin 1876… loin à l’Ouest des Black Hills… le même Custer tente de surprendre une coalition de Sioux et Cheyennes réunis avec leurs familles sur les bords de la rivière « Little Big Horn ». Mais il y a aussi des Arapahos, des Comanches, des Black Feet, des Crows… les Indiens sont beaucoup plus nombreux que prévus, et c’est le 7ème régiment de cavalerie de Custer qui se fait massacrer, son chef au milieu d’eux. Nous avons donc également fait un crochet par Little Big Horn, lieu de cette victoire historique d’une coalition de tribus indiennes contre l’armée américaine. C’était pour nous un moyen de tenter de comprendre à quoi pouvaient ressembler ces régions il y a 150 ans, avec leurs prairies à l’infini, parcourues par des dizaines de millions de bisons, dont vivaient les « Indiens des plaines », Cheyennes, Sioux, Arapahos, Comanches, Black Feet, Crows, Iowas, Omahas, Pawnees… avant que  les Européens, et notamment le célèbre « Buffalo Bill » exterminent les bisons de la plaine. Toutes ces tribus se faisaient la guerre entre elles, les Sioux ayant notamment chassés les Cheyennes de leurs territoires ancestraux dans les Black Hills. Mais, à partir des années 1860, les disputes entre les tribus laissent la place à une union pour lutter contre l’ennemi commun, le Blanc venu de l’Est, avec ses fusils, son crucifix et son « Destin manifeste » (« C’est notre destin manifeste de nous déployer sur le continent confié par la Providence pour le libre développement de notre grandissante multitude. » – John O’Sullivan 1845) . Les « guerres indiennes » se termineront en 1890 ‑ après le massacre de Wounded Knee perpétré par le 7ème de cavalerie ‑, par une reddition complète des tribus, depuis lors reléguées dans des « réserves » ; la seule grande victoire indienne de Little Big Horn a un goût amer.

Beaucoup plus récemment, les Black Hills sont redevenues célèbres parce que c’est là, sur le « Mont Rushmore », qu’ont été sculptées les têtes de quatre têtes de présidents américains. Ce qu’on sait moins, c’est qu’elles représentent des présidents qui ont notamment luttés contre les Indiens, et qu’elles ont été sculptées sur des lieux sacrés pour les Indiens. Sur place, il n’y a encore aucun « travail de mémoire », si ce n’est la tentative de sculpter la tête du chef Indien Crazy Horse sur une montagne voisine… Mais tout espoir n’est pas perdu… cela ne fait que dix ans maintenant que les Indiens « célèbrent » Little Big Horn aux côtés de l’armée américaine.

Toutes les photos de notre équipée de Yellowstone et des Black Hills sont sur :

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9 – Le Nord Ouest

9 - Le Nord Ouest

9 – Le Nord Ouest

 

Après Key West en Floride et San Diego en Californie, nous avons atteint il y a quelques jours le 3ème coin de notre tour de l’Amérique en la remontant jusqu’à l’île de Vancouver Island, au Canada, où nous attendaient les fidèles amis avec qui nous avions escaladé le Kilimandjaro en 1987… il y a bientôt trente ans ! Et c’est tout là haut dans ce Nord Ouest que nous avons retrouvé un vrai soleil de saison… parce que la traversée de l’Oregon et du Washington (env. 1.500 km) s’est faite sous un ciel uniformément gris, avec peu de vent et quelques violents orages ; de quoi nous consoler d’avoir choisi de ne pas les visiter plus à fond ! Et l’arrivée du ferry à Victoria, la capitale de la Colombie Britannique fut tout aussi désespérante : quand il n’y a pas de lumière, c’est la déprime pour les aquarellistes et photographes ! Etions-nous déjà sous les ciels de l’Arctique ? A une latitude équivalente à celle du nord de la France ? Eh bien pas du tout ! C’était le printemps à Courtenay, sous les neiges du Mt Washington, tout proche : apéros dehors, déjeuner dehors, ciels étoilés, ballades en kayak et bateau… il a même été difficile de trouver le temps de vous poster le chapitre « Las Vegas » ! Et le beau temps a continué pendant notre traversée de la « Sunshine Coast », la bien nommée, parmi les estuaires et presqu’îles du continent situés au nord de Vancouver : trois ferries successifs avec des airs de croisière, tout simplement magique !

Finalement, nous avons décidé de revenir vers l’Est en passant par les Etats Unis et non pas par les Rocheuses canadiennes ; et nous voilà, dès la banlieue de Vancouver, devant un poste frontière américain. En débarquant du ferry à Victoria, déjà, la douane canadienne nous avait mesquinement « saisi » nos quelques œufs « américains » et Véronique avait cru malin de cacher dans le fond du coffre ceux que nous venions d’acheter, en y ajoutant, pour faire bonne mesure, notre plante verte, le « live oak » ramassé dans une plantation de Louisiane. Et le douanier de nous demander, après avoir visé nos passeports, si nous avons des fruits et légumes… oui, oui, nous en avons… direction le bureau, là bas… où un fonctionnaire inquisiteur nous demande, sur le ton jubilatoire de celui qui sait être tombé sur des trafiquants, ce que nous faisions au Canada, combien nous avons de devises, nous les fait toutes sortir, en note les montants, nous demande si nous avons du tabac, de l’alcool, des fruits, des légumes, du poulet, des œufs – non, pas d’oeufs – … et décide de fouiller le van !! Pendant 20’, Véronique est au bord de l’évanouissement (« çà y est, ils fouillent à droite sous les poubelles ! »), et, pendant que je prends l’air dégagé, elle m’annonce qu’ils ont un grand sac dans lequel ils entassent tous les produits interdits que nous avons. Et les voilà revenant avec un grand sac ! Nous saurons la prochaine fois qu’il ne faut pas faire le plein de courses juste avant un passage de frontière !

Et très vite, nous retombons dans les grisailles humides des grandes forêts de l’Etat de Washington (« les Alpes américaines »), puis dans celles du Montana, qui, peu à peu, laissent la place à d’immenses prairies vallonnées. Notre objectif pour le moment est le Parc National des Glaciers, à cheval sur la frontière US-Canada, mais nous n’y passerons qu’une demi journée : nous sommes trop tôt en saison, les routes y sont encore coupées par la neige ! Nous filons alors immédiatement vers le sud et notre dernier parc national, le célèbre Yellowstone, créé dès 1872 sur près de 10.000 km², dans la caldera d’un ancien volcan qui continue à vomir boues, geysers et fumerolles. Nous nous y sommes régalés, mais ce sera pour le prochain chapitre ! Nous atteindrons demain le lac Michigan et la civilisation, lundi Chicago, notre Wifi4G portatif a pu à nouveau se connecter, alors n’hésitez pas à tenter de nous joindre sur Skype !

Toutes les photos de notre équipée dans le Nord Ouest sont sur :

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8 – La Côte de Californie

8 - Côte Californienne

8 – Côte Californienne

 

Cela nous a été un peu dur d’avoir à renoncer à visiter la Vallée de la mort, le parc des séquoias ou celui de Yosemite, mais c’était devoir renoncer à au moins traverser les grandes et célèbres villes de la côte californienne. Comme souvent, et même avec un espace de temps apparemment immense, il nous faut accepter l’idée de ne pas tout voir ! Les séquoias et le Yosemite sont dans la sierra Nevada, sur le chemin de San Francisco… Quid alors de la baie de San Diego, de Hollywood, de la célèbre route n°1 qui longe au plus près la côte et passe par le mythique Big Sur ? Après le coin Sud Est des Etats Unis de Key West, allons donc voir le coin Sud Ouest de San Diego ! Et puis, pour être honnête, nous en avions un peu assez des « scenic view » and « beautiful landscape » et autres « canyons », depuis un mois que nous étions entrés au Nouveau Mexique ! Nous nous sommes dits qu’un peu de « ville » nous ferait mieux découvrir l’Amérique et les Américains…Et nous avons été servis ! Peu de temps après avoir quitté notre campground sauvage du Joshua Tree Park, nous étions à la recherche d’un « RV Park » pour stationner dans les Santa Rosa Mountains, pas trop loin de San Diego ; et Dieu sait s’il y en a dans cette région ! Le premier dans lequel nous entrons est superbe, mais le gérant nous explique gentiment que non, un 19’ camper van fait désordre chez lui, qui n’accepte rien en-dessous de 50’… Allez voir pas loin, à 10 miles au Nord (ce n’est pas notre route…), ils acceptent des gens comme vous… Mais plus loin, alors que nous faisons la queue dans notre van entre des mastodontes de 100’, une employée vient directement nous voir 🙂 , s’extasie sur notre déco extérieure 🙂  :), et nous explique que < 50’, il faut aller voir 20 miles plus loin au Nord 🙁 , je sais qu’ils acceptent des 19’… Vingt miles plus au nord, c’est un superbe RV Park, tout goudronné, dans l’enceinte d’un casino, et ils acceptent de nous prendre 🙂 … en liste d’attente 🙁 , ou sinon, vous avez le parking de la station service, juste là 🙁 , non, vous ne pouvez pas utiliser nos douches ou toilettes si vous n’êtes pas enregistrés chez nous 🙁 🙁 . Nous finirons dans un motel de banlieue, avec dîner au Chinois du coin ! Finis les campgrounds dans une nature grandiose !

Touristes pressés, nous prenons un bateau mouche pour visiter la Baie de San Diego, montons jusqu’à l’Observatoire Griffith de Los Angeles pour apercevoir le panneau Hollywood, « visitons » San Francisco en bus « Hop on Hop off », et parcourons ces kilomètres infinis de petites routes serpentant le long du Pacifique, avec d’excellentes surprises comme la Morro Bay, Santa Barbara, ou bien ces milliers d’éléphants de mer vautrés sur une plage de Big Sur. Mais que dire de ces trois immenses villes parcourues si vite ? Sinon qu’après avoir été échaudés par l’accueil des Californiens dans les RV des Santa Rosa Mountains, nous avons une furieuse envie de venir passer quelques semaines autour de la baie de San Francisco ! Quel site magique que cette ville ! Et quelle animation dans ses rues !

Venez vite découvrir des paysages de la Côte Californienne en cliquant sur :

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7 – Las Vegas et le Désert de Mojave

7 - Las Vegas et le Désert de Mojave

7 – Las Vegas et le Désert de Mojave

Le Désert de Mojave est un « petit » désert de 125.000 km² qui s’étend entre le « Great Basin Desert » au Nord (490.000 km²), et le « Sonoran Desert » au Sud et à l’Est (280.000 km²). Autant dire que par ici, l’ambiance est … « désertique » !! On nous explique que ces déserts se distinguent les uns des autres par leur végétation, et la caractéristique du « Mojave », où nous sommes, est que c’est celui où poussent les Joshua Trees. Il inclut la « Vallée de la Mort », située à 86 m sous le niveau de la mer. Mais nous n’irons pas voir la Vallée de la Mort ! Au contraire, nous passerons cinq jours dans l’étonnante ville de Las Vegas, deux millions d’habitants installés au milieu du plus sec des déserts nord-américains, avant de continuer vers le sud et la côte de l’océan Pacifique.

Nous avons été emballés par Las Vegas ! C’est une ville magique ! Cela faisait trois semaines que nous passions de merveille naturelle en spectacle de la nature, tous plus beaux les uns que les autres, au milieu d’immensités désertiques ; trois semaines que nous errions de « camping grounds » en « RV parks » glaciaux la nuit, avec de rares connexions Internet. Et là, brutalement, nous descendons à moins de 1.000 mètres, il fait chaud, il fait beau, notre Wifi mobile 4G remarche, il y a des magasins et restaurants partout, avec toutes les cuisines du monde, à des prix « normaux »… La civilisation, quoi ! Avec un prime l’accueil de Yves et Marilyn, chez eux, pendant cinq jours, dans une banlieue proche du « Strip » de Las Vegas ; vraiment de quoi refaire nos forces en évoquant mille souvenirs d’il ya longtemps… quelles rigolades ! Et puis enfin, il y a le « Las Vegas » pour les touristes : quelle merveille ! Une fois bien ancré en tête (merci Yves !) que toutes les richesses que nous allons voir ont été payées de la poche des joueurs du monde entier, nous entrons fièrement le premier soir sous la marquise de l’hôtel-casino « Bellagio », y laissons les clès de la voiture à un « valet » (voiturier), et entrons dans le lobby comme si nous logions à l’hôtel. Au-dessus de nos têtes, un plafond de gigantesques fleurs en verre soufflé ; un peu plus loin, un immense patio odoriférant : des millions de fleurs naturelles recouvrent des tortues, des parterres, des arbustes ; ici, une fontaine ; là des racines de palétuviers surmontées de gigantesques fleurs en soie plus vraies que nature ; plus loin : un jardin japonais, une fontaine de chocolat, un œuf de 2 m de haut en fleurs fraîches. Il paraît que toutes ces fleurs sont renouvelées chaque nuit ! Après avoir traversé d’immenses salles de jeux (slot machines, roulette, black jack, craps, baccara…), nous ressortons sur le « Strip », ces six kilomètres de « Las Vegas Avenue » où sont regroupés un grand nombre des hôtel-casinos, pour découvrir un spectacle de « Grandes Eaux » devant une Tour Eiffel de 100 m de haut, puis unne « éruption volcanique » presque aussi vraie que nature. Deux heures plus tard, Yves nous ramène « à la maison », la tête à l’envers ; il n’y a pas du tout que du jeu, à Las Vegas, il y a du divertissement en permanence. Et nous recommencerons chaque jour, en fin d’après midi et en soirée, à aller passer quelques heures du côté du Strip, chaque fois dans des hôtels différents ; et à chaque fois, c’est l’émerveillement : d’un côté, on a l’impression qu’à Las Vegas, il n’y a jamais aucun problème de budget pour réaliser les rêves les plus fous des architectes, décorateurs ou paysagistes ; d’un autre côté, tout est réalisé avec un goût, un humour, une qualité de matériaux, un soin du détail qui tranche avec l’aspect plutôt glauque des néons des slot machines installées partout. Je vous laisse le soin de découvrir une sélection de nos « best of » dans l’album de photos joint, avec notamment ces canaux de Venise au 1er étage de l’hôtel « Venetian », dont le plafond de la marquise est orné d’un pastiche du portrait du Doge Leonardo Loredan (1501-1521), peint par Giovanni Bellini (1514) !

Mais il nous faut bien reprendre la route un jour ! Nous visons San Diego, et entre nous et San Diego, il y a un dernier « National Park » à visiter, celui de « Joshua Tree », dont beaucoup nous ont dit sa beauté. Nous piquons donc droit vers le Sud à travers le désert de Mojave et passerons une de nos meilleurs nuits du voyage dans un « campground » au cœur du Park. Quel contraste avec Las Vegas, tout en étant tout aussi magique ! Demain, nous atteignons le Pacifique !!

Toutes les photos et leurs légendes sont sur :

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6 – de Bryce Canyon à Las Vegas

6 - de Bryce Canyon à Las Vegas

6 – de Bryce Canyon à Las Vegas

 

Nous n’avons parcouru que 1.400 km au cours de ces dix derniers jours, à zigzaguer d’une « marche » à l’autre de ce « Grand Escalier » géologique qui comprend les canyons de Bryce, de Zion, les Falaises « Vermillon » et le Grand Canyon. Car c’est la première fois que nous avons pris le temps de nous arrêter un peu, et même de nous promener plusieurs fois quelques heures sur des sentiers magiques ; Véronique est même quasiment à jour de son carnet d’aquarelles ! Qu’on se le dise ! Elles ont été insérées dans les albums des deux chapitres précédents, si vous avez le courage d’y retourner. Il faut dire que ce que nous avons vu ces derniers jours est enthousiasmant ; devant un truc comme l’Antelope Canyon, merveille des merveilles d’à peine 400 m de long, on éprouve un immense sentiment de gratitude pour les insondables beautés qui nous sont offertes ! On souhaiterait pouvoir y rester une journée entière, l’avoir pour soi tout seul… alors que tu es bousculé par devant et derrière, avec un “guide” qui te dit où te mettre pour prendre quelle photo, et qui t’arraches même l’appareil des mains pour la prendre lui même (sic), et tous les coins sont tellement beaux, soyeux, courbes sensuelles et mystérieuses, d’esprits cachés… que tu mitrailles, en te promettant de les méditer tranquillement plus tard ; c’est ce que nous vous proposons avec la douzaine de photos de l’Antelope Canyon incluses dans l’album ci-joint.

C’est Dolphin qui nous a servi de guide pour visiter Bryce Canyon, et qui nous a entraînés sur la piste de Cottonwood Canyon, le site de Pareah, la plage de Wahweap ou l’Antelope Canyon, du côté de Page (Arizona). Parce que nous avons pu partager pendant trois jours complets la randonnée des Orion, venus de leur lointain Ontario recharger leurs batteries après le long hiver canadien. Ce fut vraiment enthousiasmant pour nous de les côtoyer au quotidien, avec leurs jumelles Kahala et Zoe. Et de découvrir leur façon de voyager, où ils prennent plus que nous, qui en aurions pourtant plus le temps, de savourer et méditer au milieu de ces gigantesques formations naturelles. Pour nous, loin de nos bases en France, rester pendant plusieurs jours loin d’un Wifi, et donc des nouvelles de nos proches, devient vite difficile. Alors qu’eux savourent vraiment en profondeur une communion avec ces grands espaces. Et dès qu’ils eurent le dos tourné, repartis randonner pendant trois jours jusqu’au fond du Grand Canyon, nous nous sommes précipités nous mettre à l’abri d’un confortable hôtel de Page pour trier nos photos, coucher nos aquarelles sur le papier… et Skyper avec la France, Israël ou l’Argentine ! Parce que ce fut une des surprises de ce voyage : ces Etats Unis si développés et en avance technologique dans tous les domaines, n’ont une couverture téléphonique qu’extrêmement limitée dès que nous sommes loin d’une ville de moins de 10.000 habitants. Alors que dans toute station service du fin fond de la Patagonie ou du désert libyen, nous avions l’Internet, ici, nous avons perdu des heures à guetter des signaux et tenter une connexion : notre boîte Wifi mobile n’a pas fonctionné pendant deux semaines ! A croire qu’ils le font exprès, malgré leurs millions de visiteurs, pour les obliger à jouir des spectacles de la nature !

Après avoir donc visité le Grand Canyon par un temps glacial, et le Canyon de Zion sous une pluie digne des Alpes au mois de novembre, spectacle étonnant dans ces déserts les plus secs des Etats Unis, nous avons piqué vers le sud-ouest, vers le désert des Mojaves et Las Vegas. Véritable oasis de deux millions d’habitants (sur les 2,8 que compte le Nevada, pour 280.000 km²), la ville était surtout pour nous celle où habitaient nos cousins Yves et Marilyn, chez qui nous savions pouvoir nous reposer vraiment. Et, après quatre jours complets passés chez eux, nous nous sentons d’attaque pour continuer vers l’ouest, puis remonter la côte Pacifique jusqu’à Vancouver, où nous devrions arriver vers la fin du mois.

Continuez à nous soutenir dans vos commentaires, emails et encouragements ! Nous en avons besoin ! Mille affections à tous ceux qui nous lisent !

 

Toutes les photos et commentaires sont sur :

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5 – de Santa Fe à Bryce Canyon

5 - de Santa Fe à Bryce Canyon

5 – de Santa Fe à Bryce Canyon

 

Au cours de ces dix derniers jours, nous avons découvert les plus beaux sites du Sud de l’Utah, comme les buttes de « Monument Valley » ou bien les ponts naturels de « Arches », dont vous allez voir les spectaculaires formations dans l’album ci-joint. Ces spectacles de la nature sont aussi saisissants que les plus beaux sites croisés lors de nos précédents voyages ; si, en de multiples occasions, certains d’entre eux nous ont rappelé des paysages déjà rencontrés en France, au Maroc, en Turquie ou dans les Andes, ici dans l’Ouest américain, leurs dimensions sont sans commune mesure ; il faut des dizaines de kilomètres pour les parcourir, et des centaines de kilomètres pour passer de l’un à l’autre ; et ces centaines de kilomètres offrent toujours des paysages peut être moins spectaculaires, mais aussi étonnants. Ils sont parcourus dans des déserts très peu peuplés, chauds le jour, et glaciaux la nuit, parsemés de minuscules villages, extrêmement isolés, aux décors très authentiquement « Far West ». Les gens ici pratiquent essentiellement l’élevage bovin : d’où des pâturages, des clôtures, des corrals, des entrées de ranches… La plupart de ces petits villages possèdent une station service et un « General Store », dans lequel on trouve de tout, des bottes et du matériel de camping, de la viande séchée, des piles électriques, de la viande… mais peu de laitages et pas de yaourts… ! La vie sociale n’y semble pas facile ; elle semble tourner autour de la paroisse… et du bingo, auquel nous avons été conviés une fois, et qui se tient souvent… à la paroisse !

Si le combat de l’Armée et des colons contre les Indiens nomades (Navajos, Cheyennes, Sioux, etc…) est bien connu en Europe par la saga des « westerns », nous ignorions tout, avant de venir, d’un peuple indien sédentaire que les Espagnols baptisèrent « Pueblos ». Ces Pueblos, appellation qui regroupe quatre groupes ethniques et linguistiques différents, répartis en une trentaine de villages, ne sont plus guère qu’environ 60.000 pour tous les Etats Unis, essentiellement regroupés entre le Nouveau Mexique et l’Utah. Depuis toujours, ils habitent des villages fixes, sont pratiquement exclusivement agriculteurs (maïs, haricots, courges), et cohabitent avec leurs voisins Indiens nomades, qui venaient souvent les piller. Ils sont aujourd’hui totalement christianisés, tout en conservant beaucoup de traditions animistes. Nous vous en parlons un peu plus dans les photos ci-jointes. Les « Pueblos » semblent être les descendants des extraordinaires « Anasazis », présents dans la région entre les années 600 et 1350 de l’Ere Chrétienne, que nous vous présentons également.

L’Utah est un désert de 220.000 km² habité d’à peine 350.000 habitants… si l’on exclut sa capitale, Salt Lake City, qui regroupe près de 90 % de la population de l’Etat. Les Pueblos y sont donc beaucoup plus présents que les chiffres pourraient le laisser penser. La tribu indienne nomade la mieux implantée dans l’Utah est celle des Utes ; malgré le bon accueil qu’ils avaient toujours fait aux Européens au XIXème s. – ils les ont même aidés à éliminer leurs concurrents Navajos – ils ont été persécutés à leur tour et ne sont plus aujourd’hui qu’environ 7.000, à la tête d’un trésor obtenu en justice devant les tribunaux américains dans les années 1980.

Nous finissons notre 5ème semaine de voyage, ce qui veut dire que nous en avons effectué le tiers, ayant parcouru 7.500 km à raison de la moyenne raisonnable de 220 km par jour. Et nous sommes toujours placés devant l’éternel compromis à trouver entre notre appétit de découvrir de nouveaux espaces, et le souhait de nous poser pour vivre une vie « normale » dans ces cadres enchanteurs, afin de passer du temps à explorer les pistes d’un canyon, y découvrir les fermiers qui l’habitent, répondre à notre courrier, nous mettre en état d’écrire une page de blog ou de composer une page d’aquarelle.

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