8 – Huashan

J17 : Huashan

Il est 8h07 quand le Bullet Train quitte Xi’an pour HuaShan, et nous n’avons même pas pris le temps d’un petit déjeuner… Quand on vous dit que “travel” et “travail” partagent la même racine !  En tous cas nous voilà repartis vers la mer de Chine, où nous serons dans quatre jours seulement ! Pour le moment, nous faisons escale pour une journée au « Mont Hua », à nouveau dans le Shaanxi, au pied d’un des derniers vrais reliefs montagneux avant les grandes plaines de l’Est. Culminant à 2.150 m, c’est quand même une vraie montagne, avec même une route avec une douzaine de lacets pour y monter. Le « HuaShan » (« la Montagne de l’Ouest »), c’est surtout une des cinq « montagnes sacrées » de la Chine taoïste, où les falaises vertigineuses ont protégé pendant des siècles les sages et les ermites poursuivis pour leur esprit d’indépendance… ou aussi par leurs fans.

Nous avions annulé au dernier moment l’excursion que nous avions prévue, il y a une semaine, vers une autre de ces cinq montagnes, le « Emei Shan », à cent kilomètres au sud de Chengdu. Il nous fallait nous reposer, sans compter qu’à Chengdu, nous avions encore beaucoup trop à faire : non ! On ne peut pas tout voir ! Mais là, HuaShan, on n’y coupe pas, le temps est toujours au beau fixe ce matin, et le Bullet Train nous y emmène à 291 km/h.

291 km/h et pub

Mais la journée s’annonce dès l’arrivée compliquée : le taxi dans lequel nous nous empilons trouve l’hôtel fermé… Le chauffeur s’explique au téléphone avec la réception, qui finit par trouver quelqu’un qui parle une sorte d’anglais…

Notre taxi au téléphone devant notre hôtel fermé…

… dont nous comprenons qu’il a dû effectivement fermer d’urgence, prétendûment à cause du gel ? C’est la première fois que Booking.com nous plante, et la première fois que mon chinois est vraiment mis à l’épreuve ! Après un instant de perplexité, nous sortons le Lonely Planet,  y trouvons le nom d’un autre hôtel dans les mêmes prix (autour de 10/12 € la chambre…, vous voyez que nous voyageons à l’économie !), et le taxi nous y dépose. C’est immense, glacial, genre gouvernemental, puant la moquette humide, sale et glauque de chez glauque. Le personnel semble étonné d’avoir des clients, le wifi et l’eau chaude ne font que semblant de marcher, mais il y a des draps et du chauffage. On en ressort une demi-heure plus tard prêts pour notre randonnée, Véronique se posant pour aquareller et achever définitivement sa toux. Rebelote avec le taxi qui doit nous emmener à l’entrée du parc au sein duquel se trouve le mont taoïste, qui prétend ne pas comprendre mon chinois… OK, mon Pleco dit “suo-ché” quand ici, on dit “suo-dao” pour téléphérique (merci encore le LP !), mais bon, tu aurais pu faire un effort ! Parce que nous allons randonner en téléphérique ; à nos âges, il faut nous comprendre !

Après une heure de bus et vingt minutes d’escaliers, voici le téléphérique dont les Chinois sont très fiers d’annoncer qu’il est à la plus extrême pointe du progrès (merci au grenoblois POMAgalski !). Très impressionnant, nous montons raide, puis descendons encore plus raide, avant de remonter le long de falaises vertigineuses.

Vingt minutes de randonnées en téléphérique !

A l’arrivée, encore vingt minutes d’escaliers… très raides  puis une crête où il y a foule, 

pour parvenir au « Pic de l’Ouest » (2.100 m). Belle vue,

notamment sur des petits temples accrochés aux précipices

et même un ermitage accroché à même la paroi d’une falaise.

Nous n’avons pas le courage d’aller jusqu’au Pic du Nord, et encore moins jusqu’au Pic du Centre ou celui du Sud, où la foule, dit-on, se presse sur des vias ferratas vertigineuses et à la sécurité approximative.  Nous craignons un peu la même expérience décevante demain à Luoyang/Longmen, mais nous nous disons que nous découvrons, enfin ! ?, un aspect de la Chine que nous n’avions que soupçonné : du toc bon marché, envahi par des foules ?

A table ! Pas de petit déjeuner ce matin, à peine quelques cacahuètes en roulant, il est 18h : A TABLE ! Heureusement, il y a plusieurs restaurants à portée de jambes de l’hôtel. Au retour, Bernard nous livrera une de ses prestations favorites, exigeant d’un personnel lymphatique, et évidemment en vain, d’avoir un wifi qui marche et de l’eau chaude dans sa douche.

A demain !

Poème de route n° 17“:

Huà-Shǡn est une montagne sacrée des taoïstes
Mais aussi cinq sommets envahis de touristes :
Deux beaux téléfériques, des cars et des lampions
Des marchands de bricoles dignes de Campion
Bref un bastringue urbain qui vraiment  dénature
Les parois de rochers, les arbres, l’aventure
Des varappeurs agiles, des ermites perchés
Tous détrônés hélas par un tourisme  laid. 
Mais il faut  tout d’abord vous décrire l’arrivée
Dans cette ville moche où, l’hiver, la moitié
Des hôtels sont fermés, dont celui réservé
Il y a plusieurs semaines, ça devait arriver !
Celui que le taxi, hargneux, nous a trouvé
Est totalement typique d’une époque étatique
C’est-à-dire où rien de ce qui est technique
Ne fonctionne ou presque : l’éclairage est bien pâle
L’ascenseur est risqué, les salles de bains … sales
Ni WiFi, ni eau chaude, mais un prix convenable
Du moins pour un hôtel plus proche d’une étable.
Après avoir grimpé, grâce à Pomagalski
Sur la montagne Ouest, vertigineuse aussi.
La grimpette est rapide, regardez les photos
Nous voici à l’hôtel pour tenter d’avoir chaud.
Ce poème aujourd’hui est la démonstration
Que la vie  de touriste demande abnégation !

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