4 – Shangri La

J8 : le “Saut du Tigre” et Shangri La

D’abord un petit mot pour vous dire que Véronique va (un peu) mieux en quittant Li Jiang ce matin !

Au lieu de prendre bêtement le bus comme tout le monde (mais nous sommes pressés, voulant voir un max de trucs sur notre planning serré), comme nous voulions aller jeter un coup d’oeil sur l’incontournable “Saut du Tigre”, célèbres rapides du Yang Tsé Kiang au fond de sa gorge profonde, et que le bus bien sûr n’y allait pas, nous nous sommes payés une voiture particulière avec chauffeur pour y faire le détour. Nous ne sommes pas venus au bout du monde pour passer à côté d’un truc pareil, non ? Eh bien à cette heure ci (midi), et en cette saison (eaux basses), le seul truc qui valait le coup, c’est l’exercice que j’ai mené tambour battant pour aller voir la plateforme au fond du trou : le tigre a rebondi sur le rocher au milieu du torrent :pas de lumière, pas d’embruns, à peine mieux que l’Arve à Chamonix, Michèle voit de quoi je parle. En revanche, les 551 marches pour remonter et l’aller/retour en 25′, c’est nettement mieux que l’heure 1/2 annoncée par le Routard ! Dix jours que n’avais fait aucun exercice !

Et puis nous avons remonté (ou descendu ? le Yang Tsé coulait vers le nord… pas compris, là !) la gorge et la vallée, en apercevant de temps à autres des sommets glacés et vertigineux ,jusqu’à arriver à un col où notre jeune chauffeur muet a accepté de s’arrêter : la grande vue !

Dans le fond, le Haba Xuashan, 5400 m, gravi pour la 1ère fois en 1995

L’arrivée sur ShangriLa se fait par un plateau  où nous longeons les spectaculaires travaux de l’autoroute ET la ligne de chemin de fer qui ne vont pas tarder à y arriver, pauvres Tibétains !

Arrivés dès 15h, nous avons passé l’après midi à escalader des marches pour aller voir les temples. A 3.200 m, même Véronique s’est prêtée avec le sourire à l’exercice. Il faut dire que ce moulin à prière géant en forme de château d’eau recouvert d’or était intriguant : l’iconographie tourne autour de du thème de Lhassa ; il faut être 1/2 douzaine de personnes pour le mettre en branle, puis deux ou trois pour le maintenir en rotation. Nous nous sommes pris une bonne suée à le faire tourner !

Du haut du Gui Shang, on découvre le panorama de la ville.

Le vieux quartier a brûlé il y a 3 trois ans, mais il est déjà reconstruit ; ils sont fantastiques ces Chinois. Mais côté touristes occidentaux, nous étions les seuls…

Il reste pourtant beaucoup de belles maisons le long de rues pavées séculaires. Le nom historique de ShangriLa était Zhongdian ; c’est un centre commercial important depuis le début du Moyen Age, entre les Hans, les Naxi et les Tibétains. La Chine a décidé d’avoir une ville appelée “ShangriLa”, du nom de cette ville mythique inventée par un roman publié en 1933, où sont accueillis les survivants d’un accident d’avion au Tibet. Entre les deux villes touristiques tibétaines concurrentes, c’est Lijiang qui a perdu et Zhongdian qui a gagné !

Demain, nous allons visiter ce surtout pourquoi nous sommes ici, le monastère de SongZanlin (XVIIème s.), qui abrite actuellement quelques 600 moines du bouddhisme tibétains des “Bonnets Jaunes”. Les Gardes Rouges l’avaient bien saccagé, mais les gens du cru (plus de la moitié de la population ici est tibétaine) l’ont retapé depuis, et à leurs frais. Et puis nous nous envolons ensuite le soir pour Chengdu pour un concert, Bernard espérant bien y retrouver sa douce !

A demain sans doute donc !

Poème de route n°8” :

Je serai un peu bref pour décrire nos pas
Sur la route qui fait Lijiang-Shangri-La
Quittant vers les 10 heures notre hôtel  et ses chats
Nous étions attendus par une Toyota
Qui nous mena bon train jusqu’aux Gorges du Tigre
Réputées pour leurs flots tourbillonnants.  Mais bigre,
Le Yang Tse Kiang l’hiver affiche basses eaux
C’était à peine mieux que le saut d’un ruisseau.
Nous avons donc repris la route du Tibet
Sachant que Shangri-La abrite un préfet
Et dépend elle aussi de la province Yunnan
D’ailleurs plus de 50% des habitants
Sont des Huan c’est-à-dire Chinois de l’intérieur
Qui sont dans le commerce, prennent un air supérieur.
Mais Il n’empêche que le Bouddhisme est présent
Avec de nombreux temples et monastères vivants.
En 2014 la ville a brûlé.
Le centre ancien partit presqu’entier en fumée
Il est d’ores et déjà presque tout rebâti
Comme si les maisons en bois ou en torchis
Étaient toutes authentiques, façades bien polies
Un décor pour touristes, mais c’est assez joli.
Pendant l’après-midi il faisait assez chaud
À 3200 mètres nous étions en polo
Mais le soleil couché c’est pas la même histoire
On va se les geler. Ouf, y’a du thé à boire.

J9 : Songzanlin, le “petit Potala”

Une de nos plus belles journées aujourd’hui ! Ce matin, visite de la grande lamasserie de ShangriLa, avec ses 600 moines. Cette après-midi, on prend l’avion pour ChengDu. Ce soir, Bernard retrouve sa douce arrivée dans la journée de Paris. Et pour dîner, nous retrouvons leur belle fille Camille, la grande violoncelliste ! En bref, fin en beauté de la première partie de notre voyage, plutôt axée sur des régions paysannes et reculées.

Nous faisons taxi commun avec de jeunes chinoises pour aller au monastère de Songzanlin, un “petit Potala” fondé au XVIIème s.

Elles sont ravies d’exercer leur anglais avec nous, et nous apprennent que, dès l’école primaire, tous les élèves de Chine doivent s’initier à l’anglais, langue obligatoire pour passer l’équivalent du bac (gaokao). Nous comprenons mieux pourquoi nous n’avons pratiquement jamais vu d’indications en pinyin, mais au contraire presque systèmatiquement partout des sous-titrage en anglais : mort du pinyin ? Remplacé par l’anglais ? Le pinyin, qui écrit phonétiquement les ideogrammes du mandarin en caracteres occidentaux, a pourtant  été imposé par la République Populaire de Chine dès 1958, notamment pour faciliter l’enseignement dans les campagnes. Les Chinois se mettent réellement en ordre de bataille pour conquérir le monde ! Et c’est bien pratique pour les piètres sinisants que nous sommes !! Mais nous voilà arrivés au monastère !

L’immense monastère de Songzanlin est posé sur une colline face à un petit lac qui le reflète paisiblement. Il faut gravir quelques centaines de marches pour accéder aux temples principaux, puis à leur toiture. Du sommet des toits recouverts d’or, la vue sur les montagnes tibétaines qui nous entourent est époustouflante. Le monastère a été ravagé par les Gardes Rouges pendant la Révolution Culturelle, puis intégralement restauré par la ferveur des populations locales. Nous avons pu fureter partout dans les temples, où la piété est intense. L’immensité des salles et le recueillement devant les différentes statues des bouddhas et bodhisatvas comme la riche iconographie fait penser à nos églises, voire nos cathédrales.

Dommage que nous n’en sachions (pour le moment !) pas plus sur les “Bonnets Jaunes” fondé par le maître Tsongkhapa. Ici et là, nous croisons de jeunes moines ou novices.

Changement complet de décor quelques heures plus tard, 1.000 km plus à l’est, après avoir survolé d’immenses sommets glacés de plus de 7.000 m, puis la mer de “nuages” (plutôt de pollution genre smog ?) dans laquelle l’avion a plongé, nous faisant quitter la merveilleuse lumière que nous avions depuis Lijiang. Ambiance glauque, nébuleuse et humide pour notre arrivée à ChengDu, dans notre hôtel posé sur les bords de la rivière Jinliang (“Rivière Jin”), pour nous rappeler que la ville fut pendant cinq siècles la capitale du brocart (“Jin” = brocart).

Nous retrouvons alors non seulement Marie, mais notre artiste Camille, et surtout ses chefs d’orchestre et amis qui nous traiteront pendant les deux jours à venir avec une attention respectueuse, puis amicale, pour laquelle nous leur sommes très reconnaissants !

Affectueusement à tous !

Poème de route n°9” :

Le Yi Hotel de Shangri-La vaut le coup d’œil :
Deux jeunes gens charmants nous font un bel accueil
Les chambres sont en bois avec de larges baies
Qui permettent de voir les temples étagés.
Le réglage de la clim est pour moi trop complexe
Ouf, alèze chauffante, sinon la chambre est fraiche.
Ce matin au programme un très beau monastère
Gompa Ganden Sumteling plus loin dans les terres
Où dit-on 1000 lamas y prient et vivent là
Bouddhistes à bonnet jaunes, disciples de Tsong Kapa
Justes après Lhassa c’est le deuxième centre
Pour y prier Bouddha dans de multiples temples
Couverts d’or et remplis d’ex-voto et d’offrandes
Ce site de pèlerinage montre que leur foi est grande.
Pour y aller nous prenons à six un taxi
Avec trois jeunes Chinoises contentes d’être ici
Et de parler anglais et même un peu français
Elles ont l’air malines plutôt que délurées.
L’arrivée chez les moines passe par un escalier
De 551 marches tout droit ! Quelle montée !
Heureusement la lumière au soleil du Tibet
Est là pour réchauffer nos cœurs et puis nos pieds
Au retour, à midi, une cantine incertaine
Propose yack’à manger en fondue tibétaine
Avant de prendre l’avion pour aller à Chengdu
Pressés de retrouver après ces jours ardus
Marie avec Camille et puis le violoncelle
Car demain il y a un concert avec elle
C’est d’ailleurs pour cela que nous sommes venus
Sinon à ce qu’on dit, il y a mieux que Chengdu.
Bernard

 

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