Images

17 – L’Esplanade des Mosquées et le Musée d’Israël.

2 décembre 2014

2 décembre 2014

 

 

 

 

 

 

Feu d’artifice aujourd’hui ! D’abord, une lumière de rêve pour visiter l’Esplanade des Mosquées. Nous avons pris le bus arabe à l’heure où les travailleurs vont en centre ville ; bondé, il n’y a plus de places assises, et, quand nous y montons, tous les regards nous scrutent, pendant un temps qui nous paraît trop long, pour savoir si nous sommes des provocateurs ou quoi ? Et puis, après quelques minutes, quelques sourires et paroles rassurantes…

L’Esplanade des Mosquées

Nous arrivons Porte de Jaffa, les premiers rayons du soleil éclairent les créneaux de la Tour de David ; et nous descendons vers le Mur, puis, après un contrôle de sécurité, escaladons la longue rampe couverte qui débouche tout à coup sur l’Esplanade. La lumière est parfaite ; nous sommes les seuls touristes, mais il y a déjà du monde… beaucoup de monde, des dizaines de petits groupes d’hommes ou femmes musulmans occupent les lieux, prêts à se déchaîner en « Allahou Akbar » dès qu’un visiteur semble avoir une tenue juive orthodoxe ou fait mine de prier. Je ne vous en dis pas plus, tout est dans les photos : à la fois magique et terrifiant, un très grand moment !

Le Mont Sion

Nous remontons ensuite vers le Mont Sion, par le quartier juif de la Vieille Ville encore endormie ; la plupart des boutiques sont encore fermées, et nous ne croisons que quelques personnes pressées. Porte de Sion, nous croisons les premiers touristes en train de descendre de leurs bus. Et ce grand père racontant des histoires à ses petits enfants ! Quelques pas plus loin, nous sommes devant une maison du XIVème s., maintes fois reconstruite sur les fondations, dit-on, d’une synagogue du 1er siècle ; il s’agit d’un lieu saint appelé « Cénacle » par les Chrétiens, une mosquée pour les Musulmans, et le « Tombeau de David » pour les Juifs. Le Cénacle, c’est là que Jésus a institué la Cène et que la Pentecôte a eu lieu ; les Musulmans ont récupéré les lieux après la prise de Jérusalem (1187), et les ont aménagés en mosquée ; quand à David, cela ne fait que depuis la même époque qu’on le dit enterré ici, alors qu’il est décédé il y a trois mille ans. Ces trois lieux saints des trois religions de Jérusalem s’empilent ici, apparemment en toute quiétude… mais ni les Musulmans ni les Chrétiens n’ont le droit d’y prier, sauf deux messes par an pour ceux-ci, alors que les Juifs ont un libre accès à la synagogue du rez-de-chaussée qui englobe le tombeau de David… Juste à côté, des bénédictins allemands ont obtenu du Sultan un terrain, puis construit, au début du XXème s., une gigantesque église, dite de la « Dormition ». Quel nom bizarre ! La Dormition, c’est la mort de la vierge Marie ; comme elle était très sainte (notamment parce qu’elle a été enceinte du Fils de Dieu : « Theo-tokos », celle qui a porté Dieu), on pense que son corps n’a pas pu se décomposer (incorruptible), mais reste intact jusqu’à la résurrection : elle « dort ». En 1950, après toutes les apparitions de la Vierge à partir de la mi-XlXème s., les Catholiques ont proclamé en plus le dogme de l’Assomption : Marie a été enlevée, corps et âme, au ciel, comme l’avaient été Hénoch ou Elie. Nous redescendons sur terre pour rejoindre en tramway le Musée d’Israël, quatre kilomètres plus à l’ouest.

Le Musée d’Israël

Le Musée d’Israël, c’est le Louvre local, qui a attiré à lui des œuvres tellement atypiques que certaines d’entre elles ont été installées à ses côtés. Il y a d’abord, à l’extérieur, une belle maquette de Jérusalem vers 60 EC, à la veille de la destruction du 2ème Temple, au 1/50ème (2cm/m). Elle est mise à jour au fur et à mesure des découvertes archéologiques ; on a par exemple modifié la taille des marches de l’escalier sud du Temple, pour leur donner la forme nécessaire à une déambulation « déférente » (cf. Chap 15).

C’est à proximité du musée qu’a également été dressé un temple aux manuscrits bibliques (Qumran, Codex de Damas). Ce « Sanctuaire du Livre » détient les célèbres rouleaux de la Mer Morte, découverts dans 4 grottes du désert de Judée entre 1947 et 1956 à Qumran. Datés du 3ème s. BC au 1er s.EC, ils sont antérieurs de plusieurs siècles aux plus anciens manuscrits connus alors. On y trouve notamment le Livre d’Isaïe au complet, rouleau de 7,30 mètres de long, datant du 2ème s. BC… c’est bien sûr, et de loin, le plus ancien exemplaire du livre ; et les savants travaillent toujours à reconstituer un puzzle de dizaines de milliers de fragments provenant de 870 manuscrits… Vous verrez sur les photos comment le toit du bâtiment évoque une des urnes dans lesquelles les documents ont été retrouvés, et son intérieur prend la forme d’un rouleau de la Torah. Le Sanctuaire du Livre est un des poumons de la vie des Juifs en Israël ; il est situé géographiquement à égale distance du Mur du Temple et du Yad Vashem ! Nous flânons ensuite dans le magnifique Musée à proprement parler : Israël est installé dans une région charnière, entre Afrique et Asie, Egypte et Syrie, Méditerranée et Mer Rouge, dans le « Croissant Fertile », et évidemment, un beaucoup d’Histoire a laissé de nombreuses traces, magnifiquement mises en valeur par d’excellents muséographes et archéologues !

Ne manquez pas notre dernière journée à Jérusalem ! C’est en cliquant sur :

https://picasaweb.google.com/113501550221338298900/2Decembre2014?authuser=0&authkey=Gv1sRgCMiFhYHfxuzbsgE&feat=directlink

Le lendemain, notre dernier jour à Jérusalem, nous faisons une provision de soleil sur la terrasse, nous rechargeons les batteries, nous mettons à jour nos notes, Véronique aquarellise… Pour le coucher du soleil, nous retournons sur la « promenade Goldman » écouter l’appel à la prière du muezzin et des Clarisses, devant le panorama magique de Jérusalem qui allume ses feux pour la nuit. Puis le taxi viendra nous chercher à 6h30 pour nous ramener dans nos frimas parisiens. Nous nous y consolerons en peaufinant notre blog, et espérons vous présenter rapidement le carnet de voyage de Véronique…

Bonne Année à tous !

4 – d’Athènes à Antioche

4 - d'Athènes à Antioche

4 – d’Athènes à Antioche

 

Oui, je sais, j’aurai pu rectifier le titre puisque finalement ce n’est pas à Antioche que nous avons convenu de restituer sa voiture à Bernard, mais à Gaziantep, quelques centaines de kilomètres plus près des Perses. Blâme pointé aux fonctionnaires européens ! Mais Antioche, où il ne reste plus grand-chose, dit-on, à voir de son glorieux passé de capitale, me paraissait plus symbolique de cette étape essentiellement gréco-romaine : quelle émotion de se retrouver pour la première fois de sa vie sur l’Acropole d’Athènes, d’où l’on aperçoit fort bien au loin le port du Pirée, et d’où les Athéniens purent tout suivre du déroulement de la victoire navale de Salamine (480 BC) contre le Perse Xerxès, petit fils de Cyrus le Grand ; ou de passer devant des panneaux indiquant la direction de Marathon, autre grande victoire athénienne contre les mêmes Perses du même Xerxès (490 BC) ; nous refaisons en quelque sorte le trajet de retour des Perses chez eux !
Nous n’avons pu consacrer qu’une journée à découvrir Athènes, juste assez pour emprunter les pas de Diogène, Socrate, Platon, Aristote ou… St Paul sur les Agora grecque et romaine et le rocher de l’Aréopage, admirer l’équilibre et la grâce des Parthénon et Caryatides devant la colline du Lycabète, imaginer les débats de la boulê en remerciant les Grecs d’avoir inventé la philosophie, puis la démocratie, celle qui sait mieux que le tyran ce qui est bon pour le peuple… et se révèle plus forte que la puissante Perse !
Du Pirée, le port tout proche d’Athènes, nous avons retrouvé la voiture qu’y avaient laissée nos amis Ossent trois mois plus tôt et nous sommes embarqués pour l’Asie, en face, de l’autre côté de la mer Egée, par un temps devenu brutalement très orageux : le mauvais temps nous accompagnera cinq jours durant. L’arrivée de nuit sous la pluie à Chios me permit d’apprécier pour une fois le confort d’une voiture ! Pluie diluvienne, minuit passé, et la route que j’avais mémorisée pour rejoindre notre chambre d’hôte coupée par police et ambulances, nous obligeant à tours et détours sans point de repère autre que les boussoles déréglées de ma tête et du tableau de bord ! Le lendemain matin, la tempête nous a empêché de nous baigner dans la mer Egée, mais pas de visiter deux villages du sud de l’île, Pyrgi et Mesta, dont la grande prospérité – fondée sur la gomme de lentisque dont raffolait le sultan ottoman – disparut avec l’Indépendance (1830). Le dernier fait d’armes, si l’on peut dire, de Chios semble d’avoir été en première ligne de la chute dramatique de Smyrne en 1922 ; ville natale d’Homère (et de St Irénée… de Lyon), grecque depuis des millénaires, elle dut être abandonnée aux forces de Mustapha Kemal ‘Attatürk’, qui la rebaptisèrent Izmir.
La route la plus directe pour rejoindre le Moyen Orient nous paraissait celle-ci et nous pensions que des ferries faisaient la navette incessante entre Chios et Cesme, le port avancé d’Izmir, à quelques kilomètres seulement de Chios ; mais non… Chios est un cul de sac, loin par l’esprit de la côte turque toute proche, et, s’il y a bien un ferry de temps à autre, celui qui nous embarqua ne pouvait prendre qu’une voiture, ainsi que les motos de deux turcs en goguette en Grèce ! Seul un couple français d’Arméniens ‘de Smyrne’ croisé dans notre chambre d’hôtes venait pèleriner sur la terre de ses ancêtres. Izmir, notre premier contact avec la Turquie, nous a laissé une forte impression, nettement plus ‘européenne’ que… la Grèce : 2,8 millions d’habitants, une baie magnifique, des avenues gigantesques, brillamment éclairées et d’une propreté étincelante, sans parler de ses pâtisseries orientales ! Les boutiques d’alcool en vente libre ont pignon sur rue, et on n’y trouve guère de trace de l’islamisme régnant depuis dix ans en Turquie. Cerise sur le gâteau : l’appel du muezzin nous rappelait que nous étions, cette fois vraiment, en Asie, avec une nouvelle langue réputée difficile à ânonner !
Une fois dégagés des embouteillages du lundi matin, nous étions en moins d’une heure dans l’antique ville d’Ephèse, sous des averses constantes et violentes qui ne décourageaient guère des troupeaux de touristes venus du monde entier. La grandeur d’Ephèse se poursuivit sans discontinuer des Grecs aux Hellénistiques, aux Romains puis aux Byzantins. Aujourd’hui turque, elle rappelle que pendant deux millénaires, c’est l’Antiquité grecque et romaine qui partit, avec Alexandre, ‘civiliser’ les peuples jusqu’à l’Indus à une époque où les Turcs étaient encore éleveurs de troupeaux dans l’Altaï. C’est en 1071 que les Turcs Seldjoukides battirent sévèrement les Byzantins aux bords du lac de Van, ouvrant la porte à une colonisation de l’Anatolie qui se poursuivit vers l’Ouest jusqu’au siège de Vienne (Autriche) au XVIIème siècle ; la poussée turque en Allemagne aujourd’hui, et la demande d’entrée dans l’Union Européenne semble relever du même ‘Go West’ turc ! J’en dirai plus dans un prochain blog !
Je ne m’étendrai pas sur les merveilleux sites antiques croisés sur notre route, ceux d’Aphrodisias et Termessos, Pergé ou Aspendos (reportez vous aux quelques photos dans l’album ci-joint ; la dernière est une carte avec notre trajet !). Antalya et Alanya nous ont semblé mériter mieux que leur réputation de villes pour tourisme bon marché ; la première est une des rares de Turquie à offrir de nombreuses maisons de l’époque ottomane ; la seconde – le fameux repaire de pirates que Pompée détruisit en 64 BC – offre un site spectaculaire. Et la route entre Alanya et Adana, paradis pour les motards (on imagine l’Estérel dans les années 60 !) propose une forteresse maritime exceptionnelle (Mamure Kalesi) rappelant que le contrôle des routes maritimes, quand les navires ne permettaient de faire que du cabotage, passait par un réseau côtier de forteresses.
En conclusion, je voudrais dire ma joie de me retrouver à nouveau ‘sur la route’. Certes, pour cette première branche, c’est mon cousin Marc Perrin qui a pris la place de ma tendre épouse ; mais ma première expérience de cohabitation avec un autre sexagénaire, que je ne connaissais finalement que peu, aura été positive ; j’espère pouvoir en laisser d’autres traces sur ce blog ! Et j’attends avec impatience de pouvoir retrouver Véronique dans moins d’une semaine, qui nous rejoint à Van avec Marie Champanhet pour une équipée à quatre dans la même voiture… Encore une autre expérience !

POUR ACCEDER A L’ALBUM, CLIQUEZ SUR LA LEGENDE OU LA PETITE PHOTO EN TETE DE L’ARTICLE (“d’Athènes à Antioche”).