11 – Erg, souks et palmeraies en terrains de jeux |
Nous laissons la parole à nos petits enfants !
C. et les souks : « On était déjà venus à Marrakech, et on a tout de suite reconnu la maison où on était déjà allés ; alors on a fait les présentations à Bapou et Mimou qui nous avaient retrouvés dans le train à Casablanca. Dès le premier soir, on a traversé de nuit les souks fermés (pas rassurant) pour aller sur la place Jamaâ el Fna où il y avait beaucoup de monde. Z et Jos, puis Aa, ont réussi à se faire payer un faux serpent qu’on peut croire qu’il est vrai s’il nous surprend ; alors j’ai demandé à en avoir un aussi. Ensuite Bapou s’est fait mettre plein de serpents (des vrais !) autour du cou et on a mangé dans un restaurant dehors. Bapou nous a ramenés à la maison sans se tromper. Le lendemain,Z et Jos se sont fait faire un tatouage de scorpion et de dragon sur le bras après la visite d’une grande medersa (école) de 132 chambres, des palais et le minaret de la Koutoubia (on peut y monter à cheval, comme à Séville), où un gardien lançait des oranges tombées des orangers sur les gamins qui marchaient sur les pelouses interdites. On est rentrés à la maison en passant par les souks (Mimou et Maman ont toujours plein de choses à y acheter, mais elles mettent du temps pour choisir) et les tanneurs qu’on n’avait pas vus la dernière fois, mais qu’on n’avait que sentis de loin. Pour dîner, Mimou nous a fait cuire de la viande sur un barbecue dans la rue, et Bapou nous en apportait des morceaux au fur et à mesure qu’ils étaient cuits. Catherine est arrivée le lendemain, et est venue avec nous dans les palmeraies, dans le désert, et jusqu’à Fès. Là, Mimou, Maman et Catherine avaient encore des choses à trouver dans les souks, et on a fait des kilomètres à pied en se faisant écraser par les chevaux et les ânes qui foncent partout dans la foule, leur maître criant « Balek ! » (Attention !). Il y avait aussi quelques troupeaux de touristes qui marchent en rangs par deux derrière leur guide qui lève les bras, et eux, ils regardent les gens et les magasins comme s’il y avait encore la vitre du car entre eux. Pendant ce temps, Bapou nous expliquait l’inflation, l’Allemagne de Hitler, le négationnisme, et que l’illusion, ou bien ce qu’on croit, peut avoir plus d’effets que le réel ; il a toujours plein d’histoires à raconter quand on lui demande ! On a aussi vu des ouvriers coudre des babouches, un forgeron faisant rougir un fer avant de lui taper dessus, des dinandiers découpant un grand rouleau de cuivre, et des tanneries de teintures qui sentaient encore plus mauvais que celles de Marrakech. »
Jos et les palmeraies : « Moi, j’ai bien aimé les palmeraies. Dans le Sud du Maroc, il y a de grandes montagnes (l’Atlas) avec de la neige, et ensuite le désert, et entre les deux, les oueds (les torrents) qui descendent de la montagne jusque dans le désert. Comme ils ont beaucoup de force, ils descendent jusque loin dans le désert. Et comme cela fait plein d’eau, les plantes poussent le long. Les gens plantent plein de palmiers, parce qu’ils donnent des dattes à manger, qu’on fait des toitures avec leurs feuilles, des planches avec leur tronc, et que leurs racines retiennent la terre. Dans la terre, les gens creusent des seghias (des canaux) pour attraper l’eau de l’oued et la distribuer automatiquement dans leurs champs de légumes ou autres. Alors on peut se promener sur les murs des seghias, ou le long de l’oued, entre les champs, ramasser des roseaux pour faire des bâtons, faire des barrages dans les oueds, les traverser sur des pierres ou des poutres, ou en sautant par-dessus les seghias. Et on a vu des cactus que quand on les caresse doucement, les grosses épines chantent (Z s’est fait piquer !). Et des zaouia, qui sont le tombeau d’un saint musulman ; les gens croient qu’il fait des miracles après sa mort comme guérir les maladies ou autres. C’est notre guide berbère Abdallah qui m’a expliqué tout çà. »
Z et l’erg : « L’erg, c’est le désert où au lieu de cailloux, il n’y a que du sable et pas de cailloux, Bapou ne sait pas pourquoi. Et pas d’oueds ni d’eau du tout. Et du sable comme des montagnes. Pour y aller, il faut des dromadaires (des chameaux à une seule bosse). Alors on a pris des dromadaires, un pour chacun sauf Aa qui allait avec Maman, et un pour les bagages. On monte dessus quand le dromadaire est couché, puis il se lève ; il faut bien se tenir à la poignée, surtout quand çà descend parce que alors, à chaque pas, on croit que le dromadaire va tomber ; comme quand il se couche pour qu’on descende, d’abord les jambes de devant, d’un coup. Tout le monde met un chèche sur la tête, comme un turban, contre le soleil et le vent ; c’est très efficace. Le premier soir, on a dormi dans des lits de camp sous la tente ; il y avait des toilettes, et les guides ont fait un feu de camp sous la lune qui était pleine. Il y avait aussi une planche pour faire du surf sur les dunes. Le lendemain, à un moment, les guides ont dit qu’on pouvait descendre et marcher pieds nus ; alors on pouvait courir, et faire des glissades sur les dunes. Hassan, l’un des deux guides, a trouvé un « poisson des sables » ; c’est moi qui l’ai pris ; c’est comme un lézard, sauf que si on le lâche, il plonge dans le sable comme un poisson et disparaît. Il y a plein de scarabées aussi, qui mangent toutes les crottes des dromadaires et des gens qui viennent ; ils laissent des petites traces partout, et Papa nous a montré le trou d’un nid ; dès qu’on s’assied 5’, il y en a plusieurs qui rappliquent entre nos jambes. Mais il n’y a pas de scorpions. On a déjeuné et fait la sieste sous une tente berbère de l’autre côté de l’erg, près de l’Algérie, où on a pu faire voler le cerf volant et jouer au tarot. La deuxième nuit, les tentes étaient autour d’un palmier ; il y avait des lits de camp et pas de toilettes mais on a bien mangé et bien dormi quand même. Le troisième jour, on est partis à pied parce que les dromadaires devaient être légers pour passer un col, et on n’est montés dessus qu’en haut. Pastèque (c’est mon Doudou) est resté attaché au dromadaire pendant que je courais avec C et Jos. On a vu un autre « poisson des sables », mais on n’a pas pu l’attraper. Quand on est rentrés, on s’est douchés, et on a repris un petit déjeuner et notre trop d’affaires. »
La famille est maintenant rentrée à Paris, nous laissant devant un grand vide et … assez fatigués d’avoir joué aux touristes pendant 10 jours. Après quelques jours de repos à point fixe, nous devrions, si la météo le permet, et après avoir réanimé nos montures, partir explorer la côte méditerranéenne du Maroc … puis de l’Espagne. A bientôt !