9 – Pause à Buenos Aires

9 - Pause à Buenos Aires

9 – Pause à Buenos Aires

 

 

Quel plaisir que cette pause dans cette magnifique capitale qu’est Buenos Aires (‘BsAs’ pour les intimes), après près de 5.000 km de motos dans la chaleur étouffante du sud du Brésil ! Laurent et Claire Stier nous avaient prêté leur appartement de Belgrano, très agréable et bien situé, pendant qu’ils étaient en vacances dans leur ‘champ’ de 100 ha sur les bords du rio Négro, à la frontière de la Patagonie. Et non seulement nous avions la chance que leur fils Philippe s’y trouvait pour nous initier aux particularités de la vie des Porteños, mais la ‘chance’ a voulu (!) qu’une semaine après notre arrivée, le frère de Laurent, Hugues, s’étant cassé la jambe en moto dans son champ, Laurent a dû interrompre ses vacances ; nous avions perdu l’espoir de croiser ces cousins éloignés découverts en France il y a trois ans, et les voilà condamnés à revenir en plein été dans la capitale pour notre plus grande joie.

Buenos Aires est une ville à l’urbanisme très organisé, mariant les immenses avenues bordées d’immeubles modernes, de parcs et jardins avec les petits quartiers intimes, aux rues pavées irrégulièrement, aux petites maisons colorées. Chacun des quartiers que nous avons visités avait son charme propre, qu’on ne pouvait s’empêcher de comparer aux plus célèbres quartiers de Paris : Recoleta avec Victor Hugo, Florida avec Montparnasse, Palermo avec la Butte au Cailles, La Boca avec Montmartre, Puerto Madero avec Bercy et l’avenue de France, etc… Chaque jour donc, après le travail quotidien pour répondre aux emails, trier nos photos, préparer les prochains blogs, travailler sur quelques aquarelles et consulter guides, cartes et … annuaire Larminat pour nos prochaines escales, nous partions avec l’une ou l’autre des motos à la découverte d’un nouveau quartier.

Le ‘Grand Buenos Aires’ est aujourd’hui une agglomération de plus de 13 millions d’habitants, qui représentent plus de 30% de la population d’Argentine concentrés sur moins de 5 % de sa superficie. Une première fondation aux débuts du XVIème siècle doit se replier devant le succès des attaques indiennes. A l’époque, la ville européenne ayant prospéré était Asuncion, la capitale actuelle du Paraguay, loin à l’intérieur des terres sur le rio Paraguay ; et l’intégralité du commerce devait passer par le Pérou, 3.000 km plus au nord, ne laissant guère que la contrebande pour animer économiquement cette région. Ce n’est que lorsque les Portugais commencent à menacer la région, à la fin du XVIIIème s. que Buenos Aires est promue capitale de la Vice Royauté du Rio de la Plata. Quelques années plus tard, Napoléon occupe l’Espagne… et les Argentins déclarent leur indépendance ! Depuis les années 1830, avec le général de Rosas, la tradition de gouvernants autoritaires est bien ancrée ici, même si elle s’est teintée d’un fort populisme avec le général Perón (1946-1974), dont la famille Kirchner poursuit l’épopée actuellement : ayant déjà fait faillite au début des années 2000 (banques et caisses de retraite ont notamment été pillées par l’Etat…), le pays n’a toujours pas résolu son insolvabilité internationale, et fuit la mise en place de mesures de redressement en nourrissant le peuple de subventions et en faisant tourner la planche à billets… Depuis quatre semaines seulement que nous avons besoin de changer du peso, son cours a déjà perdu 10%…, au plus grand dam des salariés et assistés qui voient les prix monter au même rythme sans que leurs salaires suivent. D’où des ‘émeutes de la faim’ (on vient piller les supermarchés) et des ‘piquetes’ (les chômeurs bloquent les routes) sous l’œil bienveillant d’une police hostiles aux industriels et commerçants.

Lorsque Claire et Laurent ont dû revenir chez eux, ‘chez nous’ (!), c’est donc à bâtons rompus que tous les jours nous les avons assaillis de questions sur tous les sujets possibles et imaginables. Il faut dire que Claire, 13ème d’une famille de 19 enfants, et dont la sœur aînée Marie Pincemin en a elle-même 14, ‑ leur mère, 90 ans, ‘Amachi’ pour eux, ‘Tante Elisabeth Laxague’ pour nous, nous attend à Bahia Blanca ‑ avait du pain sur la planche pour nous faire comprendre qui était où et faisait quoi et pourquoi en Argentine ! Laurent, de son côté, chef d’une entreprise de croissanterie avec ses deux frères, était bien placé pour me renseigner sur les particularités de l’économie argentine dont je donne de plus amples détails dans les légendes des photos ci-jointes ! Après une semaine de ce régime, nous commencions à percevoir les champs de forces agitant l’Argentine aussi bien que les 72 petits enfants d’Amachi, et les Stier devaient être heureux de nous voir filer vers le Sud : « vous allez voir, Buenos Aires, ce n’est pas l’Argentine ; dans le Sud, vous allez être émerveillés ». Et effectivement ! Nous allons essayer de faire en sorte que vous n’attendrez pas trop longtemps le trop succinct résumé de tout ce que nous avons vécu dans la Sierra de la Ventana, nos premiers contacts en Patagonie, et la découverte de ce petit paradis qu’est l’estancia Larminat au ‘Cerro de los Pinos’.

 

Je vous rappelle que, pour accéder à l’album de photos, il faut cliquer sur le lien ci-dessous :

https://picasaweb.google.com/113501550221338298900/9PauseABuenosAires?authuser=0&feat=directlink

Ou sur la légende de la photo en tête de l’article.

Je vous rappelle aussi que parfois, lorsque l’album ‘Picasa’ s’ouvre, Google+ propose ‘par défaut’ une présentation de l’album sous forme d’une ‘Galerie’, où on ne peut pas avoir de légendes.

Il faut alors, dès l’ouverture, repérer en haut et au milieu de l’écran un bandeau (près de la ‘barre de titres’ où s’affichent les liens ‘http://, etc…’) où il est écrit (en jaune) quelque chose comme « Cliquer ICI pour revenir à Picasa ». (Attention, le message ne s’affiche pas très longtemps ; si vous ne le voyez pas, revenir en arrière d’une étape !)

Il faut alors cliquer sur « ICI », et, miracle, tout l’album s’affiche sous forme de vignettes. Cliquer ensuite sur ‘Diaporama’ ; le Diaporama se lance alors avec la première photo…. puis faire comme le diaporama le propose : appuyer sur la touche F11 du clavier pour passer en ‘plein écran’… sur la touche Pause, et faire défiler soi-même ses photos à son rythme avec les flèches de direction du clavier.

8 – Les chaleurs tropicales du Brésil et des Misiones

Pour accéder à l'album, cliquez sur la légende ci-dessous : 8 - Au Brésil et Misiones
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8 – Au Brésil et Misiones

 

 

 

Nous étions un peu inquiets en abordant la frontière brésilienne, comme avant chaque frontière bien sûr (avons-nous bien tous les papiers nécessaires ?), mais aussi à cause de la circulation sur les routes et de la sécurité dans cet immense pays. Et puis le douanier nous chante la Marseillaise en découvrant que nous sommes Français ! La tension baisse d’un coup… et nous voilà sur les routes brésiliennes ! Nous remontons vers le Nord, donc vers l’Equateur, et il fait de plus en plus chaud et humide ; sur les monotones lignes droites de plusieurs dizaines de kilomètres, nos cuirs nous font mieux cuire que dans un hammam ; çà fume, le vent de la course rafraîchit un peu, mais il faut s’arrêter pour boire souvent : l’évaporation de la transpiration, c’est notre climatisation ! C’est la saison des pluies, ici, et donc, quoi qu’on fasse, nous savons que nous arriverons trempés comme des serpillères à l’étape. Soit qu’il aie fait beau, et donc chaud (jusqu’à 40° du côté de Joinville), par liquéfaction intérieure. Soit que nous ayons croisé une cataracte tropicale, et donc rincés par liquéfaction extérieure… Et Véronique assure comme un chef, aussi bien dans le trafic un peu dément des routes brésiliennes… que lorsque l’orage suivant de près la canicule, ce sont visière et lunettes qui s’embuent d’un coup ! J’en profite pour un petit couplet sur les odeurs… Il y a, certes, celle que nous dégageons le soir à l’étape… il y a surtout celle de la terre humide retournée par les bulldozers qui travaillent partout ici, par les fleurs des arbres de la forêt qui borde les routes, par les champs et les pâturages, les silos, les scieries, les tanneries… un festival pour nos narines enthousiastes… Ah, tous ces pauvres automobilistes dans leurs cabines climatisées qui ne savent pas les merveilles qu’ils traversent !

Les Etats que nous traversons – Rio Grande do Sul, Santa Catarina, Parana (au total 26 M. d’hab pour 600.000 km²) – sont très européanisés ; ils ont été colonisés par des Européens venus d’Europe centrale dont l’industrie et l’élevage n’avaient que peu besoin de main d’œuvre ; il n’y a donc par ici pratiquement pas de métis ou mulâtres… et relativement peu de Portugais. Même les communautés de pêcheurs de la presqu’île de Porto Belo viennent des Açores depuis le XVIIIème siècle ; s’il y avait des tribus indiennes à l’arrivée des Européens, les bandes armées des Bandeirantes ont bien fait le ménage aux XVII et XVIIIème s. ; on ne trouve plus que quelques ‘réserves’ d’Indiens Guarani en allant vers Iguaçu et le Paraguay. Les villes de Pelotas (0,35 M d’hab.), Porto Alegre (1,5 M d’hab.) ou Curitiba (1,8 M d’hab) sont essentiellement européennes, et… peuplés d’Européens venus du Nord ou du Centre de l’Europe ; rien à voir avec l’Argentine ou l’Uruguay, peuplées d’une immigration majoritairement italienne et espagnole. L’ambiance s’en ressent dès l’entrée au Brésil : le soir, à la tombée de la nuit, quand nous sortons nous dégourdir les jambes après la douche pour trouver un endroit ou dîner, les rues sont vides, quelques gens font encore la queue à la station d’autobus pour rentrer chez eux, des bureaux ont encore la lumière allumée : ici, on bosse ! Ici, on célèbre d’ailleurs les Bandeirantes ! Nulle part au Brésil nous n’avons croisé le ‘paseo’ du soir, où jeunes et vieux traînent dans les rues et sur les squares pour faire la fête. Ne cherchez sans doute pas plus loin pourquoi le poids économique du Brésil écrase aujourd’hui celui de l’Argentine… Mais pour nous voyageurs, il faut dire que nous préférons les pays qui font le ‘paseo’ ! Quel bonheur de le retrouver dès Puerto Iguazu, en entrant en Argentine ! Sans compter que les commerces y sont ouverts 7j/7 !

Vous verrez dans l’album de photo ci-joint quelques images du paradis qu’a été pour nous l’escale de Noël à Porto Belo, dans la maison de mon cousin Bertrand Côte, sur la plage de Zimbros : grande maison de vacances, posée sur la plage au milieu des maisons de pêcheurs, un peu comme devait être Saint Tropez dans les années 40 : une cohabitation bonhomme entre les pêcheurs Açoréens et la vague touristique, le sable blanc, la forêt vierge, la mer, les casiers à moules et huitres, le ski nautique, les tas de fesses, cuisses et ventres rougis par le soleil… les paysages nous rappelant un peu une île comme Anjouan, aux Comores. Bertrand est un de ces incorrigibles aventuriers des affaires, au Nigéria dès ses 24 ans, puis éleveur de bétail au Paraguay, avant d’émigrer au Mato Grosso do Sul ; sa femme Françoise est une cavalière émérite de concours hippiques, qui l’aide à gérer leur fazenda du Mato Grosso do Sul ; leur fils Marius, 19 ans, poursuit ses études en Grande Bretagne. Leur accueil nous permit de nous reposer de nos premiers 2.000 kms, et de terminer notre ‘mue’ de croisiéristes à motards : grasses matinées, ballades, aquarelles et blog ; quel Noël ‘en famille’ ! Cette cousinade, éloignée tant par le sang que par la distance, a révélé nos mêmes atomes crochus d’expatriés, autant que, semble-t-il, des qualités communes descendant sûrement des familles de la Brosse, Chaper ou Perrier, n’est-ce pas Bertrand ?!

Mais il fallait bien repartir ! Les chutes d’Iguaçu nous attendaient ! Nous y passerons deux jours entiers, sans trouver le temps d’aller visiter les magasins duty free du Paraguay voisin ; vous verrez dans l’album de photos joint ce festival d’eaux et de forêts !

La dernière étape avant notre retour à Buenos Aires nous laissera un souvenir impérissable. Marc, Toya et leurs trois enfants habitent une charmante maison de brique et bois à Candelaria, petite ville de campagne dans l’Etat argentin de Misiones, et vont bientôt déménager dans leur nouvelle maison de Posadas. Neveux éloignés du côté de Véronique, ils nous ont accueillis … le 31 décembre… comme des proches, avec chaleur et simplicité, malgré les coupures d’eau et d’électricité, comme si nous nous connaissions depuis toujours. Marc travaille d’arrache pied sur un projet de production de ‘stevia’, cette plante dont la feuille est un édulcorant naturel promis à remplacer un jour l’aspartam ; Toya est expert comptable ; ils gagnent leur vie tous deux en indépendants, à la maison : quel exemple de courage et d’esprit d’initiative … puissent-ils faire fortune avec leur projet !

Je ne vous parle pas en détail de l’intéressante visite que Marc nous a emmené faire dans les ruines de deux des ‘Réductions jésuites du Paraguay’ proches de chez eux ; l’essentiel est dans l’album ci-joint. Mais il faut croire que cette terre des ‘Misiones’ fertilise aussi l’inventivité de ses habitants : quelle magnifique utopie fut l’histoire de ces ‘Réductions’ !

C’est donc de chez ces jeunes Pincemin que nous sommes entrés en 2013. Le surlendemain, après 1.100 km de lignes droites par une température presque printanière, nous entrions dans l’immense banlieue de Buenos Aires, où Felipe nous attendait dans l’appartement de ses parents Claire et Laurent Stier. Quel plaisir que d’y séjourner ‘comme des Portenos’ ! Nous vous raconterons cela la prochaine fois.

En attendant, tous nos meilleurs vœux pour la nouvelle année !

Pour accéder à l’album de photos, cliquez sur le lien ci-dessous :

https://picasaweb.google.com/113501550221338298900/8AuBresilEtMisiones?authuser=0&feat=directlink

Ou sur la photo ci-dessus (la carte), puis sur sa vignette ou sa légende.