Amis blogueurs, si vous n’êtes bourlingueurs que sur Internet (c’est déjà pas ma.l !) il faut que vous sachiez que préparer un voyage c’est d’une part déjà voyager : lecture des guides, lecture des forums de voyageurs, rêverie sur les cartes, choix des itinéraires, listage des contraintes et – plus prétentieux que tout – anticipation des imprévus possibles ! Comme cette liste est un peu générale, voici pour l’illustrer l’aventure des visas iraniens
Nous sommes donc 4 candidats à vouloir passer en voiture la frontière turco-iranienne le 23 octobre prochain si tout va bien : Véronique & Marie auront rejoint la veille à Van (Turquie kurde) leurs maris Philippe et Bernard. Pour obtenir un visa iranien, il faut avoir une invitation d’une agence de voyage (ou d’une société locale, ou d’un organisme tel qu’une université…) qui en fait la demande – pour un itinéraire et des dates données (et notamment une entrée sur le territoire à partir du 21 octobre) – auprès du Ministère Iranien des affaires Etrangères. Celui-ci émet un ‘n° d’invitation’ qu’il envoie au Consulat d’Iran, lequel appose le visa sur le passeport après avoir recueilli nos empreintes digitales. Un peu plus compliqué pour nous puisqu’il fallait 2 invitations, l’une pour le Consulat d’Iran en France (qui met 3 semaines à délivrer le fameux sésame), l’autre pour l’Ambassade d’Iran à Beyrouth pour Bernard qui y est en mission 3 semaines sur 4. Bernard, aussitôt le numéro obtenu (le 21 juillet dernier) s’est précipité à l’Ambassade entre deux voyages où il a besoin de son passeport. Après un marathon en taxi pour aller payer les 50€ de visa auprès d’une banque iranienne, le Consul lui a délivré son visa sur le champ : bravo et … dommage, car le visa, valable pour 90 jours, ne l’est que jusqu’au 19 octobre 2010, soit juste avant que nous ne passions la frontière ! Que faire ? Car le n° d’invitation est épuisé, et … il ne peut être délivré de nouveau visa tant que le présent est valable ou inutilisé ! Après une phase tout à fait vaine d’énervement, une seule solution : l’utiliser d’abord avant d’en demander un nouveau… ! L’occasion d’aller faire un tour de reconnaissance en Iran : de Beyrouth c’est l’affaire d’un long WE : un petit tour de 4 jours dans les coins les plus touristiques de l’Iran : Ispahan, Persépolis et Chiraz. Il y a pire comme punition ! Ci-dessous donc un petit album de photos sur trois villes de rêve que nous n’avions pas prévu de visiter avant de revenir plus longuement avec nos motos :
ISPAHAN – Capitale des Séfévides (du XVIème au XVIIIème siècle), qui ont notamment fixé les frontières actuelles de la Perse, l’ont converti au chiisme, et instauré la théocratie du Shah : Ismaël 1er, le ‘guide parfait’, est une émanation de Dieu un peu comme aujourd’hui le Guide Suprême de la révolution islamique est celle de l’imam caché. C’est Shah Abbas qui en fera une capitale qui reste aujourd’hui une des plus belles villes du monde islamique.
PERSEPOLIS – La capitale de l’empire achéménide (du VIème au IVème siècle av. JC), celui fondé par Cyrus le Grand. C’est à Darius – battu par les Athéniens à Marathon ¬ qu’on doit la grandeur de la ville, et à Alexandre le Grand sa ruine en -330. La révolution a détruit le mausolée que le général cosaque devenu Shah sous le nom de Reza Pahlavi s’y était fait construire.
SHIRAZ – La grande ville, à 60 km de Persepolis, est célébrée pour son art de vivre, sa vie intellectuelle, ses poètes, et ses jardins, notamment depuis qu’elle fut capitale de la Perse au XVIIIème siècle.
Accompagné de son ami Pierre Fachon venu le rejoindre pour l’occasion, ils ont fait ce tour rapide et enchanteur comme des fusées (dommage), vous trouverez dans la galerie un aperçu de quelques photos. Côté organisation de ce tour express, Thetis Travel (Teheran) a concocté un programme bien fait : arrivée un vendredi à 2 h du matin à Téhéran (l’aéroport est très au sud de la ville) un taxi attendait les touristes, assez grand pour y dormir sur l’autoroute de 450 km qui va à Ispahan où le lever de soleil sur les ponts valait à lui seul le déplacement. Ispahan et ses jardins ce n’est pas une légende ; quant aux mosquées couvertes de mosaïques, il y en a pour tous les goûts et si ça ne suffit pas les palais variés autour d’Imam Square vous enchanteront, ou les fresques dans les églises arméniennes. Les deux jours à Ispahan, ses kilomètres de bazar, le B&B trouvé par l’agence, les restos, les touristes iraniens (derniers jours de vacances scolaires ; pas d’autres touristes) : tout l’Orient enchanteur. Dès le dimanche matin tôt, départ dans un autre taxi vers Persépolis par une autoroute roulante limitée à 110 km/h et fortement fliquée par des types à jumelles : d’ailleurs notre chauffeur s’est fait prendre, il faut dire qu’il y aurait 35 000 morts par an sur les routes iraniennes, c’est trop ! Persépolis très impressionnant de majesté et de sculptures pleines de détails fins. Une guide charmante avait pris le relais du taximan : un puits de science (et d’histoire). Dans l’aprèm, (auto)route vers Chiraz et sa forteresse ; bel hôtel dans la vieille ville. Le lundi, visite de Chiraz, moins de charme qu’Ispahan, mais des visites plus variées de maisons bourgeoises, de mausolées de poètes, du bazar plein de tapis, des mosquées faïencées dans un air sec et chaud (32°, comme à Beyrouth, mais agréable car sec, pourvu que l’on boive souvent). Ce même lundi soir notre chère guide nous a laissé à l’aéroport de Chiraz, hangar lugubre où les 6 vols internationaux par jour ne créent pas une animation suffisante pour y passer agréablement la moitié de la nuit à attendre le vol de 3h du matin pour rentrer !!!
Bref cette escapade a permis à Bernard d’épuiser son visa et de pouvoir en demander un autre : nouvelles invitation, etc… et patatras le Ministère l’a envoyée par erreur à Paris ! Thetis Travel va la faire transférer à Beyrouth ; il y a quelque espoir de l’avoir pour le 6 octobre, sachant que le départ de Beyrouth est prévu le 14 ! Stressant la vie de retraité baroudeur ! Entre temps les Parisiens auront peut-être obtenu les leurs ? Yalla !