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9 – de Beit Shean à Nazareth

24 novembre 2014

24 novembre 2014

 

 

Là, on commence à tirer la langue ! Plus de 10 jours que Renée nous mène à un train d’enfer… Dès qu’on l’a crue amortie, Anne et Christian l’ont regonflée avec leur enthousiasme, et on continue comme avant ! J’ai un gros rhume depuis une semaine, que je suis en train de passer à Véronique. Il faut dire que partout où  nous allons, c’est passionnant, mais tout aussi passionnant dans les temps « morts » (voiture, repas, …), où  on discute avec impertinence de l’actualité française, israélienne, religieuse, ou surtout biblique ! Donc, hier soir, coup de blues, pas de « blog », mais dodo direct : voici donc notre journée d’hier : Beit Shean, Megiddo, Sephoris et Nazareth.

Beit Shean, vous en avez peut-être déjà entendu parler, c’est la plus belle ville romaine de tout Israël. Megiddo est un site extraordinaire, celui d’une « ville-état » de plus de 6.000 ans d’âge, plusieurs fois citée dans la Bible, avec un invraisemblable tunnel menant à la source d’eau de la ville, apparemment construit par les Cananéens (vers 1700 BC), puis amélioré par les rois d’Israël… 1.000 ans plus tard !

Et si Nazareth, je pense que tout le monde connaît, Sephoris en revanche, aujourd’hui Tsipori, mérite le détour ; non seulement parce qu’il est vraisemblable que le charpentier Jésus y travailla ; non seulement parce qu’on y a mis à jour d’extraordinaires mosaïques romaines ; mais aussi parce que c’est là que le judaïsme d’après la destruction du Temple prit son essor, et que fut éditée la Mishna, le premier recueil de la Loi orale façonné par les rabbins ; avec la Gemara, elle forme le Talmud. Qui a dit que tous les Juifs avaient été chassés de Palestine après la destruction du Temple et la révolte de Bar Kokhba ?

Pour plus de détails sur cette journée, et des photos ! il faut cliquer sur :

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8 – de Masada à Betshean

23 novembre 2014

23 novembre 2014

 

 

 

 

Ouh là là ! Quelle journée ! On se paie d’abord l’ascension de la forteresse de Masada par le côté Est, le plus haut ; on ne peut pas dire que c’est l’altitude, on est entre moins 350 m et le niveau de la mer, mais çà grimpe ! En haut, c’est toujours aussi magique ! Je ne vous refais pas l’histoire du site, j’en ai mis l’essentiel dans les légendes des photos ; mais c’est un moment exceptionnel ; les Juifs, encore aujourd’hui, disent « plus jamais çà ! ». Petite halte obligée à Ein Guedi, où Saül vient faire la sieste dans une grotte alors que David, l’ennemi qu’il cherche depuis tant d’années, y est caché. Nous passons au pied de Qumran, où ont été découvert dans les années 1940 les Manuscrits de la Mer Morte, mais nous savons qu’il n’y a pas grand chose à voir ici, au Musée d’Israël, c’est beaucoup mieux.

Et nous filons donc au-delà du nord de la mer Morte, le long du Jourdain, vers un haut lieu de pèlerinage chrétien, Qasr al Yahud (« le fort des Juifs ») là où Jésus a été baptisé par son cousin Jean « le Baptiste ». Là où, aussi, peut-être, Joshué a traversé le Jourdain en entrant dans la Terre Promise avec l’Arche d’Alliance ? On prend à droite, on passe une barrière gardée par un soldat suspicieux, on entre dans des champs de mines fermés par de vagues barbelés, il fait gris presque comme en France à pareille époque, et nous descendons vers la rive du Jourdain ; un parking accueille une demi-douzaine de bus, une boutique de souvenirs, une grande salle de pique nique, puis de larges escaliers en bois mènent à cette petite rivière boueuse d’une dizaine de mètres de large. De l’autre côté, c’est la Jordanie ; il n’y a ni douaniers, ni police, ni forces de sécurité ; c’est un lieu saint chrétien, et ces gens là, ici, ne sont encore visés par personne. Bon, d’accord, ici ou là, quelle différence ? Un « lieu saint », c’est d’abord un lieu sanctifié par la prière des pèlerins. Je me demande quand même pourquoi Jésus devait se faire baptiser puisque, par définition, il était né sans péché ?

En remontant de Qasr al Yahud vers Betshean, le long du Jourdain, après avoir contourné Jéricho et traversé Uja, nous croisons dans la steppe aride une demi-douzaine de Bédouins à dos d’âne ou de mule, chacun avec un troupeau de moutons : avant l’installation des colons juifs, aucune agriculture n’était pratiquée, dit-on, dans cette zone frontière, sauf de l’élevage extensif qui se poursuit donc toujours. Entre temps, du côté jordanien, on constate un fort développement de l’agriculture irriguée, à l’image de ce qui est fait du côté israélien. Mais il faut nous dépêcher, la nuit tombe, et nous sommes invités à prendre un verre chez Evelyne, à Shadmot Mehola. Quelques mots d’explication d’abord.

En 1948, Ben Gurion crée un corps de « soldats-pionniers » juifs d’élite, destinés à pratiquer l’agriculture dans des zones frontière : ce furent les « Nahal ». Le village de Shadmot Mehola fut fondé par des Nahal en 1979 sur la rive Ouest du Jourdain, dans les Territoires conquis par Israël en 1967 ; dès 1984, il prit le statut d’une simple colonie. C’est là que nous rencontrons Evelyne, sur la terrasse de sa maison, où elle nous a préparé du thé, des gâteaux, et des dattes fraîches du kibbutz ; à quelques centaines de mètres brillent les lumières des villages jordaniens sur la rive est du Jourdain ; tout est paisible. Le village comprend environ 500 habitants. Evelyne est la mère de six garçons ; elle est titulaire d’un doctorat de mathématiques ; son mari travaille pour un laboratoire chargé de la surveillance de la qualité des eaux du lac de Tibériade.

Nous ne savons pas trop comment l’aborder, et c’est Evelyne qui nous assaille d’abord de questions : d’où venons-nous ? Pourquoi venir faire du tourisme en Israël ? Pratiquons-nous une religion ? Elle est très surprise de nous savoir parents de 4 et 5 enfants, grands parents, catholiques, elle pensait tout l’Occident complètement sécularisé et consumérisé ! Et qu’est-ce que Jésus a fait sur le Mont Thabor ? Une Transfiguration ? C’est quoi çà ? Je compare à ce qui arrivait à Moïse dans le désert, quand il s’entretenait avec Yahwé dans la tente de la Rencontre, son visage était rayonnant, du fait de la Présence de Dieu, la « shekhina » – je prononce mal, on dit « shrina » ! C’est compliqué ; c’est comme en mathématiques ; on comprend un espace à trois dimensions, à la limite à quatre dimensions, en ajoutant le temps, mais c’est quoi, à « n » dimensions ? Et il faut coucher tout cela sur le papier à deux dimensions ? « Je prie tous les jours ; Dieu est avec moi tout le temps ».

Ses deux aînés vont partir au service militaire pour trois ans… et sans doute plus, car ils souhaitent le faire en qualité d’officiers ; « Pendant au moins quinze ans, j’aurai des enfants à l’armée ». Il y a deux synagogues dans le village, une ashkénaze, et une séfarade ; son mari est ashkénaze ; quant à elle, sa mère est Grecque, et son père « Algérien du Maroc », elle est donc sépharade, mais va dans la synagogue de son mari.

« Nous sommes fiers d’être des civils comme garde-frontières, et de participer au Renouveau Juif, et à la mission du Juif sur la terre » ; elle a une amie catholique qui vit en Israël et qui la soutient dans ce travail d’ensemencement. « Je suis heureuse ici, on a tout ce qu’il faut, je prie toute la journée. J’ai peur ; je fais de l’hypertension ; je ne veux pas que mes fils fassent du stop, c’est trop dangereux. Et je n’aime pas me retrouver entourée d’Arabes, à la différence de mon mari à qui cela ne fait rien ; je trouve que ce sont des Barbares : regardez tout ce qu’ils font et qu’ils ont fait, cet attentat de cette semaine dans la synagogue ! ». Je lui rappelle alors l’attentat juif dans le tombeau des Patriarches à Hébron (En 1994, peu après les accords d’Oslo, un colon tire sur des Palestiniens priant devant le tombeau des Patriarches un Vendredi de Ramadan : 154 victimes, dont 29 morts), et le jeune Palestinien brûlé vif cet été… ? « Oui, bien sûr, c’est horrible, mais il ne faut pas nous reprocher DEUX attentats en 20 ans, alors que eux, c’est tous les jours ».

A la grande déception de Renée, nous n’entrerons pas dans un débat avec Evelyne. Ses deux derniers garçons font des allers-retours entre la maison et la terrasse où nous sommes assis : à chaque fois qu’ils franchissent le seuil, ils effleurent des doigts la mezuzah de la porte. Instinctivement, nous avons eu le sentiment que cela aurait été remettre en question sa personne même, son assurance dans sa foi militante, en violation de la gentillesse de son accueil et de la franchise de ses questions. Evelyne nous a parue sûre d’avoir raison, et dans l’incapacité totale de se mettre à la place des Palestiniens ; elle ne pouvait avoir aucune pitié pour ces derniers, agresseurs, qui ne veulent pas la paix, mais ne veulent qu’une chose, chasser les Juifs, ou les tuer. Quand tu te sens attaqué, tu ne peux pas t’ouvrir à la différence de l’Autre. Et comme disait Ben Gurion : « les Juifs sont paranoïaques ; mais il faut reconnaître qu’ils ont des raisons pour cela ».

Mais quel pays !!!!! Chaque jour, on adore plus le kitsh et choc ! Vous avez tout cela en images sur :

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7 : Du cratère de Mitzpe Ramon à la mer Morte

22 novembre 2014

22 novembre 2014

 

C’était important d’aborder ce pays par le désert ; vu de France, c’est en effet un tout petit pays. Du Nord au Sud, « de Dan à Bersheeva », le pays ne s’étend guère plus que notre « Ile de France », de Soissons à Orléans. Et sur ce tout petit pays vivent environ 8 millions d’Israéliens (dont 2 millions d’Arabes), sans compter quelques 2 millions de Palestiniens dans les Territoires (plus à peu près autant rien qu’à Gaza), c’est-à-dire à peu près autant que dans l’agglomération parisienne. On peut donc avoir tendance à penser que le pays est très densément peuplé, et donc très urbanisé. Mais ce n’est pas du tout le cas ; le désert du Néguev notamment est un fantastique terrain de jeux, avec de superbes et immenses paysages. Et il y aurait de la place partout pour bâtir des programmes immobiliers sans venir s’installer au milieu des villages palestiniens…

Journée chargée pour notre deuxième jour de voyage, et donc notre deuxième jour de désert… il va bien falloir prendre le rythme ! Petit déjeuner à 7h, départ pour une ballade à pied de 3 heures jusqu’au fond du « cratère » du Mitzpe Ramon. Puis, après la visite du site archéologique d’Avdat, nous allons randonner à nouveau 30 km plus loin dans l’impressionnante gorge d’Aïn Avdat.

La route qui nous emmène vers l’Est et la mer Morte passe par une petite ville perdue au milieu du désert qui s’appelle « Dimona ». Ce nom me rappelle quelque chose ; mais quand on pose la question à Renée, c’est comme si on demandait à un Arverne où se trouve Alésia… Connaît pas ! Parce que Dimona, c’est un des secrets de polichinelle les mieux gardés d’Israël, c’est le centre de recherche nucléaire des Israéliens, là où ils laissent entendre, sans jamais le démentir, qu’ils ont construit la seule bombe atomique de tout le Moyen Orient ; quand on finit par longer une longue barrière électrifiée, rythmée par des miradors, avec à l’horizon une haute tour de ciment avec de grandes paraboles à son pied, il est clair qu’il ne s’agit pas d’un minaret et de coupoles !

En arrivant enfin en vue de la mer Morte, le lieu le plus bas de toute la Terre, dans des lumières de fin du monde (c’est là que Sodome et Gomorrhe ont été détruites par le feu du ciel !), malgré la nuit qui tombait, nous n’avons pas résisté à la tentation de nous y baigner…

Vous avez tout cela en image et explications détaillées ci-dessous :

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Demain, nous attaquons la forteresse de Masada à 7 h et remontons le Jourdain jusqu’à Beit Shean, alors …

BONNE NUIT !

6 – Beit Guvrin – Wadi Zin – Mitzpe Ramon

21 novembre 2014

21 novembre 2014

 

 

Çà y est, nous avons bien récupérés hier soir à minuit Anne et Christian à l’aéroport de Ben Gurion à Lod/Tel  Aviv, avec la voiture de location que nous avons prise pour 10 jours ; grande expérience que de se balader  pendant plus de 100km de nuit sur les routes israéliennes. Dodo bref avant de charger la voiture, direction le sud-ouest, vers les extraordinaires grottes de Beit Guvrin / Tell Maresha, puis plein sud dans le désert du Néguev.

Nous faisons une longue halte à Sde Boker, magnifique kibboutz construit sur les bords du wadi Zin ; c’est là que David Ben Gurion a fini ses jours après s’être retiré de la vie politique ; il était convaincu qu’il pourrait faire jaillir la vie du désert, sur la foi que « si ce qui est difficile prend du temps, ce qui est impossible prend un tout petit peu plus de temps ». Sa tombe est située sur un promontoire envahi par les bouquetins, merveilleux premiers plans pour des spectacles magiques.

Nous arrivons à Mitzpe Ramon juste au moment où le soleil se couche ; il y a un vent terriblement froid qui vient de l’Egypte toute proche. Nous partons nous réfugier dans la salle du restaurant de notre auberge de jeunesse ; nous y célébrons notre deuxième shabbat de ce voyage, en compagnie d’une nombreuse troupe d’encore plus jeune que la nôtre !

Toutes les photos de cette 1ère journée avec les Hebert en cliquant sur :

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5 – Les remparts de Jérusalem et la Citadelle de David

19 novembre 2014

19 novembre 2014

 

 

 

Encore une très belle journée aujourd’hui sur Jérusalem. Nous nous sommes surtout promenés dans la vieille ville, en faisant le tour par les remparts de la « Citadelle de David » (porte de Jaffa) jusqu’à celle de Damas. Plus loin, dans le quartier arabe, c’était un peu trop « chaud » pour y aller, et nous ne sommes pas kamikazes. Vous verrez dans l’album ci-joint toutes les belles vues qu’on peut avoir des remparts sur la vieille ville ; on se promène au niveau des toits, au milieu d’une forêt pittoresque de chauffe-eaux électriques ; de grillages, barbelés et drapeaux israéliens quand des Juifs viennent s’incruster dans les quartiers ; de coupoles et de minarets, avec le Dôme du Rocher, le Mont des Oliviers, les ballons de la police, le mur de séparation et le Désert de Judée en toile de fond.

Nous étions avec Thérèse, à qui nous avions donné rendez vous porte de Jaffa, et chez qui nous sommes allés prendre le thé après ; elle est revenue de France il y a 3 jours seulement, mais cette fois, c’est pour de vrai qu’elle s’installe dans un très bel appartement dans une maison arabe ; elle se débrouille déjà super bien en hébreu !

Côté politique, on avait un peu l’impression que la ville retenait son souffle ; de nombreux chauffeurs d’autobus sont en grève ; deux dirigeables de la police sont placés en sentinelles au-dessus des quartiers chauds ; les rues sont vides…  Anne et Christian arrivent demain soir jeudi, et dès vendredi matin à l’aube, nous filons pour un grand tour  d’une semaine en commençant vers le Neguev et le cratère Mitzpe Ramon. Nous allons donc commencer par aller chercher la voiture de location, puis mettre un peu d’ordre dans nos notes, aquarelles et photos…

On vous embrasse !

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4 – La Vallée du Térébinthe et les grottes d’Adullam

18 novembre 2014

18 novembre 2014

 

 

Nous avions le cœur lourd ce matin en rejoignant la voiture de nos copines Shari et Hannah, qui nous  emmenaient en escapade au sud-ouest de Jérusalem, toujours à la recherche, dans leur métier de guide, de nouveaux sites à explorer. Nous venions d’apprendre l’attentat commis dans  une synagogue d’Israël par deux jeunes Palestiniens vivant dans Jérusalem Est (la partie annexée par Israël, de laquelle ils peuvent librement passer dans Jérusalem Ouest). Un peu égoïstement, on se disait cependant que pour nous touristes, et contrairement à deux des autres attentats récents, il s’agissait d’une attaque  « ciblée », moins dangereuse pour nous qu’une attaque « aveugle » à la voiture piégée ou à la voiture bélier. Du coup, nous avons reporté la visite programmée pour demain du tombeau des Patriarches à Hébron. En attendant, nous avons passé une superbe journée à la campagne, autour de la vallée du Térébinthe (clin d’œil à Zénon), et attendons de pied ferme Anne et Christian dans 48 heures.

Pour tout savoir sur les traces bibliques repérées dans cette région, cliquez sur :

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3 – Avec Sharon et Georges, entre Givat HaMatos et Jérusalem Est

17 novembre 2014

17 novembre 2014

 

 

 

 

Renée a encore fait fort aujourd’hui ! C’est d’abord Sharon qui passe nous prendre chez nous avec sa voiture pour nous emmener sur le terrain, nous faire bien comprendre les causes profondes de la politique d’implantations et de colonisation de l’actuel gouvernement d’Israël, à partir d’exemples concrets.

Sharon est membre de l’ONG « Ir-amin » ; celle-ci surveille toute action sur Jérusalem Est susceptible de désavantager une communauté ou rendre impossible un règlement définitif du statut de la ville. Elle informe le public et les députés de la Knesset ; elle est habilitée à saisir la Cour Suprême ; elle publie des analyses ; elle organise des « tours » dans la banlieue de Jérusalem autour du mur de séparation et des nouvelles implantations.

Sharon nous emmène sur la colline de Givat HaMatos, où la Municipalité a prévu de construire un ensemble immobilier de 2.600 logements. Il apparaît, sur les plans et cartes qu’elle nous montre (cf. l’album de photos joint), que cette implantation, à cet endroit là, a surtout pour but de parachever l’isolement du village arabe de Beit Safafa, par ailleurs dépecé par une nouvelle route, afin de l’entourer complètement d’implantations juives. L’ensemble des documents qu’elle nous montre indique que cette politique est menée de façon systématique dans le « Grand Jérusalem » : l’important pour le gouvernement n’est pas tant de construire à tout va pour loger de nouveaux immigrants ; et de construire sur des terrains prélevés dans les Territoires parce qu’il n’y aurait plus de place « en Israël » ; il y a toute la place qu’on veut pour construire en Israël. L’important pour le gouvernement est de faire venir des gens pour habiter au milieu des villages palestiniens ; afin de les noyauter ; de les encercler par des implantations ; d’empêcher toute continuité dans les zones d’habitations arabes ; de judéiser le pays ; de faire en sorte qu’un état palestinien ne puisse pas naître, ni être viable ou cohérent, ni se développer aux côtés d’un état juif.

Cette politique menée avec persévérance, malgré toutes les condamnations internationales, s’applique, semble-t-il, sans trop de difficultés parce que la démocratie israélienne ne fonctionne politiquement qu’avec des minorités agissantes, en premier lieu la droite alliée aux partis religieux. L’immense majorité du corps électoral n’a pas d’autre vision politique que de vivre en sécurité dans un pays aux frontières sûres. La construction du mur de sécurité a mis fin aux attentats. La construction des colonies et des nouvelles implantations offre des possibilités de logement à proximité immédiate de la Jérusalem tant désirée ; certes, le voisinage de villages arabes est un réel désagrément, sans parler du danger objectif d’attentats ; mais les conditions financières sont tellement intéressantes que le gouvernement n’a pas de mal à trouver des candidats acquéreurs.

La logique d’une telle politique est apparue pendant notre voyage, lorsque le premier ministre « Bibi » Netanyahou, le 24 novembre, a défendu devant la Knesset un projet de loi visant à renforcer le caractère juif de l’Etat d’Israël, en le définissant non plus comme « Etat juif et démocratique », mais comme « l’Etat-national du peuple juif ». En tant « qu’Etat juif et démocratique », la poursuite de la politique des implantations viserait logiquement à une intégration (forcée) des Palestiniens à l’Etat d’Israël – un peu comme les « Arabes-israéliens » sont actuellement intégrés. En revanche, un « Etat national du peuple juif » ne laisse plus de place à des citoyens non juifs… La réaction ne s’est pas fait attendre : grosse manifestation quelques jours plus tard devant le domicile de « Bibi » aux cris de « Bibi pyromane », révocation des ministres des Finances et Affaires Etrangères, dissolution de la Knesset, nouvelles élections en mars prochain…

Et qu’en disent donc les Palestiniens ? Dans la foulée, Renée nous a pris un rendez-vous avec une autre de ses relations, Georges, chrétien arabe né à Jérusalem Est. Georges travaille pour l’Agence de tourisme qui nous a réservé nos logements pour notre tour du pays la semaine prochaine ; il est guide, lui aussi. Il nous attend porte de Jaffa, et nous nous retrouvons à la table d’un café dans le quartier chrétien, où le patron nous offre la tournée.

Nous passons une grande heure avec Georges, Arabe chrétien né il y a trente ans dans Jérusalem Est. Lors de l’annexion, Israël lui a proposé de devenir “Arabe-israélien” ; ce qu’il a refusé, comme la plupart des Palestiniens concernés. Il détient donc un passeport jordanien, qui ne lui donne aucun des attributs de la citoyenneté jordanienne ‑ en Jordanie, il ne peut ni voter, ni acheter d’immeuble, ni travailler ‑, mais lui permet de circuler à l’étranger. Il nous parle longuement de sa famille, des difficultés de son statut, et de sa vision de l’avenir du pays. Sa sœur est la première femme Palestinienne à avoir obtenu une licence de pilote de ligne, après une formation à Amman en Jordanie ; le premier boulot qu’elle a trouvé était à Gaza, mais, au bout de quelques mois, l’aéroport a été détruit par les Israéliens ; après avoir trouvé un travail en Jordanie, elle n’a pas pu le faire valider… les Palestiniens sont « non grata » en Jordanie ; ils peuvent suivre des formations, mais pas y travailler ; alors sa sœur travaille dans un bureau, à l’Aviation Civile israélienne.

Georges est réaliste, et fataliste ; il se rend bien compte que le morcèlement du Territoire Palestinien, tous les travaux d’infrastructure que les Israéliens y font, les routes, les implantations, les lignes à haute tension, les travaux hydrauliques, etc… ne pourront que difficilement revenir à un Etat Palestinien indépendant. Il reconnaît que la meilleure solution, aujourd’hui, serait sans doute que les Palestiniens, si Israël le leur propose, deviennent purement et simplement des citoyens israéliens, « Arabes-Israéliens ». Mais le sujet est tout à fait tabou, pour tout le monde. D’une part, il n’est pas du tout sûr que les Israéliens le leur proposent ; le déséquilibre démographique serait trop important ; et la question de la sécurité se poserait à nouveau de façon aiguë. Et d’autre part, il est interdit d’en parler pour un Palestinien ; ce serait une traîtrise au combat pour une Palestine indépendante. Comme ceux que nous avons entendu avant hier à Bait Jala, Georges va glisser dans une même phrase que Juifs et Arabes pourraient se regarder comme frères, et que, de toutes façons, sur le terrain, pratiquement, il est impossible qu’un Etat Palestinien puisse surgir, que la solution d’un unique Etat binational serait concrètement la meilleure solution… mais en insistant, contre toute logique ou bon sens : “dans les frontières de 1967″…

Et qu’en disent les colons ? Renée nous a aussi ménagé un entretien avec une amie d’amie, dans une colonie implantée le long du Jourdain, pas très loin de Beitshean. Nous la rencontrerons la semaine prochaine.

Vous verrez toutes les photos et les commentaires en cliquant sur :

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Bonne lecture, et… n’hésitez pas à m’envoyer des commentaires sur ces sujets brûlants d’actualité !

2 – Après Lod et Ramla, une promenade sur les toits de la Vieille Ville

16 novembre 2014

16 novembre 2014

 

 

 

 

 

Renée, Shari et Hannah sont toutes les trois guides ; en ce moment, avec les résonnances internationales des tensions dans le pays, les anglo-saxons ne viennent plus trop pèleriner ici, et, parmi les ouest-Européens, il n’y a plus guère que les Français qui viennent en nombre. Au total, il y a toujours beaucoup de visiteurs, mais ce sont surtout des Asiatiques, ou des Européens de l’est, qui viennent par des réseaux différents. Du coup, c’est un peu le chômage technique pour elles ; aussi, en ce dimanche, qui est ici « pour de vrai » le premier jour de la semaine travaillée, elles nous ont proposé d’aller découvrir ce que cache l’anniversaire de la translation des reliques du célèbre St Georges à Lod, l’ancienne Lydda, du côté de l’aéroport international.

Nous trouvons l’endroit, nous sommes à l’heure, il pleut, nous nous réfugions dans la basilique bondée… mais au bout de 45’, après avoir fait le tour des lieux, comme le soleil semble pointer son nez, nous ressortons pour nous trouver plongés dans un souk : les visiteurs continuent à affluer, les marchandes de crêpes et pistaches ont envahi les trottoirs, il n’est encore que 10 h, non , nous n’allons pas attendre que le Patriarche sorte avec les reliques, ni la procession dans la ville.

Direction Ramla, quelques kilomètres plus au sud : fondée par les Arabes au VIIème s., seigneurie du temps des Croisés ‑ qui l’identifièrent avec l’Arimathie du Joseph qui vient réclamer le corps de Jésus ‑, Ramla (70.000 hab) fut capitale de la Palestine jusqu’au XIème s. Elle conserve quelques monuments intéressants, comme une « Tour blanche », ancien minaret du 14ème s., une étonnante citerne abbasside souterraine (8ème s.), et surtout une des quatre plus grandes églises laissées par les Croisés, aujourd’hui mosquée de Ramla.

A notre retour à Jérusalem, Renée nous emmène pour une extraordinaire promenade sur les toits de la Vieille Ville au coucher du soleil.

Voilà une journée comme nous en rêvions : sortir des sentiers battus, vivre en Israël comme des Israéliens, débattre à bâtons rompus avec des gens d’ici des grandes questions du moment, nous frotter aux (très !) différentes composantes de la société… Merci Renée !

Toutes les photos et commentaires sont sur :

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1 – Manifs de Jérusalem à Bait Jala

Manifs de Jérusalem à Bait Jala

Manifs de Jérusalem à Bait Jala

 

Renée, nous la connaissons depuis août 1993 ; elle était notre guide pour notre premier voyage « chez elle » ; et en plus, elle avait un pied à terre à Paris, à deux pas de chez nous, au marché d’Aligre ! Où elle vient souvent ; nous sommes alors vraiment devenus amis ; elle n’a pas son pareil pour poser les bonnes questions impertinentes ; elle cherche ; elle veut savoir quoi ! Dans toute la complexité du quoi ! Et, comme vous le savez, dans son pays, avec la complexité du quoi, elle a de quoi s’entraîner !

Nous étions retournés brièvement là bas en 2005, à l’issue d’un pèlerinage « Exode », des Pyramides à Jérusalem par le Sinaï et la « route des Rois » en Jordanie : un vrai goût de trop peu ! Et nous avions continué, pendant ces vingt dernières années, à rencontrer régulièrement Renée, qui nous disait : « Mais venez me voir chez moi ; je vous montrerai mon pays comme vous ne l’avez jamais vu ! ».

Et entre temps, retraités, nous nous étions mis à la moto, pour en poser les roues sur tous les continents ; nous avons commencé par le tour de la Méditerranée. Le 1er janvier 2011, nous les débarquions à Tunis… avec l’idée, puisque les frontières de l’Egypte et de Jordanie sont ouvertes, de sillonner tout Israël, puis de rejoindre la Turquie par Chypre. Tout au long de la longue traversée de la Libye, nous avions donc Renée sur Skype, qui affichait fièrement « Al Qods » ! Mais les « Printemps arabes » nous ont rattrapés en Egypte ; après être restés bloqués pendant 10 jours en Egypte à 300 km d’Alexandrie, nous devions faire demi-tour, la mort dans l’âme (Cliquez ci-dessus à droite sur Chap 3 A motos en Tunisie, Libye, Egypte).

Donc, nouvelle tentative cette année ; nous irons bêtement en avion ; nous ne nous laissons pas impressionner par les roquettes du Hamas de cet été, ni par les décapitations dans le désert syrien, ni par les voitures bélier à Jérusalem Ouest la veille de notre arrivée : nous savons bien que ce pays est le mieux sécurisé du monde !

Nous avons demandé à Renée de nous faire comprendre la situation politique de son pays, et notamment la question des colonies : vue de chez nous en France, la colonisation ne cesse de faire l’actualité, et semble bloquer toute possibilité d’avancer dans une solution du problème israélo-palestinien, un des cancers du Moyen Orient : est-il envisageable d’aller dans « les Territoires » ? Dans une colonie ? De rencontrer des Palestiniens ? Des colons ?

Nous arrivons chez elle en taxi dans la nuit… Après une bonne grasse mat’ – Renée n’était pas là à notre réveil, mais partie pour un anniversaire… dans les Territoires… – dès notre premier jour à Jérusalem, elle nous emmène dans l’après-midi … à une « manif » pro-palestinienne ! à Jérusalem Est. Renée a passé quelques coups de fil à ses copines de « La Paix Maintenant » ; là-bas, nous retrouvons Nora ; c’est une manifestation qui se tient à la même heure tous les vendredis ; nous n’étions que quelques dizaines avec des panneaux demandant l’arrêt de la colonisation. Les voitures arabes qui passaient klaxonnaient en faisant le V de la Victoire, mais il n’y avait avec nous que deux arabes qui avaient été expulsés d’une maison proche ; nous avons croisé de nombreux juifs hassidim (ultra – orthodoxes) habitant dans ces maisons réquisitionnées (ou récupérées avec des titres de propriété juifs datant de l’Empire Ottoman), où cohabitent encore partiellement les anciens propriétaires… Le soir, c’est shabbat ; nous avons été le célébrer chez des voisines de Renée : chants, bénédictions, bonne cuisine végétarienne et discussions politico-religieuses sur Le Mur (celui du Temple, où a prié Jean Paul II) ou le mur (celui qui sépare Israël des Territoires, où a prié François).

Le lendemain, c’est donc shabbat, personne dans les rues. Renée nous emmène participer à une autre manifestation, cette fois contre le mur de séparation. Départ en taxi  vers 10h30 en direction du grand stade, où nous attendent un car venu de Tel Aviv et un autre pour nous ; nous sommes une centaine de personnes ; nous avez rendez-vous au sud de Jérusalem, dans les Territoires, à quelques kilomètres de Bethlehem, le long de la grande route « 60 » qui va à Hébron et Beer-Shev’a. Pour quoi y faire ? C’est ce qu’on nous  explique pendant la 1ère heure avant de partir : en gros, un jeu scénique devant le mur de séparation ; des Palestiniens  seront réunis sur le même jeu scénique au même moment de l’autre côté de la séparation ; entre colombes de la paix ‑ aimables petits anges ‑, pancartes, effigies, drapeaux et simulacre de mur, il faut faire  comprendre que le mur doit tomber ! A 13h30, nous allons retrouver nos nouveaux amis Palestiniens chez  eux à Bait Jala pour un petit meeting sous les oliviers. Et à 16h, une heure avant la nuit, Renée nous emmène sur une promenade pas loin de chez elle, d’où se déroule l’inoubliable panorama de la Ville Sainte au coucher du soleil.

Vous trouverez toutes les photos, avec de nombreux commentaires, sur ces deux premières journées en cliquant sur :

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