Le lendemain de notre départ de Zarate, nous sommes devant le petit port vieillot de Montevideo (1,5 M d’hab), ‑ ‘la VIème montagne d’Est en Ouest quand on entre dans le Rio de la Plata’ (MONTE VI EO) ‑, coincé entre un cimetière de bateaux, l’énorme immeuble en béton de la douane et la tour futuriste d’Antel, la société locale de téléphone. Cela fait tout juste quatre semaines que nous sommes montés à bord du Grande Buenos Aires, et nous y avons pris nos aises ; il nous faut refaire un paquetage qui tienne sur les motos, enfiler nos bottes et cuirs, descendre les 12 étages avec nos sacs et valises, puis retrouver nos motos dans la cale… c’est facile… elle est vide. Ce qui est moins facile, c’est de constater que la moto de Véronique refuse de démarrer, et que la mienne a la roue arrière crevée. Je finis par remonter les deux motos jusqu’à la porte de la cale ; le switch général était sur OFF… l’émotion sans doute… pour la première ; pour la seconde, Hervé me prête le compresseur portatif de son camping car, et c’est celui du navire qui refait le plein d’air, en espérant que le pneu tiendra jusqu’au premier réparateur trouvé en ville. Une heure plus tard, nous sommes dans la circulation en ville ; ‘pinchazo’, c’est comme çà qu’on dit crevaison ici à un motard qui roule à côté de nous ; c’est un avocat, qui nous guide chez un réparateur à quelques blocs de là. Une demi-heure plus tard, nous sommes à la recherche d’un hôtel ; le premier conseillé par Petit Fûté, soi-disant toujours plein, nous offre une chambre vieillotte et charmante, en haut d’un vieil ascenseur des années trente ; le Wifi capte fort bien dans la chambre ; le luxe, quoi ! Nous faut-il vraiment repartir dès demain sur la route ? Nous n’avons même pas visité la ville ! Après un dîner sur une place où un orchestre entraîne les convives de tous âges dans des sambas plutôt sages, ambiance très ‘paseo’, nous décidons que notre ‘mue’ de l’état de croisiériste à celui de routard nécessite au moins un jour de plus.
On nous a décrit l’Uruguay comme ‘la Suisse de l’Amérique latine’. Et effectivement, la vieille ville regorge de banques différentes, logées dans des immeubles cossus, à l’architecture pompeuse ; ses distributeurs de billets proposent au choix le peso ou le dollar, lequel est accepté partout. Quant à la sécurité, nous avons fait l’expérience de son statut de parmi les 30 villes les plus sûres du monde : j’ai oublié à deux reprises mon sac à dos en ville, sans parler des clés sur le contact de ma moto pendant plusieurs heures… il va vraiment nous falloir reprendre des habitudes de routard ! Toute la ville marie les styles architecturaux les plus éclectiques, du Haussmannien pur jus au délire de béton sorti tout droit de l’imagination d’un auteur de bandes dessinées. Et pourtant, pour la première fois depuis le début de nos voyages, aucun sentiment de dépaysement, ou plus précisément, il est dépaysant de constater que, si loin de chez nous, les gens qui nous entourent sont à l’évidence tous européens, chrétiens, blancs, avec pratiquement les mêmes us et coutumes que nous.
L’Uruguay est un petit pays (3,5 M d’hab) qui n’est pas seulement étonnant par son architecture : créé avec la permission des Anglais comme tampon entre les empires espagnols et portugais, se vantant d’être le premier pays d’Amérique du Sud ayant mis en place la démocratie, il a subi la guérilla urbaine des Tupamaros avant d’élire il y a quelques années l’un d’entre eux comme Président. Au début de ce mois, l’Assemblée Nationale y a voté à une très forte majorité le ‘mariage pour tous’ en débat chez nous.
Sur l’excellente route de Colonia de Sacramento, nous faisons le détour par la ‘colonie Nueva Helvetia’ ou ‘Colonia Suiza’, qui maintient les traditions de ses créateurs en 1862 : si on y parle espagnol, les rues portent des noms germaniques, la forme du chalet suisse y estµ très répandue, et on y fabrique du fromage pour toute la sous région.
Nous tenions à faire le crochet par Colonia de Sacramento pour sa vieille ville ; et elle valait effectivement le détour de 400 km : première implantation européenne sur cette côte (1680), par les Portugais tenant à faire appliquer le décret papal de Tordesillas (1494) qui partageait les terres à découvrir entre les deux empires selon un méridien qui leur attribuait cette région, les Espagnols de Buenos Aires réagirent immédiatement. S’ensuivirent des décennies de guerre jusqu’à l’indépendance en 1830. Colonia, par sa position stratégique, en était le premier enjeu. Elle en garde les charmes d’une ville de garnison du XVIIIème s., agrémentés de merveilleuses automobiles des années 30 entretenues avec amour par les locaux.
Les 700 km qui nous séparent alors de la frontière brésilienne sont avalés en deux jours. Les pâturages succèdent aux plages, les laiteries aux fronts de mer pour baigneurs, les auberges de jeunesse à 80US$ la nuit aux cabanes en bois hippies à 90US$ : c’est que c’est le début des vacances d’été ici, et que les plages, très Sea Sex & Sun, sont prises d’assaut par des touristes venus de toute la région, et notamment d’Argentine. Nous transpirons beaucoup sous nos cuirs quand il fait beau avec 34°, nous sommes trempés quand c’est l’orage tropical à 28°, quoi qu’il arrive, à l’arrivée, nous sommes à tordre ! Véronique assure, même quand la ‘nationale 10’, qui longe la côte, se termine par 40 km de piste, puis par un bourbier devant lequel il faut faire demi tour ; et tout autant quand l’asado (en français : ‘barbecue’) convivial du ‘El Diablo Tranquilo’ de Punto del Diablo, très ‘auliounidizlove’, promis pour 21 h n’arrive qu’à 23h alors que nous avons encore 400 km de route pour le Brésil le lendemain : ils sont gentils, tous ces jeunes routards, et très causants, en n’importe quelle langue !
Nous vous écrivons d’une magnifique plage sauvage de sable blanc bordée de bateaux de pêche où nous sommes depuis quatre jours ; nous sommes à 300 km au Sud de Curitiba, chez Bertrand et Françoise Côte. C’est le paradis.
On vous raconte çà au prochain chapitre ! En attendant, ce soir, c’est Noël sous les tropiques, le premier que nous passons sans aucun de nos enfants depuis 40 ans.
Nous vous souhaitons à tous un joyeux Noël, ainsi qu’une heureuse, sainte et fertile année 2013 !
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Après des jours et des jours d’interruption du site de votre blog, c’est avec grand plaisir que je l’ai vu réapparaître ce matin – Je n’ai pas encore pu lire ce que vous avez écrit ce que je vais faire au plus vite mais je souhaite avec quelque retard vous souhaiter un joyeux Noël et également une belle fête de fin d’année à l’autre bout du monde avec pour voeu principal que tout votre projet vous apporte les joies et les satisfactions que vous en espérez – Très amicalement – A. de Mérindol
magnifique!!
on revit par procuration des moments passés là bas.
Colonia n’a pas changé!
Ca nous donne envie d’y retourner!
merci pour ces beaux témoignages!
une année 2013 qui commence très bien pour vous.
PS: avec des casques SHARK vous auriez eu meilleure allure !!
😉
Dis donc cela vous préoccupe ce “mariage pour tous” pour même retrouver le débat un Uruguay!
Que de variétés dans les paysages, les couleurs, la famille! ce doit être un sacré dépaysement tout en étant un peu comme chez vous.
besos des Charentais qui partent vers les Alpes!