Aujourd’hui, nous avons subi deux épreuves, avec d’une part le parcours de la « Via Dolorosa » jusque et y compris la visite du St Sépulcre, et d’autre part la visite de l’incontournable mémorial de la Shoah, le « Yad Vashem » (litt : « Mémoire – le Nom »).
La Via Dolorosa et le Saint Sépulcre
La « Via Dolorosa » (le Chemin Douloureux »), c’est le « Chemin de Croix » des origines ; c’est le trajet qu’est supposé avoir suivi le Christ, portant la croix de son supplice, juste avant la fête de la Pâque juive ‑ très probablement le 14 du mois de Nisan de l’année 30 EC ‑ depuis sa condamnation à mort dans la forteresse Antonia, jusqu’au lieu de son exécution au Golgotha, le lieu des crucifixions à l’extérieur des murailles. De tous temps, et notamment depuis la restauration des Lieux Saints faite sur place par Sainte Hélène dans les années 313 et suivantes (date de la conversion au christianisme de son fils, l’Empereur Constantin), des pèlerins, à l’image d’Egérie (382), viennent mettre leurs pas dans ceux du Christ : on se réunit dans la basilique du Martyrium, on visite les endroits dont parlent les évangiles, etc… Mais ce sont les Franciscains qui « inventent » le chemin de croix au début du XIVe, d’abord en Terre Sainte ; des répliques de ce chemin de Croix de Jérusalem sont ensuite importées en Europe dans les églises des Franciscains.
Au XIVème s., le sultan est un Mamelouk égyptien ; en 1333, il accepte les Franciscains comme « gardiens des Lieux Saints » de la chrétienté, et notamment du Saint Sépulcre. Deux siècles plus tard (1534), c’est aux Grecs-Orthodoxes de Constantinople/Istanbul que les Ottomans confient cette charge, avant que les Latins ne l’emportent à nouveau par des « Capitulations » au XVIIème. La question de « La Garde des Lieux Saints » ne cessera ensuite d’agiter les nations chrétiennes, opposant surtout la France catholique et la Russie orthodoxe ; elle sera l’une des causes immédiates de la Guerre de Crimée (1853-1856 : 450.000 morts). A partir de 1922, cette garde est assumée par les Anglais. En 1950, l’Assemblée Générale de l’ONU décide « l’internationalisation » des Lieux Saints, mais la décision ne pourra jamais s’appliquer sur le terrain ; depuis 1948, les Jordaniens ont succédé aux Anglais ; les Israéliens leur succèdent avec la conquête de 1967. Vous verrez dans l’album de photos ci-joint que cette « Garde des Lieux Saints » n’est pas une responsabilité de tout repos !
Le Yad Vashem
Nous traversons ensuite la ville pour nous rendre en tramway au Mont Hertzl, où se trouve le « Yad Vashem ». Le Mont Hertzl porte le nom de Théodore Hertzl, journaliste austro-hongrois qui, en 1897, au cœur de l’Affaire Dreyfus, fonde le mouvement sioniste : il faut trouver des fonds pour acheter des terres en Palestine afin d’y constituer un Etat Juif. Décédé en 1904, Hertzl est enterré ici depuis 1949. La population juive dans la Palestine ottomane était de l’ordre de 50.000 habitants en 1895, pour 500.000 musulmans (10 %) ; l’immigration n’y décollera guère avant le Mandat Britannique d’après la 1ère guerre mondiale : si, en 1924, la population juive est la même qu’en 1914 (80.000), elle atteint 600.000 en 1945 à la veille de la guerre d’indépendance, pour 1.100.000 musulmans (45 %) : ces quelques chiffres pour souligner que le projet sioniste, et sa mise en œuvre en Palestine, date de bien avant la Shoah.
Le « Yad Vashem » est le mémorial israélien de la Shoah ; il s’est beaucoup développé depuis la dernière fois que nous l’avions visité, il y a vingt ans. Outre « l’allée des Justes », le « hall des noms » et le « mémorial des enfants », il y a maintenant une dizaine de salles d’exposition dans un « Prisme », qui rassemblent des objets, maquettes, photos, vidéos, fac-simile d’affiches ou tracts, etc… pour expliquer la montée de la persécution nazie depuis 1933 (1/ Le monde d’antan 2/ D’égaux à réprouvés 3/ Les débuts terribles 4/ Entre murs et barbelés), la mise en œuvre de l’extermination (5/ Massacres en masse 6/ La Solution Finale 7/ Résistance et Sauvetages 8/ Les derniers Juifs), puis les conséquences de sa révélation au monde (9/ Le retour à la vie 10/ Les survivants) ; la dernière salle semble maladroite en ce qu’elle évoque la création de l’Etat d’Israël comme un fruit logique de la Shoah. Le mémorial des enfants est toujours aussi poignant : des bougies se reflètent à l’infini dans un noir espace de millions d’étoiles, pendant qu’une voix venue d’ailleurs égrène les noms, âges et pays d’origine des 1,5 millions d’enfants assassinés.
Toutes les photos de cet improbable mais incontournable cocktail sont sur :
Aïe, aïe, aïe ! Plus que deux jours à passer ici ! On panique ! Le beau soleil est revenu, il fait 18/20° dans la journée, avec de belles lumières !!! Pouvez-vous nous préparer quelque chose de sympa pour notre retour ?? On vous embrasse !