J1 : Canton – Guilin
02h50/9h50 – Nous sommes bien arrivés à Canton tout à l’heure à 6h… 1ère étape accomplie : Acheté des cartes SIM chinoises, puis trouvé 9.000 ¥uans dans des ATM bien cachés, puis un Pocket Wifi, ça y est, c’est dans ma poche, et puis zut voilà que Bernard semble avoir oublié sa Visa dans l’ATM…! Ici, on obtient les billets sans avoir à récupérer d’abord sa carte… Heureusement qu’on avait prévu large en temps pour faire tout ça, plus les 70 km qui nous séparent de la gare ! D’où on prend le TGV pour Guilin (en fait Hanshuo, en rase campagne). D’où 45′ de bus pour le “Town Center”. D’où on appelle l’hôtel qui vient nous chercher… Vivement notre couette ! Il n’est que deux heures du matin pour les Parisiens que nous sommes encore un peu…
4h15/11h15 – Voilà bientôt finie notre 2ème étape de cette longue journée: prendre le métro pendant 70′, avec un changement à Jiahewanggang (嘉禾望岗站). Très propre. Pas bondé. Nombreux écrans numériques pour les pubs. Wifi. Pas vraiment dépaysant : les gens sont habillés tout à fait comme chez nous ! Le « ticket » est un jeton que le tourniquet avale à la sortie. Maintenant arrive l’épreuve de vérité : récupérer nos billets de trains, c’est-à-dire trouver le (bon) guichet, puis la salle d’embarquement, puis le quai, puis le wagon, puis les places ! Et si possible aussi le temps de manger quelque chose, Véro va crever, à ce rythme !
6h30/13h30 – Ouh la la, c’était juste, cette 3ème étape, mea culpa, mea maxima culpa ! Et je te me prenais tout mon temps pour tenter de faire communiquer ma carte SIM chinoise avec le nouveau pocket Wifi ; et Bernard d’arriver même à faire se déplacer quelqu’un pour faire ouvrir, en vain, le DAB où sa carte Visa était restée ! A 12h22, le train, pas 14h22 ! Heureusement que nous avions prévu large, parce que là, pour notre première expérience de récupérer des billets et prendre le train, on a tout fait en un 1/4 h !!!… après que Véro a trouvé le moyen de dormir 5’ allongée par terre dehors !
Beaucoup de transpiration, de stress, de concentration pendant ces minutes, et puis maintenant, on souffle dans le « Bullet Train », devant de vrais plateaux repas bien garnis de viandes et légumes bizarres mais excellents, pendant que les rizières et les montagnes défilent par la fenêtre. Notre wagon bondé fonce à 240 km/h de ponts en tunnels. Repus, désaltérés, la sieste guette, mais il faut résister car l’arrêt est de 2′ seulement à 14h38 précisément !
14h30/21h30 – 4ème étape sans problème : bien descendus à Yangshuo-gare, genre Le Creusot TGV, perdue dans la campagne érigée de ces gros champignons « karstiques » que nous sommes venus admirer. De là, un bus pour Yangshuo-ville, plein de jeunes couples apparemment en voyage de noces. Une petite heure à travers la campagne tropicale (bananiers, vergers d’orangers, rizières…) dans un brouillard épais. En ville, nos Sim chinoises servent pour la première fois à appeler la voiture promise. Arrivés exténués à notre auberge de « jeunesse » (si, si !) du nom de “Eden YHA” (clin d’oeil à Cath&Jerry), au cœur d’une banlieue campagnarde, Beatrix et Bernard de Laâge nous y retrouvent quelques minutes plus tard ; ils ont quitté Hong Kong ce matin. Dîner modeste “en ville” et dodo mérité ! Bisous !
22h30 – Va essayer de te rendormir un peu ! Ca y est, nous voilà vraiment en Chine, tout seuls comme des grands, notre chinois balbutiant rimant avec leur anglais hésitant ! 28 degrés, des cocotiers, des rizières, des palmiers, des forêts, des tunnels, des rivières… Oh oui, ça valait le coup !
22h45 – Quand on vous dit que Google ne marche pas en Chine… ! Cela veut dire : Rien n’y marche ! ni Gmail, ni surtout les contacts, ou l’agenda… Restent Pleco et, quand même, Google Translate. Et puis What’app ne marche pas non plus, sauf si vous me dites que vous avez reçu tous mes messages d’hier ?
23h20 – Ci-joint quelques photos !… et le beau “Poème de route n°1” de notre compagnon Bernard :
C’est parfois pas facile de très bien démarrer
Un voyage au long cours même hyper-préparé
Une distraction, une complication,
Une erreur sur un DAB en tirant du pognon,
Et dès le premier jour, c’est bête, je vous dit
Bernard se fait tirer sa carte de crédit
Nous voilà dépendants de l’argent de Philippe
Qui se bat pour sa part avec l’électronique :
Comprendre le WIFi tout écrit en chinois
C’est plus que difficile, ne comptez pas sur moi.
Et ce n’est pas fini, une heure de métro
Serrés comme harengs, debout, c’est un peu trop
Après une nuit blanche ou presque dans l’avion
Un Airbus 330 ancien mais très mignon
Où Véro réfugiée dans les bras e Morphée
Réveillait la carlingue lorsqu’elle toussait.
Arrivés détendus tout coup qu’est-ce qu’on voit ?
Qu’il reste 20 minutes devinez avant quoi ?
Acheter les billets et courir vers le train
Monter in extremis dans ce bullet très bien
Pour 2 heures 40, assis jusqu’à Yangshuo
Nous sommes tous les trois HS, envie de faire dodo
27 degrés c’est chaud le 5 décembre
Au bord de l’eau ce soir nous allons nous détendre.
J2 : Yangshuo
Vous aurez… un jour… des nouvelles et photos du 1er jour ! ll fut hectique, Bernard a perdu sa carte Visa, et quant à moi, je ne pensais pas perdre, en même temps que Google, mon agenda, tous mes contacts et WhatsApp notamment… sans parler de Pleco. Mais nous sommes arrivés entiers à notre hôtel de Yangshuo, en pleine “campagne” chinoise, où nous avons retrouvé Bernard et Béatrix de Laâge qui nous y rejoignaient de Hong Kong.
Et puis le 2ème jour, ci-joint quelques photos, a commencé par une merveilleuse ballade à vélos dans les champs maraîchers…
… où mon téléphone s’est fracassé… Heureusement que nous sommes 3, parce que vous savez ce que représente un smartphone aujourd’hui. On verra à essayer de réparer les dégâts d’ici Chengdu. Et l’après midi, promenade en “bateau” sur la célèbre rivière “Li”.
Demain, 7h30 de train pour rejoindre, tard dans la nuit, le Yunnan et sa capitale Kunming, avant d’en repartir avant l’aube pour Yuanyang : pas sûr que vous ayez des nouvelles avant plusieurs jours !
On vous embrasse ! En attendant, voilà le “poème de route n°2” de Bernard :
Quand la guigne vous tient, c’est comme le mistral
3 ou 6 ou 9 jours, ça dépend, ça fait mal
En ce 7 décembre elle n’a rien lâché.
Nous partîmes d’abord au premier son d’un gong
Pour faire du vélo sur les berges d’la Yulong
(En vrai c’est un chantier sous nos chambres rustiques
Qui sonna le réveil par sa drôle de musique)
Des rives bucoliques, un chemin empierré
Serpentant entre l’onde et de beaux potagers
Un régal pour les yeux et les photographies.
Pas pour les téléphones ! Devinez ce que fit
Le Sony de Philippe qui contient un programme
Pour traduire en Chinois. Il arriva un drame
L’appareil fit une chute, et elle fut fatale,
L ‘engin cessa d’émettre ; pour repartir : que dalle.
Tristesse contrariée de Philippe et nous tous
Et pendant ce temps-là Véro toujours qui tousse.
Après avoir mangé une soupe ordinaire
Est arrivé un van au chauffeur débonnaire
Censé nous amener à Xinping en croisière
Avec des faux radeaux sur la rivière Li
Réputée pour ses pics et ses gorges jolies.
Mais hélas, peu après, le moteur qui fumait
Obligea le chauffeur à vite s’arrêter.
Son copain finit par venir le remplacer
La journée avançait, et la route en chantier
Générait des bouchons tels qu’il n’y en a qu’en chine
Où le trafic est dense et les routes assassines.
Nous sommes arrivés jusqu’à l’embarcadère
Des bambous, un moteur, deux bancs pour nos derrières
Un spectacle ces bords de rivière en falaises
Quatre aigles qui planaient et volaient à leur aise
Et bien sûr au retour des pêcheurs pour touristes
Qui font des cormorans un gadget un peu triste
En vous photographiant avec l’oiseau perché
Attendant un pourboire pour cet acte osé.
Au retour nous avons dîné à Yangshuo
Dans un resto super (mérite un coup d’chapeau).
Puis retour à l’hôtel dans la verte campagne
Pour écrire nos mémoires, mais ce n’est pas le bagne.
J3 : de la rivière Li, à Kunming
Si, si, nous sommes toujours vivants, et bien vivants : on va y arriver ! Vous avez compris que Bernard a perdu sa carte Visa dès notre arrivée à l’aéroport, et moi détruit mon smartphone dès le lendemain. Ca complique un peu les choses, mais nous avions prévu ce genre d’incident, pas de panique donc ! Le jour 3, 8 décembre, nous avons quitté Guilin et les de Laâge pour la capitale du Yunnan, Kunming, à 2.000 m d’altitude, par un “Bullet train” qui nous a pris quand même huit heures parce qu’il a fait un grand crochet par Nanning. L’arrivée à 22h30 a été un peu chaotique, avec un palabre avec les célèbres chauffeurs de taxis du lieu (qui s’enferment dans une cage montée dans l’habitacle, sans doute pour se protéger des clients mécontents ?!), puis une réceptionniste de l’hôtel qui a successivement refusé notre réservation, nié avoir reçu les billets de train pour le lendemain, donné des cartes d’accès aux chambres qui ne fonctionnaient pas… Tout s’est résolu avec un peu de tension grâce à quelques coups de fil et… Google Translate, formidable ce truc, elle parle en chinois, et nous lisons en anglais, nous parlons en français, et elle lit en chinois.
“Poème de route n°3“:
Aujourd’hui nous quittons le pays de Guilin
Et ses reliefs karstiques tout hérissés d’épines
Où serpentent rivières, sentiers et jolies routes
Un paysage étrange qui vraiment nous déroute.
Comment est-il possible que ces formations
Se soient posées ainsi comme décoration ?
Bernard et Béatrix qui venaient de Hong-Kong
Nous ont quittés ce jour pour visiter le monde.
Un taxi nous conduit prudemment à Guilin
Une heure de route fluide qui vers la fin s’anime
Et nous voilà en gare attendant le train D
8 heures pour Kunming avec ce TGV.
Notre voiture, la 2, est remplie d’étudiantes
Qui partent en week-end et qui ont l’air charmantes
Quoiqu’elles soient plongées dans leurs écrans tactiles
Proust où sont donc les fleurs aujourd’hui jeunes filles ?
Nous sommes étrangers dans ce pays étrange
Aux villes ultra-modernes, au point que ça dérange
Et aux campagnes restées comme aux années cinquante.
Rien de plus aujourd’hui, rêvez si ça vous tente …
J4 : Kunming – Jianshui – Yuanyang
Couchés à minuit 1/2, réveil à 5h45 pour attraper le train de 7h 50, nous voilà dans un train chinois “ordinaire”, très couleur couleur locale.
Sous la même chape de brouillard de pollution épais nous traversons d’innombrables tunnels qui n’en finissent pas ; la voie ferrée est bordée de nombreuses usines qui fument des torrents blanchâtres au milieu d’océans de serres agricoles. Arrivés à Jianshui, un minibus et son chauffeur (qui ne parle malheureusement que le chinois) nous attend pour les trois jours qui viennent : visites d’abord du pont du Double Dragon (XVIIIème) et du village de Tuanshan (palais 1910)
avant de prendre la route pour Yuanyang et ses célèbres terrasses millénaires pour cultiver le riz, que nous espérons apercevoir dès ce soir pour le coucher du soleil. Mais la météo est épouvantable, au point que… dans la route de montagne encombrée qui nous y mène, un accident bloque la route…
… pour quelques heures, et nous n’arrivons “chez Jacky”, un ancien riziculteur miao du cru, qu’à 21h30, plutôt épuisés par les dernières 36 heures !
Nous sommes toujours autour des 2.000 mètres, et espérons que l’altitude guérira la bronchite de Véronique. Ceci dit, ici, tout le monde semble avoir une bronchite !
Nous vous embrassons !
“Poème de route n°4”
Hier je vous ai lâchés avant notre arrivée
Pris par la discussion avec un Hollandais
Qui routait comme nous. À Kunming les taxis
Ne voulaient pas nous prendre ; trop gros pour être assis ?
Quand il fallut payer on s’en est aperçus,
La facture était grande, il n’y eut pas de reçu.
Les gardiennes de l’hôtel ne nous attendaient plus
Et donc renégocier avec ces deux têtues
Qui ne proposaient pas de chambres pour la nuit
Et ne retrouvaient pas nos tickets d’aujourd’hui
Pour le train tôt matin qu’on leur avait livrés.
Rassurez-vous nous eûmes un plumard pour pieuter.
Le train de ce matin est plein d’ethnies variées
La Chine mosaïque dans le train des Français
Car il rejoint Kunming à Hanoï en direct
C’est un train historique bien propre et correct.
Arrivés à Jianshui, le chauffeur était là
Avec un beau panneau nous accueillant tous trois.
Son minibus ancien a plus de kilomètres
Que de suspensions, donc ce n’est pas la fête.
Nous allons tout d’abord voir le pont du Dragon
Construit au XVIII°, mais dont l’état est bon.
Je vous passe l’histoire des luttes de pouvoir.
Juste à côté il y a plusieurs maisons à voir
Témoins d’une splendeur aujourd’hui disparue
Dont il reste les portes et les pavés des rues.
De là, notre chauffeur, qui a une cousine,
Nous conduit déjeuner chez elle, en sa cantine
Puis nous prenons la route à travers la montagne
Dans un brouillard épais où la trouille vous gagne
On n’y voit vraiment rien et brusquement, soudain,
Une file de camions à la queue arrêtés.
Un des leurs, plein de briques, en travers renversé
Bouche la route et donc dans le brouillard attend
Qu’une grue le déplace, ce qui prend bien du temps.
Deux heures arrêtés ainsi qu’une centaine
De voitures, camions, et autres qui de même
Attendent de passer si Mao veut un jour
Ou peut-être une nuit ? Ah la Chine, bonjour !
Nous ne nous plaignons pas, tous ceux qui ont voyagé
Savent qu’impondérables viennent vous déranger
De la tête ou des pieds, mais laissent détendus
C’est aussi pour cela que nous sommes venus.
Sans les désagréments ce n’est plus du voyage
Mais tour organisé pour les gens d’un autre âge !
Bernard